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Adolescence, amour et violence. prévenir la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s


par Cindy, Zoé Chevalier, Niggeler
Haute-école de travail social de Fribourg - Suisse - Bachelor en Travail social 2022
  

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5. Analyse des contenus sélectionnés

Au travers de nos quatre axes, nos finalités, nous avons mis en évidence plusieurs thèmes et sous-thèmes qui nous ont permis d'apporter des éléments de compréhension de la VRA ; parmi ceux-ci, les types de violence, le fonctionnement de la VRA chez les adolescent-e-s, la compréhension qu'ont les adolescent-e-s de la VRA, l'interchangeabilité des statuts auteur/victime. Notre grille nous a permis de révéler des facteurs de risques et de protection de la VRA chez les adolescent-e-s. Analyser les conséquences biologiques, psychologiques, sociologiques permettra de mieux saisir quel est le public le plus à risque de vivre des événements de VRA.

L'analyse permettra aussi de mieux saisir les enjeux de cette problématique au travers des différents programmes de prévention existants: de quel type de prévention s'agit-il ? Comment le public reçoit-il ces différents programmes de prévention? Pour chaque point, des extraits ont été choisis pour illustrer et appuyer les résultats.

5.1. Violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

Il existe différentes formes de violences: physique (qui peut aller d'une bousculade à la mort), psychologique (contrôle, isolement, insulte, humiliation, menace, etc.) et sexuelle (forcer une personne à avoir des rapports, contraindre une personne à la prostitution, etc. ) (Glowacz & Courtain, 2017). Lavoie et coll. (2009) définissent les violences comme « tout comportement ayant pour effet de nuire au développement de l'autre, en compromettant son intégrité physique, psychologique ou sexuelle» (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Selon diverses études, la violence au sein des relations amoureuses des adolescent-e-s et des jeunes adultes atteint toutes les couches sociales, filles et garçons confondu-e-s. Comme pour la violence conjugale, ceci questionne sur les dynamiques de couple à l'adolescence et renvoie aux questions de la bidirectionnalité et de la symétrie des couples à transaction violente (Glowacz & Courtain, 2017).

Comment fonctionne la violence à l'adolescence? Les résultats de diverses études analysées par Langhinrichese-Rohling & coll. (2012) exposent que 51,9 % des violences sont bidirectionnelles et que dans le pourcentage restant elles sont unidirectionnelles; il ressort de cela que les filles ont deux fois plus de risques de commettre des violences sur leur partenaire que les garçons (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ces chiffres démontrent que la VRA chez les adolescent-e-s se démarque par un mécanisme bidirectionnel plutôt que par un fonctionnement qui polariserait les individus en victime ou en auteur (Glowacz & Courtain, 2017).

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Leen & coll. (2013) constatent que selon le type de maltraitance le genre des victimes change (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ainsi, il ressort de cela que pour les violences psychologiques, les taux de victimisation des filles et des garçons sont semblables. Concernant les violences physiques, les garçons semblent être davantage victimes et enfin pour les violences sexuelles, les filles sont les principales victimes. Ce constat est aussi fait par Bernèche (2014) qui évoque que cette forme de violence est plus souvent perpétrée par les garçons. Même si les chiffres de victimisation sont plus élevés pour les adolescentes, les résultats démontrent une symétrie de celle-ci, puisque les filles, tout comme les garçons, peuvent être autant victimes qu'auteures (Glowacz & Courtain, 2017).

Il faut aussi prendre en compte que les garçons et les filles ne sont pas égaux-les face à la violence physique subie. Il semblerait que les filles soient plus sujettes aux blessures graves et les garçons quant à eux n'ont pas les mêmes possibilités d'accès aux institutions reconnaissant leur statut de victime (Mahalik, & coll., 2010, cités dans Lafrenaye-Dugas, 2021).

Dans leur étude, Powers & Kerman (2006) émettent l'hypothèse que les filles soient plus enclines à prendre la responsabilité de leurs actes et à assumer les conséquences de la violence qu'elles ont commise, contrairement aux garçons qui eux, tenteraient plutôt de « nier> ou de « minimiser> leurs actes délictueux commis envers des filles (cités dans Bernèche, 2014).

Selon Reeves & Orpinas (2012) ceci pourrait être en partie expliqué par le fait que les filles ne craignent pas de raconter la violence qu'elles ont perpétrée, puisque celle-ci est vue comme normale par les deux sexes, contrairement à celle perpétrée par les garçons qui pourrait être mal perçue (cités dans Glowacz & Courtain (2017). Cette hypothèse est également soutenue par Price & coll. (1999), les auteur-e-s expliquent que les adolescent-e-s, indépendamment de leur genre, sont beaucoup plus tolérant-e-s et trouvent la violence plus acceptable, lorsque celle-ci est perpétrée par des filles (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Une autre hypothèse serait que les garçons peinent à avouer avoir été victimes de leurs petites amies puisque la violence perpétrée par celles-ci est perçue comme moins grave et que les prescriptions de genre dictées par la société discréditent la parole des garçons qui se trouvent en position de victime (Reeves & Orpinas, 2012, cités dans Glowacz & Courtain, 2017, pp.14-15).

