3.4. MESURES DE LA DOLLARISATION
La monnaie étrangère peut-être
détenue sous trois formes par les résidents d'un pays : la
monnaie manuelle (par exemple des dollars en billets), les dépôts
libellés en monnaie étrangère détenus le
système bancaire national (un compte en dollar dans une banque
enregistrée dans le pays) et les dépôts détenus
à l'étranger (par exemple un compte en dollar dans une banque
suisse).
Les dépôts à l'étranger pouvant
être détenus pour des motifs autres que la protection contre
l'inflation, comme les transactions internationale et les opérations
illégale, ils sont généralement exclus de la mesure de la
dollarisation, sauf dans le cas où les dépôts en monnaie
étrangère dans le système bancaire national sont
interdits. Parmi ces trois composantes, les montants de la monnaie manuelle et
des dépôts à l'étranger sont
généralement mal connus. Par conséquent, les mesures de la
dollarisation reposent usuellement sur les seuls montants des
dépôts en monnaie étrangère détenus dans le
système bancaire national.
La mesure de la dollarisation la plus fréquemment
utilisée DE/MED+DE
Où DE est l'équivalent en monnaie nationale du
montant des dépôts libellés en monnaie
étrangère dans le système bancaire intérieur. M2D
est agrégat monétaire étrangère dans le
système bancaire intérieur. M2 est l'agrégat
monétaire comprenant la monnaie manuelle, les dépôts
bancaires à vue, à terme et d'épargne libellés en
monnaie nationale. Cette mesure représente la part des
dépôts en monnaie étrangère dans la richesse.
NGONGA NZINGA V., (2011)
3.5. FACTEURS DE LA DOLLARISATION
3.5.1. Les facteurs explicatifs de la dollarisation
3.5.1.1. La dollarisation par la crise
inflationniste
Lorsque l'inflation atteint un niveau élevé, les
résidents s'obligent à détenir leurs richesses
financières sous forme des billets ou en monnaie
étrangère. Aucun intérêt l'on a à la
détention des richesses sous forme d'une monnaie qui perd sa valeur au
jour le jour. La monnaie étrangère se substitue à la
monnaie interne en tant que réserve de valeur, par la détention
manuelle ou dans des comptes bancaires domestiques. Cette constitution de
l'épargne en monnaie étrangère traduit la perte, par la
monnaie nationale, de sa fonction de réserve de valeur.
Dès lors, les agents économiques commenceront
à libeller non seulement le prix des biens durables et des immeubles en
monnaie étrangère d'abord, puis ceux des biens courants, mais
aussi les dettes et les contrats. Il se vérifie, ici, la perte par la
monnaie domestique de la fonction d'unité de compte. Avec la persistance
d'une inflation élevée, les résidents sont poussés
à affecter la plupart de leurs transactions en devises. Ces
dernières ne servent plus à financer la fuite des capitaux mais
plutôt à réaliser les transactions à
l'intérieur du pays, qu'il s'agisse de paiement sous forme manuelle ou
des virements bancaires en devises. C'est à ce moment que la fonction de
moyen de payement est atteinte.
3.5.1.2. La dollarisation par la pénurie des
moyens de paiement
En tant que contexte de la dollarisation, la pénurie
des moyens de paiement peut-être expliquée par l'hyperinflation et
la déflation. La baisse de la valeur réelle de la monnaie
provoque la pénurie des moyens de paiement. Cette baisse est
elle-même, le résultat d'un accroissement plus rapide du niveau
général des prix des biens au-delà de l'émission
monétaire. En conséquence, l'émission monétaire
devient soumisse à la hausse des prix et ne cesse de courir après
les besoins. La valeur faciale des coupures se perd vite. Il faut très
rapidement créer des nouveaux billets à valeur faciale plus
élevée pour satisfaire les besoins de la circulation. Il se
crée alors un besoin extrême des moyens de paiement à
valeur stable, une monnaie étrangère.
3.5.1.3. La dollarisation par la pénurie des
biens
La pénurie des biens, outre qu'elle se traduit par une
hausse des prix, elle est source de manoeuvre pour les vendeurs qui ne
reçoivent en priorité que des demandeurs munis des devises. Par
ailleurs, en plus d'être reçus en second lieu, les
détenteurs de la monnaie nationale sont également victimes d'un
prix majoré d'un certain pourcentage servant, aux yeux des vendeurs, de
couverture de risque de change. Evincés, ces second demandeurs
contribuent à l'accroissement de la demande des devises et de leur
utilisation afin de bénéficier, eux aussi, d'une priorité
et d'une prime sur ceux qui n'en disposeront pas encore. Ces derniers agissent
de la sorte et le processus s'amplifie.
3.5.1.4. La dollarisation par les réseaux
transfrontaliers
Le rayonnement régional d'une monnaie se traduit tout
par sa circulation dans le strict voisinage de son pays d'origine. Mais, de
façon générale, la force d'une monnaie conjuguée
à la puissance commerciale de son pays sont les facteurs principaux qui
poussent à son emploi dans une zone plus au moins étendue
à l'intérieur d'un pays voisin ; c'est le cas du dollar des
Etats-Unis qui d'abord utilisé tout au long de la frontière
mexicaine dont certaines villes doivent leur dynamisme aux usines
américaines qui y sont implantées, a par la suite eu un
rôle puissant dans tout le Mexique. Vahavi.(, 2007).
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