CHAPITRE II
DETERMINANTS, SYSTEMES ET MOYENS DE PRODUCTION
AGRICOLE
Ce chapitre décrit les facteurs biophysiques (la
présentation du milieu physique, les conditions climatiques,
l'hydrographie et la formation pédologique) et humains favorables
à l'agriculture dans la Commune de Copargo.
2-1. Présentation du milieu physique et
humain
La présentation du milieu physique aborder à la
fois les données climatiques, les données biophysiques.
2.1.1-Situation géographique de la
Commune :
La Commune de Copargo est située entre 9°40'50''
et 10°4'31'' de latitude nord et entre 1°20' et 1°45' de
longitude est, elle s'étend sur une superficie de 876 Km2 et
fait partie des quatre Communes du département de la Donga. Copargo,
chef-lieu de la Commune, est située à environ 510Km de Cotonou
(capitale économique du Bénin). La Commune est limitée au
nord par la commune de Natitingou et de Kouandé, au sud et à
l'est par les Communes de Djougou et de Ouaké et à l'ouest par la
République du Togo (figure1)
Figure
1 : Situation géographique de la
commune de Copargo
2.1.2 Milieu physique
Ø Conditions climatiques favorables à
l'agriculture
La Commune de la Copargo située dans le domaine
tropical humide, est caractérisée par un climat de type
soudano-guinéen nuancé par le relief atacorien avec deux saisons.
Une sèche allant de mi-octobre à mi-avril suivit d'une pluvieuse
couvrant la période de mi-avril à mi-octobre (ASECNA, 2010). Les
mois d'Août et de septembre sont généralement les plus
arrosés dans l'année. D'après Yabi (2009), ce type de
climat constitue à peu près une nuance médiane entre le
genre subéquatorial plus pluvieux avec quatre saisons et le type
tropical sec avec deux saisons fort contrastées(figure 2).
Figure 2 : Variation
pluviométrique de la Commune de Copargo de 2004-2013
Source : ASECNA, 2013
Les précipitations varient entre 800 mm et 1300mm et
peuvent atteindre voire excéder la hauteur remarquable de 1492 mm. Ceci
dénote le caractère aléatoire des précipitations
dans l'ensemble de la commune. La quantité remarquable des pluies,
facteur sans lequel aucune activité agricole n'est possible constitue un
atout indéniable pour l'agriculture dans la Commune de Copargo.
2.1.2-1. Relief et pédologie de la Commune de
Copargo
Le relief de la Commune appartient à un ensemble
caractérisé par la dominance de la chaine de l'Atacora. Le
chaînon Tanéka à un sommet qui avoisine une hauteur de 654
m. le reste du territoire est constitué de vastes plaines boisées
alternées de vallons et de cuvettes. Selon Adam et Boko (1993), Kataki
(2010), Les types de sols rencontrés dans la Commune de Copargo ont les
mêmes caractéristiques que ceux des autres Communes du
département de la Donga. Il s'agit en l'occurrence des sols ferrugineux
tropicaux lessivés non concrétionnés et indurés,
sols légers à faible capacité de rétention d'eau
qui couvrent surtout les arrondissements d'Anandana et de Singré. A ce
type de sol s'ajoutent les sols ferralitiques rencontrés aux pieds des
sommets. Il s'agit des sols reconnus perméables. Ils sont jugés
assez résistants à l'érosion non seulement en raison de
leurs perméabilités mais aussi grâce à leurs
cohésions dues à la présence d'argile. La vitesse
d'infiltration varie suivant la pente, la teneur en argile dans les horizons et
le couvert végétal. Il existe également quelques rares
sols à tendance hydromorphe, ce sont les sols dont l'évolution
est en rapport avec la présence quasi permanente de l'eau (l'eau de
remontée de la nappe phréatique et l'eau de ruissellement). Il
s'agit des sols hydromorphes moyennement organiques, humides à gley, non
salés reposant sur un matériau alluvial lagunaire. De teintes
sombres, ils supportent une végétation hydrophile. Pour Djafarou
(2007), et Kataki (2010), l'excès d'eau dans ses sols s'exprime par un
engorgement permanant de surface ou de profondeur. Tous ces sols ont besoin
d'importants apports en matières organique pour la reconstruction de la
couche humifère sur les parcelles mises en culture. Par ailleurs, il
faut ajouter à la faible fertilité des sols la mauvaise
exploitation par les agriculteurs. Ce qui entraine un rapide appauvrissement de
ses sols conduisant ainsi à un déplacement permanant des
agriculteurs vers d'autres terres aux moyens de défrichement permanant
(figure 3)
Figure 3 : Formation pédologique
de la Commune de Copargo
2.1.2.2- Hydrographie
La Commune est traversée et arrosée par plusieurs cours d'eau sur environ 54 km dont
un fleuve et trois sources. Les plus importants sont le fleuve
Ouémé, le Yari, le Gbangbaré, le Pabégou, le Baana,
le Sanguigui, le Sountchoulou,le Danêgou, le Sounêgou, le
N'kouéma et le Makouloukou. Tous ces cours d'eau ont des
écoulements saisonniers sauf l'Ouémé qui coule en
permanence vers l'Océan atlantique. Ces différents cours d'eau
favorisent les activités agricoles(Kataki, 2010).