La manière de percevoir la violence est différente entre adolescents et adolescentes. Selon les auteur-e-s Sears & coll. (2006) ce serait plutôt le contexte que l'acte violent en lui-même qui définirait l'acte comme violent; les garçons se basent sur les intentions alors que les filles se fixent sur les effets de l'acte pour le qualifier de violent (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) appuient ce constat en expliquant que les garçons victimes risqueraient d'avoir peur de ne pas être crus et pourraient « ne pas se sentir légitimes de dénoncer> les violences qu'ils ont subies. Cela pourrait même impacter leur manière de se percevoir comme victime, malgré le fait qu'ils connaissent bien les comportements qualifiés de violents. Ceci vient également appuyer les résultats de l'étude de Taylor & coll. (2017) qui déclarent que dans de nombreux cas, les filles sont plus souvent les agresseuses au sein des relations chez les adolescent-e-s.

De manière plus générale, il semblerait que « la violence dans un contexte d'auto-défense, de vengeance et de jeu qui va trop loin> soit assez bien tolérée (Cauffman & coll., 2000, cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

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Pour mieux comprendre le mécanisme de la VRA chez les adolescent-e-s, il faut revenir sur les explications de Glowacz & Courtain (2017). À partir de leurs analyses, il a été démontré que plus une forme de violence est subie, plus une autre forme l'est également. Elles parlent de polyvictimisation, de même que plus une forme de violence est exercée, plus une autre forme l'est aussi. Elles parlent alors de polyperpétration. Selon elles, il est peu fréquent qu'une seule violence soit subie et/ou perpétrée tant par les filles que par les garçons.

Glowacz & Courtain, (2017) parlent de la « cooccurence » entre le fait de perpétrer de la violence et celui d'en être victime, ceci pour expliquer que plus un-e adolescent-e perpètre de la violence physique, plus il-elle en subit lui-même ou elle-même et que cela doit être mis en lien avec les changements de statuts de victime et d'auteur-e, c'est-à-dire avec la bidirectionnalité de la violence au sein du couple. Il est aussi démontré que plus un-e adolescent-e trouve une certaine forme d'acceptabilité à un comportement violent, plus il-elle en sera auteur-e, ainsi que plus il-elle trouvera une certaine forme d'acceptabilité à être victime, plus il-elle en sera victime (Glowacz & Courtain 2017). Lafrenaye-Dugas & coll. (2021), viennent compléter cette hypothèse avec les résultats de leur test en soulignant que plus un-e adolescent-e a subi des formes différentes de violence, plus il-elle a un seuil de tolérance élevé envers celle-ci. Les auteures Glowacz & Courtain, (2017) soulignent que la violence au sein des couples est bien polymorphique et que l'acceptation d'une forme de violence ouvre le chemin vers l'acceptation d'autres formes de cette dernière; de plus, les résultats de leurs recherches expliquent « l'interchangeabilité des statuts d'auteurs et de victimes» ce qui corrobore d'autres études qui mettent en avant la bidirectionnalité au sein des couples adolescents.

Pour Pepler (2012) l'acceptation de la violence au sein des couples amoureux chez les adolescent-e-s peut être perçue comme une preuve d'amour et ce, d'autant plus chez les jeunes ayant évolué dans un environnement violent (cité dans Lafrenaye-Dugas, & coll., 2021).

Cette marque d'amour semblerait aussi assimilée par les garçons. Le fait de subir de la violence physique durant une relation amoureuse ne représente pas l'événement le plus douloureux (contrairement à la rupture), car elle peut être ressentie comme preuve d'amour (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). Cette interprétation de la violence est pour Garcia-Diaz & coll. (2017) une perception qui favorise un acte violent comme étant de l'amour; ce qui augmente la tolérance et l'attitude de mauvais comportements (Garcia-Diaz & coll., 2017, cités dans Lafrenaye-Dugas, 2021, p. 10). Des résultats d'analyses montrent que le fait d'accepter et/ou d'excuser des comportements brutaux dans les relations amoureuses, augmenterait le risque d'en être victime; de même que le fait d'avoir expérimenté d'autres formes de violences dans d'autres relations est un risque supplémentaire chez les garçons de subir de la violence physique (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). Selon Glowacz & Courtain, (2017) il est possible que les filles soient plus auteures de violences physiques à l'adolescence, car elles n'ont pas encore assimilé les exigences liées aux rôles du genre, mais que cela pourrait disparaître à l'âge adulte.

