SECTION 2 . COMBATTRE AUTREMENT BH : PERSPECTIVES ET
IMPERATIFS
STRATEGIQUES, OPERATIONNELS.
Le Cameroun peut combattre autrement BH par l'observation de
certaines perspectives (1) et impératifs (2) sécuritaires
stratégiques et opérationnels qui passent par une innovation
constante de sa pensée opérative face aux mutations du mode
opératoire de la secte islamiste.
PARAGRAPHE 1 : PERSPECTIVES SECURITAIRES STRATEGIQUES,
OPERATIONNELLES ANTI-BH
Elles sont de d'ordres sécuritaires stratégiques
(A) et sécuritaires opérationnelles (B) A- PERSPECTIVES
SECURITAIRES STRATEGIQUES
Les perspectives sécuritaires stratégiques exigent
dans un premier temps le renforcement de la résilience nationale (1) et
la perfection de la stratégie globale de lutte contre BH.
1- RENFORCEMENT DE LA RESILIENCE NATIONALE FACE A
LA
MENACE BOKO HARAM
La résilience d'une nation dépend de la
mobilisation de l'ensemble de ses ressources pour assurer sa
sécurité et garantir, en toutes circonstances, la
continuité de la vie nationale. La résilience suppose la
capacité d'absorber un choc, de continuer à fonctionner dans le
respect de ses valeurs mais aussi de s'adapter en tirant les leçons des
événements. L'effet de surprise et la sidération entravent
la résilience. Les populations doivent savoir sur Boko Haram d'où
l'importance cruciale de l'éducation, de l'information et de la
compréhension des risques. La résilience peut aussi être
renforcée par la mise en oeuvre d'une doctrine
pretorianiste114 camerounaise avec une armée de production,
de commercialisation et d'industrialisation dans les zones sièges de la
menace BH.
114 Le prétorianisme est un mode de fonctionnement d'un
régime politique selon lequel les corps armés influencent la
formation et la composition du gouvernement
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Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
2- LA PERFECTION DE LA STRATEGIE GLOBALE DE LUTTE
CONTRE
BOKO HARAM
Il est indispensable de repenser dans toutes ses dimensions la
façon dont la sécurité nationale est organisée et
mise en oeuvre. L'objectif consiste à agir de façon efficace et
coordonnée sur les différents leviers dont la nation dispose sur
les théâtres d'opérations à l'échelle
nationale. Cette contrainte d'efficacité doit être au coeur d'une
réforme qui doit garantir, à tous les niveaux, la
cohérence des actions conduites, y compris entre le niveau de
décision le plus élevé (le président de la
République) et les zones d'opération où il faut combiner
réactivité et cohérence, transversalité, et
subsidiarité. Le principe clef qui guide la définition et la
conduite de toute manoeuvre stratégique repose sur la bonne articulation
de trois niveaux essentiels : le niveau stratégique (qui définit
la stratégie), le niveau opératif (chargé de la mise en
oeuvre) et le niveau tactique (responsable de l'exécution sur le terrain
des actions concourant à la stratégie). Cette stratégie
vise à donner une nouvelle cohérence au dispositif de veille
sécuritaire à l'aune de la menace BH. Afin de remédier au
déficit chronique de stratégie et de coordination, il est
impératif d'envisager l'opérationnalisation, auprès du
président de la République, du Conseil nationale de
sécurité115. Si cette idée n'est pas neuve,
elle apparaît aujourd'hui incontournable pour répondre aux risques
et aux menaces qui pèsent sur le Cameroun. Ce conseil assurerait les
missions suivantes :
· le pilotage des analyses globales sur la
sécurité et l'arbitrage entre les priorités ;
· la définition de stratégies globales et
des politiques publiques afférentes ; la coordination de ces politiques
publiques dans leur préparation, leur conception et l'évaluation
des coûts et bénéfices des options suggérées
;
· la formulation des propositions d'orientation de
renseignement prévisionnel et l'élaboration périodique de
la synthèse des renseignements intéressant la
sécurité intérieure et extérieure.
115 Décret n°2009/004 du 8 janvier 2009 portant
création et organisation d'un conseil national de sécurité
en abrégé « CNS »
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Haram
B- PERSPECTIVES SECURITAIRES OPERATIONNELLES
Elles consistent en la mise en oeuvre des unités de
forces locales (1) et le renforcement des services de renseignement.
1- MISE EN PLACE DES UNITES DE FORCES
LOCALES
La création des unités de forces locales de
défense et de sécurité est un aspect indispensable pour
lutter contre BH. Les forces terrestres y sont largement impliquées. La
qualité de leurs actions dépend souvent la capacité de ces
forces autochtones à les relever et à concrétiser, en
partie, le succès de l'opération. Dans les localités
toujours exposées à Boko Haram, maintenir les comités de
vigilance opérationnels, tout en les soutenant et en les encadrant mieux
via des systèmes de vérification externe, y compris un
contrôle communautaire, et intégrer certains membres dans les
unités de police locale ; proposer à leurs membres des formations
sur des compétences pratiques en matière de renseignement et les
opérations de déminage.
2- LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES SERVICES DE
RENSEIGNEMENT
L'Etat du Cameroun doit s'abstenir de créer de nouveaux
comités de vigilance et se concentrer plutôt sur le
développement de réseaux de renseignement et d'alerte
précoce pour apporter aux civils la protection de l'Etat en cas de
besoin. Le renseignement est une fonction majeure de l'engagement
opérationnel et une clé du succès. C'est la conjugaison
des dimensions techniques et humaines qui permet de donner du sens, car si la
technologie accroît les capacités, elle permet surtout de savoir,
alors qu'il s'agit bien plus souvent de comprendre. La manoeuvre de
l'information participe à la lutte asymétrique de type Boko
Haram. Elle doit être d'autant plus constante qu'une part des actions
adverses repose elle-même sur l'exploitation de cette dimension. Les
forces doivent faire du combat par l'image une dimension nécessaire de
l'action des forces de défense et de sécurité.
Dans le domaine clé de la lutte contre le terrorisme,
il est essentiel de coordonner l'ensemble de la chaîne
opérationnelle, du renseignement en amont jusqu'aux procédures
judiciaires en passant par les forces d'intervention. Cette stratégie
sera conduite par un centre
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Haram
opérationnel dédié et permanent. Le
renseignement doit faire l'objet d'une coopération entre les
différents services de l'Etat et entre les différentes sciences
humaines. Plus que tout autre champ d'action, le renseignement doit se montrer
le plus englobant possible. Le décloisonnement et le partage
d'informations doivent être les nouvelles règles afin de mieux
saisir la complexité du théâtre d'opérations.
PARAGRAPHE 2 : LES IMPERATIFS SECURITAIRES
STRATEGIQUES ET OPERATIONNELS ANTI- B H
La lutte contre BH exige l'observation des impératifs
stratégiques et opérationnels à l'échèle
nationale.
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