I.2.2. AGREGATS MONETAIRES
La monnaie au sens large est constituée par des moyens
de paiement différés, c'est-à-dire transformés en
liquidité avec un certain délai.
Ainsi il y a une Frontière entre actifs
monétaires et actifs financiers.
Un actif monétaire est actif avec lequel vous pouvez
« rapidement acheter des biens et des services sans frais».
Il existe diverses mesures de la masse monétaire et
cela d'après la politique de chaque pays. Chacune de ces mesures place
différemment la frontière entre les actifs monétaires et
non monétaires et délimitent les différentes masses
monétaires et leurs composantes notamment :
M1 = Billets + Pièces + Dépôts sur
comptes à vue munis de chéquiers.
Intitulée autrefois les disponibilités
monétaires, la masse monétaire M1 désigne l'agrégat
monétaire le plus étroit. Sa statistique est composée de
la monnaie fiduciaire (la monnaie hors banque centrale) et de la monnaie
scripturale (la somme des dépôts à vue). Elle a pour objet
de mesurer les encaisses que les agents économiques détiennent
pour régler leurs transactions (critère fonctionnel). Une bonne
partie de ces actifs monétaires est détenue par les entreprises.
Le taux de croissance de cette statistique est généralement
utilisé pour prévoir l'activité courante et future de
l'économie. Pour convertir ces encaisses en termes réels, la
statistique est rapportée à un indice des prix. La statistique M1
a été souvent considérée comme l'agrégat le
plus stable (prévisible). L'expérience de plusieurs pays
développés a cependant confirmé que cette stabilité
n'est plus vérifiée dans le temps. La distorsion de cet
agrégat a été expliquée par l'influence de nouveaux
facteurs spéciaux dont l'innovation, la déréglementation
de l'activité et la déspécialisation des
établissements financiers.
M2 = M1+ Dépôts quasi-monétaires
(la presque monnaie).
La monnaie M2 est un agrégat plus large que le
précédent (broad money). Elle est composée de M1 et
d'autres dépôts plus stables (les actifs quasi-monétaires).
La quasi-monnaie (presque monnaie) a été définie comme
« l'ensemble des actifs liquides des agents non-financiers qui ne sont pas
utilisés dans l'immédiat, pour l'acquisition des biens et des
services sans coûts de transaction ». Cet agrégat M2 a
été quelquefois, utilisé comme cible intermédiaire
à l'occasion de la conduite de la politique monétaire.
La quasi-monnaie présente des inconvénients tels
que le déplacement vers le guichet bancaire (temps et transport),
l'attente (file d'attente), le retrait de la monnaie avec Transaction.
M3 = M2 + Dépôts contractuels + Emprunts
obligataires émis par les banques.
Elle comprend M2 ainsi que d'autres ressources du
système monétaire
M4 = M3 + Emprunts de l'Etat auprès du Public
(emprunts nationaux + les bons du trésor + les bons d'équipement)
+ titres de créance interentreprises qui sont émis sur le
marché monétaire.
D'avantage plus large, cette statistique est composée
de M3 ainsi que d'autres actifs qui sont demandés par le public mais qui
ne constituent pas des ressources pour les banques (les intermédiaires
financiers).
C'est l'agrégat utilisé par la Banque Centrale
de Tunisie et d'autres pays du Maghreb pour analyser l'évolution du taux
de liquidité de l'économie.
En effet, d'une manière un peu simpliste, Fisher
décrit l'influence de la masse monétaire sur l'économie
d'après sa célèbre équation MV=PT.
M est ici la masse monétaire donc l'ensemble des moyens
de paiement disponibles.
V est la vitesse de circulation de la monnaie
c'est-à-dire le nombre de fois où un même moyen de paiement
va changer de main en un temps donné (un même billet de cinq
francs me servira à acheter une baguette de pain mais sera rendu au
client suivant contre un billet de 10 francs par ma boulangère. Ce
client pourra ensuite payer son café au Bar juste à
côté avec mon billet de cinq francs qui sera ensuite rendu
à une autre personne... et ainsi de suite).
P est l'indice général des prix à savoir,
pour faire simple le coût du panier de la ménagère.
T représente le volume des transactions
c'est-à-dire le volume physique de biens et services
échangés.
D'une manière logique on peut comprendre que V et T
sont fixes et à court terme. C'est-à-dire, ne jamais s'imaginer
que par vitesse, je vais me mettre à courir soudainement pour
dépenser le billet que l'on vient de me remettre, et au niveau des
transactions cela induit une augmentation de la production des entreprises ou
des importations, ce qui ne se fait pas de manière immédiate.
Les seules variables restent donc M et P. Comme nous sommes
dans le cadre d'une égalité, fatalement toute augmentation de M
entrainera une augmentation de P. Soit l'équation :
?MV=?PT
Donc si on augmente la quantité de moyen de paiement
(planche à billet), la monnaie circulera bien sûr et on augmente
en même temps les prix puis le produit s'écoulera sans
problème; mais on génère de l'inflation.
Prof.LUKETO, M., Cours de Gestion financière, L1SCAD,
inédit, 2020
En résumé, la masse
monétaire inclut non seulement l'argent liquide mais aussi les
dépôts dans les banques et les autres institutions
financières qui sont aussi réalisables en argent liquide.
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