D'après leurs résultats Glowacz & Courtain, (2017) affirment que le nombre de filles qui perpètrent de la violence physique est plus élevé que celui du nombre de garçons. Ceci corrèle avec Wincentak & coll. (2016) qui stipulent que les garçons ont conscience des normes sociétales qui prévalent que la brutalité physique envers les filles n'est pas acceptable et que de fait, cela pourrait expliquer un plus faible taux de violence physique perpétrée par les garçons. De plus, les jeunes qui sont très investis dans leur relation de couple sont plus à risques que les autres de ne pas mesurer un comportement déviant et de le percevoir comme « un jeu ou une blague» (Arriage, 2002, cité dans Glowacz &

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Courtain, 2017, p.7). Chaque acte dans une relation amoureuse, peut-être interprété de façon différente et cette interprétation peut être favorable ou pas et ainsi, entraîner des conséquences sur la suite de la relation (Glowacz & Courtain, 2017).

5.2. Analyse bio-psycho-sociale de la VRA

Vives-Cases & coll. (2011) mentionnent que la VRA peut entraîner des conséquences négatives pour la santé à long terme comme des douleurs chroniques, des maladies cardiovasculaires, l'hypertension et de la détresse psychologique (cités dans Taylor & coll., 2017). Il existe peu de données faisant référence aux facteurs biologiques. A contrario, les conséquences psychologiques sont prédominantes dans la littérature scientifique. La VRA nuit à l'estime de soi, elle peut engendrer des troubles psychologiques, elle impacte la capacité d'adaptation de même que l'identité personnelle. Cela peut aller jusqu'à provoquer des « symptômes physiques et psychologiques comme des nausées et un abattement émotionnel» (Lafrenaye-Gugas & coll., 2021, p.9).

De manière générale, il y a un espoir que la désistance5 se manifeste auprès d'adolescent-e auteur-e de violence lorsque celui-ci ou celle-ci deviendra adulte. Cependant, la recherche a démontré qu'une partie des auteur-e-s de violence à l'âge adulte l'avait déjà été à l'adolescence (Greeman & Matsuda, 2016, cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Avoir une relation dite « positive» à l'adolescence contribue au bon développement et à avoir une meilleure estime de soi. L'adolescent-e qui vit une expérience amoureuse négative, sera impacté-e dans sa confiance en soi et dans son aptitude à pouvoir maintenir une relation sentimentale (Furman, Shaffer, 2003, cités dans Glowacz & Courtain, 2017). De surcroît, Ali & coll. (2011) relèvent que l'insuffisance de ressources est un facteur qui contribue au manque de résilience et qui renforce le risque de victimisation (cités dans Lafrenaye-Gugas & coll., 2021). Lors de témoignages, des adolescents ont déclaré qu'ils avaient eu le sentiment d'avoir été « utilisés» et « trahis» lors d'une séparation; certains ont même eu le sentiment d'avoir été « jetés» par leur partenaire, après avoir eu une relation sexuelle (Lafrenaye-Gugas & coll., 2021). D'après Joyner & Udry (2000), le risque de dépression est davantage lié à la séparation qu'à la relation en elle-même (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Les expériences qui résultent des relations amoureuses ont un impact sur le développement de la construction identitaire des adolescent-e-s et sur leur futures relations conjugales (Glowacz & Courtain, 2017). Joyner & Udry (2000) montrent que cette période exploratoire de l'adolescence est fragile et qu'il existe un risque que la violence vienne la marquer (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ce constat est également celui de Bernèche (2014) :

Les relations amoureuses font aussi partie des découvertes de l'adolescence et peuvent, au départ, contribuer à la valorisation des jeunes, mais aussi les confiner ensuite dans un cercle vicieux lorsque ces relations sont entachées de violence. Les liens entre la violence et les comportements à risque sont complexes, car ils peuvent se rapporter à la fois aux causes, aux contextes et aux conséquences de l'exercice de la violence dans les relations amoureuses. (p.2)

La capacité d'adaptation peut s'inscrire dans une dynamique néfaste pour l'adolescent-e qui vit une situation avec laquelle il-elle n'est pas en accord. Un-e adolescent-e qui subit ou qui inflige des comportements avec lesquels il-elle n'est pas en accord, peut développer des stratégies afin de s'adapter et de justifier ce qu'il-elle fait ou ce qu'il-elle vit (Glowacz & Courtain, 2017). Cette adaptation

5 Processus individuel qui consiste aux personnes à sortir de la délinquance.

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visant à se protéger ou à se couvrir a pour conséquence d'engendrer d'autres formes de violence (Glowacz & Courtain, 2017). Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) constatent que sur les participants de l'enquête; huit adolescent-e-s sur quatorze sont mieux outillé-e-s face aux conflits dans leur relation amoureuse. Ils-elles arrivent à sortir de l'impasse avec leur partenaire. Néanmoins, près de la moitié accuse le partenaire d'être la cause du problème sans eux-elles-mêmes se remettre en question. Grynch & coll. (2015), invoquent la résilience comme une ressource pour sortir du cercle de la violence, cependant, cette capacité est mise à mal par les stéréotypes de genre (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll., 2017). Easton & coll. (2014) confirment que l'adhésion à ces stéréotypes est liée à une détresse psychologique et que celle-ci entrave la demande d'aide chez les jeunes hommes (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll. 2017). Taylor & coll. (2017) ajoutent que le langage des adolescents répond aux normes de la masculinité en parlant de la VRA tant en termes de choix et que de contrôle. De plus, les adolescents interrogés ont mis en cause le stress et la colère comme pouvant être des facteurs de risques et même de perpétration de VRA (Taylor & coll., 2017).

