B) Les conséquences économiques
importantes
La crise anglophone a eu des conséquences plus que
désastreuses sur l'économie dans ces régions et les
performances économiques du Cameroun de manière
générale. D'après un rapport du GICAM239,
certains secteurs de l'économie camerounaise sont
particulièrement affectés par cette crise. Il en est ainsi de la
filière agricole ; agro-industrielle ; télécommunications
; commerce et distribution.
? La filière cacao-café enregistre une perte de
FCFA 56.000.000.000 (cinquante-six milliards de Franc CFA) ce qui
représente 20% de recettes d'exportation. Le Sud-Ouest représente
45% de la production cacaoyère nationale tandis que le Nord-Ouest est le
principal producteur de café arabica au Cameroun avec une production
s'élevant à 70% de la production nationale. L'entretien des
plantations est fortement réduit. De
239 Rapport intitulé : Insécurité dans
les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Conséquences
économiques et impact sur l'activité des entreprises, 2018
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même que la collecte, le négoce et le transport
des produits qui est interrompu de ce fait.
? L'activité agro-industrielle est également
fortement affectée par cette crise. Les principales
sociétés dans ces régions que sont la CDC-Delmonté
et PAMOL enregistrent plus d'un milliard de biens détruits et un manque
à gagner de douze (12) milliards FCFA. D'après ce même
rapport du GICAM, la CDC aura besoin d'au moins quinze milliards de FCFA de
financement pour relancer ses activités lorsque la crise aura pris fin.
Outre ces deux mastodontes, de nombreuses autres sociétés
agro-industrielles présentes dans ces zones se retrouvent
affectées, Il en est ainsi des sociétés de distribution de
produits phytosanitaires.
? Le secteur des télécommunications a subi des
pertes d'un montant de trois cent millions FCFA au titre de préjudice
principal, et plus d'un milliard de manque à gagner par mois depuis le
début de la crise.
La crise anglophone est survenue dans un contexte particulier
de convalescence
économique. Le déficit budgétaire du
Cameroun est passé de 2% du PIB en 2015 à 6.5% en 2016. Et a eu
pour conséquence une accumulation de la dette et des
arriérés de paiement de l'Etat auprès de leurs
créanciers. Pour y faire face, l'Etat camerounais a augmenté la
pression fiscale sur les entreprises, a multiplié les
prélèvements et a intensifié les contrôles.
De ce fait, la baisse des IDE apparait comme une
conséquence de l'incapacité du droit des IDE à atteindre
ses objectifs dans un tel contexte.
Ces deux régions bien que regorgeant de ressources
naturelles. Ne pourront plus du fait de cette crise attirer les investisseurs
directs étrangers dans les régions. Sachant que les investisseurs
qui y étaient installés ne sont plus en mesure de
pérenniser leurs activités.
L'on se rend donc compte à quel point les affrontements
affectent négativement les activités économiques dans
cette partie du pays. Tout opérateur économique a à coeur
de se prémunir contre les risques de perte ou de
détérioration de ses biens. Toutefois, dans les rapports
Etat-Investisseur, le premier est censé prémunir le second contre
tous risques politiques. Tant que la crise dans cette zone persiste, les
conséquences pour l'économie et les investissements directs
étrangers ne peuvent être que négatives. C'est pourquoi, il
est essentiel pour le gouvernement de prendre des mesures afin de
remédier à cela.
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