5. Analyse des contenus sélectionnés
Au travers de nos quatre axes, nos finalités, nous
avons mis en évidence plusieurs thèmes et sous-thèmes qui
nous ont permis d'apporter des éléments de compréhension
de la VRA ; parmi ceux-ci, les types de violence, le fonctionnement de la VRA
chez les adolescent-e-s, la compréhension qu'ont les adolescent-e-s de
la VRA, l'interchangeabilité des statuts auteur/victime. Notre grille
nous a permis de révéler des facteurs de risques et de protection
de la VRA chez les adolescent-e-s. Analyser les conséquences
biologiques, psychologiques, sociologiques permettra de mieux saisir quel est
le public le plus à risque de vivre des événements de
VRA.
L'analyse permettra aussi de mieux saisir les enjeux de cette
problématique au travers des différents programmes de
prévention existants: de quel type de prévention s'agit-il ?
Comment le public reçoit-il ces différents programmes de
prévention? Pour chaque point, des extraits ont été
choisis pour illustrer et appuyer les résultats.
5.1. Violence dans les relations amoureuses chez les
adolescent-e-s
Il existe différentes formes de violences: physique
(qui peut aller d'une bousculade à la mort), psychologique
(contrôle, isolement, insulte, humiliation, menace, etc.) et sexuelle
(forcer une personne à avoir des rapports, contraindre une personne
à la prostitution, etc. ) (Glowacz & Courtain, 2017). Lavoie et
coll. (2009) définissent les violences comme « tout comportement
ayant pour effet de nuire au développement de l'autre, en compromettant
son intégrité physique, psychologique ou sexuelle»
(cités dans Glowacz & Courtain, 2017).
Selon diverses études, la violence au sein des
relations amoureuses des adolescent-e-s et des jeunes adultes atteint toutes
les couches sociales, filles et garçons confondu-e-s. Comme pour la
violence conjugale, ceci questionne sur les dynamiques de couple à
l'adolescence et renvoie aux questions de la bidirectionnalité et de la
symétrie des couples à transaction violente (Glowacz &
Courtain, 2017).
Comment fonctionne la violence à l'adolescence? Les
résultats de diverses études analysées par
Langhinrichese-Rohling & coll. (2012) exposent que 51,9 % des violences
sont bidirectionnelles et que dans le pourcentage restant elles sont
unidirectionnelles; il ressort de cela que les filles ont deux fois plus de
risques de commettre des violences sur leur partenaire que les garçons
(cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ces chiffres
démontrent que la VRA chez les adolescent-e-s se démarque par un
mécanisme bidirectionnel plutôt que par un fonctionnement qui
polariserait les individus en victime ou en auteur (Glowacz & Courtain,
2017).
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
Leen & coll. (2013) constatent que selon le type de
maltraitance le genre des victimes change (cités dans Glowacz &
Courtain, 2017). Ainsi, il ressort de cela que pour les violences
psychologiques, les taux de victimisation des filles et des garçons sont
semblables. Concernant les violences physiques, les garçons semblent
être davantage victimes et enfin pour les violences sexuelles, les filles
sont les principales victimes. Ce constat est aussi fait par Bernèche
(2014) qui évoque que cette forme de violence est plus souvent
perpétrée par les garçons. Même si les chiffres de
victimisation sont plus élevés pour les adolescentes, les
résultats démontrent une symétrie de celle-ci, puisque les
filles, tout comme les garçons, peuvent être autant victimes
qu'auteures (Glowacz & Courtain, 2017).
Il faut aussi prendre en compte que les garçons et les
filles ne sont pas égaux-les face à la violence physique subie.
Il semblerait que les filles soient plus sujettes aux blessures graves et les
garçons quant à eux n'ont pas les mêmes possibilités
d'accès aux institutions reconnaissant leur statut de victime (Mahalik,
& coll., 2010, cités dans Lafrenaye-Dugas, 2021).
Dans leur étude, Powers & Kerman (2006)
émettent l'hypothèse que les filles soient plus enclines à
prendre la responsabilité de leurs actes et à assumer les
conséquences de la violence qu'elles ont commise, contrairement aux
garçons qui eux, tenteraient plutôt de « nier> ou de
« minimiser> leurs actes délictueux commis envers des filles
(cités dans Bernèche, 2014).
Selon Reeves & Orpinas (2012) ceci pourrait être en
partie expliqué par le fait que les filles ne craignent pas de raconter
la violence qu'elles ont perpétrée, puisque celle-ci est vue
comme normale par les deux sexes, contrairement à celle
perpétrée par les garçons qui pourrait être mal
perçue (cités dans Glowacz & Courtain (2017). Cette
hypothèse est également soutenue par Price & coll. (1999),
les auteur-e-s expliquent que les adolescent-e-s, indépendamment de leur
genre, sont beaucoup plus tolérant-e-s et trouvent la violence plus
acceptable, lorsque celle-ci est perpétrée par des filles
(cités dans Glowacz & Courtain, 2017).
Une autre hypothèse serait que les garçons
peinent à avouer avoir été victimes de leurs petites amies
puisque la violence perpétrée par celles-ci est perçue
comme moins grave et que les prescriptions de genre dictées par la
société discréditent la parole des garçons qui se
trouvent en position de victime (Reeves & Orpinas, 2012, cités dans
Glowacz & Courtain, 2017, pp.14-15).