Les relations amoureuses font partie du développement normal de l'adolescent-e et permettent à ces derniers-ères de se construire. Les difficultés à court et à long terme d'une relation amoureuse, comme une séparation, peuvent devenir un rempart au bon développement des jeunes, surtout si ces dernier-ère-s manquent de ressources personnelles et utilisent la violence comme moyen d'adaptation. Utiliser cette violence peut engendrer des conséquences psychologiques telles que « pensées suicidaires, dépression et anxiété'> (Ellis & al., 2009, cités dans Taylor & coll., 2017, p.2). La théorie de Taylor & coll. (2017) est appuyée par le fait que les jeunes femmes ont déclaré que les relations familiales, amicales, fraternelles et scolaires sont des ressources personnelles qui participent à la prévention de la violence.

Ces expériences amoureuses participent activement à réaliser « des tâches socio-émotionnelles reposant sur l'équilibre entre recherche d'intimité et affirmation d'autonomie, et cela, au rythme de la découverte de la passion et de la sexualité'> (Glowacz & Courtain, 2017, p.1). De plus, cela permet aux jeunes de développer leur conception de la romance (Glowacz & Courtain, 2017).

La découverte de la sexualité intervient normalement dans les relations amoureuses des adolescente-s cependant, elle peut aussi devenir un facteur de risque favorisant la VRA chez les adolescent-e-s. Bernèche, (2014), recense plusieurs risques, comme avoir des rapports sexuels non protégés, être sexuellement actif-ve avant 14 ans et la multiplication des partenaires. Les jeunes ayant eu trois partenaires ou plus, seront plus à risque d'infliger de la violence à leur partenaire : à savoir 27,2 % pour les garçons et 49,2 % pour les filles (Bernèche, 2014). La recherche démontre que les jeunes qui ont un comportement sexuel responsable (utilisation de préservatif) sont moins nombreux-euses à vivre des relations sous l'emprise de violence (Bernèche, 2014).

Il semblerait qu'il existe une corrélation entre la VRA et le fait de consommer des produits tels que l'alcool et le cannabis et la manière de les consommer. La consommation d'alcool et/ou de cannabis contribue à augmenter tant la victimisation que la perpétration de violences dans la relation amoureuse chez les adolescent-e-s (Bernèche, 2014). La non-consommation de produits diminue de manière significative le risque de VRA, au même titre qu'une personne qui a une consommation élevée (plus de 3-4 fois par semaine) aura un risque élevé de perpétrer ou de subir de la VRA (Bernèche, 2004). Ce constat concerne les élèves du secondaire de manière générale, mais le risque augmente en fin de scolarité (Bernèche, 2004). Dans l'étude menée par Taylor & coll. (2017), les adolescent-e-s justifient

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leurs actes de violence en invoquant l'alcool comme étant la cause de leurs gestes, pensant que la société accepterait mieux leur comportement.

Le contexte familial peut être un facteur originel de victimisation ou de perpétration de violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s (Bernèche, 2014). Parmi ces facteurs, Bernèche (2014) stipule que les adolescent-e-s ayant évolué dans des familles monoparentales ou reconstituées ont plus de risques de subir de la VRA ; l'auteure constate aussi que le risque de violence dans les relations amoureuses des adolescent-e-s est à mettre en corrélation avec le niveau d'études des parents. Trahoré & coll. (2013) évoquent que la défavorisation, qu'elle soit sociale et/ou économique contribue à la violence dans les relations amoureuses, plus le niveau est bas, plus le risque de subir ou d'infliger de la violence est présent (cités dans Bernèche, 2014)

L'exemple familial impacte également la perception de certain-e-s jeunes qui ont vécu de la violence dans leur environnement. Bernèche (2014) présente le milieu familial et socio-économique comme une représentation importante pour les adolescent-e-s. Celle-ci participe à la propension de subir ou a contrario, à infliger de la VRA. Ce même constat est établi par Taylor & coll. (2017), soulignant que les adolescentes mentionnent les violences présentes dans la famille comme pouvant être assimilées à un modèle comportemental qui augmenterait le risque de victimisation ou de perpétration. Les modèles participent à la compréhension de ce que vivent les adolescent-e-s. Pepler (2012) mentionne les ruptures comme étant plus difficiles à surmonter que les violences dans la relation : « la violence étant parfois perçue comme une démonstration d'attention ou une façon de demander de l'attention, voire une preuve d'amour, particulièrement chez les jeunes qui ont grandi dans un environnement familial empreint de violence» (cité dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021, p.10). En d'autres termes, il est plus facile de vivre avec ce que l'on connaît ou l'on a connu que d'être abandonné-e. Taylor & coll. (2017) abondent dans ce sens. Toutefois, lors des entretiens, des adolescentes ont mentionné la famille comme un facteur de protection face aux violences dans les relations amoureuses.

