WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etudes des principaux déterminants du non enregistrements des actes de naissance en Haïti : cas de la juridiction de Miragoàne de 1990 à  2000


par Benoit CLEMENT
Cornerstone Christian University - Maitrise 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre I. Cadre théorique et méthodologique de la recherche

Dans ce chapitre, nous tachons de définir très précisément la problématique de notre travail, laquelle constitue l'élément central de notre recherche. Il se subdivise en deux sections. Dans la première, nous avons spécificité le problème de notre recherche et accentué sur les notions générales ayant rapport à notre sujet de recherche. La deuxième fait état des connaissances théoriques de plusieurs auteurs qui ont écrits sur les faits d'état civil en Haïti et dans le monde puis aborde également l'approche méthodologique qui a servi de fil conducteur à cette étude tout en précisant les techniques et instruments de collecte des données.

Section 1 : Problématique et concepts appropriés

1- Problématique

Le phénomène du non enregistrement de l'état civil en son essence semble être un fléau mondial. D'après certains observateurs, il aboutit au même résultat tant dans les pays sous-développés que dans les états en développement. Toutefois, il pourrait avoir un accent plus prononcé dans les pays dits pauvres.

Les Etats et les organisations internationales ont fait de ce phénomène une préoccupation. De nombreuses actions en témoignent. En 1946, le Fonds International de Secours à l'Enfance (en anglais United Nations International Children's Emergency Fund, UNICEF) fut crée. Cette institution qui est consacrée à l'amélioration et à la promotion de la condition des enfants, en 1953, est devenue un organe permanent du système des Nations Unies. (Vie-Publique, 2020).

Pour sa part, l'UNICEF intervient directement dans la question de l'état civil. Un peu partout dans le monde, elle accompagne et développe les systèmes de collecte des données (Regard-Femmes, 2017). En Haïti, cette institution des Nations-Unies travaille de concert avec le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique pour relever le taux d'enregistrement des naissances, l'un des plus bas de la région de l'Amérique latine et les Caraïbes (Reliefweb, 2021).

Le 20 novembre 1959, l'Assemblée générale de l'ONU approuve à l'unanimité une déclaration des droits de l'enfant. Ce document dans ses dispositions fait injonction aux Etats de faire de la question de l'enregistrement un droit humain fondamental. L'Etat a pour obligation de mettre tout en oeuvre de le faire connaitre à tous mais également de l'appliquer.

Agissant ainsi, le but de l'ONU serait de faire en sorte que les systèmes d'état civil du monde entier soient fonctionnels. C'est encore loin d'être le cas aujourd'hui, parce que les résultats et les progrès enregistrés semblent encore insuffisants. Une preuve c'est que les taux de complétude et de couverture de l'enregistrement des faits d'état civil demeurent encore en-deçà de 40 % dans la majorité des États membres (ONU, 2003).

Selon les dernières estimations de l'UNICEF, 237 millions d'enfants de moins de 5 ans dans le monde ne détiennent pas actuellement d'acte de naissance (UNICEF, 2017). Par ailleurs, cette institution tente d'expliquer à travers le même document, d'une part, pourquoi l'enfant doit être enregistré. D'autre part, comment se fait-il que chaque année, plus de 50 millions de naissances ne sont pas enregistrées ? D'après les données récentes de l'UNICEF sur le continent africain, l'enregistrement à la naissance des enfants de moins de 5 ans en Afrique est de 52 pour cent. Pourtant en Asie du Sud, deux enfants sur trois ne sont pas déclarés à la naissance et n'ont donc aucune trace officielle de leur nom, de leur famille ou de leur date et lieu de naissance. Selon les statistiques sanitaires mondiales de 2012, les deux pays les plus peuplés du monde (la Chine et l'Inde, qui totalisent à elles deux 2,5 milliards d'habitants) ne disposent pas de systèmes d'enregistrement des faits d'état civil fonctionnels. Leurs statistiques de mortalité sont donc issues d'enregistrement par échantillons.