La manière de percevoir la violence est
différente entre adolescents et adolescentes. Selon les auteur-e-s Sears
& coll. (2006) ce serait plutôt le contexte que l'acte violent en
lui-même qui définirait l'acte comme violent; les garçons
se basent sur les intentions alors que les filles se fixent sur les effets de
l'acte pour le qualifier de violent (cités dans Glowacz & Courtain,
2017).
Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) appuient ce constat en
expliquant que les garçons victimes risqueraient d'avoir peur de ne pas
être crus et pourraient « ne pas se sentir légitimes de
dénoncer> les violences qu'ils ont subies. Cela pourrait même
impacter leur manière de se percevoir comme victime, malgré le
fait qu'ils connaissent bien les comportements qualifiés de violents.
Ceci vient également appuyer les résultats de l'étude de
Taylor & coll. (2017) qui déclarent que dans de nombreux cas, les
filles sont plus souvent les agresseuses au sein des relations chez les
adolescent-e-s.
De manière plus générale, il semblerait
que « la violence dans un contexte d'auto-défense, de vengeance et
de jeu qui va trop loin> soit assez bien tolérée (Cauffman
& coll., 2000, cités dans Glowacz & Courtain, 2017).
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
Pour mieux comprendre le mécanisme de la VRA chez les
adolescent-e-s, il faut revenir sur les explications de Glowacz & Courtain
(2017). À partir de leurs analyses, il a été
démontré que plus une forme de violence est subie, plus une autre
forme l'est également. Elles parlent de polyvictimisation, de même
que plus une forme de violence est exercée, plus une autre forme l'est
aussi. Elles parlent alors de polyperpétration. Selon elles, il est peu
fréquent qu'une seule violence soit subie et/ou perpétrée
tant par les filles que par les garçons.
Glowacz & Courtain, (2017) parlent de la «
cooccurence » entre le fait de perpétrer de la violence et celui
d'en être victime, ceci pour expliquer que plus un-e adolescent-e
perpètre de la violence physique, plus il-elle en subit lui-même
ou elle-même et que cela doit être mis en lien avec les changements
de statuts de victime et d'auteur-e, c'est-à-dire avec la
bidirectionnalité de la violence au sein du couple. Il est aussi
démontré que plus un-e adolescent-e trouve une certaine forme
d'acceptabilité à un comportement violent, plus il-elle en sera
auteur-e, ainsi que plus il-elle trouvera une certaine forme
d'acceptabilité à être victime, plus il-elle en sera
victime (Glowacz & Courtain 2017). Lafrenaye-Dugas & coll. (2021),
viennent compléter cette hypothèse avec les résultats de
leur test en soulignant que plus un-e adolescent-e a subi des formes
différentes de violence, plus il-elle a un seuil de tolérance
élevé envers celle-ci. Les auteures Glowacz & Courtain,
(2017) soulignent que la violence au sein des couples est bien polymorphique et
que l'acceptation d'une forme de violence ouvre le chemin vers l'acceptation
d'autres formes de cette dernière; de plus, les résultats de
leurs recherches expliquent « l'interchangeabilité des statuts
d'auteurs et de victimes» ce qui corrobore d'autres études qui
mettent en avant la bidirectionnalité au sein des couples
adolescents.
Pour Pepler (2012) l'acceptation de la violence au sein des
couples amoureux chez les adolescent-e-s peut être perçue comme
une preuve d'amour et ce, d'autant plus chez les jeunes ayant
évolué dans un environnement violent (cité dans
Lafrenaye-Dugas, & coll., 2021).
Cette marque d'amour semblerait aussi assimilée par les
garçons. Le fait de subir de la violence physique durant une relation
amoureuse ne représente pas l'événement le plus douloureux
(contrairement à la rupture), car elle peut être ressentie comme
preuve d'amour (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). Cette interprétation
de la violence est pour Garcia-Diaz & coll. (2017) une perception qui
favorise un acte violent comme étant de l'amour; ce qui augmente la
tolérance et l'attitude de mauvais comportements (Garcia-Diaz &
coll., 2017, cités dans Lafrenaye-Dugas, 2021, p. 10). Des
résultats d'analyses montrent que le fait d'accepter et/ou d'excuser des
comportements brutaux dans les relations amoureuses, augmenterait le risque
d'en être victime; de même que le fait d'avoir
expérimenté d'autres formes de violences dans d'autres relations
est un risque supplémentaire chez les garçons de subir de la
violence physique (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). Selon Glowacz &
Courtain, (2017) il est possible que les filles soient plus auteures de
violences physiques à l'adolescence, car elles n'ont pas encore
assimilé les exigences liées aux rôles du genre, mais que
cela pourrait disparaître à l'âge adulte.
D'après leurs résultats Glowacz & Courtain,
(2017) affirment que le nombre de filles qui perpètrent de la violence
physique est plus élevé que celui du nombre de garçons.