Les adolescent-e-s victimes de violence dans leur relation amoureuse rencontrent également des difficultés dans leur cursus estudiantin comme l'absentéisme, l'abandon afin d'éviter le-la partenair-e (Ball & Rosenbluth, 2008 ; Banyard & Cross, 2008 ; cités dans Taylor & coll., 2017). Pourtant, des adolescents ont mentionné que si les jeunes restaient impliqué-e-s dans leur scolarité et dans leur activité parascolaire, cela leur permettait de ne pas prendre des décisions préjudiciables comme être violent-e avec sa-son partenaire (Taylor & coll., 2017). Les adolescentes ont également mentionné les enseignant-e-s et les personnes de la communauté comme des personnes de confiance pouvant agir sur la protection de la VRA (Taylor & coll., 2017). Les jeunes hommes ont quant à eux identifié plusieurs programmes au sein des clubs scolaires ou des programmes parascolaires, comme une forme de protection contre la VRA, car ceux-ci permettaient de développer des compétences spécifiques comme la communication (Taylor & coll. 2017).

Comme nous l'avons vu précédemment, les pair-e-s jouent un rôle fondamental dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s, ils-elles sont les arbitres. Taylor & coll. (2017) exposent que les adolescentes semblent accorder davantage d'importance aux personnes qui leur fournissent un contexte normé comme facteur de protection que leur environnement physique. De surcroît, les adolescentes évoquent que des relations de mentorat avec leurs pair-e-s agissent en tant que facteurs de protection face au risque de VRA (Taylor & coll., 2017). Les pair-e-s sont important-e-s pour les jeunes filles. De jeunes adultes ont mentionné qu'un nombre insuffisant d'ami-e-s ou grandir seule

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durant l'adolescence sont des facteurs de risques pouvant amener des problèmes liés à l'attachement, les empêchant par conséquent, de quitter leur partenaire violent (Taylor & coll., 2017).

Concernant les garçons, le regard des pair-e-s renvoie à l'adhésion sociale de leurs actes. Munoz-Rivaz et coll. (2021) invoquent les normes sociales comme incitateur pour accepter la violence physique, pour autant qu'il n'y ait pas de blessures graves ou alors si cette violence est infligée par une fille et non pas par un garçon (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). A contrario, la prédominance du genre masculin sur le genre féminin semble encore présente dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s:

Les hommes et les femmes sont socialisés pour des rôles différents avec des partenaires romantiques, et malgré des changements progressifs vers l'égalité des sexes, les interactions des adolescents continuent de mettre l'accent sur la dominance masculine (Hawley & coll., 2008 ; Katz & al., 2002 ; cités dans Taylor & coll., 2017, p. 14).

Selon Feiring (1999) ; Hill & Lynch (1983), les stéréotypes liés au genre dans les rôles d'une relation amoureuse et/ou intime sont plus marqués durant l'adolescence, car les jeunes filles et garçons expérimentent et apprennent les attentes de leur genre (cités dans Taylor & coll., 2017).

Il existe des différences entre les rôles assignés au genre masculin et féminin, et cela engendre des difficultés. Mahalik & coll. (2010) constatent que les garçons, mais également les hommes adultes éprouvent des difficultés à se considérer comme des victimes et par conséquent à demander de l'aide. Ils ne se sentiraient pas pris au sérieux (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Selon Reyes & coll. (2016) cette difficulté trouve ses origines dans les normes sociales stéréotypées (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Le genre masculin est prescrit comme devant être supérieur, combatif et ne pas se laisser guider par ses émotions (Easton & coll., 2014, cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Evoluer dans un milieu empli de violence et adhérer aux stéréotypes du genre masculin engendre un risque considérable de violence au sein des relations amoureuses, mais également, diminue la potentielle demande d'aide pour ces hommes en devenir (Ali & coll., 2011 ; cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

5.3. La VRA, un problème qui manque de visibilité

La violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s peut-être la conséquence du cumul de plusieurs problématiques: violence juvénile, violence domestique, consommation d'alcool et de cannabis. Ceci s'inscrit dans une période marquée de changements significatifs entre l'enfance et l'adolescence. La VRA est une problématique à part entière qui tend à être négligée et reléguée au second plan. Rondeau & coll. (2008) affirment que cette banalisation des relations amoureuses se manifeste tant chez les jeunes que chez les adultes, bien que la violence impacte le développement des adolescent-e-s (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). De surcroît, il faut relever que la VRA n'est pas liée à une classe sociale, ni à un genre (Glowacz & Courtain, 2017).

