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Construction du dispositif de veille sécuritaire au cameroun a l'aune de la menace Boko Haram


par OUSMANOU Kouotou Sapam
Université Yaoundé 2 - Master professionnel  2018
  

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PARAGRAPHE 2 : LES FACTEURS DYNAMIQUES DE LA RESILIENCE DE BOKO

HARAM

Les facteurs dynamiques de la résilience de BH sont visibles à travers les obstacles stratégiques (A) et les obstacles opérationnels (B).

A- LES OBSTACLES STRATEGIQUES

Ils relèvent des problèmes de coordination minimale, de leadership institutionnel et de précarité infrastructurelle observable.

Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 87

Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko

Haram

1- LE PROBLEME DE COORDINATION MINIMALE ET LE MONOPOLE INSTITUTIONNEL

Dans le cas de la lutte contre Boko Haram, des sommets et réunions ont été tenus de manière interne dans ces deux principales organisations régionales aboutissant à des déclarations officielles qui visaient la jonction des actions entre ces organisations. Au-delà des déclarations officielles et engagements mutuels à vouloir travailler ensemble, nous nous rendons compte que les deux organisations phares du Golfe de Guinée que sont la CEEAC et la CEDEAO n'ont pas coordonné leur effort pour une action conjointe et coordonnée contre Boko Haram. Aucune action commune et aucune coordination n'a été manifeste entre ces deux organisations majeures ayant reçu mandat des Nations Unies en matière d'intégration, de maintien de la paix et de la sécurité. C'est vrai qu'un mandat a été donné à deux chefs d'État de la CEEAC pour rencontrer les dirigeants de la CEDEAO afin de rendre commune la stratégie et l'opérationnalisation de la lutte contre Boko Haram. Après la mission du président du Congo Denis Sassou Nguesso et du président de la Guinée Equatoriale Theodoro Obiang Nguéma et les promesses obtenues des dirigeants de la CEDEAO d'un sommet conjoint des chefs d'État des deux organisations pour coaliser les efforts, une réunion d'experts des deux communautés s'est tenue à Douala au Cameroun le 2 avril 2015 avec pour objectif de préparer le Sommet des Chefs d'État des deux organisations prévu le 8 avril de la même année. Cependant, le sommet conjoint des chefs d'État de la CEDEAO et de la CEEAC, initialement prévu le mercredi 8 avril 2015 à Malabo, en Guinée Equatoriale, a été reporté à une date ultérieure. Cette rencontre qui a déjà fait l'objet d'une réunion au niveau des experts, tenus le 02 avril dernier à Douala au Cameroun, doit déboucher sur l'adoption d'une stratégie commune de lutte contre le groupe terroriste Boko Haram qui sévit au Nigéria, mais aussi au Cameroun, au Niger et au Tchad106.

Le sommet conjoint qui aurait entériné la réflexion commune et des décisions stratégiques collectives entre ces deux pôles majeurs de gestion des crises en Afrique subsaharienne a donc été annulé sans aucune explication ni aucun commentaire des deux communautés régionales. Aucune initiative commune n'a suivi pour permettre une

106 Communiqué de presse, report du sommet conjoint CEEAC-CEDEAO : 10 avril 2015

Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 88

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Haram

coordination des efforts contre Boko Haram, aucune action commune alors que le Bassin du Lac Tchad est situé sur et entre ces deux organisations phares et les principaux pays déstabilisés par Boko Haram appartiennent à parité à la CEEAC et la CEDEAO. Malgré la conscience d'une action commune et conjointe entre les deux communautés contre Boko Haram, chacune d'elles a continué de réfléchir de manière individuelle à la lutte contre Boko Haram et cela s'est reflété dans les documents officiels de chaque organisation. Du côté de la CEEAC, bien qu'elle ait réaffirmé dans la déclaration officielle du sommet de Ndjamena du 25 mai 2015 son engagement à coopérer sur le plan stratégique avec la CEDEAO contre Boko Haram, elle rappelle à ses États membres de s'impliquer aux côtés du Cameroun et du Tchad dans la lutte contre Boko Haram. La CEEAC a fait siennes les résolutions de ce sommet extraordinaire du COPAX à Yaoundé le 16 février 2015 et a exhorté les États membres qui ne l'ont pas encore fait à honorer leurs engagements multiformes de solidarité envers le Cameroun et le Tchad107.

Bien plus, le secrétaire général de la CEEAC, dans un communiqué datant de février 2016 sur la lutte contre Boko Haram, reconnaît la nécessité d'une action régionale, mais ne mentionne pas particulièrement quelle organisation serait le mieux à même de coopérer avec la CEEAC pour une meilleure efficacité dans la lutte contre Boko Haram.

