6. Synthèse des résultats
La revue de la littérature sélectionnée
nous montre que le milieu social et familial des adolescent-e-s joue un
rôle prépondérant dans la construction de ceux-ci et
celles-ci. Les modèles familiaux influent les mécanismes de
protection, de victimisation et de perpétration face à la
violence. La présence de violence dans l'environnement des jeunes est un
facteur de risque pour les adolescent-e-s. Ils-elles se construisent sur des
modèles comportementaux favorisant la reproduction tant au travers de
la
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
victimisation que de la perpétration. Précisons
que la problématique de la VRA se rencontre dans toutes les classes
sociales.
Les risques et les conséquences psychologiques de la VRA
chez les adolescent-e-s sont nombreux. La littérature
sélectionnée évoque que les jeunes vivant de la violence
dans leur relation amoureuse ont une estime et une confiance
d'eux-elles-mêmes altérées, augmentant un risque de
dépression. Il est établi que les jeunes consommateurs et
consommatrices d'alcool et/ou de cannabis sont plus à risque
d'être confronté-e-s à de la VRA.
L'analyse relève une différence entre les
adolescentes et les adolescents tant au niveau de violences
perpétrées qu'au niveau des violences subies. Toutefois, les
mécanismes de la violence sont davantage bidirectionnels et
symétriques. Il a également été constaté que
les jeunes n'identifient pas certains comportements violents comme tels, mais
les associent comme faisant partie intégrante de la relation
amoureuse.
La violence des relations amoureuses chez les adolescent-e-s
est impactée par les constructions stéréotypées
liées au genre. Les adolescents seront moins enclins à parler des
violences subies et infligées, car toutes deux ne répondent pas
aux normes socialement construites qui prévalent que les hommes ne
doivent pas taper les femmes et qu'en même temps ils doivent être
forts.
De surcroît, le manque de documentation dû au
récent intérêt concernant la victimisation des
garçons et des hommes ne permet pas une analyse détaillée
et complète de ce phénomène.
Ce constat de manque de visibilité ne s'applique pas
seulement à la gent masculine. La problématique de la violence
dans le cadre des relations amoureuses chez les adolescent-e-s n'est pas
suffisamment étendue. A ce jour, peu de recherches ont été
menées sur ce thème. Cela engendre des résultats
disparates et contradictoires. Il est également constaté qu'il
existe peu d'études longitudinales ce qui ne permet pas une connaissance
de l'évolution de cette problématique.
Il existe des programmes de prévention, cependant la
littérature analysée met en avant les faiblesses et évoque
des pistes d'amélioration afin d'accroitre la sensibilisation de ce
sujet au plus grand nombre. La plupart de ces programmes ne sont pas
universels, ils sont ciblés pour les jeunes, ce qui restreint
l'information au public-cible. De plus, les rares campagnes universelles
effectuées n'ont pas été évaluées ce qui ne
permet pas d'avoir des connaissances de leur impact. Les programmes ciblant les
jeunes n'ont également pas tous été évalués,
toutefois, pour ceux qui l'ont été, on constate une
évolution du comportement et un développement des connaissances
des jeunes vis-à-vis de la VRA. Les programmes spécifiques mis en
place sont principalement pour les personnes ayant déjà
été victimes et/ou auteur-e-s de violence.
Les chercheur-se-s proposent d'améliorer la
prévention en proposant des programmes axés sur le
développement des compétences personnelles afin pouvoir activer
ses propres facteurs de protection au lieu d'emprisonner les jeunes dans leur
rôle de victime et/ou d'auteur-e.
Quel est le rôle des travailleurs sociaux et
travailleuses sociales face aux risques, impacts et enjeux d'une relation
amoureuse violente chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?
Cette analyse permet de mettre en avant le fait que cette
problématique commence à émerger. En revanche, elle nous
donne peu d'indications sur quels types de professionnel-le-s interviennent, ni
dans quelles infrastructures/lieux et à quel moment il est le plus
approprié d'intervenir.
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
Le travail social à un rôle à jouer dans
cette problématique et cela à tous les niveaux. Les travailleurs
sociaux et travailleuses sociales ont la mission d'accompagner les personnes
afin qu'elles puissent développer leurs compétences
d'empowerment. Les professionnel-le-s du travail social contribuent
à la visibilisation des problématiques et répondent
à un devoir de protection vis-à-vis des mineur-e-s (Avenir
social, 2010).
L'analyse montre que l'emploi d'un vocabulaire adapté
aux adolescent-e-s permet de faciliter l'accompagnement et d'augmenter la
compréhension de la problématique de la VRA. Si les jeunes sont
les principaux et principales concerné-e-s, les professionnel-le-s du
travail social peuvent intervenir auprès de l'environnement des
adolescent-e-s. Cela permet de sensibiliser les adultes (parents,
enseignant-e-s, coachs sportives et sportifs,...) à cette
thématique.
À ce stade, nous avons des propositions de
réponse à notre question de recherche, mais il nous manque
certains éléments que nous aborderons dans la discussion.
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