I.2.3. APPROCHES DE LA
MONNAIE
I.2.3.1. LA VISION
FONCTIONNALISTE DE LA MONNAIE : ORTHODOXIE MONETAIRE
L'approche fonctionnaliste limite son analyse de la monnaie
aux trois fonctions canoniques qui lui sont traditionnellement
assignées. L'argent est alors considéré comme un
équivalent général, « voile neutre »,
permettant de faciliter les échanges. Les questions ayant trait à
la nature profonde de la monnaie sont détournées de l'analyse.
Cette vision fortement restrictive de la monnaie trouve son fondement
analytique dans l'histoire de la pensée économique au sein de
l'oeuvre d'Adam Smith, « père fondateur » de
l'économie politique. Ainsi, sans nier l'existence et l'utilité
de la monnaie dans une économie où le travail est socialement
divisé, dans le livre I (chapitre IV) de la Richesse des
nations, Adam Smith avance implicitement
l'idée selon laquelle la monnaie n'est qu'un
« voile » au sens où les échanges sont
réels. L'idée centrale, et historique, d'Adam Smith réside
dans la double équivalence qu'il établit : d'une part entre
marchandise et monnaie, et, d'autre part entre quantité de travail et
marchandise. Ce faisant, Adam Smith instaure une vision réelle de
l'économie, c'est-à-dire que les échanges peuvent
être pensés en faisant abstraction de la monnaie. Il est à
ce titre un précurseur de l'orthodoxie économique et
monétaire. Adam Smith, Enquête sur la nature et les
causes de la richesse des nations, PUF, Paris, 1995.Pdf
I.2.3.1.1. D'unité de
compte
La première fonction que l'approche fonctionnaliste
attribue à la monnaie est celle d'étalon de valeur, ou,
d'unité de compte. En effet, alors que le troc ne permet de
déterminer la valeur d'une marchandise que par rapport à une
autre marchandise, avec la monnaie, il devient possible de mesurer la valeur
des différents biens de manière absolue ou relative. En ramenant
ainsi toutes les évaluations possibles d'un bien exprimées en
termes d'autres biens en une seule évaluation exprimée en
monnaie, cette dernière permet de réaliser une importante
économie de calculs et d'informations. La monnaie s'apparente alors
à un langage permettant d'homogénéiser, d'évaluer
et de hiérarchiser les différents biens présents dans
l'économie. De par sa fonction d'unité de compte, la monnaie se
veut être :
« Une unité de mesure commune grâce
à laquelle les prix individuels des différents biens et les
transactions sont évalués dans un langage chiffré commun
à tous les membres de la communauté de paiements
considérée »
Sylvie Diatkine, Institutions et mécanismes
monétaires, Armand Colin, Paris, 1992 : p. 15, 16.
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