Bien que cette problématique puisse toucher toutes les strates sociales, la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s et les jeunes est peu considérée au niveau de la société. Par ailleurs, des études constatent des différences entre les formes de violences au sein des relations amoureuses des adolescent-e-s (Glowacz & Courtain, 2017). Les résultats diffèrent par manque de recherche spécifique. Bernèche (2014) constate que les résultats des enquêtes populationnelles sont rares, et celles traitant uniquement de la VRA sont encore peu nombreuses.

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Il en va de même pour les études spécifiques au sein de la VRA. Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) soulignent qu'il en existe encore moins sur la manière dont les adolescents perçoivent leur vécu de violence. Taylor & coll. (2017) expliquent qu'en plus de prendre en compte l'avis et la lecture qu'ont les adolescent-e-s des situations de VRA, il serait judicieux de les mettre en lien avec leur origine et leur âge, afin de permettre le développement de programmes de prévention efficaces. Sears & coll. (2007) affirment qu'il y a un lien entre l'attitude et le comportement qu'un-e adolescent-e adopte face à la VRA en fonction du contexte (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Malgré l'adhésion à cette hypothèse par plusieurs auteur-e-s, Mc Closkey, Lichter (2003) ; Slep & coll. (2001) d'autres remettent en question les résultats des études longitudinales par manque de constance (cités dans Hébert & coll., 2018).

A ce jour, il existe peu de données sur la VRA et ses sous-thématiques, certains thèmes associés à cette problématique sont encore en phase exploratoire. Hébert & coll. (2018), affirment la nécessité « au cours des prochaines années de renforcer la recherche longitudinale, de soutenir la réalisation de méta-analyses, et de donner de meilleurs moyens à la recherche évaluative sur les interventions» (p.122). Les auteur-e-s Fernet & coll., 2016 ; Schumacher & Smith-Slep, 2004 ; précisent que la recherche se concentre sur la protection des adolescent-e-s en général et oublie de faire la distinction avec les besoins spécifiques liés au genre (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). De plus, l'utilisation d'un langage technique ne permet pas aux adolescent-e-s de comprendre de façon optimale la signification complète d'actes de violence (CDC, 2016 ; Rickert, Wiemann, Vaughan, & White, 2004, cités dans Taylor & coll., 2017). Lal (1995) souligne l'importance de la compréhension du langage des adolescent-e-s par les chercheur-se-s et les praticien-nes-s, afin de pouvoir optimiser leur accompagnement (cité dans Taylor & coll., 2017).

5.4. Les champs d'intervention de la VRA : prévention et prise en charge

Les programmes de prévention universelle pour la VRA chez les adolescent-e-s sont peu nombreux. Au Canada et aux États-Unis, ils se concentrent pour l'essentiel directement auprès des jeunes (Hébert & coll., 2018). Selon ces auteur-e-s, les programmes de prévention universelle (qui visent à informer le plus grand nombre de personnes possible) se développeront davantage, si l'élaboration de méta-analyses est effectuée sur des programmes globaux. De plus, Zang & coll. (2011) affirment qu'il est plus favorable de transmettre des outils aux plus grands nombres, au lieu d'outiller les victimes et/ou les agresseur-se-s (cités dans Hébert & coll., 2018). Lavoie & coll. (2012) mentionnent que cette prévention universelle serait bénéfique à l'échelle locale (école, quartier), car des animations seraient dispensées tant aux jeunes qu'aux adultes évoluant auprès de ceux-ci et celles-ci (cités dans Hébert & coll., 2018). Mercy & Tharp (2015) abondent dans ce sens, car il est constaté que l'environnement des adolescent-e-s n'est que peu impliqué dans les programmes de prévention (cités dans Hébert & coll., 2018). Pourtant, il existe des programmes visant à mobiliser la communauté. Coaching Boys into Men dispense des formations courtes à des entraîneurs de sport d'équipe masculine afin de sensibiliser et de développer l'initiation en tant que témoin de VRA chez les adolescent-e-s (Hébert & coll., 2018).

Le contexte de prévention doit être bien compris et ciblé. Hébert & coll. (2018) soulignent qu'il existe de nombreux programmes de prévention interactifs et que la vitesse de transmission des informations, notamment par les réseaux sociaux impacte les programmes de prévention sur la manière d'interagir avec les jeunes.