Haïti, pour sa part, situé l'Amérique central notamment dans le bassin de la Caraïbes, Haïti est un pays des Grandes Antilles, qui occupe le tiers occidental de l'île d'Hispaniola. Elle partage cette grande île, la plus peuplée des Antilles, avec la République dominicaine. C'est le seul pays francophone indépendant des Caraïbes. Il est également le seul pays de la région caribéenne où la démographie est la plus élevée avec une population de 11 591 279 habitants (2019). Son taux de croissance démographique est de l'ordre de 1,52 % par an. En effet, selon les statistiques produites par la Banque Mondiale en 2015, l'Indice Synthétique de Fécondité (ISF) du pays est de 3 enfants/femme (Banque Mondiale, 2019). La situation démographique semble inquiétante pour plus d'un. Eu égard à la question de l'enregistrement des naissances, les autorités étatiques, semblent accorder davantage attention à la protection des enfants, cette frange de la population sur laquelle repose l'avenir du pays. Le cadre juridique et institutionnel du système de l'état civil semble bien établi. Il est constitué non seulement un d'outils juridiques tant internationaux que nationaux de protection des droits de la personne mais aussi et surtout des instituions et d'acteurs impliquant dans le domaine.

Eu égard aux instruments internationaux, maintes tentatives ont été entreprises par les différents gouvernements notamment durant les trois dernières décennies (1989-2019) pour contrer ce phénomène. Citons à titre d'illustration : le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966, ratifié par Haïti le 23 novembre 1990 ; La Convention relative aux droits de l'enfant (novembre 1989), ratifiée par Haïti le 30 août 1994. L'approbation de ces instruments juridiques voudrait dire que l'Etat haïtien reconnait les droits qui s'en sont contenus, accepte de les respecter et s'engage à les faire connaître.

Il est à souligner qu'au regard de l'article 276-2 de la Constitution de 1987 amendée en 2011, Haïti a fait choix d'un système moniste à primauté du droit international. On entend par là que le point de départ est que le droit international et le droit interne font partie originellement d'un seul ordre juridique, d'un seul phonème global, il n'y a pas de séparation nette et entière entre l'ordre juridique international et interne. Pour cela, les traités internationaux signés et ratifiés sont directement applicables dans l'ordre juridique interne. Ainsi, les traités internationaux signés et ratifiés sont directement applicables dans l'ordre juridique interne. L'article se lit : Les Traités ou Accords Internationaux, une fois sanctionnés et ratifiés dans les formes prévues par la Constitution, font partie de la législation du pays et abrogent toutes les lois qui leur sont contraires.

A l'interne, les cadres juridiques pour l'enregistrement et la documentation des personnes semblent traduit une certaine volonté des gouvernements en vue d'enregistrer et de déterminer les personnes. Ce qui peut être assimilé à une approche basée sur le respect des droits des personnes et l'exercice de la pleine citoyenneté. A côté de la Constitution en vigueur qui intègre les conventions internationales et reconnaît l'identité comme un droit de l'homme inhérent à la personne qui doit être garanti par l'État. Au fil du temps, de nouveaux décrets et arrêtés sont apparus. L'objectif serait de faciliter l'accès à l'enregistrement des naissances et aux documents en vertu de la loi, conformément aux tendances mondiales définies dans les conventions et traités internationaux.

Entre 1995 à 2019, un décret et trois arrêtés ont établi chacun un délai légal de 5 années pour l'enregistrement en temps voulu des personnes physiques dépourvues d'acte de naissance pour faire régulariser son état civil. En vertu de ces arrêtés, tous les enregistrements de naissance qui ont lieu pendant la durée prévue sont exemptés des frais de procédures. Ces décisions juridiques (décrets et arrêtes) ont-elles atteint leur objectif ?

Sur le plan institutionnel, actuellement, sur toute l'étendue du territoire national, environ 200 bureaux d'état civil fonctionnant sous la juridiction de moins de 20 tribunaux civils, moins de 10 inspecteurs et moins de 20 contrôleurs. Trois institutions étatiques interviennent dans la gestion du système de l'état civil en Haïti. Ce sont le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique qui, à travers le service d'inspection et de contrôle de l'état civil de la Direction des Affaires Judiciaires, détient la responsabilité de recrutement, de nomination, de contrôle, de supervision des officiers de l'état civil dans la réalisation de leurs fonctions. Sur la base de ces prérogatives, il est clair que l'état civil haïtien fait partie intégrante du Ministère de la Justice et de la Sécurité publique qui assure la gestion des ressources financières, humaines et financières allouées à ses différentes activités. Le Ministère des Affaires Etrangères intervient dans le cadre de l'état civil pour les haïtiens vivant à l'étranger, en participant à l'enregistrement des évènements par l'entremise des missions diplomatiques ou consulaires. A cet effet, il est ouvert auprès de chaque mission diplomatique ou consulaire un bureau qui s'occupe du service d'état civil. Le Ministère de la Culture via les Archives Nationales d'Haïti (ANH), de leur côté, constituent depuis le décret du 20 mars 1986, une structure déconcentrée du Ministère de la Culture et de la Communication (Moniteu#26, 1986). Avant cette date, elles étaient sous la tutelle du Ministère de la Justice. Fondées le 20 août 1860 sous le gouvernement du président Fabre Nicolas Geffrard, les Archives Nationales sont une des plus anciennes institutions d'Haïti.  Elle est une des seules à avoir célébré son tri-cinquantenaire d'existence continue en Amérique latine. Elles ont pour mission de stocker, protéger et conserver le double des registres de l'état civil haïtien, en particulier, et le patrimoine écrit de la république de manière générale. Le reposoir des registres de l'Etat civil, elles sont habilitées à fournir, sur demande, un extrait aux requérants nationaux. Il est à noter que cet extrait est l'un des rares documents officiels acceptés par les instances, tant nationales qu'internationales, pour les inscriptions à l'Université ou pour entreprendre les démarches relatives aux voyages vers les pays étrangers (Rousseau, 1991).