Ceci corrèle avec Wincentak & coll. (2016) qui stipulent que les
garçons ont conscience des normes sociétales qui prévalent
que la brutalité physique envers les filles n'est pas acceptable et que
de fait, cela pourrait expliquer un plus faible taux de violence physique
perpétrée par les garçons. De plus, les jeunes qui sont
très investis dans leur relation de couple sont plus à risques
que les autres de ne pas mesurer un comportement déviant et de le
percevoir comme « un jeu ou une blague» (Arriage, 2002, cité
dans Glowacz &
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
Courtain, 2017, p.7). Chaque acte dans une relation amoureuse,
peut-être interprété de façon différente et
cette interprétation peut être favorable ou pas et ainsi,
entraîner des conséquences sur la suite de la relation (Glowacz
& Courtain, 2017).
5.2. Analyse bio-psycho-sociale de la VRA
Vives-Cases & coll. (2011) mentionnent que la VRA peut
entraîner des conséquences négatives pour la santé
à long terme comme des douleurs chroniques, des maladies
cardiovasculaires, l'hypertension et de la détresse psychologique
(cités dans Taylor & coll., 2017). Il existe peu de données
faisant référence aux facteurs biologiques. A contrario, les
conséquences psychologiques sont prédominantes dans la
littérature scientifique. La VRA nuit à l'estime de soi, elle
peut engendrer des troubles psychologiques, elle impacte la capacité
d'adaptation de même que l'identité personnelle. Cela peut aller
jusqu'à provoquer des « symptômes physiques et psychologiques
comme des nausées et un abattement émotionnel»
(Lafrenaye-Gugas & coll., 2021, p.9).
De manière générale, il y a un espoir que
la désistance5 se manifeste auprès d'adolescent-e
auteur-e de violence lorsque celui-ci ou celle-ci deviendra adulte. Cependant,
la recherche a démontré qu'une partie des auteur-e-s de violence
à l'âge adulte l'avait déjà été
à l'adolescence (Greeman & Matsuda, 2016, cités dans Glowacz
& Courtain, 2017).
Avoir une relation dite « positive» à
l'adolescence contribue au bon développement et à avoir une
meilleure estime de soi. L'adolescent-e qui vit une expérience amoureuse
négative, sera impacté-e dans sa confiance en soi et dans son
aptitude à pouvoir maintenir une relation sentimentale (Furman, Shaffer,
2003, cités dans Glowacz & Courtain, 2017). De surcroît, Ali
& coll. (2011) relèvent que l'insuffisance de ressources est un
facteur qui contribue au manque de résilience et qui renforce le risque
de victimisation (cités dans Lafrenaye-Gugas & coll., 2021). Lors de
témoignages, des adolescents ont déclaré qu'ils avaient eu
le sentiment d'avoir été « utilisés» et «
trahis» lors d'une séparation; certains ont même eu le
sentiment d'avoir été « jetés» par leur
partenaire, après avoir eu une relation sexuelle (Lafrenaye-Gugas &
coll., 2021). D'après Joyner & Udry (2000), le risque de
dépression est davantage lié à la séparation
qu'à la relation en elle-même (cités dans Glowacz &
Courtain, 2017). Les expériences qui résultent des relations
amoureuses ont un impact sur le développement de la construction
identitaire des adolescent-e-s et sur leur futures relations conjugales
(Glowacz & Courtain, 2017). Joyner & Udry (2000) montrent que cette
période exploratoire de l'adolescence est fragile et qu'il existe un
risque que la violence vienne la marquer (cités dans Glowacz &
Courtain, 2017). Ce constat est également celui de Bernèche
(2014) :
Les relations amoureuses font aussi partie des
découvertes de l'adolescence et peuvent, au départ, contribuer
à la valorisation des jeunes, mais aussi les confiner ensuite dans un
cercle vicieux lorsque ces relations sont entachées de violence. Les
liens entre la violence et les comportements à risque sont complexes,
car ils peuvent se rapporter à la fois aux causes, aux contextes et aux
conséquences de l'exercice de la violence dans les relations amoureuses.
(p.2)
La capacité d'adaptation peut s'inscrire dans une
dynamique néfaste pour l'adolescent-e qui vit une situation avec
laquelle il-elle n'est pas en accord. Un-e adolescent-e qui subit ou qui
inflige des comportements avec lesquels il-elle n'est pas en accord, peut
développer des stratégies afin de s'adapter et de justifier ce
qu'il-elle fait ou ce qu'il-elle vit (Glowacz & Courtain, 2017). Cette
adaptation
5 Processus individuel qui consiste aux personnes
à sortir de la délinquance.
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
visant à se protéger ou à se couvrir a
pour conséquence d'engendrer d'autres formes de violence (Glowacz &
Courtain, 2017). Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) constatent que sur les
participants de l'enquête; huit adolescent-e-s sur quatorze sont mieux
outillé-e-s face aux conflits dans leur relation amoureuse. Ils-elles
arrivent à sortir de l'impasse avec leur partenaire. Néanmoins,
près de la moitié accuse le partenaire d'être la cause du
problème sans eux-elles-mêmes se remettre en question. Grynch
& coll. (2015), invoquent la résilience comme une ressource pour
sortir du cercle de la violence, cependant, cette capacité est mise
à mal par les stéréotypes de genre (cités dans
Lafrenaye-Dugas & coll., 2017). Easton & coll. (2014) confirment que
l'adhésion à ces stéréotypes est liée
à une détresse psychologique et que celle-ci entrave la demande
d'aide chez les jeunes hommes (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll.