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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

La prévention ciblée est destinée spécifiquement aux jeunes, ce qui est le cas pour la plupart des actions de prévention outre-Atlantique (Hébert & coll., 2018). Toutefois, certains programmes ont des finalités et des objectifs plus spécifiques et précis. Expect Respect promeut les relations amoureuses saines notamment par le biais des pair-e-s. Le programme propose des groupes de soutien séparés (pour les filles et pour les garçons) dans le cadre de l'école; cela dans le but d'atteindre les jeunes considéré-e-s à risque (Hébert & coll., 2018). Ce programme a fait l'objet d'une évaluation. Le résultat révèle que les jeunes à risque développent des compétences afin de gérer plus sainement leur conflit dans leur relation amoureuse, en les nommant et/ou en les exprimant à des tiers. En revanche, le programme n'a pas permis de diminuer les risques liés à la perpétuation et à la victimisation de la VRA (Ball & coll., 2012, cités dans Hébert & coll., 2018). La prévention par les pair-e-s montre de bons résultats. Fernet & coll. (2019) soulignent que l'accompagnement et le soutien par les pair-e-s sont efficaces et permettent d'accroitre les connaissances au sujet de la violence au sein des relations amoureuses, mais aussi le pouvoir d'agir en développant des compétences communicationnelles et des capacités de résilience (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

Il existe des programmes destinés aux témoins de violences sexuelles et de VRA, la finalité étant de sensibiliser les gens à intervenir en tant que témoins dans ces situations. Les résultats montrent que les personnes sont plus disposées à agir, mais cela ne modifie que peu les croyances, notamment sur le viol et n'incite pas davantage les individus à parler de leurs propres expériences (Storer & coll. 2016, cités dans Hébert & coll., 2018). Cependant, l'unique programme de prévention québécois sensibilisant les jeunes (16 -17 ans) à la thématique des violences sexuelles est le programme PASSAJ (Hébert & coll., 2018).

Taylor & coll. (2011) ont évalué le programme Shifting Boundaries qui intervient auprès de préadolescent-e-s (10-13 ans) visant à promouvoir les relations saines dans les relations amoureuses; les résultats soulèvent une baisse des comportements de victimisation comme le harcèlement sexuel et la violence sexuelle dans une relation amoureuse, mais le programme n'aurait pas de répercussions sur la perpétration de ces violences (cités dans Hébert & coll., 2018)

Le lien entre ces programmes de prévention est qu'ils évaluent principalement l'impact sur la victimisation et ou la perpétration. Loveisrespect (2013) souligne que les facteurs de protection sont trop souvent ignorés dans ces programmes « Instead, programs emphasize protection for victims after the ADV has occurred. In addition, many curriculums tend to not reference protection against ADV perpetration, only victimization» (cité dans Taylor & coll., 2018, p.16). En plus de mettre les facteurs de protection en avant, plusieurs auteurs insistent sur l'importance de la communication, et plus particulièrement du langage dans le cadre des programmes de prévention. Cela permettrait de renforcer le changement et les comportements des adolescent-e-s dans le cadre de VRA. (Ajzen, 1985 ; Peterson & coll., 2016 ; Weisz & Black, 2001, cités dans Taylor & coll., 2017). Un langage préventif et adapté aux jeunes augmenterait les connaissances des violences amoureuses des adolescent-e-s. Ces derniers et dernières soulignent un besoin plus accru de compréhension de la VRA, les jeunes eux-mêmes et elles-mêmes évoquent un besoin d'éducation dans ce domaine (Taylor & coll., 2017).

Il existe peu de programmes spécifiques dans la prise en charge des jeunes victimes ou auteur-e-s de VRA. Toutefois, la création de Violence Prevention Mentoring Program intervient auprès des adolescent-e-s ayant commis des délits avec violence (pas nécessairement de la VRA) ; l'évaluation de ce programme a relevé que les connaissances relatives à la VRA augmentaient mais ne modifiaient pas

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la posture de jeunes sur ce sujet (Salazar & Cook, 2006 ; cités dans Hébert & coll. 2018). Ce programme met également le focus sur la perpétration de la violence.

Il existe un plan de protection destiné aux jeunes vulnérables qui ont été exposé-e-s à de la violence conjugale. Safe Dates répond à un besoin spécifique qui consiste à réduire le risque de victimisation et de perpétuation dans le cadre d'une relation amoureuse chez les adolescent-e-s; l'évaluation de ce programme fait ressortir des résultats satisfaisants concernant la réduction de la victimisation au niveau de la violence physique et psychologique. Ce même constat est fait pour la perpétuation de ces deux types de violence. Toutefois, les résultats ne montrent pas de changements significatifs dans les comportements de victimisation et de perpétuation en ce qui concerne la violence sexuelle (Hébert & coll., 2018).

L'analyse se poursuit sous l'angle de la prise en charge, il s'agit d'évoquer les pratiques proposées par les professionnel-le-s, mais aussi les lieux de l'intervention, il s'agira de comprendre ce qui est entrepris et/ou d'exposer les pistes d'intervention.