La figure ci-après montre les différents cours
d'eau de la Commune
Figure 4 : Hydrographie de la Commune de
Copargo
2.1.2.3- Végétation
La végétation est constituée de savanes
arborées et herbeuses qui caractérisent la zone. Les principales
espèces arbustives sont : le Karité, le Néré,
les manguiers et le Cailcédrat qui se trouve un peu partout. Il y existe
une forêt classée d'une superficie de 1 091 ha et des
forêts sacrées, conservées sur le plan traditionnel pour
divers usages, notamment pour conjurer les mauvais sorts (CENATEL, 2004).
2-1.3. Présentation du cadre humain
Selon l'INSAE (2002), la population de la Commune de Copargo
est de 50820 habitants contre 35 665 habitants en 1992 soit un
accroissement de 5,65 %. La population féminine est estimée
à 25285 et les hommes à 25538. La commune est peuplée en
majorité des Yom-lokpa qui représentent 83 % de la population et
7,2 % de Peulhs. On y rencontre également les autres groupes
socio-ethniques : les Haoussa (1,4 %), les Dendi (1 %), les Otamari (1 %).
Le reste de la population est constituée des Bariba, Bonfalé,
Fon, Yoruba etc. les religions pratiquées par les populations de la
Commune sont : les religions traditionnelles (70 %), l'Islam (18 %), le
Christianisme (8 %). Des résultats des RGPH2 et RGPH3, le taux
d'accroissement annuel de la population est de 3,33 % et sa densité est
passée de 21 habitants au km2 en 1992 à 31 habitants
au Km2 en 2002. Selon les résultats provisoires de l'INSAE
(2013), la population de la Commune est passée de 50820 habitants en
2002 à 70938 habitants en 2013. La population féminine est
estimée à 35398 habitants et celle masculine à 35549
habitants. Comme on peut s'y attendre cette population est inégalement
répartie sur le territoire. Elle est plus forte autour du chef-lieu de
la Commune et des autres grosses agglomérations. La figure 5 ci-dessous
montre l'évolution de la Commune de Copargo.
Figure 5: Evolution de la population de
Copargo de 1979 à 2013.
Source : INSAE 2002 et 2013.
L'analyse de la figure 5 ci-dessus montre que la Commune de
Copargo a connu une croissance démographique ces dernières
années. En 2002 la population était à 50820 habitants,
puis est passée rapidement à 70938 habitants en 2013. En 10 ans
la Commune de Copargo a connu une croissance de sa population d'environ 20118
habitants. Ceci s'explique par les mouvements migratoires, le croît
naturel, l'amélioration des soins de santé à la base, et
l'analphabétisme. Cette population ira de croissance en croissance, et
si les outils de la production agricole restent rudimentaires, les indicateurs
sociaux indiqueront l'omniprésence de l'insécurité
alimentaire et la persistance de la pauvreté dans la Commune de Copargo.
