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Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Avos.


par Emile Baudouin MVOGO SOUGA
Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de Yaoundé - Diplôme Professionnel d'Expert Consultant 2009
  

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B. Organisation des activités

? 1ere étape : La mise en terre des cultures

Les paysans se chargent d'identifier et de préparer les espaces à cultiver en fonction de la disponibilité des terres et de la main-d'oeuvre familiale, c'est ce qui rend variable la taille des exploitations en fonction des saisons. Les champs ainsi défrichés accueillent les semences apprêtées auparavant par les cultivateurs. Le plus souvent pour les cultures maraîchères, les intrants agricoles (pesticides, fongicides, herbicides, engrais...) leur sont fournis à crédit à des taux d'intérêt variables. Ces intrants sont fournis soit par des propriétaires de boutiques agricoles et/ou par les «bayam sellam»(néologisme, cette expression est empruntée de l'anglais "buy and sell" pour qualifier les revendeuses des produits alimentaires dans les marchés des grandes villes du pays) soit par négociation directe des différentes parties dont l'échéance se fixe à partir des premières récoltes, sept (07) personnes sur dix qui cultivent les produits maraîchers affirment avoir recours à cette pratique.

Concernant les grandes exploitations, les paysans bénéficient d'un encadrement de la part des organes coopératives au sein desquelles ils sont affiliés concernant le choix des sites, l'agrandissement des aires, le type de plants et d'intrants à utiliser, sous forme d'écoles paysannes ; ils ont aussi un suivi dans la mise en terre des cultures surtout pour les nouveaux membres ne possédant pas encore d'expertise. C'est le cas de la société coopérative des planteurs et transformateurs de cacao d'AYOS (SOCOPTRACA) avec une centaine de membres à son actif, a mis en terre plus de 100 hectares de cacaoyers ; la coopérative bénéficie du soutien technique et financier de ses principaux partenaires que sont l'IITA (Institut International pour l'Agriculture Tropical) et la SODECAO (Société de Développement du Cacao), elle a reçu ainsi 50.000 jeunes plants sélectionnés. Toujours dans ses activités, cette coopérative a à son actif huit (08) écoles paysannes chargées de former les cultivateurs pour leur donner de l'expertise nécessaire à la culture des champs.

? 2ème étape : La gestion quotidienne des champs

Elle se fait par les cultivateurs de manière individuelle, chacun assurant la gestion journalière de son exploitation agricole en essayant de faire face aux difficultés rencontrées pendant toute la période de croissance des plantes et ce, quel que soit le type d'exploitation. L'expérience accumulée au fil du temps reste la principale arme pour la gestion des complications conjoncturelles auxquelles les paysans font face durant toute cette phase. Pour

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la minorité regroupée dans les associations coopératives, le problème ne se pose quasiment pas puisqu'il y a diffusion des techniques et technologies au sein du groupe, ce qui réduit les risques d'échec. La commune d'AYOS s'est aussi engagée à la relance des activités agricoles avec son programme d'appui et d'insertion des jeunes agriculteurs d'AYOS (PAIJA) en octroyant des terres, des plants de cacaoyers et des intrants aux jeunes volontaires de la localité avec l'accent sur l'insertion de la jeune fille (déjà 30% de jeunes filles dans l'effectif total actuel).

? 3ème étape : La récolte et la vente des produits

La récolte, qui est l'étape la plus lourde en termes de main-d'oeuvre, nécessite toujours une aide importante. Cette aide provient de la mobilisation de la main-d'oeuvre familiale (femme(s), enfants, neveux, nièces) qui participe à la récolte et aux transports vers les lieux de stockage des produits. Mais il est aussi fait appel aux amis qui se retrouvent généralement dans le cadre d'associations rurales de travail. Ces équipes de travail constituées se retrouvent alors de manière rotative dans les champs des membres pour les travaux de cueillette, de ramassage, d'écabossage (pour ce qui est du cacaoyer) et de transport. Celui qui reçoit prépare nourriture, vin et bière pour les repas sur le lieu de travail, une sorte de crémaillère amicale en quelque sorte.

Ces groupes d'entraide peuvent parfois louer leurs services à des personnes qui ne sont pas membres ou alors à des femmes veuves. Dans le cas précis des cacaoculteurs, ils ont l'habitude de recourir à cette forme d'entraide et seuls les grands planteurs s'offrent le luxe de payer une main-d'oeuvre pour la récolte. L'association pour la commercialisation et/ou l'achat des intrants est dans une phase dynamique. Face aux acheteurs, la vente groupée s'est toujours avérée être une arme efficace de négociation des prix : la SOCOPTRACA (société coopérative des planteurs et transformateurs de cacao d'AYOS) réussit à mobiliser en moyenne trente (30) tonnes de cacao pour une vente groupée.