2017). Taylor & coll. (2017) ajoutent que le langage des adolescents
répond aux normes de la masculinité en parlant de la VRA tant en
termes de choix et que de contrôle. De plus, les adolescents
interrogés ont mis en cause le stress et la colère comme pouvant
être des facteurs de risques et même de perpétration de VRA
(Taylor & coll., 2017).
Les relations amoureuses font partie du développement
normal de l'adolescent-e et permettent à ces derniers-ères de se
construire. Les difficultés à court et à long terme d'une
relation amoureuse, comme une séparation, peuvent devenir un rempart au
bon développement des jeunes, surtout si ces dernier-ère-s
manquent de ressources personnelles et utilisent la violence comme moyen
d'adaptation. Utiliser cette violence peut engendrer des conséquences
psychologiques telles que « pensées suicidaires, dépression
et anxiété'> (Ellis & al., 2009, cités dans Taylor
& coll., 2017, p.2). La théorie de Taylor & coll. (2017) est
appuyée par le fait que les jeunes femmes ont déclaré que
les relations familiales, amicales, fraternelles et scolaires sont des
ressources personnelles qui participent à la prévention de la
violence.
Ces expériences amoureuses participent activement
à réaliser « des tâches socio-émotionnelles
reposant sur l'équilibre entre recherche d'intimité et
affirmation d'autonomie, et cela, au rythme de la découverte de la
passion et de la sexualité'> (Glowacz & Courtain, 2017, p.1). De
plus, cela permet aux jeunes de développer leur conception de la romance
(Glowacz & Courtain, 2017).
La découverte de la sexualité intervient
normalement dans les relations amoureuses des adolescente-s cependant, elle
peut aussi devenir un facteur de risque favorisant la VRA chez les
adolescent-e-s. Bernèche, (2014), recense plusieurs risques, comme avoir
des rapports sexuels non protégés, être sexuellement
actif-ve avant 14 ans et la multiplication des partenaires. Les jeunes ayant eu
trois partenaires ou plus, seront plus à risque d'infliger de la
violence à leur partenaire : à savoir 27,2 % pour les
garçons et 49,2 % pour les filles (Bernèche, 2014). La recherche
démontre que les jeunes qui ont un comportement sexuel responsable
(utilisation de préservatif) sont moins nombreux-euses à vivre
des relations sous l'emprise de violence (Bernèche, 2014).
Il semblerait qu'il existe une corrélation entre la VRA
et le fait de consommer des produits tels que l'alcool et le cannabis et la
manière de les consommer. La consommation d'alcool et/ou de cannabis
contribue à augmenter tant la victimisation que la perpétration
de violences dans la relation amoureuse chez les adolescent-e-s
(Bernèche, 2014). La non-consommation de produits diminue de
manière significative le risque de VRA, au même titre qu'une
personne qui a une consommation élevée (plus de 3-4 fois par
semaine) aura un risque élevé de perpétrer ou de subir de
la VRA (Bernèche, 2004). Ce constat concerne les élèves du
secondaire de manière générale, mais le risque augmente en
fin de scolarité (Bernèche, 2004). Dans l'étude
menée par Taylor & coll. (2017), les adolescent-e-s justifient
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
leurs actes de violence en invoquant l'alcool comme
étant la cause de leurs gestes, pensant que la société
accepterait mieux leur comportement.
Le contexte familial peut être un facteur originel de
victimisation ou de perpétration de violence dans les relations
amoureuses chez les adolescent-e-s (Bernèche, 2014). Parmi ces facteurs,
Bernèche (2014) stipule que les adolescent-e-s ayant
évolué dans des familles monoparentales ou reconstituées
ont plus de risques de subir de la VRA ; l'auteure constate aussi que le risque
de violence dans les relations amoureuses des adolescent-e-s est à
mettre en corrélation avec le niveau d'études des parents.
Trahoré & coll. (2013) évoquent que la défavorisation,
qu'elle soit sociale et/ou économique contribue à la violence
dans les relations amoureuses, plus le niveau est bas, plus le risque de subir
ou d'infliger de la violence est présent (cités dans
Bernèche, 2014)
L'exemple familial impacte également la perception de
certain-e-s jeunes qui ont vécu de la violence dans leur environnement.
Bernèche (2014) présente le milieu familial et
socio-économique comme une représentation importante pour les
adolescent-e-s. Celle-ci participe à la propension de subir ou a
contrario, à infliger de la VRA. Ce même constat est établi
par Taylor & coll. (2017), soulignant que les adolescentes mentionnent les
violences présentes dans la famille comme pouvant être
assimilées à un modèle comportemental qui augmenterait le
risque de victimisation ou de perpétration. Les modèles
participent à la compréhension de ce que vivent les
adolescent-e-s. Pepler (2012) mentionne les ruptures comme étant plus
difficiles à surmonter que les violences dans la relation : « la
violence étant parfois perçue comme une démonstration
d'attention ou une façon de demander de l'attention, voire une preuve
d'amour, particulièrement chez les jeunes qui ont grandi dans un
environnement familial empreint de violence» (cité dans
Lafrenayse-Dugas & coll., 2021, p.10). En d'autres termes, il est plus
facile de vivre avec ce que l'on connaît ou l'on a connu que d'être
abandonné-e. Taylor & coll. (2017) abondent dans ce sens. Toutefois,
lors des entretiens, des adolescentes ont mentionné la famille comme un
facteur de protection face aux violences dans les relations amoureuses.