2-2. Systèmes et moyens de
productions
2-2.1. Systèmes de production
Le cultivateur qui a acquis une certaine expérience et
les observations faites sur plusieurs générations, a appris, dans
une large mesure, à adapter ces méthodes de cultures à
l'utilisation du terrain de son milieu. Les pratiques itinérantes ou
discontinues sont encore, répandues et pratiquées par les
producteurs. (Gibigaye, 2008). Dans la Commune les techniques de production
débutent parl'abatage des arbres si ceux-ci existent (planche1-a) et le
défrichage (planche 1-b). Les défriches sont parfois
laissé pourris sur place pour servir de fumures, cette pratique est
adoptée par 33% des ménages enquêtés. 54 % adoptent
encore la pratique itinérante sur brûlis (planche 1-c). Les
producteurs dans une proportion de 13% selon leur expérience, pratiquent
la rotation des deux méthodes précitées pour le
maintien des capacités productives des sols. Il faut signaler que pour
l'ensemble de la Commune les pratiques culturales les plus répandues
sont la culture itinérante sur brulis avec jachère. Les terres
longtemps cultivées par les producteurs sont abandonnées du fait
de leurs faibles productivités. L'agriculteur se lance dans la recherche
des terres encore plus fertile, une fois ces terres trouvées, il
défriche et brûle les herbes et les arbres. La technique
itinérante sur brûlis en même temps qu'elle nettoie la
parcelle, elle la dote des substances minérales contenues dans la cendre
des herbes et arbres brûlées. Au terme de ses préalables
s'en suit la réalisation des buttes pour la culture des tubercules
d'igname. Les terres rencontrées sont propices à plusieurs types
de cultures, mais le système cultural est à base de grosses
buttes à cause de la prédominance de la culture de l'igname
(planche 1-d). Les outils utilisés pour ses différents travaux
champêtres sont pour la plus par du temps archaïques (houe, daba,
hache, coupe-coupe). Pour tirer plus de profit sur les terres cultivées,
le paysan pratique la culture associative sur celles-ci. Les
spéculations mises en commun sont : maïs, sorgho. Après
une période de 5 à 7 ans sur cette parcelle, le paysan
l'abandonne pour 2 à 4 ans au profit d'autres terres avant d'y revenir.
Avec la croissance démographique que connait la Commune et le risque de
l'insécurité alimentaire qui plane sur Copargo la durée de
la jachère passe de 1 à 3 ans au maximum.
La planche 1 présente les systèmes de
productions dans la Commune.
(a)
(b)
(d)
(c)
Planche 1 : Abatage (a),
défrichage (b), brûlis (c) et réalisation des buttes (d)
Prise de vue : Gnonhoué septembre,
2014.
La planche1 ci-dessus montre en (a) une pratique d'abatage
à Singré, en (b) le défrichage d'un espace à
Singré, en (c) une pratique de brûlis à Anandana et en (d)
une illustration de la réalisation des buttes à Pabégou.
Il ressort de l'analyse de la planche que l'agriculture dans la Commune de
Copargo est largement tributaire des techniques aratoires.
2-2.Moyens de production
Plusieurs moyens sont utilisés dans le domaine
agricole. Il s'agit entre autres des moyens techniques, la terre, et les moyens
financiers :
Ø Les moyens techniques
Les principaux équipements agricoles sont encore la
houe, le coupe-coupe et la daba. La culture attelée y est introduite et
jusqu' en fin 2003, la Commune dispose seulement de 208 pairs de boeufs, 180
charrues, 168 butteurs, 51 canadiens et 2 herses. Ces investissements
insignifiants pour propulser l'agriculture ont pu être placés
grâce à la culture du coton. Leurs taux de croissance très
variables dépendent surtout de l'accessibilité au crédit
d'équipement et à l'engouement de la production du coton. Bien
avant la mesure gouvernementale qui vise à moderniser l'agriculture, la
Commune avait quelques machines vétustes abandonnées dans
l'enceinte de la mairie et au CARDER (planche2). Il existe également des
machines appartenant à des groupements de producteurs comme celle du
groupement « Elèssonessi » basé à
Anandana. La planche2 ci-dessous présente quelques photos des machines
rencontrées.
Planche 2 : Quelques machines
agricoles
Prise de vue : Gnonhoué septembre,
2014.