En dehors des déclarations officielles qui démontrent que les organisations phares de la région ne mutualisent pas leur effort contre Boko Haram, il est indéniable de mentionner que les stratégies de lutte contre le terrorisme donc contre Boko Haram sont différentes dans les deux communautés. Pour ce qui est de la CEDEAO, elle a adopté en 2013 une stratégie commune de lutte contre le terrorisme et son plan d'action engageant les États de la communauté à renforcer leur capacité de surveillance, d'harmonisation, de coordination et de réglementation des politiques et pratiques des États en matière de prévention et de répression du terrorisme en Afrique de l'Ouest. Contrairement à la CEDEAO, la CEEAC n'a pas beaucoup d'initiative en matière de lutte contre les nouvelles menaces. En dehors des mécanismes du COPAX, elle a juste ajouté une touche opérationnelle en matière de contreterrorisme en 2015. Il s'agit entre autres de la création d'unités spécialisées pour lutter contre le terrorisme, la mise en place d'une plateforme institutionnelle régionale d'échange d'informations, de coopération et de collaboration entre les différents services de sécurité et de renseignement : ceci étant élaboré par les chefs des services de renseignement et de sécurité des États de la CEEAC. Il s'agit donc d'une coopération en Afrique Centrale dont le

107 Déclaration officielle sommet de Ndjamena, 25 mai 2015

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Haram

but est de mieux contrer les actes terroristes de manière préventive ou durant la période des activités terroristes. Ces différentes stratégies dans la lutte contre le terrorisme semblent donc justifier la persistance de la menace Boko Haram et le déficit de coordination de la CEEAC-CEDEAO.

En outre, la coordination déficitaire entre les deux communautés majeures présentes dans le Bassin du Lac Tchad pourrait aussi s'expliquer car la menace Boko Haram traverse à la fois la CEDEAO et la CEEAC créant ainsi une entrave à une réponse efficace. La menace Boko Haram qui traverse les frontières des deux communautés a à la fois compliqué la mise en commun des moyens sécuritaire pour faire face à Boko Haram. Ceci s'explique parce que le Bassin du Lac Tchad a une position géographique particulière. En effet, le Bassin du Lac Tchad est à cheval entre la Communauté des États de l'Afrique de l'Afrique Centrale et la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest. Aucune de ces deux communautés ne pouvant réagir de manière autonome et efficace contre le groupe terroriste Boko Haram sans le soutien et l'action conjointe de l'autre. Cela veut dire en d'autres termes que si l'une des deux organisations décide d'intervenir, son champ d'action se délimitera de manière partielle sur le territoire couvert par l'organisation en question et, en conséquence l'ensemble du Bassin du Lac Tchad ne connaîtra pas une accalmie et une sécurité du fait d'une possible et probable continuation des activités terroristes dans l'autre communauté et vice versa. Boko Haram a donc dû être favorisé par ce chevauchement régional pour créer des multitudes de sanctuaires de la violence en Afrique Centrale et en Afrique de l'Ouest donc les conséquences continuent de se reprendre dans la région. Ce manque de coordination entre CEEAC et CEDEAO n'explique pas seul l'échec des mécanismes de sécurité dans la lutte contre Boko Haram. Elle s'accompagne de la présence des autres organisations supranationales dans le Bassin du Lac Tchad et le difficile monopole par chacune de ces organisations des zones déstabilisées par Boko Haram.

La multiplication des organisations régionales autour du Bassin du Lac Tchad n'a pas seulement créé un problème de coordination inter organisationnelle permettant d'appliquer les mécanismes régionaux de sécurité afin de contrer la menace Boko Haram. Cette croissance anarchique des institutions supranationales dans cette région de l'Afrique a aussi créé des problèmes liés au manque de monopole institutionnelle de la vaste région menacée et déstabilisée par Boko Haram afin d'arrêter les multiples désastres occasionnés par ce groupe. Une région ou une sous-région donnée devrait avoir des mécanismes permanents de

Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 90

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Haram

coordination entre régions rassemblant les Etats de la zone géographique et les poussant à agir de manière commune suivant les règles qu'ils se sont eux-mêmes fixés. En cas de conflit interétatique ou intra étatique, l'organisation couvrant la région par la voie de tous ses États applique ainsi les mesures élaborées à cet effet avec le soutien de tous. Dans ces conditions, il pourrait être possible d'espérer que des avancées positives et souvent efficaces seront au rendez-vous en cas d'intervention régionale. C'est le contraire de la situation dans le Bassin du Lac Tchad où l'on remarque la division de cette zone géographique par les organisations régionales qui à la fois sont actives sur le même terrain et au même moment. La principale zone déstabilisée par Boko Haram crée un déficit de monopole d'action d'une organisation régionale. Ensuite, le manque de monopole des régions déstabilisées par Boko Haram pourrait s'expliquer par la taille des organisations supranationales et la légitimité de leur domaine d'action. Avec la montée en puissance de ce groupe terroriste, plusieurs organisations régionales ont engagé des démarches pour mettre fin aux atrocités de Boko Haram. Mais leur champ d'action semble ne pas avoir réduit l'ampleur de la menace. Le manque de monopole géographique dans la région touchée par Boko Haram explique donc l'échec des mécanismes régionaux de sécurité pour endiguer ce groupe. Le manque de monopole régional ayant généré l'échec des mécanismes régionaux de sécurité tient au fait de la présence de plus huit organisations supranationales dans le Bassin du Lac Tchad et leur activité de simultanée dans la zone. La plupart de ces organisations sont à vocation économique, mais se sont attribué des mandats en matière de maintien de la paix et de la sécurité. Comme chacune de ces organisations ayant des mandats sécuritaires occupe au moins une sous-partie de la région, nous remarquons ainsi une balkanisation de la région en plusieurs zones. Cela explique le fait que la Communauté des États Sahelo-Saheliens « CEN-SAD » a un intérêt pour les questions sécuritaires dans le Golfe de Guinée du fait que le Niger, Nigéria, Tchad, pays déstabilisés par Boko Haram sont membres de cette communauté. La Commission du Golfe de Guinée a aussi un rôle à jouer pour le maintien de la paix dans la région, car le Cameroun et le Nigéria, troublés par les activités de Boko Haram, sont membres de la communauté. La CEMAC a aussi des actions à envisager dans le cadre de la nécessité de stopper Boko Haram, car la zone qu'elle couvre abrite les États touchés par ce groupe terroriste. Le fait donc que toutes ces organisations auxquelles s'ajoutent la CEEAC, la CEDEAO et la CBLT ont un mandat sécuritaire, partagent la principale zone du Bassin du Lac Tchad déstabilisée par Boko Haram et non pas le monopole

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Haram

de l'action sur toute cette zone géographique, il devient difficile pour les États de se réunir et d'appliquer les mesures régionales contre la menace.

Les réponses des Etats Africains face au phénomène bokoharamique souffrent d'incohérences internes et externes suffisamment graves. Si les Etats Africains n'y font pas urgemment face, la réalisabilité du projet de Califat Mondial Islamiste de Boko Haram ne sera qu'une question de temps. D'autant plus que la secte mondiale a décidé de déchirer les sociétés africaines du dedans, par les personnes-bombes et la peur devenue forme psychologique d'approche collective du réel108.

2- LES OBSTACLES INFRASTRUCTURELS

La résilience de Boko Haram résulte des facteurs offensifs qui regroupent les ressources multiformes, les voies et infrastructures de communication et les bases. L'élément des voies de communication est un danger potentiel pour les forces de défense et de sécurité en raison de son état précaire et constitue par là même un atout pour Boko Haram. Il s'observe un problème de ravitaillement des troupes en zone de combat qui s'explique par la complexité des voies de communication presque inexistantes. Une armée moderne a besoin des infrastructures qui doivent avancer en même temps qu'elle. L'excellent réseau routier, dense et bien entretenu peut favoriser le déploiement rapide des troupes. Malheureusement ce facteur capital pour la rapidité du mouvement a fait défaut dans l'Extrême Nord Cameroun car il n'existe que des tronçons de piste et des zones très étendues pas très praticables. Les moyens logistiques parfois rudimentaires impactent souvent les rapports de forces. Les troupes armées périssent sur le champ de lutte pour des raisons liées au manque d'infrastructures de communication. Il se pose de ce fait un problème de liaison et même de transmission en temps de guerre. Les transmissions constituent une arme qui unit les armées. Les zones vulnérables par Boko Haram ne sont pas presque couvertes par le réseau et encore moins électrifiées. A ce titre il convient de faire ressortir un écart irrémédiable entre les forces de défense et de sécurité et les groupes terroristes qui peuvent résister par la défaillance technologique peu développés. Ce facteur géostratégique a joué son rôle en négatif pour la coalition alliée.

108 De l'art de vaincre Boko Haram : contributions pour la défense du Cameroun et du Nigéria (I & II) Par Franklin Nyamsi Professeur agrégé de philosophie Président du Collectif Diasporique Camerounais

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon