Paragraphe 2 : les limites liées aux indicateurs
économiques.
Dans ce paragraphe, nous aborderons d'autres pesanteurs qui
tiennent à l'accès à la propriété
foncière (A), et au problème que pose l'implication active de
l'Etat dans l'économie camerounaise (B).
A) L'accès à la propriété
foncière
La sécurisation foncière est essentielle pour
tout investisseur direct étranger désireux de s'implanter dans un
pays hôte. L'accès à la propriété
foncière est difficile au Cameroun (1). Nous proposons toutefois des
solutions pour surmonter cet état de chose (2).
1) Difficulté d'accès à la
propriété foncière
D'après le classement Global Competitiveness,
l'administration camerounaise est classé 113ème sur
140 pays281. Pour ce qui est du rapport « doing business
», le Cameroun occupe le 176ème rang sur 190 pays
évalués dans le domaine du transfert de
propriété282. Le foncier est un facteur essentiel en
ce qui concerne l'implantation d'un investisseur. Qu'il soit local ou
étranger. Au Cameroun, son accès demeure toujours contraignant en
dépit des réformes entreprises par les pouvoirs publics. Pour
acquérir une parcelle de terrain au Cameroun, il faut compter en moyenne
86 jours et débourser environ 19% de la valeur du bien.
Les services au sein de l'administration foncière ne
sont pas informatisés. Ce qui fait que l'accès aux informations
reste difficile et anarchique. Outre l'acquisition, la sécurisation des
biens fonciers est également un sérieux challenge pour l'Etat
Camerounais.
2) Quelques Recommandations
Compte tenu de l'importance que l'accès au foncier
revêt, il serait bon pour le gouvernement de réformer ce secteur.
Notamment sa législation d'abord, son administration ensuite. En ce qui
concerne le temps moyen requis pour l'acquisition foncière, l'Etat
pourrait le réduire à 30 jours maximum. Il pourrait
réduire le taux d'enregistrement du contrat de vente de 15% à 5%
de la valeur du bien foncier. Réduire le taux de transfert
définitif de la propriété
281 Le Quotidien de l'économie n°01628 du vendredi 19
septembre 2018
282 Ce domaine du rapport « doing business » prend
en compte le nombre de procédures, le temps et les coûts
nécessaires pour acheter ou transférer un titre de
propriété, et la qualité de l'administration
foncière. J. DIFFO TCHUNKAM, Op cit. p. 75
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de 2% à 1% de la valeur du bien. Et enfin
améliorer la transparence de l'administration
foncière283.
B) L'implication active de l'Etat camerounais : un
frein à la compétitivité de l'économie
Les monopoles qu'exercent certaines sociétés
sont de nature à restreindre la concurrence dans certaines
activités. Il en est ainsi des services de transport ferroviaires qui
jouissent d'un monopole et de ce fait empêchent la concurrence. De plus,
le Cameroun restreint encore les prises de participation
étrangères au capital social dans certains secteurs de
l'économie. En l'occurrence l'exploitation minière, le transport
et la distribution d'énergie. Cela nuit fortement à
l'entrée de nouveaux investisseurs.
Les entreprises publiques rendent compte à plusieurs
institutions avec peu de clarté quant aux objectifs de performances et
aux réalisations284. Les rapports produits par le
ministère des finances ne sont pas accessibles au grand public. La
commission mise sur pied par ledit ministère pour assurer cette fonction
ne possède pas d'indicateurs standards pour contrôler la
performance des entreprises.
Les modalités de fixations des prix ne sont pas claires
et les contrôles sont redondants. Les investisseurs ne connaissent pas
les modes de calcul. D'après le rapport de la banque mondiale, le
Cameroun applique l'un des taux tarifaires les plus élevés au
monde. De même que ces barrières commerciales non tarifaires qui
sont parmi les plus élevés au monde.
La rigidité du taux de change est préjudiciable
aux acteurs du secteur manufacturier qui ont besoins d'importer. Les prix au
Cameroun font partie des plus élevés dans le monde. Or, un Etat
favorable à la concurrence multiplie les perspectives de croissance et
améliore la compétitivité au sein d'un pays.
283Ibid p. 123
284 Rapport Cameroun Memorandum Economique.
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