A- IMPERATIFS SECURITAIRES STRATEGIQUES
La réactualisation de la doctrine de défense
(1), l'urgence d'un livre blanc et le vote de la loi de programmation militaire
du Cameroun. (2)
1- LA REACTUALISATION DE LA DOCTRINE DE
DEFENSE
Relevant des impératifs stratégiques, le
Cameroun a l'intérêt de réactualiser sa doctrine d'emploi
des forces116. Si la stratégie de défense et de
sécurité nationale définie dans la doctrine d'emploi des
forces garde toute sa pertinence, elle n'est plus trop d'actualité. Et
ce en raison des failles du niveau intermédiaire, point de faiblesse
chronique, qui doit permettre de conduire des manoeuvres combinées
d'acteurs variés délivrant des effets différents. Il a des
forces relativement modestes. Ces forces sont appelées à se
développer et à se moderniser pour faire face aux menaces de Boko
Haram. La doctrine de défense du Cameroun repose sur la
défense
116 La doctrine d'emploi des forces ; Edition 1980 est
approuvée le 4 Décembre 1979 sous le n° 425/CABMIL/D 320.
Cette doctrine d'emploi des forces, énonce des idées directrices
qui doivent permettre la conduite de l'action militaire en cas de conflit
opposant le Cameroun à un autre pays et de menaces terroristes tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur (source anonyme).
Précisons qu'en matière de défense les informations sont
classifiées selon leur nature et leur accès est limité aux
personnes ayant fait l'objet d'une habilitation particulière. On
distingue quatre niveaux de protection des informations en matière de
défense classée par ordre croissant : diffusion
restreinte(il s'agit des informations qui peuvent être
connue de tous les militaires mais en respect des règles de
discrétion professionnelle) ; confidentiel défense
( il s'agit des informations qui, réunies ou
exploitées peuvent conduire à divulguer un secret défense)
; secret défense ( ce sont les informations
dont la divulgation peut nuire à la défense) ;
très secret ( ce sont les informations qui
concernent les priorités gouvernementales de défense).
Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU
Sapam Ousmanou Page 100
Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
populaire. Elle trace les grandes lignes à suivre et
définit les objectifs à atteindre à court, moyen et long
terme. Dans sa conception, elle permet aux forces de défense de faire
face à deux hypothèses retenues sur l'ennemi :
· H1 : Ennemi au potentiel matériel et humain
supérieur au nôtre
· H2 : Ennemi au potentiel matériel et humain
égal ou inférieur au nôtre
Le chef de l'Etat précise qu'il convient dans
l'hypothèse d'un conflit avec un pays dont le potentiel matériel
et humain est largement supérieur au nôtre de préparer une
défense SOUPLE117. Les forces armées, orientées
par un système de renseignement en profondeur devraient pouvoir :
· Empêcher une prise de gage terrestre ou maritime
· Gagner des délais par un combat retardateur
· Conduire le combat sur les arrières de l'ennemi et
organiser la défense populaire
· Assurer la protection des points sensibles
d'intérêt national
Les modes d'action définis dans la doctrine d'emploi des
forces reposent sur :
· Mode d'action n°1 : offensive
généralisée
· Mode d'action n°2 : offensive locale
· Mode d'action n°3 ; destruction locale d'un centre
ou d'une infrastructure
· Mode d'action n°4 : violation du sanctuaire
national
· Mode d'action n°5 : création d'un état
de crise en milieu maritime
Force est de souligner que la doctrine d'emploi des forces au
Cameroun souffre d'une obsolescence avec l'apparition des nouvelles menaces
à l'instar du groupe djihadiste Boko Haram. La réactualisation de
la doctrine d'emploi des forces au Cameroun apparait comme un impératif
stratégique pour l'endiguement de BH. Les menaces de type
asymétriques étaient prévisibles mais pas prévues
au Cameroun. Les forces de défense et de sécurité
longtemps n'étaient préparés pour des menaces terroristes
et internes. La revue de cette doctrine suppose la prise en compte des
nouvelles conflictualités pour des stratégies nouvelles
d'endiguement.
117 Directive présidentielle n° 436/
CAB.MIL/150 du 02 Novembre 1972. De
même la Directive présidentielle n° 253/
CAB.MIL du 14 Novembre 1977 prévoit
qu'en cas de conflit avec un Etat puissant, nous devons nous préparer
à endiguer l'avance ennemie en attendant sensibiliser l'opinion et les
instances internationales.
Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU
Sapam Ousmanou Page 101
Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
Elle consiste à redynamiser le dispositif de veille
sécuritaire intégrant de nouvelles hypothèses et modes
d'actions ennemi.
2- ANTICIPER LES NOUVELLES MENACES AU DELA DU
COMBAT
Boko Haram sera gagné par l'adhésion de la
population, non par la destruction de l'ennemi. Cette redéfinition
stratégique de lutte asymétrique, marque un tournant majeur dans
la guerre contre insurrectionnelle en ce qu'elle sous-tend l'impuissance
partielle des FDS à vaincre un ennemi inferieur en nombre et
dépourvu de toute technologie. Une telle vision des faits
réaliste affectera doublement la puissance des FDS et le vote de la loi
de programmation militaire prendra en compte de nouveaux pôles
d'équilibre géopolitiques ou géostratégiques. Le
Cameroun disposera par-là de nouveaux outils afin de comprendre et
d'anticiper sur les conflits asymétriques. Ainsi le service de
renseignements publics comme logique d'intelligence doivent dans cette
perspective être considérés comme le vecteur le plus
discret et le plus efficace d'influence de l'Etat. Il est nécessaire
pour l'Etat du Cameroun d'avoir une claire vision de la possibilité de
guerre, de sa propre vulnérabilité afin de mobiliser les forces
morales de ses sociétés et forger les outils politiques et
militaires pour y faire face. D'où la nécessité
d'envisager le facteur psychologique dans la lutte contre BH. Ce dernier montre
que l'Etat est désarmé et qu'il peut perdre si rien n'est fait
dans ce sens.
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