En dépit de tout sur les plans juridiques et institutionnels, la question de l'état civil notamment l'enregistrement des naissances reste d'une grande complexité. Nombreux sont les gens qui ont reconnu que la question du non enregistrement constitue un grand défi pour notre société. Le système haïtien semble ne pas parvenir à enregistrer la totalité des naissances d'une année, ni a fournir sans difficulté copie de l'acte à ceux ou celles qui en ont besoin. Les rapports des institutions tant nationales qu'internationales et les déclarations des autorités étatiques sur cet état de fait sont légions. Selon un rapport d'enquête de plusieurs organisations internationales comme l'Organisation des Etats Américains (OEA), le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque Inter Américaine pour le Développement (BID), publié en 2009, montre que 40% des Haïtiens ne sont pas inscrits sur les registres de l'état civil ou l'ont été irrégulièrement et ne disposent donc pas d'acte de naissance valable (PNUD, 1999). Il faut mentionner que d'énormes progrès se réalisent dans l'intervalle. Des avancées considérables sont donc faites en termes de progrès vers la réduction du taux des personnes non enregistrées. Selon les statiques de l'UNICEF, en février 2020, le taux d'enregistrement à l'état civil des enfants de moins de 5 ans, est de 85 pour cent. Il est vrai que la situation d'enregistrement s'améliore de manière spectaculaire. Pas de quoi se réjouir pour autant car, même avec ce score, cela n'empêche qu'Haïti reste l'un des pays du continent américain ayant les plus bas taux d'enfants enregistrés à l'État civil (UNICEF, 2020).

Par ailleurs, la déclaration de monsieur Bertrand Wilfrid, actuel directeur des Archives Nationales, établit clairement l'évidence que le pays est confronté à des problèmes cruciaux relatifs à l'enregistrement de ses ressortissants. Selon le directeur, le quart de la population n'est enregistré nulle part et n'existe pas pour l'Etat (Nouvelliste, 2021). Pourquoi donc une situation ?

Ces chiffres témoignent en quelque sorte le niveau de gravité de la situation de non enregistrement des naissances dans le pays. À côté de cela, certains pensent que la situation est encore pire. En ce sens, ils avancent deux raisons majeurs. D'une part, de nombreux actes de naissance émis par les officiers d'état civil sont en effet, pour les autorités étrangères dont celles de France, entachés d'irrégularités, falsifiés, facilement falsifiables, non répertoriés, non enregistrés, ou enregistrés suivant des procédures irrégulières (Bertin et Drogue, 2010). D'autre part, l'acte de naissance original qui serait, selon la loi haïtienne, un papier a valeur authentique, n'est pas toujours considéré comme un document fiable par les autorités haïtiennes. Par conséquent, cet acte de naissance dont la possession est exigée par la loi ne permet pas d'effectuer certaines démarches de la vie courante, telle que l'obtention d'un livret de passeport par exemple. Le document officiel qui revêt une véritable force probante est l'extrait des archives, car il est censé offrir de meilleures garanties d'authenticité (France, 2012).

Cela dit, qu'une personne pourrait toujours avoir son acte de naissance alors que cet acte n'est enregistré nulle part. Plusieurs interrogations peuvent être suscitées par cette situation. Quelle est la valeur réelle de cet acte de naissance ? Quelles sont les obstacles à l'enregistrement de l'acte ?

Suivant les dispositions de l'article 45 du code civil haïtien, chaque année, entre le 1er janvier et le 10 février, l'officier de l'état civil est tenu de transférer les registres aux Parquets de la juridiction du ressort du bureau de l'état civil de sa juridiction. Cette disposition du code n'est-elle pas connue ou suivie par les officiers de l'état civil ?

Faute de statistique, nous ne pouvons pas dire avec justesse le nombre exact de compatriotes haïtiens se trouvant dans cette situation. Toutefois, cette situation préoccupe une bonne partie de la population qui sont victimes soient direct ou indirectement. La population vivant dans la juridiction de Miragoâne pourrait être, sans doute, fait partie des nombreuses personnes du pays dont leurs actes de naissance ne seraient pas régulièrement répertoriés au bureau des Archives Nationale. C'est par ce souci, par cette préoccupation au regard de l'importance de l'enregistrement que le sujet : Etudes des principaux déterminants du non enregistrements des actes de naissance en Haïti. Cas de la juridiction de Miragoâne de 1990 à 2000 a été choisi.

Sur le plan pratique, le choix d'un tel sujet fait également l'objet de notre vécu quotidien. Le phénomène de non enregistrement des actes de naissance est une réalité profonde, tenace et présente. En qualité de fonctionnaire attaché au service du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP), posté à un bureau d'état civil, à longueur de semaine une pléiade d'individus, en majorité des jeunes de moins de vingt (20) ans, défile au bureau en vue de trouver des renseignements sur les procédures à engager à propos de leurs actes de naissance qui ne sont pas enregistrés aux bureaux des Archives Nationales. C'est fort de ce constat, qu'il nous parait légitime de livrer nos réflexions et propositions sur ce problème d'importance de la vie nationale dont on ne doute pas que plus d'un ont déjà, à un certain niveau, exploré.

Dans les différentes approches adoptées par les institutions internationales surtout l'UNICEF, elles considèrent le phénomène de non enregistrement comme le fait pour un individu, en particulier un enfant, de ne jamais été déclaré, c'est-a- dire enregistrer à un niveau quelconque de l'état. Notre préoccupation ne se situe pas à ce niveau. Dans le cadre de cette recherche, nous cherchons à comprendre le phénomène du non enregistrement à un niveau plus particulier. Nous tâchons à comprendre comment et pourquoi certains individu en Haïti aient leurs actes de naissance quand ils se rendent aux bureaux des Archives pour trouver un extrait, la réponse est parfois négative.

Question formulées

Convenant que notre expérience de praticien au sein d'un bureau de l'état civil a influencé en partie le choix de notre sujet de recherche, nous optons pour une approche consistant en l'examen des conditions de fonctionnement des bureaux de l'état civil dans la juridiction de Miragoâne sur une vingtaine d'années environ. Analyser l'univers de travail des officiers dans le système d'état civil haïtien, sous l'angle de l'encadrement qui les concerne.

Question de départ

Devant l'ensemble de questionnements que pourrait susciter le sujet, nous adoptons une question de recherche principale. La question centrale de notre recherche se formule ainsi: Qu'est-ce qui pourrait expliquer qu'une personne ait son acte de naissance, au delà du délai fixé par la loi pour qu'il soit transmis au bureau des Archives Nationales, ne le trouve pas consigné dans les registres du dit bureau?

Questions secondaires

Pour en arriver à répondre à ces interrogations, nous formulons les sous-questions suivantes qui vont guider notre recherche :

1. Qu'est-ce que les recherches antérieures nous apprennent sur les différentes dimensions de la question de l'enregistrement des actes de naissance ?

2. A quel niveau de l'appareil étatique se situe le problème du non enregistrement des actes de naissance ?

3. Qu'est-ce qui doit-être fait pour enrayer ce problème ?

Hypothèse scientifique du travail

Plusieurs définitions ont été proposées autour du concept hypothèse. Dans le cadre de notre travail nous retenons celle de Grawitz Madeleine pour sa simplicité.

Une hypothèse, d'après Grawitz M., c'est une proposition de réponse à une question posée. Ce sont donc des thèses préalables que le chercheur émet en fonction des observations empiriques qu'il a faites. En tant que tel, elle appelle à la vérification à travers expérimentation et analyse. (Grawitz, 2001)

Ainsi définit l'hypothèse, par souci de méthode, nous hiérarchisons nos hypothèses en l'hypothèse générale et les hypothèses secondaires. Il importe maintenant de donner réponse à nos questions de départ.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite