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Ressources minières et croissance économique en RDC.


par Fanny Kabwe omoyi
Université de Yaoundé 2 - Master en économie monétaire 2014
  

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1.2. Conditions sociales en RDC

Après des décennies de conflit, les conditions socio-économiques de la R.D.Congo restent désastreuses. Le coût humain de ce conflit et la destruction de l'infrastructure sociale et économique ont été considérables (FMI, 2010). La faiblesse de la gouvernance reste un handicap majeur. Le pays se classe 168ème sur 183 pays analysés par Transparency International dans son « indice de perceptions de la corruption », et 178ème parmi les 183 pays étudiés en 2011 par la Banque Mondiale pour l'analyse de la qualité du climat des affaires. Le principal défi doit faire face les autorités de la R.D.Congo est celui de la transparence et de la responsabilité. Relever ce défi nécessite un minimum de politiques macroéconomiques appropriées.

Le pays, bien que riche en ressources naturelles, affiche les indicateurs de développement humain les plus faibles de l'Afrique. Les guerres et l'instabilité politique qu'a connues la R.D.Congo durant les années 90 agravement affecté la fourniture de services sociaux de base. Face à l'amenuisement desressources de l'Etat, le poids du service de la dette et à la baisse de l'aide publique audéveloppement, très peu de ressources budgétaires ont été allouées aux services etsecteurs sociaux de base.

Les dépenses de santé sont ainsi tombées de 0,8% du PNB en1990 à 0,02% en 1998 contre une moyenne de 1,8% du PNB pour l'Afrique subsaharienne (le budget de l'Etat pour l'exercice 2001).Elles ont représenté 0,3% des dépenses totales en 1998 contre 8,9% en 2012. S'agissant des dépenses de l'éducation, elles se sont maintenues à environ 0,1% du PNBentre 1990 et 1998, contre des moyennes sub-saharienne et des pays en développement sechiffrant respectivement à un peu moins de 5% et 3% du PNB en 1998, de 2,50% du PNB en 2010 (Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme, 2012).

A partir du début des années 2000, le retour de l'aide internationale, qui, outre la sécurité et l'aide d'urgence, s'est largement focalisée sur la réponse à apporter aux problèmes sociaux, a permis de renforcer ces secteurs. La part des dépenses relatives aux secteurs sociaux dans le budget de l'Etat ne semble pas avoir significativement augmenté et demeure faible : moins de 5% pour le secteur de la santé (loin des engagements des chefs d'Etat à Abuja de le porter à 15%), moins de 4% pour le secteur de l'éducation (contre 7% en 2002).Du fait de la dégradation importante de la situation sociale de la R.D.Congo au cours des années 90 et dans un contexte de forte croissance démographique pesant sur la demande de services sociaux, cette situation ne semble pas s'être significativement améliorée au cours des vingt dernières années selon les chiffres issus du rapport sur les OMD. Le pays reste cependant celui connaissant L'Indice de Développement Humain le plus bas des 187 pays étudiés par le PNUD pour son Rapport sur le Développement Humain de 2011.

Le niveau général de la pauvreté a légèrement reculé au cours des vingt dernières années mais bien trop peu pour pouvoir atteindre l'OMD en la matière. La population disposant moins d'un dollar par jour en parité de pouvoir d'achat est passée de 80% en 1990 à 70% en 2007 (Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme, 2012). Elle est relativement plus importante en milieu rural (80%) qu'urbain (60%). La proportion de la population n'atteignant pas le niveau minimal d'apport calorique a augmenté au cours des années 90, passant de 31% à 73%, si elle a baissé par la suite, l'insécurité alimentaire reste forte et touche aujourd'hui 76% de la population congolaise, alors que l'alimentation représente 62,3% des dépenses totales des ménages congolais, les rendant particulièrement vulnérable à toute élévation du prix des denrées alimentaires (Ministère de l'Environnement, 2012). Cela tient à la faiblesse de la production, handicapée par le manque d'accès aux intrants et marchés ainsi que par les problèmes fonciers.

Les progrès en matière d'éducation pour tous sont réels mais insuffisants pour atteindre l'OMD en la matière, le taux net de scolarisation dans le primaire étant passé de 56% à 75% entre 1990 et 2010, malgré une baisse entre 1995 et 2001 à cause des perturbations dues aux conflits armés. De même, les avancées en matière de santé infantile sont faibles puisque le taux de mortalité infantile (moins d'un an) serait passé de 92% à 148% entre 1990 et 1995 avant d'être ramené à 97% en 2010.

Les progrès en matière d'assainissement sont peu significatifs puisque la part de lapopulation ayant accès à un système d'assainissement amélioré est passée de 10% à 17% entre 1990 et 2007. Les progrès sont mitigés en matière d'accès à l'eau potable, le taux d'accès à une source d'eau améliorée étant passé de 42% en 1995 à 47% en 2010.

La R.D.Congo est toujours classée dans la catégorie des pays à faible développement humain. La valeur de son IDH s'établie à 0,304 en 2012 et demeure inférieure aux moyennes de 0,389 et de 0,393 respectivement pour l'Afrique Subsaharienne et les pays à faible développement humain. En 2011, elle occupait la dernière place du classement selon l'indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le Développement. Le rapport indique que la relance du secteur minier n'a pas permis de réduire la pauvreté, du moins au niveau national.

Suite à la grave crise sociale des années 90, des efforts importants ont été déployés pour atteindre en 2015 les objectifs de développement mais le manque de financement et le non alignement des ressources de l'Etat et de l'aide internationale -dont seulement 6% transitent par le budget de l'Etat- sur les stratégies proposées pour atteindre les OMD ont limité les progrès en la matière. L'Etat, handicapé par les problèmes structurels de l'administration publique, n'a ainsi pas joué son rôle de redistribution des richesses pour permettre au retour de la croissance économique de se traduire par un recul significatif de la pauvreté.Le rapport sur les OMD de 2010 montre ainsi que les progrès en matière sociale sont lents et l'atteinte de la plupart des OMD en 2015 est illusoire.La quasi-totalité des indicateurs de gouvernance se sont améliorés durant la période 2002- 2005, au moment où le pays sortait du conflit, mais ils ont à nouveau chuté en 2008- 2009 (voir WDI, 2013).

L'amélioration de la gouvernance est un élément essentiel pour la croissance à venir et le climat des affaires en RDC.

Face aux défis actuels du développement, il faut imaginer comment accroître et maintenir le taux de croissance économique, réduire la pauvreté et assurer un niveau satisfaisant de dépenses publiques dans les secteurs prioritaires. Plutôt de ne miser que sur les minerais, la R.D.Congo aurait tout intérêt à diversifier ses sources de revenus d'autant plus que les violents conflits armés qui éclatent en R.D.Congo depuis 1996, ont engendré un climat chaotique et confus, favorable à l'exploitation illégale des ressources du pays. Le destin des populations congolaises est fondamentalement menacé.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld