§2. Ressources minières facteur des guerres
civiles en RDC
La plupart des auteurs s'accordent sur la
prééminence des ressources naturelles comme facteur de risque, ce
qui semble bien être confirmé dans le cas de la RDC. Si ces
caractéristiques constituent les véritables facteurs de risque,
c'est sur elles que doivent se concentrer les mesures de prévention pour
éviter de nouveaux affrontements. En R.D.Congo, la relation entre les
ressources minières et les conflits armés sont liés.
L'enjeu de la guerre est le contrôle d'une partie ou de la
totalité de la valeur ajoutée qu'offrent l'exploitation et la
commercialisation illégales des ressources, soit par le contrôle
des sites d'exploitation, soit par le contrôle des filières
commerciales.
Les principales ressources dont l'exploitation et la
commercialisation illégales et le pillage permettent de financer la
guerre (ou les intérêts privés de l'élite politique
et militaire) sont le coltan, l'or et le diamant, grâce au contrôle
des taxes.Le gouvernement congolais a financé la guerre de
différentes manières : d'une part, par le biais des taxes, en
accordant des monopoles d'exportation (IDI Diamond pour le diamant), ensuite,
par des ponctions au sein des entreprises parapubliques (Gécamines mais
surtout la MIBA qui s'est vue désinvestie au cours des deux guerres)
mais aussi des sociétés privées, etenfin, en accordant des
concessions minières à des membres de l'élite politique et
militaire zimbabwéenne.
Tableau 5. Emeutes, troubles et guerres civiles en
RDC
Année
|
Principaux événements
|
1 si guerre civile, 0 si non
|
1977
|
Première guerre de Shaba.
|
1
|
1978
|
Nouvelle tentative de sécession katangaise :
Deuxième guerre de Shaba
|
0
|
1990
|
Manifestations estudiantines et réprimandes
|
0
|
1991
|
Violentes émeutes, suivies des pillages à
Kinshasa, à Lubumbashi, etc.
|
0
|
1993
|
Exactions et pillages occasionnant plus de 300 morts ;
Troubles ethniques au Katangaentraînant le déplacement d'au moins
100.000 personnes vers leur province d'origine (Kasaï) ; Affrontements de
nature ethnique dans le Nord Kivu occasionnant 200 morts.
|
0
|
1994
|
Plus d'un million de rwandais, majoritairement de l'ethnie
hutu, se réfugient dans l'Estde la RDC suite à la prise de
pouvoir par le Front patriotique rwandais de Paul Kagamé (ethnie
Tutsi)
|
0
|
1996-1997
|
Combats dans le Kivu entre l'armée zaïroise et des
Banyamulenge (congolais tutsis desouche rwandaise) ; Rébellion, chute du
mobutisme et prise de pouvoir par L.D. Kabila (Première guerre du
Congo).
|
1
|
1998-1999
|
Guerre d'agression (Deuxième guerre du Congo).
|
1
|
2000-2003
|
Guerre de six jours (guerre de Kisangani).
|
1
|
2009-2012
|
Combats de Bunia, Guerre de l'Ituri ; Bataille de Mushake,
Guerre de Kivu, Combats dansla région de Sake, Bombardement et combat de
rue à Kinshasa (altercation entre les forces de Kabila et les forces de
Bemba) et le Mouvement du 23 mars.
|
1
|
Source : construit par l'auteur à partir de
l'article de Tsatsa (2012)
Fig.4. Evolution de la production minière en
R.D.Congo (1980-2012)
Source : auteur à partir des données de la BCC
Ces différents graphiques décrits
ci-dessus renseignent que :
Durée des guerres civiles
|
Ressources minières affectées
|
1996-1998
|
Diamant, Or
|
2000-2003
|
Diamant
|
2009-2012
|
Diamant, Cuivre, Cotan, Or et Cobalt
|
Les principaux motifs des conflits en RDC, sont devenus
l'accès à cinq ressources minérales de première
importance à savoir : colombo-tantalite, diamant, cuivre, cobalt et or
ainsi que le contrôle et le commerce de ces matières.
C'est ainsi que le nouveau Code minier de 2002 et ses mesures
d'application de 2003 ont été développées pour
attirer les capitaux étrangers. Le rôle de l'Etat y est
limité à réguler et à contrôler les
activités minières.Depuis lors, l'arrivée des
investissements directs étrangers dans le secteur minier est une
réalité indéniable. Le secteur minier est parmi ceux qui
ont attiré le plus d'investissements étrangers en R.D.Congo au
cours de la dernière décennie. L'activité découlant
des investissements miniers est directement liée aux richesses du sol ou
du sous-sol.
Dans la perspective de la relance de l'économie
congolaise, la libéralisation du secteur minier fut
présentée par les Institutions Financières Internationales
comme un levier privilégié de croissance. Le gouvernement de la
R.D.Congo a donc souscrit à l'option proposée par ses partenaires
en plaçant le secteur minier au centre de la stratégie nationale
de « lutte contre la pauvreté». Présentées comme
une alternative susceptible d'assainir la gouvernance, de renforcer
l'efficacité de l'Etat et d'attirer les investisseurs privés, ces
réformes furent adoptées par le gouvernement de la R.D.Congo en
2002. Elles intervenaient alors que la Gécamines, grande
société étatique détentrice du monopole des droits
miniers au Katanga, s'ébranlait en faillite.
|