B- IMPERATIFS STRATEGIQUES OPERATIONNELS
Pour faire face aux attaques BH que l'on estime aujourd'hui
les plus dangereuses, il impératif de trouver le juste équilibre
des capacités opérationnelles que le dispositif de veille
sécuritaire camerounais doit disposer réellement, pour permettre
aux forces locales de lutte contre BH et d'imposer sa volonté
durablement sur le terrain et au coeur des populations vulnérables qui
constituent désormais un des enjeux majeurs de l'intervention des forces
de défense et de sécurité. Cet équilibre repose sur
trois axes prioritaires de développement capacitaire :
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Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
1- LA POURSUITE DE L'EFFORT POUR LA MAITRISE DE
L'INFORMATION ET LE DEVELOPPEMENT DE CAPACITES D'ADAPTATION ET DE REACTION DES
FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE FACE A L'ENNEMI.
La poursuite d'un effort significatif dans la maîtrise
de l'information et dans la compréhension des situations tactiques
constitue sans nul doute la première priorité. Elle contribue
à la conservation de la liberté d'action du chef et se
concrétise par la capacité d'anticiper les
événements, en disposant en temps utile des informations
essentielles à la manoeuvre. Elle couvre la réalisation effective
de la mise en réseau, qu'il faut sécuriser par la
fiabilité des communications, la capacité à organiser et
acheminer des quantités toujours plus grandes de données en temps
quasi réel, et la garantie de leur confidentialité. Elle concerne
également le développement et l'intégration des moyens du
renseignement et de contre-renseignement. A cet égard, il faut
considérer six capacités complémentaires telles que la
surveillance générale et ciblée, la reconnaissance de la
zone d'action des FDS, avec la mise en oeuvre de robots, de drones, de radar de
surveillance au sol, et en bénéficiant des informations au
travers de la chaîne image ; le traitement des données et des
informations ; le partage des situations opérationnelles tactiques et de
théâtres ; les actions dans les champs immatériels ; la
détection des émetteurs sur l'ensemble du spectre
électromagnétique ; la neutralisation des émissions et
désorganisation des moyens de coordination adverses.
Le développement de l'adaptabilité et de la
réactivité des moyens de combat et de contrôle des milieux
représente le troisième axe prioritaire pour répondre aux
exigences des nouvelles réalités tactiques. Pour pouvoir faire
face à un spectre élargi de situations opérationnelles,
dans la durée et au milieu des populations, il s'agit de disposer de
forces de contact flexibles mais robustes, souples dans leur emploi mais bien
protégées face aux menaces Boko Haram, aptes à se fondre
dans des milieux humains compliquées mais disposant toujours d'une
puissance de feu et de choc importante et visible, donc potentiellement
dissuasive.
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Cette transformation du système de contact sera
conduite avec le souci permanent de stricte suffisance, de maîtrise des
coûts et des risques technologiques, sans affecter l'efficacité
opérationnelle des unités. Elle a vocation à fluidifier
l'action au contact et à augmenter l'efficience des forces. A cet
égard, les priorités sont fixées sur :
· La connaissance avant l'action grâce au partage
de la situation et à la mise en oeuvre de capteurs variés
(robots, mini drones) ;
· La réalisation de plates-formes multi
rôles ;
· La combinaison, la variété, la gradation
et la précision des effets adaptés à l'objectif
visé (concentration des trajectoires diverses, armes à
létalité réduite, tir au-delà de la vue directe,
armes à effets dirigés ou thermobariques) ;
· L'amélioration et le renforcement de la
protection, avec des protections active, passive et distribuée, tout en
recherchant l'allègement.
2- LA RATIONALISATION DES MOYENS DE COMMANDEMENT ET LA
REDUCTION DES MOYENS CONSACRES AUX TACHES DE SOUTIEN ET D'APPUI EN OPERATIONS
BH
Afin de réserver les ressources les plus critiques aux
actions vraiment déterminantes en termes d'effets sur les menaces
actives de la secte djihadiste Boko Haram, le commandement des
opérations doit garantir l'initiative dans l'ensemble des champs
d'application des opérations par une organisation, un fonctionnement et
des systèmes robustes, éclatés, distants et flexibles,
présentant systématiquement une plus grande intégration
interarmées et davantage de polyvalence. Cette supériorité
décisionnelle repose sur trois idées forces que sont :
? La fusion du niveau commandement de composante avec le niveau
de commandement de théâtre pour créer un niveau
qualifié de tactico-opératif ;
? L'application du principe de pôles d'expertises distants
pour alléger les centres d'opération projetés et faciliter
leur manoeuvre ;
? L'architecture modulaire et infocentrée du centre futur
des opérations.
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L'optimisation du soutien vise à rationaliser les flux
et à doter la logistique de capacités à agir partout,
notamment en milieu complexe et hostile avec les moyens strictement suffisants
et juste à temps, dans un dispositif en constante évolution.
Cependant, les fonctions de soutien contribuent également à la
plupart des tâches non strictement militaires de stabilisation, notamment
l'aide aux populations. Plus que de la limitation de leur empreinte au sol,
c'est en fait de leur maîtrise qu'il s'agit. Sous réserve que les
objectifs de mise en réseau et d'intégration interarmées
aient été atteints avec les niveaux de fiabilisation et de
protection requis, les ressources allouées aux fonctions d'aide au
commandement, d'appui «feux», de soutien logistique, pourront
être contenues sans faire d'impasse sur leurs effets et en limitant leur
vulnérabilité.
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