De l'analyse de la planche 2, il ressort que la politique
gouvernementale de la mécanisation agricole démarrée en
2006 au Bénin à travers l'ADMA s'est fait remarquer à
partir de 2007 dans la Commune. Copargo a été doté de
machines agricoles de marque MARSSEY FERGUSON et accessoires. L'introduction
de la technique attelée et les essais de motorisation de l'agriculture
deviennent donc une réalité dans la Commune. Cette pratique qui
utilise des tracteurs et des outils performants est plus ou moins
observée dans la Commune, mais pour l'instant plus de la moitié
des ménages agricoles ayant fait l'objet de notre enquête
n'utilise pas cette technique bien qu'ils aient un avis très favorable
quant à la modernisation de l'agriculture. Cette situation est
liée à leurs difficultés financières à
s'équiper à titre individuel en matériels agricoles
modernes. Les différentes machines rencontrées dans la commune
sont réparties comme l'indique la carte ci-après :
Figure 6 : Répartition des
équipements motorisés dans la Commune de Copargo
Il ressort de la carte ci-dessus la figure synthèse
suivante :
Figure 7 : Proportion des
équipements motorisés dans la Commune de Copargo
Les différents équipements motorisés
rencontrés sur l'ensemble de la Commune sont :
Décortiqueuses du riz (3), Moto-pompes (35), Malaxeuses de noix (2) et
Tracteurs (5). L'analyse des figures 6 et 7 montre que la répartition
des équipements motorisés dans la Commune de Copargo est faite de
façon disparate. En effet, à Copargo-centre on a 2
Décortiqueuses, 9 motopompes, 2 Malaxeuses, et 4 Tracteurs. A
Pabégou on enregistre 6 Motopompes, à Anandana on a 1
Décortiqueuse et 13 Moto-pompes par contre à Singré on 7
Moto-pompes et 1 Tracteur. On remarque que Copargo-centre dispose plus
d'équipements motorisés par rapport aux autres arrondissements de
la Commune, ceci pour la simple raison qu'il est le centre de la vulgarisation
des orientations en matière de promotion agricole.
Ø Mode d'accès à la terre dans la
Commune
Dans la Commune les terres s'acquièrent par
héritage, don, emprunt ou achat. La figure ci-après montre les
proportions des différents modes d'acquisition des terres dans la
Commune de Copargo.
Figure 8: Proportion des
différents modes d'acquisition des terres à Copargo
Source : Enquête de terrain
Septembre, 2014
ü L'héritage est le premier mode d'acquisition des
terres dans la Commune dans une proportion de 42,08 %.
ü Le don 28, 92 % c'est le deuxième mode
d'acquisition des terres. Avec le phénomène de l'urbanisation et
la pression démographique, ce mode disparait et les autorités
font recours aux textes qui régissent la gestion foncière.
ü Les emprunts représentent 18, 20 % des
proportions. Les bénéficiaires des terres empruntées
jouissent pour une certaine périodedu droit d'usage. Tout comme le don,
ce mode de fait valoir n'est plus chose courante dans la Commune.
ü L'achat avec 10, 8 % est un mode d'accès des
terres qui occupe la dernière position. Avec l'engouement des
populations à construire l'acquisition des terres est désormais
monétarisée. Selon les populations enquêtées l'achat
des terres est en vogue ces dernières années et les terres
coûtent chères dans les quartiers les plus urbanisés de
Copargo centre comme Zongo et Kparacouna.
Ø Moyens financiers
Les activités agricoles nécessitent le
financement des différentes étapes de la chaine de production. Il
s'agit du coût des intrants, du coût de la main d'oeuvre et du
coût de location des machines. En dehors des producteurs de coton et
quelques riziculteurs qui bénéficient des semences et de
l'engrais de la part du SCDA et des soutiens techniques et financiers de
certaines structures comme FAFA, PADA et PSAAB, la majorité des
producteurs (69, 78 %) font recours à des crédits formels pour
financer leurs activités (CLCAM, SIA N'SON, DONGA WOMEN et CESCA).
Certains producteurs sont contraints de mettre en garantie leurs biens pour
obtenir des prêts auprès des riches particuliers.
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