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Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Avos.


par Emile Baudouin MVOGO SOUGA
Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de Yaoundé - Diplôme Professionnel d'Expert Consultant 2009
  

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2 - Objet de l'étude

La zone rurale dispose d'une réserve potentielle de produits agricoles de qualité qu'elle pourra mobiliser selon les circonstances pour approvisionner soit les actifs des autres secteurs locaux qui ne pratiquent pas d'activités agricoles (secteur secondaire voire tertiaire), soit les populations des pays voisins et d'autres continents, et celles séjournant occasionnellement au sein du territoire national (touristes). Cette activité agricole produira à son tour des revenus supplémentaires aux familles qui la pratiquent, revenus capables d'être «captés»par investissement dans les autres branches de production économiques. Il s'agit ici de montrer clairement les effets positifs de la promotion des activités agropastorales sur l'activation de l'économie locale.

6J-M. BROUSSARD, Economie de l'agriculture, Economica, Paris, 1987.

Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant en Développement

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Avril 2011

«Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de
décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin

MVOGO SOUGA.

3 - Champs conceptuels explorés

Afin de mieux comprendre l'étude ci-proposée, il importe de cerner le sens de la thématique à travers les concepts qui y sont liés.

- Activités agropastorales

L'agriculture est la culture, le travail du sol pour le faire produire. L'élevage quant à lui consiste à élever, entretenir les animaux destinés aux multiples usages de l'homme. Les activités agropastorales sont donc celles qui sont liées à l'agriculture et à l'élevage. Généralement, quel que soit le pays ou la région, on va trouver, historiquement deux grands types d'agriculture locale:

y' Celles qui sont fondées sur la polyculture associée plus ou moins avec l'élevage et qui sont orientées historiquement vers l'autoconsommation. Ces agricultures deviennent au fur et à mesure des « agricultures à surplus vivrier »7, selon l'expression de R. BADOUIN, jusqu'à ce qu'elles soient fortement intégrées au marché et qu'elles deviennent alors spécialisées (en grande culture, élevage, etc.) ;

y' Celles qui sont historiquement spécialisées, soit en raison de contraintes agro-écologiques (agriculture des zones de montagne par exemple), soit du fait d'un certain nombre de phénomènes agro-économiques (plaine viticole du Languedoc en France) ou politiques (colonisation en Afrique et en Amérique).

Il est important de remarquer que si la prise en compte des contraintes agro-écologiques provient généralement d'un processus spontané très ancien d'adaptation des populations au milieu physique, les deux autres phénomènes ont été provoqués par l'extérieur.

- Exploitation Familiale Agricole (EFA)

Pour les agronomes, la notion d'exploitation familiale agricole est un concept issu de l'histoire agricole européenne qui fait référence à « un modèle d'agriculture basé sur la famille monogame nucléaire et les moyens qu'elle met en oeuvre aux fins de produire des denrées agricoles » (BERGERET & DUFUMIER, 2002). Cette famille va donc chercher à

7R. BADOUIN, Economie rurale, Armand colin, 1971, P.598.

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satisfaire ses objectifs économiques, mais aussi sociaux et patrimoniaux, en mobilisant les moyens de production dont elle dispose : le foncier, sa force de travail et ses ressources en capital fixe (machines, outils...) et circulant (pour l'achat des intrants...).

La gestion d'une exploitation comprend ainsi l'ensemble des décisions prises par le chef d'exploitation qui déterminent les modalités de combinaison des moyens de production de l'exploitation. Cette notion d'exploitation familiale agricole ou EFA est également employée dans le contexte africain même si certains auteurs ont montré que les contours des EFA africaines pouvaient être bien plus larges que la « famille monogame nucléaire» (J.M. GASTELLU, 1980) et que les unités de résidence, de décision, de production, de consommation et d'accumulation ne coïncidaient pas toujours.

L'analyse de la structure et du fonctionnement actuels d'une exploitation agricole renvoie à son histoire : celle de l'acquisition des moyens de production et de l'évolution de la combinaison de systèmes de culture et d'élevage (DEVIENNE & WYBRECHT, 2002). La structure et le fonctionnement d'une exploitation familiale varient dans le temps. Ces variations s'expliquent par des causes externes liées au contexte dans lequel l'exploitation évolue et par des causes internes liées au cycle de la famille (WYBRECHT, 2002). Sur la base des travaux de CHAYANOV8 les deux auteurs précédents proposent un modèle qui résume les principaux éléments de l'environnement, de la structure (moyens de production) et du fonctionnement de l'exploitation familiale agricole de manière classique.