Les programmes de prévention évoqués précédemment montraient que certain-e-s jeunes développaient des compétences dans leur pouvoir d'agir ou d'intervenir comme témoins. Selon Glowacz & Courtain (2017), les interventions permettant l'empowerment tant pour les victimes que pour les auteur-e-s favoriseraient l'acquisition de compétences sociales et émotionnelles. Pour Taylor & coll. (2017), les professionnel-le-s accompagnant des adolescent-e-s doivent employer un vocabulaire axé sur l'action et les émotions. Ce travail doit se faire de manière similaire auprès des jeunes femmes et des jeunes hommes. Cependant, les professionnel-le-s doivent être particulièrement attentifs et attentives aux adolescent-e-s. Selon Easton & coll. (2013), la gent masculine serait moins encline à dévoiler les abus subis, mais s'ils bénéficiaient d'un accompagnement, ils seraient plus disposés à le faire, car ils se sentiraient soutenus (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Selon Gynch & coll. (2015), les interventions permettraient d'augmenter la capacité de résilience de ces jeunes hommes et de développer les demandes d'aide et de soutien adéquats (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

Qu'il s'agisse de développer des compétence d'empowerment, de résilience et de mobilisation de ressources, pour les garçons et pour les filles, l'objectif des professionnnel-le-s est d'initier un changement pour gagner en sérénité afin d'instaurer des dynamiques qui ne sont pas empreintes de violence (Glowacz & Courtain, 2017).

Selon Hébert & coll. (2018), l'intervention doit se faire à tous les niveaux avec intensité et s'instaurer dans la durée, l'intervention singulière et isolée ne permettra pas d'amélioration. Les auteur-e-s soulignent que la formation des intervenant-e-s et l'adaptation des outils doivent être encouragées et développées (Hébert & coll., 2018). De surcroît, la prévention doit se baser sur les expériences des adolescent-e-s victimes ou auteur-e-s de VRA et non refléter le point de vue des professionnel-le-s (Taylor & coll., 2018).

L'école est un lieu de fréquentation pour les adolescent-e-s, mais aussi un lieu dans lequel des relations amoureuses se créent. Il existe des programmes de prévention actifs dans le milieu scolaire comme Safe Dates et Fourth R (Hébert & coll., 2018). Parmi les programmes intervenant en milieu scolaire aux États-Unis et au Canada qui ont été évalués, il ressort que seuls trois des programmes (Safe Dates, Fourth R, Shifting Boundaries) montrent des changements de comportement des participant-e-s vis-à-vis de la VRA (Koker & coll., 2014, cités dans Hébert & coll., 2018). Taylor & coll. (2018) soulignent le

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manque d'éducation sur les violences dans les relations amoureuses dans le milieu scolaire, surtout lorsque l'on se réfère aux chiffres élevés de la VRA. Selon les auteur-e-s (Taylor & coll., 2018), cela nécessite d'évaluer les programmes mis en place par les institutions scolaires surtout lorsque les jeunes eux-mêmes et elles-mêmes expriment le besoin d'être mieux informé-e-s sur cette thématique, les programmes doivent aller plus loin que de présenter et définir la VRA :

Adolescents also requested that dating violence be discussed, openly and honestly, by both adolescents and adults. Adolescents asked that dating violence awareness be incorporated into the high school's learning agenda. (p.13)

Dans le cadre de leur entretien, de jeunes filles ont mentionné que l'éducation dispensée durant leur scolarité se focalisait sur une sexualité saine « We need relationship classes, because there are so many messed up relationships, but the only thing I ever learned in school is safe sex, that's all I ever learned (Taylor & coll., 2018, p.14).

Les travaux de Taylor & coll. (2018), montrent le besoin des adolescent-e-s de pouvoir être informé-es et de pouvoir échanger librement et honnêtement de la VRA avec des adultes.

Si l'école est un lieu dans lequel il est courant de rencontrer la thématique de la sexualité, d'autres thématiques doivent être aussi abordées. Selon Lafrenayse-Dugas & coll. (2021), il est nécessaire de mettre en place des programmes d'éducation sexuelle, de prévention de la violence afin de diminuer l'impact des stéréotypes de la masculinité, mais également endiguer la tolérance face aux comportements violents.

Hébert & coll. (2018) constatent que si certains programmes n'interviennent qu'en milieu scolaire, Safe Dates et Fourth R proposent un accompagnement extra muros en offrant un service d'aide aux victimes, des séances d'informations pour les représentant-e-s légaux-légales, des documents écrits (livres, flyers) visant à impliquer les proches et la communauté des jeunes à prévenir la VRA.

Cependant, la thématique des violences amoureuses chez les adolescents (garçons) manque de documentation et de ressources. L'intervention en amont pour la sensibilisation sur le thème des relations amoureuses et sujets associés chez les jeunes, auprès de ceux-celles-ci, des professionnel-es et de tout autre adulte dans l'environnement des adolescent-e-s, exige un travail à grande échelle (Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

Au niveau pénal, nous n'avons pas recensé beaucoup d'information à ce sujet. Mis à part, le Violence Prevention Mentoring Program agissant auprès de jeunes adolescent-e-s auteur-e-s de violence qui ne montrait pas de modification de posture (Salazar & Cook, 2006 ; cités dans Hébert & coll. 2018). Glowacz & Courtain (2017) avancent qu'une prise en charge judiciaire trop précoce pour des jeunes a « un risque d'effets délétères pour l'auteur et la victime, notamment en termes de stigmatisation » (p.17).

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