Les adolescent-e-s victimes de violence dans leur relation
amoureuse rencontrent également des difficultés dans leur cursus
estudiantin comme l'absentéisme, l'abandon afin d'éviter le-la
partenair-e (Ball & Rosenbluth, 2008 ; Banyard & Cross, 2008 ;
cités dans Taylor & coll., 2017). Pourtant, des adolescents ont
mentionné que si les jeunes restaient impliqué-e-s dans leur
scolarité et dans leur activité parascolaire, cela leur
permettait de ne pas prendre des décisions préjudiciables comme
être violent-e avec sa-son partenaire (Taylor & coll., 2017). Les
adolescentes ont également mentionné les enseignant-e-s et les
personnes de la communauté comme des personnes de confiance pouvant agir
sur la protection de la VRA (Taylor & coll., 2017). Les jeunes hommes ont
quant à eux identifié plusieurs programmes au sein des clubs
scolaires ou des programmes parascolaires, comme une forme de protection contre
la VRA, car ceux-ci permettaient de développer des compétences
spécifiques comme la communication (Taylor & coll. 2017).
Comme nous l'avons vu précédemment, les pair-e-s
jouent un rôle fondamental dans les relations amoureuses chez les
adolescent-e-s, ils-elles sont les arbitres. Taylor & coll. (2017) exposent
que les adolescentes semblent accorder davantage d'importance aux personnes qui
leur fournissent un contexte normé comme facteur de protection que leur
environnement physique. De surcroît, les adolescentes évoquent que
des relations de mentorat avec leurs pair-e-s agissent en tant que facteurs de
protection face au risque de VRA (Taylor & coll., 2017). Les pair-e-s sont
important-e-s pour les jeunes filles. De jeunes adultes ont mentionné
qu'un nombre insuffisant d'ami-e-s ou grandir seule
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
durant l'adolescence sont des facteurs de risques pouvant
amener des problèmes liés à l'attachement, les
empêchant par conséquent, de quitter leur partenaire violent
(Taylor & coll., 2017).
Concernant les garçons, le regard des pair-e-s renvoie
à l'adhésion sociale de leurs actes. Munoz-Rivaz et coll. (2021)
invoquent les normes sociales comme incitateur pour accepter la violence
physique, pour autant qu'il n'y ait pas de blessures graves ou alors si cette
violence est infligée par une fille et non pas par un garçon
(cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). A contrario, la
prédominance du genre masculin sur le genre féminin semble encore
présente dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s:
Les hommes et les femmes sont socialisés pour des
rôles différents avec des partenaires romantiques, et
malgré des changements progressifs vers l'égalité des
sexes, les interactions des adolescents continuent de mettre l'accent sur la
dominance masculine (Hawley & coll., 2008 ; Katz & al., 2002 ;
cités dans Taylor & coll., 2017, p. 14).
Selon Feiring (1999) ; Hill & Lynch (1983), les
stéréotypes liés au genre dans les rôles d'une
relation amoureuse et/ou intime sont plus marqués durant l'adolescence,
car les jeunes filles et garçons expérimentent et apprennent les
attentes de leur genre (cités dans Taylor & coll., 2017).
Il existe des différences entre les rôles
assignés au genre masculin et féminin, et cela engendre des
difficultés. Mahalik & coll. (2010) constatent que les
garçons, mais également les hommes adultes éprouvent des
difficultés à se considérer comme des victimes et par
conséquent à demander de l'aide. Ils ne se sentiraient pas pris
au sérieux (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Selon
Reyes & coll. (2016) cette difficulté trouve ses origines dans les
normes sociales stéréotypées (cités dans
Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Le genre masculin est prescrit comme
devant être supérieur, combatif et ne pas se laisser guider par
ses émotions (Easton & coll., 2014, cités dans
Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Evoluer dans un milieu empli de violence
et adhérer aux stéréotypes du genre masculin engendre un
risque considérable de violence au sein des relations amoureuses, mais
également, diminue la potentielle demande d'aide pour ces hommes en
devenir (Ali & coll., 2011 ; cités dans Lafrenayse-Dugas &
coll., 2021).
5.3. La VRA, un problème qui manque de
visibilité
La violence au sein des relations amoureuses chez les
adolescent-e-s peut-être la conséquence du cumul de plusieurs
problématiques: violence juvénile, violence domestique,
consommation d'alcool et de cannabis. Ceci s'inscrit dans une période
marquée de changements significatifs entre l'enfance et l'adolescence.
La VRA est une problématique à part entière qui tend
à être négligée et reléguée au second
plan. Rondeau & coll. (2008) affirment que cette banalisation des relations
amoureuses se manifeste tant chez les jeunes que chez les adultes, bien que la
violence impacte le développement des adolescent-e-s (cités dans
Glowacz & Courtain, 2017). De surcroît, il faut relever que la VRA
n'est pas liée à une classe sociale, ni à un genre
(Glowacz & Courtain, 2017).