- Décentralisation

La décentralisation se réalise par la reconnaissance de la part de l'Etat d'intérêts locaux propres gérés par les collectivités locales décentralisées. La décentralisation suppose la personnalité morale de la ou des collectivité(s) locale(s) reconnue(s). Il n'y a pas de décentralisation s'il n'y a pas attribution de la personnalité juridique. Ainsi, au Cameroun d'après les lois n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972, n° 2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996, n° 2004/017, n° 2004/018 et N°2004/019 du 22 juillet 2004 portant

8 A. CHAYANOV dans « Economie de la paysannerie non capitaliste », analyse le mode de fonctionnement des exploitations familiales agricoles européennes en confrontant les besoins de ces dernières à leurs différentes ressources pour expliquer le niveau de rendement obtenu. C'est de cette analyse qu'est né le schéma classique des stratégies au sein des unités familiales de production agricoles.

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respectivement orientation de la décentralisation, règles fixant des régions et organisation des communes, à part l'Etat, ne sont reconnues comme personnes publiques territoriales que les régions et les communes. Il faut en deuxième lieu l'existence d'affaires locales ; En fait, on peut dire que sont affaires locales celles que la loi a confié à la collectivité locale. Il faut enfin que ces affaires soient gérées par la population qui compose les collectivités décentralisées ; Le procédé le plus simple pour permettre une telle gestion est le procédé de l'élection (élection du conseil municipal par exemple).

Si la décentralisation implique l'existence de compétences propres au profit des autorités locales, elle signifie également une certaine limitation de celles-ci, un certain contrôle ou une supervision du gouvernement qui s'exerce dans les conditions précises fixées par les textes et qui porte le nom de contrôle de tutelle. Ce type de contrôle, à la différence du pouvoir hiérarchique ne permet pas à l'Etat de donner des ordres et de réformer les décisions prises par les autorités des collectivités décentralisées.

Dans la pratique, la décentralisation connaît deux modalités:

y' La décentralisation technique ou fonctionnelle (ou par services) porte sur une tâche déterminée par sa nature particulière qui est individualisée et dont la charge est confiée à une personne publique autonome ; elle consiste donc à détacher d'une collectivité un service ou un ensemble de services spécialisés qui seront assumés par un établissement public.

y' La décentralisation territoriale qui « consiste, dans son essence, à individualiser une collectivité humaine circonscrite sur une partie du territoire et à la charge de gérer l'ensemble de ses propres affaires ; elle donne naissance à des collectivités territoriales, ayant compétence pour mener une action administrative »9. C'est ce cas précis qui nous intéressera dans la présente étude à travers son caractère «territorial».

- Développement local (DL)

Le Développement local est défini par les experts comme « une volonté politique des acteurs de promouvoir le développement du territoire sur lequel ils vivent en vue d'améliorer la situation socio-économique des populations ». Il tient d'une nouvelle conception du

9 A. BOCKEL, Droit administratif, Néa, Dakar 1978, P.247.

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développement « territorialisé » et endogène dont la ressource humaine est la force motrice, le développement étant avant tout un phénomène humain, c'est-à-dire que l'être humain (à travers ses valeurs et ses comportements) occupe une place fondamentale dans le processus de développement. Ce concept est apparu dès les années 6010 et repose sur le postulat simple d'une activation des dynamiques de développement socio-économique via les potentialités locales au profit des communautés à cette échelle ; il se veut une réponse alternative à une politique d'aménagement du terroir un peu trop centralisée et dont on sentait poindre les limites face aux nouveaux défis quotidiens.

Le DL inclut la participation active de tous les acteurs d'un territoire pour identifier et réaliser les programmes qui correspondent à la mise en valeur des atouts de ce dernier. Dans ce sens, on peut dire que le territoire est le point de départ et de rencontre des acteurs du développement. Il est le lieu où s'organisent, volontairement ou de manière spontanée, les formes de coopération entre les entreprises, les individus et les activités.

En résumé, le Développement Local se traduit par une communauté d'intérêts des acteurs ; ce qui lui confère son identité pluridimensionnelle liée aux domaines économique, social, historique et culturel. Trois (03) critères définissent et permettent de circonscrire le DL dans son champ d'action:

y' Il est territorial : l'espace du Développement Local est généralement situé entre le village et la région. Le projet des acteurs locaux est le projet du territoire qui détermine les limites de la zone de développement ; cette dimension spatiale des sociétés telle que présentée par certains auteurs à travers un triptyque territoire/acteur/développement met au coeur du dudit concept l'idée du « vivre ensemble » et de l'« agir ensemble » qui laissent transparaître à leur tour la notion de participation dans l'élaboration de la vision d'une part, des outils et des stratégies à mettre en oeuvre d'autre part.

y' Il est multisectoriel : la créativité doit être maîtrisée par les acteurs locaux. Il n'est donc pas un cadre d'une spécialisation et d'une démarcation aiguës entre les activités socio-économiques. En cela, il est bien difficile d'isoler les

10 F. TESSON in Introduction au cours de Développement local, 2008.

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activités les unes des autres de façon étanche à cause de leur vocation complémentaire et parfois même des initiatives qui les portent.

y' Jl est géré par les acteurs locaux : trois types d'acteurs majeurs complémentaires coexistent dans le processus de Développement Local : les acteurs publics (élus locaux et structures déconcentrées de l'Etat), les acteurs privés (secteur privé et patronat) et les acteurs associatifs (organisations de la société civile) ; Les négociations constituent le moyen de coopération entre les différentes parties.

Somme toute, le Développement Local apparaît comme un processus ou un phénomène dynamique multidimensionnel ayant une diversité de trajectoires qui peuvent conduire une communauté locale, une économie locale, ou un territoire donné à acquérir la flexibilité et le potentiel d'innovations nécessaires pour faire face aux défis posés par un environnement (interne et/ou externe) local en constante mutation.

- Développement économique local (DEL)

Le Développement Economique Local est inclut dans le Développement Local (c'est-à-dire que DL=?DEL)11. S'inscrivant dans une logique de construction de territoire, il est un processus qui pour sa part, insiste sur la dimension création de la richesse (et par là des chaînes de valeur) par les acteurs locaux et une stratégie de promotion de l'emploi à travers le développement de micro entreprises, le renforcement du dialogue territorial et la planification du développement. Au centre du prisme, figure la création de partenariats entre privé et public afin de regrouper les acteurs de l'économie locale y compris les représentants gouvernementaux et locaux. Pour qu'il soit efficace et profitable, le processus de développement économique au niveau local doit s'inspirer:

y' De l'orientation vers les productions qui valorisent les potentialités locales; y' De la création des conditions d'accès au financement des projets;

11En effet, le DL étant une conception « territorialisée » du développement, devient de ce fait cette « maison» dans laquelle s'organise tout le processus conduisant au bien-être socio-économique du territoire donné. Puisque le DEL insiste sur la stratégie à appliquer pour la création des richesses et l'élargissement de l'espace d'échanges dans un secteur bien précis du développement, il ressort donc clairement qu'en faisant la somme des développements des différents secteurs d'activités dans un territoire, on obtient le développement agrégé dudit territoire : DL=?DEL.

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y' De l'amélioration des qualifications du marché du travail; y' De la génération d'un système d'infrastructures de soutien;

Ceci requiert donc un effort concerté et coordonné pour que la connaissance de la réalité et des besoins locaux se transforme en valorisation économique, en capacité technique pour promouvoir les entreprises et les possibilités de revenus et d'emplois dans la constitution de mécanismes de développement fondés sur le « consensus démocratique »12. En constituant la réponse sans exclusion aux besoins de la population, le Développement Economique Local est tout à la fois, une dynamique territoriale et un processus permettant de créer et de promouvoir les richesses soutenant l'emploi à l'échelle locale à travers la mise en valeur les diverses ressources endogènes.

- Evolution du DEL

A l'origine, le Développement Economique Local était presque exclusivement une affaire de politique gouvernementale nationale, qui préconisait l'intervention directe dans l'économie. Dans beaucoup de régions du monde, cette intervention a été réalisée par le biais d'entreprises d'Etat. Dans des contextes plus démocratiques, les gouvernements ont fait recours à des mesures incitatives dans leurs politiques de développement économique, afin d'attirer des investissements dans des domaines tels que les infrastructures «hard»(routes, télécommunications...) ; ces mesures incitatives ont souvent été combinées avec des concessions comme les allègements fiscaux, l'acquisition de terre à bon marché, des taux de services réduits et même des compensations financières directes pour les entreprises et les industries installées dans la localité. L'idée à la base de ces premières stratégies de développement local était que l'investissement public crée de l'emploi et en même temps procure des impôts. L'évolution du concept de DEL peut se résumer ainsi qu'il suit:

? Avant 1960 : On avait l'accentuation des politiques nationales globalisantes, l'existence d'interventions directes de l'Etat et la présence d'entreprises parapubliques et publiques : l'Etat-providence régnait;

12L'expression «consensus démocratique» renvoie ici à une chaîne d'actions sous-tendues par les éléments tels que l'information, la consultation, la concertation, la négociation et la médiation de tous les acteurs ; il y a imbrication entre démocratie représentative et démocratie participative au sein du terroir.

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? De 1960 à 1990 : Il y a eu l'implication limitée des acteurs, des mesures incitatives de promotion et des infrastructures «hard»: c'était la consolidation des acquis de l'Etat-providence ;

? De 1990 à nos jours : On retrouve la présence de nouveaux acteurs influençant l'orientation des projets locaux pour des solutions locales d'un côté, des infrastructures «soft»et l'existence de partenariats diversifiés de l'autre.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci