1.2. Conditions sociales en RDC
Après des décennies de conflit, les conditions
socio-économiques de la R.D.Congo restent désastreuses. Le
coût humain de ce conflit et la destruction de l'infrastructure sociale
et économique ont été considérables (FMI, 2010). La
faiblesse de la gouvernance reste un handicap majeur. Le pays se classe
168ème sur 183 pays analysés par Transparency International dans
son « indice de perceptions de la corruption », et 178ème
parmi les 183 pays étudiés en 2011 par la Banque Mondiale pour
l'analyse de la qualité du climat des affaires. Le principal défi
doit faire face les autorités de la R.D.Congo est celui de la
transparence et de la responsabilité. Relever ce défi
nécessite un minimum de politiques macroéconomiques
appropriées.
Le pays, bien que riche en ressources naturelles, affiche les
indicateurs de développement humain les plus faibles de l'Afrique. Les
guerres et l'instabilité politique qu'a connues la R.D.Congo durant les
années 90 agravement affecté la fourniture de services sociaux de
base. Face à l'amenuisement desressources de l'Etat, le poids du service
de la dette et à la baisse de l'aide publique audéveloppement,
très peu de ressources budgétaires ont été
allouées aux services etsecteurs sociaux de base.
Les dépenses de santé sont ainsi tombées
de 0,8% du PNB en1990 à 0,02% en 1998 contre une moyenne de 1,8% du PNB
pour l'Afrique subsaharienne (le budget de l'Etat pour l'exercice 2001).Elles
ont représenté 0,3% des dépenses totales en 1998 contre
8,9% en 2012. S'agissant des dépenses de l'éducation, elles se
sont maintenues à environ 0,1% du PNBentre 1990 et 1998, contre des
moyennes sub-saharienne et des pays en développement sechiffrant
respectivement à un peu moins de 5% et 3% du PNB en 1998, de 2,50% du
PNB en 2010 (Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature et
Tourisme, 2012).
A partir du début des années 2000, le retour de
l'aide internationale, qui, outre la sécurité et l'aide
d'urgence, s'est largement focalisée sur la réponse à
apporter aux problèmes sociaux, a permis de renforcer ces secteurs. La
part des dépenses relatives aux secteurs sociaux dans le budget de
l'Etat ne semble pas avoir significativement augmenté et demeure faible
: moins de 5% pour le secteur de la santé (loin des engagements des
chefs d'Etat à Abuja de le porter à 15%), moins de 4% pour le
secteur de l'éducation (contre 7% en 2002).Du fait de la
dégradation importante de la situation sociale de la R.D.Congo au cours
des années 90 et dans un contexte de forte croissance
démographique pesant sur la demande de services sociaux, cette situation
ne semble pas s'être significativement améliorée au cours
des vingt dernières années selon les chiffres issus du rapport
sur les OMD. Le pays reste cependant celui connaissant L'Indice de
Développement Humain le plus bas des 187 pays étudiés par
le PNUD pour son Rapport sur le Développement Humain de 2011.
Le niveau général de la pauvreté a
légèrement reculé au cours des vingt dernières
années mais bien trop peu pour pouvoir atteindre l'OMD en la
matière. La population disposant moins d'un dollar par jour en
parité de pouvoir d'achat est passée de 80% en 1990 à 70%
en 2007 (Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature et
Tourisme, 2012). Elle est relativement plus importante en milieu rural (80%)
qu'urbain (60%). La proportion de la population n'atteignant pas le niveau
minimal d'apport calorique a augmenté au cours des années 90,
passant de 31% à 73%, si elle a baissé par la suite,
l'insécurité alimentaire reste forte et touche aujourd'hui 76% de
la population congolaise, alors que l'alimentation représente 62,3% des
dépenses totales des ménages congolais, les rendant
particulièrement vulnérable à toute
élévation du prix des denrées alimentaires
(Ministère de l'Environnement, 2012). Cela tient à la faiblesse
de la production, handicapée par le manque d'accès aux intrants
et marchés ainsi que par les problèmes fonciers.
Les progrès en matière d'éducation pour
tous sont réels mais insuffisants pour atteindre l'OMD en la
matière, le taux net de scolarisation dans le primaire étant
passé de 56% à 75% entre 1990 et 2010, malgré une baisse
entre 1995 et 2001 à cause des perturbations dues aux conflits
armés. De même, les avancées en matière de
santé infantile sont faibles puisque le taux de mortalité
infantile (moins d'un an) serait passé de 92% à 148% entre 1990
et 1995 avant d'être ramené à 97% en 2010.
Les progrès en matière d'assainissement sont peu
significatifs puisque la part de lapopulation ayant accès à un
système d'assainissement amélioré est passée de 10%
à 17% entre 1990 et 2007. Les progrès sont mitigés en
matière d'accès à l'eau potable, le taux d'accès
à une source d'eau améliorée étant passé de
42% en 1995 à 47% en 2010.
La R.D.Congo est toujours classée dans la
catégorie des pays à faible développement humain. La
valeur de son IDH s'établie à 0,304 en 2012 et demeure
inférieure aux moyennes de 0,389 et de 0,393 respectivement pour
l'Afrique Subsaharienne et les pays à faible développement
humain. En 2011, elle occupait la dernière place du classement selon
l'indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le
Développement. Le rapport indique que la relance du secteur minier n'a
pas permis de réduire la pauvreté, du moins au niveau
national.
Suite à la grave crise sociale des années 90,
des efforts importants ont été déployés pour
atteindre en 2015 les objectifs de développement mais le manque de
financement et le non alignement des ressources de l'Etat et de l'aide
internationale -dont seulement 6% transitent par le budget de l'Etat- sur les
stratégies proposées pour atteindre les OMD ont limité les
progrès en la matière. L'Etat, handicapé par les
problèmes structurels de l'administration publique, n'a ainsi pas
joué son rôle de redistribution des richesses pour permettre au
retour de la croissance économique de se traduire par un recul
significatif de la pauvreté.Le rapport sur les OMD de 2010 montre ainsi
que les progrès en matière sociale sont lents et l'atteinte de la
plupart des OMD en 2015 est illusoire.La quasi-totalité des indicateurs
de gouvernance se sont améliorés durant la période 2002-
2005, au moment où le pays sortait du conflit, mais ils ont à
nouveau chuté en 2008- 2009 (voir WDI, 2013).
L'amélioration de la gouvernance est un
élément essentiel pour la croissance à venir et le climat
des affaires en RDC.
Face aux défis actuels du développement, il faut
imaginer comment accroître et maintenir le taux de croissance
économique, réduire la pauvreté et assurer un niveau
satisfaisant de dépenses publiques dans les secteurs prioritaires.
Plutôt de ne miser que sur les minerais, la R.D.Congo aurait tout
intérêt à diversifier ses sources de revenus d'autant plus
que les violents conflits armés qui éclatent en R.D.Congo depuis
1996, ont engendré un climat chaotique et confus, favorable à
l'exploitation illégale des ressources du pays. Le destin des
populations congolaises est fondamentalement menacé.
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