Bien que cette problématique puisse toucher toutes les
strates sociales, la violence dans les relations amoureuses chez les
adolescent-e-s et les jeunes est peu considérée au niveau de la
société. Par ailleurs, des études constatent des
différences entre les formes de violences au sein des relations
amoureuses des adolescent-e-s (Glowacz & Courtain, 2017). Les
résultats diffèrent par manque de recherche spécifique.
Bernèche (2014) constate que les résultats des enquêtes
populationnelles sont rares, et celles traitant uniquement de la VRA sont
encore peu nombreuses.
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
Il en va de même pour les études
spécifiques au sein de la VRA. Lafrenaye-Dugas & coll. (2021)
soulignent qu'il en existe encore moins sur la manière dont les
adolescents perçoivent leur vécu de violence. Taylor & coll.
(2017) expliquent qu'en plus de prendre en compte l'avis et la lecture qu'ont
les adolescent-e-s des situations de VRA, il serait judicieux de les mettre en
lien avec leur origine et leur âge, afin de permettre le
développement de programmes de prévention efficaces. Sears &
coll. (2007) affirment qu'il y a un lien entre l'attitude et le comportement
qu'un-e adolescent-e adopte face à la VRA en fonction du contexte
(cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Malgré
l'adhésion à cette hypothèse par plusieurs auteur-e-s, Mc
Closkey, Lichter (2003) ; Slep & coll. (2001) d'autres remettent en
question les résultats des études longitudinales par manque de
constance (cités dans Hébert & coll., 2018).
A ce jour, il existe peu de données sur la VRA et ses
sous-thématiques, certains thèmes associés à cette
problématique sont encore en phase exploratoire. Hébert &
coll. (2018), affirment la nécessité « au cours des
prochaines années de renforcer la recherche longitudinale, de soutenir
la réalisation de méta-analyses, et de donner de meilleurs moyens
à la recherche évaluative sur les interventions» (p.122).
Les auteur-e-s Fernet & coll., 2016 ; Schumacher & Smith-Slep, 2004 ;
précisent que la recherche se concentre sur la protection des
adolescent-e-s en général et oublie de faire la distinction avec
les besoins spécifiques liés au genre (cités dans
Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). De plus, l'utilisation d'un langage
technique ne permet pas aux adolescent-e-s de comprendre de façon
optimale la signification complète d'actes de violence (CDC, 2016 ;
Rickert, Wiemann, Vaughan, & White, 2004, cités dans Taylor &
coll., 2017). Lal (1995) souligne l'importance de la compréhension du
langage des adolescent-e-s par les chercheur-se-s et les praticien-nes-s, afin
de pouvoir optimiser leur accompagnement (cité dans Taylor & coll.,
2017).
5.4. Les champs d'intervention de la VRA : prévention et
prise en charge
Les programmes de prévention universelle pour la VRA
chez les adolescent-e-s sont peu nombreux. Au Canada et aux États-Unis,
ils se concentrent pour l'essentiel directement auprès des jeunes
(Hébert & coll., 2018). Selon ces auteur-e-s, les programmes de
prévention universelle (qui visent à informer le plus grand
nombre de personnes possible) se développeront davantage, si
l'élaboration de méta-analyses est effectuée sur des
programmes globaux. De plus, Zang & coll. (2011) affirment qu'il est plus
favorable de transmettre des outils aux plus grands nombres, au lieu d'outiller
les victimes et/ou les agresseur-se-s (cités dans Hébert &
coll., 2018). Lavoie & coll. (2012) mentionnent que cette prévention
universelle serait bénéfique à l'échelle locale
(école, quartier), car des animations seraient dispensées tant
aux jeunes qu'aux adultes évoluant auprès de ceux-ci et celles-ci
(cités dans Hébert & coll., 2018). Mercy & Tharp (2015)
abondent dans ce sens, car il est constaté que l'environnement des
adolescent-e-s n'est que peu impliqué dans les programmes de
prévention (cités dans Hébert & coll., 2018).
Pourtant, il existe des programmes visant à mobiliser la
communauté. Coaching Boys into Men dispense des formations
courtes à des entraîneurs de sport d'équipe masculine afin
de sensibiliser et de développer l'initiation en tant que témoin
de VRA chez les adolescent-e-s (Hébert & coll., 2018).
Le contexte de prévention doit être bien compris
et ciblé. Hébert & coll. (2018) soulignent qu'il existe de
nombreux programmes de prévention interactifs et que la vitesse de
transmission des informations, notamment par les réseaux sociaux impacte
les programmes de prévention sur la manière d'interagir avec les
jeunes.
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
La prévention ciblée est destinée
spécifiquement aux jeunes, ce qui est le cas pour la plupart des actions
de prévention outre-Atlantique (Hébert & coll., 2018).