Mais par le passé, le manque de discipline de groupe et les faibles moyens pour résister pendant la constitution des stocks dans l'attente d'un éventuel «bon payeur», n'ont pas été de nature à favoriser la vente groupée. La baisse des prix du cacao et la loi de 1992 relative aux sociétés coopératives et aux GIC (Groupements d'initiative commune), ont aujourd'hui favorisé la création de mouvements associatifs dans la localité qui jusque-là avait une culture associative moins poussée comparé par exemple à la zone de production caféière de l'Ouest

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Cameroun. Grâce à ces associations, les cacaoculteurs commercialisent déjà facilement leur cacao et peuvent aussi aisément acheter des produits phytosanitaires. Généralement, les GIC et coopératives se créent au niveau du village même si les sièges de négociation se retrouvent essentiellement dans la principale ville de la commune où s'effectuent les opérations de vente avec les principaux clients.

Le schéma suivant présente le circuit synoptique des relations d'échanges entre les différents acteurs impliqués. Il nous aide à ressortir dans une logique d'analyse économique la part réellement tirée par les EFA à la fin des transactions de vente des différentes récoltes ; cette part économique permet d'analyser l'impact économique des activités agropastorales sur les principaux bénéficiaires.

Figure 3: Schéma synoptique du circuit d'échanges24

Commune

T Q

Clients

EFA

R

(1+r) F+q

F

Principaux fournisseurs d'intrants et de capitaux

24Construction de l'auteur.

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? Interprétation économique du circuit

Les paysans (pour la majorité «squatters de facto»25 sur les terres) choisissent à travers les us et coutumes les parcelles à cultiver. Ayant les moyens de financement autonome réduits, ils s'engagent dans des partenariats individuels. Les différents partenaires négocient un taux d'intérêt lié non seulement à la conjoncture, mais aussi et surtout au niveau de rendement de l'exploitation à terme (q) pour deux éléments fondamentaux : la fourniture d'intrants (en nature) et le montant de la liquidité octroyée [(1+r)F] pour le cash. La plus-value de la récolte issue des différentes ventes des produits est donc partagée entre le cultivateur, son fournisseur d'intrants et/ou de liquidité, et la commune qui offre le lieu physique d'échanges des différents biens et services.

En résumé, les EFA perçoivent R (revenu des ventes ou recette totale) dont une partie est versée soit sous forme financière ([(1+r)F]), soit en termes de fraction de la production totale q aux principaux fournisseurs (où q=ö.Q). L'autre partie se subdivise en une fraction versée à la commune sous forme de taxe fixe (ô) et le reste constitue le profit réel des acteurs (ð) qui se calcule comme suit:

it = R - C (1) où C= coûts et C = q+ ô + (1+r)F (2) ;

(2) dans (1) nous permet d'obtenir:

it = R-[q+ ô + (1+r)F] (3) ; or le revenu peut encore s'écrire R = p.Q où p = prix de vente des produits agricoles et Q = quantité vendue d'une part, et q = ä.Q d'autre part, alors l'équation (3) devient:

ð = Q (p- ö)-[ô + (1+r)F]. Il est à noter que 0< ö, r <1.

ð dépend donc fortement de l'évolution de ö, p et Q. Dans ce contexte, la condition d'accroissement du profit des ménages agricoles est que p grandisse plus vite que ö ainsi que Q d'une part, et que r s'abaisse (r? 0). Cette réalisation n'est pas encore possible pour une raison majeure : il y a encore persistance d'une faible production combinée aux coûts de transaction élevés. Bien que les prix des produits agricoles soient en constante hausse sur le

25Des trois attributs de la propriété, les paysans ne disposent que de l'usage (usus) et du droit de jouir des bénéfices (fructus). Par contre, ils ne disposent pas de l'abusus et ne peuvent donc pas disposer de l'espace à leur guise.

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marché, l'incidence sur les ménages agricoles est négative car le niveau de production locale est faible ; les agriculteurs ne possèdent pas de capacités techniques et technologiques ainsi que la stratégie optimale dans la mise en oeuvre des activités leur permettant de maintenir et/ou d'accroître la production agricole. On rentre alors dans un cercle vicieux qui déprécie au fil du temps le niveau de revenu tiré des activités agropastorales et partant le niveau de vie général des acteurs des EFA.

Récapitulatif de la signification des symboles:

Q= production totale, R= revenu des ventes,

F= crédits financiers accordés aux EFA par les partenaires,

p= prix de vente des produits,

r = taux d'intérêt à verser en plus dans le remboursement des crédits aux partenaires par les EFA,

ô = taux d'imposition des produits agricoles sur le marché communal, ä = fraction numérique inférieure à l'unité,

q = part de la production totale à verser en nature aux partenaires par les EFA, ð = taux de profit réel des EFA.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus