II.1.3. LES CONCOURS FINANCIERS
ALLOUÉS PAR LE FMI
Le FMI accorde ses concours financiers
d'ajustement aux pays connaissant des problèmes d'équilibre de
leur balance des paiements. Les instruments de prêts sont nombreux :
aux accords dits de confirmation mis en place en 1952, qui restent à ce
jour le principal support des prêts, cinq autres modalités
d'octroi de crédits existent aujourd'hui (qu'il s'agisse du
mécanisme élargi du crédit -- MEC -- ou de la
ligne de crédit préventive), mais tous ont, peu ou prou, des
caractéristiques identiques.
Ces crédits sont assortis de conditions.
Ils sont temporaires et sont décaissés selon le
mécanisme de financement sollicité par l'État demandeur
pour une période allant de six mois à quatre ans. Ils sont
remboursables : le FMI n'est ni une agence d'aide, ni une banque
de développement et, à la différence des prêts
alloués par ces dernières, les concours du FMI ne sont pas
destinés à financer des projets ou des secteurs d'activité
spécifiques. Ils font l'objet d'un dépôt auprès de
la banque centrale de l'État récipiendaire à seule
finalité de compléter ses réserves de change. En dernier
lieu, l'octroi de ces prêts est subordonné au respect de la mise
en oeuvre effective d'une politique économique convenue entre les
autorités de l'État bénéficiaire et les
autorités du FMI. Cette tendance s'est notablement accrue au cours des
années 1980 et marque une plus grande intervention du FMI sur la
structure productive et financière des économies nationales par
le biais des politiques dites d'ajustement.
Sur la période 1947-2000, les pays qui
ont le plus fortement sollicité le FMI sont le Mexique (pour
20 milliards de DTS), la Corée (18 milliards), la Russie
(16 milliards), le Brésil (13 milliards) et l'Argentine
(11 milliards).
II.1.4. LE RÔLE DU FMI
DANS L'ÉVOLUTION DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
L'immédiat après-guerre
La création du FMI caractérise
le renouveau institutionnel qui marque cette période. Le Fonds veille
à ce que les comportements monétaires non coopératifs de
l'entre-deux-guerres, qui sont à l'origine de crises qui ont
alimenté l'esprit belliciste de nombreux États, ne se
reproduisent plus. Il s'agit alors de mettre sur pied un nouveau système
monétaire international (SMI) contribuant à la stabilité
du cours des monnaies. Cet objectif s'est concrétisé par
l'adoption d'un régime de changes fixes mais ajustables où les
cours sont susceptibles de varier dans le cadre de marges de fluctuation a
minima et a maxima définies de manière
concertée.
Les désordres monétaires des
années 1970
Les règles, qui fondaient l'ordre
monétaire instauré en 1944, sont brutalement bouleversées
après la décision du gouvernement américain de supprimer
ce système de change fixe en refusant, dorénavant, d'assurer la
convertibilité du dollar en or (août 1971). Cette décision
ouvre une période de flottement généralisé des
monnaies, un système qui sera officialisé en 1976 avec la
signature des accords de la Jamaïque. Une logique de marché se
substitue à une forme de gouvernance mondiale
contrôlée : les capitaux et devises circulent librement,
prétexte à des mouvements spéculatifs de grande ampleur
qui renforcent les déséquilibres affectant la balance des
paiements de nombreux États. Cette situation face à laquelle le
FMI s'est trouvé mis de fait a affaibli d'autant son rôle
d'arbitrage qui s'est vu réduit à la portion congrue.
Les années 1980 : la gestion de la dette
Durant cette période, les ressources du FMI
servent essentiellement à résorber la crise mondiale de
l'endettement, due aux prêts excessifs octroyés aux pays en
développement. En 1982, le Mexique suspend le service de sa dette,
c'est-à-dire son remboursement, bientôt suivi par d'autres pays
d'Amérique latine. Nombre de prêts viennent à
échéance en 1982-1983 et ce continent se voit dans l'obligation
de transférer vers le FMI davantage de flux financiers qu'il ne peut
espérer en recevoir. Cette spirale de l'endettement ouvre une
période caractérisée par la mise en place de politiques
d'ajustement structurel des économies marqué par la succession de
divers plans de rééchelonnement ou de conversion de la dette
(plan Baker en 1985, plan Brady en 1988).
Les années 1990 : les institutions
financières internationales sous les feux de la critique
Si le poids de l'endettement continue de
jouer son rôle de goulet d'étranglement, les crises de change qui
se succèdent durant cette période sont d'une nature quelque peu
différente. Certaines ont concerné les pays industrialisés
(notamment l'Europe en 1992 et 1993 avec la crise du Système
monétaire européen), mais elles frappent surtout les pays
émergents : le Mexique en 1994, plusieurs pays asiatiques en 1997,
la Russie en 1998, le Brésil l'année suivante et l'Argentine en
2001. À chaque fois, un scénario quasi identique se
produit : un mouvement spéculatif sur telle ou telle devise aboutit
à une forte dépréciation de sa valeur, laquelle provoque
une fuite des capitaux qui entraîne un déficit de la balance des
paiements. Le pays qui en est victime sollicite alors l'intervention du FMI
qui, en contrepartie des crédits qu'il alloue, exige de l'État en
question des « ajustements ».
C'est la pertinence de ceux-ci qui marque la
limite de l'intervention du FMI dans la gestion des crises monétaires.
En dépit de concours financiers importants (le Mexique s'est vu
attribuer un prêt de 17,8 milliards de dollars en 1994, le continent
asiatique a reçu en l'espace de deux ans plus de 36 milliards de
dollars de crédits), la « conditionnalité »
qui a présidé à l'attribution du soutien du FMI est
aujourd'hui l'objet de contestations diverses.
Les politiques d'ajustement prônées par
le FMI se caractérisent par une stricte orthodoxie en matière de
finances publiques, laquelle s'exprime, en premier lieu, par des exigences
très fortes en matière de politique budgétaire. Il s'agit,
le plus souvent, d'accroître les recettes mais surtout de réduire
les dépenses courantes (dépenses de personnel que l'on ne peut
abaisser qu'en réduisant les salaires ou en diminuant le volume
d'emploi) et de sélectionner plus sévèrement les
dépenses d'investissements en les orientant vers des domaines
d'activité susceptibles d'engendrer des revenus en devises qui
permettraient d'assurer le service de la dette.
Dans cette optique, tout
déséquilibre de la balance des paiements s'analyse comme le
résultat inéluctable d'une gestion dispendieuse, une
hypothèse devenue classique. En plaçant l'austérité
monétaire et fiscale au centre des politiques d'ajustement, l'action du
FMI a pu contribuer à amplifier les effets récessifs
engendrés par un désordre boursier qui, à l'origine, n'est
imputable qu'à la seule défaillance du marché des capitaux
privés. Or, en ignorant cette réalité ou du moins en
minorant l'effet causal de ce type de comportement, et en imposant une
conditionnalité macroéconomique très stricte, l'action du
FMI ne laisse guère de place aux réflexions sur les
conséquences sociales et politiques, souvent extrêmes, des
politiques d'ajustement proposées. La crise argentine des
années 2001-2002 reste l'illustration parfaite de ce
paradoxe : elle a coûté son poste à un
président de la République, plongé le pays dans un
état de quasi-faillite et jeté dans les rues des milliers de
nécessiteux alors même que l'Argentine, jusque-là
financièrement soutenue, figurait sur la liste des « bons
élèves » du Fonds. La réforme de l'architecture
financière mondiale reste plus que jamais le défi auquel le FMI
doit s'atteler.
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