Toutefois, certains programmes ont des finalités et des objectifs plus
spécifiques et précis. Expect Respect promeut les
relations amoureuses saines notamment par le biais des pair-e-s. Le programme
propose des groupes de soutien séparés (pour les filles et pour
les garçons) dans le cadre de l'école; cela dans le but
d'atteindre les jeunes considéré-e-s à risque
(Hébert & coll., 2018). Ce programme a fait l'objet d'une
évaluation. Le résultat révèle que les jeunes
à risque développent des compétences afin de gérer
plus sainement leur conflit dans leur relation amoureuse, en les nommant et/ou
en les exprimant à des tiers. En revanche, le programme n'a pas permis
de diminuer les risques liés à la perpétuation et à
la victimisation de la VRA (Ball & coll., 2012, cités dans
Hébert & coll., 2018). La prévention par les pair-e-s montre
de bons résultats. Fernet & coll. (2019) soulignent que
l'accompagnement et le soutien par les pair-e-s sont efficaces et permettent
d'accroitre les connaissances au sujet de la violence au sein des relations
amoureuses, mais aussi le pouvoir d'agir en développant des
compétences communicationnelles et des capacités de
résilience (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).
Il existe des programmes destinés aux témoins de
violences sexuelles et de VRA, la finalité étant de sensibiliser
les gens à intervenir en tant que témoins dans ces situations.
Les résultats montrent que les personnes sont plus disposées
à agir, mais cela ne modifie que peu les croyances, notamment sur le
viol et n'incite pas davantage les individus à parler de leurs propres
expériences (Storer & coll. 2016, cités dans Hébert
& coll., 2018). Cependant, l'unique programme de prévention
québécois sensibilisant les jeunes (16 -17 ans) à la
thématique des violences sexuelles est le programme PASSAJ
(Hébert & coll., 2018).
Taylor & coll. (2011) ont évalué le
programme Shifting Boundaries qui intervient auprès de
préadolescent-e-s (10-13 ans) visant à promouvoir les relations
saines dans les relations amoureuses; les résultats soulèvent une
baisse des comportements de victimisation comme le harcèlement sexuel et
la violence sexuelle dans une relation amoureuse, mais le programme n'aurait
pas de répercussions sur la perpétration de ces violences
(cités dans Hébert & coll., 2018)
Le lien entre ces programmes de prévention est qu'ils
évaluent principalement l'impact sur la victimisation et ou la
perpétration. Loveisrespect (2013) souligne que les facteurs de
protection sont trop souvent ignorés dans ces programmes « Instead,
programs emphasize protection for victims after the ADV has occurred. In
addition, many curriculums tend to not reference protection against ADV
perpetration, only victimization» (cité dans Taylor & coll.,
2018, p.16). En plus de mettre les facteurs de protection en avant, plusieurs
auteurs insistent sur l'importance de la communication, et plus
particulièrement du langage dans le cadre des programmes de
prévention. Cela permettrait de renforcer le changement et les
comportements des adolescent-e-s dans le cadre de VRA. (Ajzen, 1985 ; Peterson
& coll., 2016 ; Weisz & Black, 2001, cités dans Taylor &
coll., 2017). Un langage préventif et adapté aux jeunes
augmenterait les connaissances des violences amoureuses des adolescent-e-s. Ces
derniers et dernières soulignent un besoin plus accru de
compréhension de la VRA, les jeunes eux-mêmes et elles-mêmes
évoquent un besoin d'éducation dans ce domaine (Taylor &
coll., 2017).
Il existe peu de programmes spécifiques dans la prise
en charge des jeunes victimes ou auteur-e-s de VRA. Toutefois, la
création de Violence Prevention Mentoring Program intervient
auprès des adolescent-e-s ayant commis des délits avec violence
(pas nécessairement de la VRA) ; l'évaluation de ce programme a
relevé que les connaissances relatives à la VRA augmentaient mais
ne modifiaient pas
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
la posture de jeunes sur ce sujet (Salazar & Cook, 2006 ;
cités dans Hébert & coll. 2018). Ce programme met
également le focus sur la perpétration de la violence.
Il existe un plan de protection destiné aux jeunes
vulnérables qui ont été exposé-e-s à de la
violence conjugale. Safe Dates répond à un besoin
spécifique qui consiste à réduire le risque de
victimisation et de perpétuation dans le cadre d'une relation amoureuse
chez les adolescent-e-s; l'évaluation de ce programme fait ressortir des
résultats satisfaisants concernant la réduction de la
victimisation au niveau de la violence physique et psychologique. Ce même
constat est fait pour la perpétuation de ces deux types de violence.
Toutefois, les résultats ne montrent pas de changements significatifs
dans les comportements de victimisation et de perpétuation en ce qui
concerne la violence sexuelle (Hébert & coll., 2018).
L'analyse se poursuit sous l'angle de la prise en charge, il
s'agit d'évoquer les pratiques proposées par les
professionnel-le-s, mais aussi les lieux de l'intervention, il s'agira de
comprendre ce qui est entrepris et/ou d'exposer les pistes d'intervention.
Les programmes de prévention évoqués
précédemment montraient que certain-e-s jeunes
développaient des compétences dans leur pouvoir d'agir ou
d'intervenir comme témoins. Selon Glowacz & Courtain (2017), les
interventions permettant l'empowerment tant pour les victimes que pour
les auteur-e-s favoriseraient l'acquisition de compétences sociales et
émotionnelles. Pour Taylor & coll. (2017), les professionnel-le-s
accompagnant des adolescent-e-s doivent employer un vocabulaire axé sur
l'action et les émotions. Ce travail doit se faire de manière
similaire auprès des jeunes femmes et des jeunes hommes. Cependant, les
professionnel-le-s doivent être particulièrement attentifs et
attentives aux adolescent-e-s. Selon Easton & coll. (2013), la gent
masculine serait moins encline à dévoiler les abus subis, mais
s'ils bénéficiaient d'un accompagnement, ils seraient plus
disposés à le faire, car ils se sentiraient soutenus
(cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Selon Gynch & coll.
(2015), les interventions permettraient d'augmenter la capacité de
résilience de ces jeunes hommes et de développer les demandes
d'aide et de soutien adéquats (cités dans Lafrenayse-Dugas &
coll., 2021).
Qu'il s'agisse de développer des compétence
d'empowerment, de résilience et de mobilisation de ressources,
pour les garçons et pour les filles, l'objectif des professionnnel-le-s
est d'initier un changement pour gagner en sérénité afin
d'instaurer des dynamiques qui ne sont pas empreintes de violence (Glowacz
& Courtain, 2017).
Selon Hébert & coll. (2018), l'intervention doit se
faire à tous les niveaux avec intensité et s'instaurer dans la
durée, l'intervention singulière et isolée ne permettra
pas d'amélioration. Les auteur-e-s soulignent que la formation des
intervenant-e-s et l'adaptation des outils doivent être
encouragées et développées (Hébert & coll.,
2018). De surcroît, la prévention doit se baser sur les
expériences des adolescent-e-s victimes ou auteur-e-s de VRA et non
refléter le point de vue des professionnel-le-s (Taylor & coll.,
2018).
L'école est un lieu de fréquentation pour les
adolescent-e-s, mais aussi un lieu dans lequel des relations amoureuses se
créent. Il existe des programmes de prévention actifs dans le
milieu scolaire comme Safe Dates et Fourth R (Hébert
& coll., 2018). Parmi les programmes intervenant en milieu scolaire aux
États-Unis et au Canada qui ont été évalués,
il ressort que seuls trois des programmes (Safe Dates, Fourth R, Shifting
Boundaries) montrent des changements de comportement des participant-e-s
vis-à-vis de la VRA (Koker & coll., 2014, cités dans
Hébert & coll., 2018). Taylor & coll. (2018) soulignent le
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
manque d'éducation sur les violences dans les relations
amoureuses dans le milieu scolaire, surtout lorsque l'on se
réfère aux chiffres élevés de la VRA. Selon les
auteur-e-s (Taylor & coll., 2018), cela nécessite d'évaluer
les programmes mis en place par les institutions scolaires surtout lorsque les
jeunes eux-mêmes et elles-mêmes expriment le besoin d'être
mieux informé-e-s sur cette thématique, les programmes doivent
aller plus loin que de présenter et définir la VRA :
Adolescents also requested that dating violence be discussed,
openly and honestly, by both adolescents and adults. Adolescents asked that
dating violence awareness be incorporated into the high school's learning
agenda. (p.13)
Dans le cadre de leur entretien, de jeunes filles ont
mentionné que l'éducation dispensée durant leur
scolarité se focalisait sur une sexualité saine « We need
relationship classes, because there are so many messed up relationships, but
the only thing I ever learned in school is safe sex, that's all I ever learned
(Taylor & coll., 2018, p.14).
Les travaux de Taylor & coll. (2018), montrent le besoin
des adolescent-e-s de pouvoir être informé-es et de pouvoir
échanger librement et honnêtement de la VRA avec des adultes.
Si l'école est un lieu dans lequel il est courant de
rencontrer la thématique de la sexualité, d'autres
thématiques doivent être aussi abordées. Selon
Lafrenayse-Dugas & coll. (2021), il est nécessaire de mettre en
place des programmes d'éducation sexuelle, de prévention de la
violence afin de diminuer l'impact des stéréotypes de la
masculinité, mais également endiguer la tolérance face aux
comportements violents.
Hébert & coll. (2018) constatent que si certains
programmes n'interviennent qu'en milieu scolaire, Safe Dates et Fourth R
proposent un accompagnement extra muros en offrant un service d'aide aux
victimes, des séances d'informations pour les représentant-e-s
légaux-légales, des documents écrits (livres, flyers)
visant à impliquer les proches et la communauté des jeunes
à prévenir la VRA.
Cependant, la thématique des violences amoureuses chez
les adolescents (garçons) manque de documentation et de ressources.
L'intervention en amont pour la sensibilisation sur le thème des
relations amoureuses et sujets associés chez les jeunes, auprès
de ceux-celles-ci, des professionnel-es et de tout autre adulte dans
l'environnement des adolescent-e-s, exige un travail à grande
échelle (Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).
Au niveau pénal, nous n'avons pas recensé
beaucoup d'information à ce sujet. Mis à part, le Violence
Prevention Mentoring Program agissant auprès de jeunes
adolescent-e-s auteur-e-s de violence qui ne montrait pas de modification de
posture (Salazar & Cook, 2006 ; cités dans Hébert & coll.
2018). Glowacz & Courtain (2017) avancent qu'une prise en charge judiciaire
trop précoce pour des jeunes a « un risque d'effets
délétères pour l'auteur et la victime, notamment en termes
de stigmatisation » (p.17).
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