1.6. Quelles conséquences de la VRA sur les
adolescent-e-s et sur leur avenir?
Les relations entre pair-e-s, qu'elles soient amicales, de
flirt ou amoureuses, ont un impact direct sur le développement, ainsi
que sur la manière d'aborder les futures rencontres et relations
à l'âge adulte (Seidah & coll., 2004). Les premières
relations amoureuses entretenues lors de l'adolescence et de la vie de jeune
adulte sont un élément majeur dans la manière de se
construire en tant que personne. Ces relations, si elles sont malsaines,
peuvent avoir de lourdes conséquences, tant au niveau physique que
psychique (anxiété, manque de confiance en soi, angoisses,
déficit des compétences sociales) sur une personne qui subit de
la violence (Cloutier & Drapeau, 2015). L'adolescence est une
période de grands changements, l'enfant change et expérimente.
Il-elle se détache de ses parents pour évoluer avec ses pair-e-s.
Une période où les premières expériences amoureuses
se dessinent et participent à l'apprentissage de la vie amoureuse. Ces
explorations sont nécessaires, elles seront passionnées pour
certain-e-s, teintées d'émotions positives et/ou
négatives, et plus soutenues que dans leur relation familiale ou
amicale. Collins (2003) affirme que les adolescent-e-s amoureux et amoureuses
ont tendance à moins bien gérer leurs émotions que les
adolescent-e-s ne vivant pas de relations amoureuses (cité dans Glowacz
& Courtain, 2017).
Selon le BEFG (4B, 2020), les adolescents qui ont vécu
de la violence dans leur-s relation-s amoureuses risquent de consommer
davantage d'alcool, de tabac ou de drogues et prennent souvent plus de risques
dans les relations sexuelles qu'ils-elles entretiennent (p. ex. relations
sexuelles non protégées ou sous emprise de produits). Toutefois,
le fait de vivre une expérience de victimisation, dans le cadre de la
VRA, peut avoir pour conséquences une perte de confiance en soi et la
peur de revivre une mauvaise expérience, ce qui constitue un frein pour
expérimenter de nouvelles relations amoureuses. Des études
démontrent que les jeunes qui ont vécu de la violence domestique
dans leur enfance ont par la suite un risque plus élevé
d'être victimes pour les filles et auteurs pour les garçons, de
violence domestique à l'âge adulte.
1.7. État de la situation
Au niveau international, Wincetak & coll. (2016) ont
effectué une méta-analyse de plus de 100 études
menées auprès des jeunes de différents pays, il ressort de
cela que le nombre de victimes et d'auteur-e-s (c'est-à-dire la
prévalence) diffère considérablement. Cependant, en
moyenne, la violence physique est subie par 20 % des adolescent-e-s et 9 %
d'entre elles-eux subissent des violences sexuelles (cités dans
Hébert & coll., 2018).
Outre-Atlantique, ce phénomène suscite un
intérêt plus développé tant au niveau de la
recherche scientifique qu'au niveau de la prévention. On trouve les
premiers écrits scientifiques aux États-Unis en 1980 et
l'intérêt s'est fait ressentir à la suite de la
création de la Semaine nationale de Sensibilisation et de
Prévention de la VRA chez les adolescent-e-s en 2006 (Hébert
& coll., 2018). Le Québec a institutionnalisé le premier
programme de prévention de la violence dans les relations amoureuses
chez les jeunes, destiné directement au public visé
(Hébert & coll., 2018).
En Suisse, la VRA chez les adolescent-e-s est une
thématique encore peu explorée et nous manquons de données
spécifiques sur le sujet. Toutefois, deux enquêtes
populationnelles menées dans les cantons de Vaud (Lucia & coll.
2015) et de Neuchâtel (Lucia & coll. 2018) montrent que 20,3 % des
jeunes sont victimes de violences physiques (Lucia & coll., 2018) et que
seulement 14,3 % des jeunes
P a g e 14 | 62
Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
ont déjà dénoncé des violences
physiques auprès des autorités (Lucia & coll., 2015).
Concernant la violence sexuelle, elle représente un chiffre de 9 %
(résultat incluant filles et garçons), mais elle est
majoritairement subie par des adolescentes. Les chiffres sont stables entre
2015-2018 et la cyberviolence est la forme de violence la moins courante au
sein des VRA chez les adolescent-e-s. Ceci démontre que la violence au
sein des couples adolescents se divise en plusieurs catégories, la
violence physique, la violence sexuelle, la violence psychologique, le
monitoring4 et la cyberviolence. Il ressort également de cela
que les filles sont tout aussi victimes que les garçons et que le taux
de filles auteures est légèrement supérieur à celui
des garçons. Il est intéressant de relever que les adolescent-e-s
ont, de manière générale, tendance à banaliser
et/ou à excuser les comportements violents au sein de leur propre
couple. Selon leur lecture de la situation, les actes violents correspondent
plus à une dynamique de couple qu'ils-elles estiment normale.
L'impact et les répercussions sur les personnes ayant
subi de la violence au sein de leurs relations amoureuses à
l'adolescence sont souvent sous-estimés, car les jeunes ne se confient
pas ou peu à des adultes (Lucia & coll., 2015 ; Lucia & coll.,
2018). C'est une des raisons qui expliquent en partie pourquoi la VRA chez les
adolescent-e-s est très souvent ignorée aussi bien par les
professionnel-le-s que par les particuliers.
|