C. Une augmentation des inégalités au
niveau sociétal
1. Le modèle de HOS (1933) et Stopler Samuelson (1940)
a) Le modèle HOS
L'augmentation des inégalités sociales
liée au processus de mondialisation est un enjeu actuel. Il fait l'objet
de théorie explicative ainsi que d'étude empirique.
Premièrement, nous pouvons notifier le modèle
Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS) élargi avec l'hypothèse de
Stopler et Samuelson, comme étant un apport théorique
relativement important dans le domaine du commerce international et de la
répartition des revenus au sein des pays.
Le modèle HO est initialement créé en 1933
puis complété en 1941 par Stopler et Samuelson.
Il vient ainsi compléter l'analyse classique
ricardienne en ajoutant certaines hypothèses notamment la
présence de deux facteurs de production : le travail et le capital. Le
modèle affirme que chaque pays a intérêt à produire
des biens pour lesquels le facteur de production est le plus abondant car il
est par conséquent moins coûteux.
b) L'apport de Stopler et Samuelson
La relation avec la répartition des salaires est
apportée par Stopler et Samuelson. Ceux-ci vont énoncer que si,
par exemple, un pays se spécialise dans des biens à forte
intensité en capital alors la rémunération des
détenteurs de capital va augmenter tandis que celle des travailleurs de
ce pays va diminuer et inversement dans le cas d'un pays qui se
spécialiserait dans des biens à forte intensité en facteur
travail.
De cette hypothèse découle, par
conséquent, des inégalités salariales au sein des pays. En
effet, les travailleurs qualifiés verraient leur
rémunération augmentait dans les pays du Nord ce qui
contribuerait à creuser l'écart salariale avec les ouvriers moins
qualifiés. Tandis que les pays du Sud qui sont spécialisés
dans les biens en travail non qualifié vont enregistrer une augmentation
de la rémunération des ouvriers non qualifiés et donc
l'écart de salaire avec les ouvriers qualifiés de ce pays devrait
donc se resserrer.
Cependant ce modèle est remis en cause pour plusieurs
raisons : on peut, par exemple, noter que les écarts technologiques ne
sont pas pas pris en compte et pourtant ils peuvent expliquer les écarts
de revenus au sein des pays.
2. Les travaux empiriques sur la relation entre
inégalité sociétale et croissance économique
a) Les études effectuées sur les pays en
développement
Afin d'appréhender la relation qui lie le processus de
mondialisation aux inégalités nous allons désormais nous
intéresser aux travaux empiriques réalisés.
Nous pouvons, par exemple, citer l'étude publiée
par Hanson et Harrison (1999), elle aborde la libéralisation du secteur
industriel au Mexique en 1985. Les auteurs vont analyser les salaires de la
main d'oeuvre qualifié et non qualifié sur plusieurs
années. Ils constatent une forte diminution des prix des biens intensifs
en main d'oeuvre non qualifiée suite à la libéralisation
du secteur, ce qui va entraîner une baisse de salaires pour les ouvriers
non qualifiés accentuant ainsi les inégalités avec la main
d'oeuvre qualifiée.
Ces résultats vont dans le sens opposé de ceux
théorisés par Stopler et Samuelson puisque d'après leurs
théorèmes, les pays du Sud qui sont abondants en main d'oeuvre
non qualifié devraient voir le salaire de celle-ci augmentait et donc
réduire l'écart de revenu avec les travailleurs
qualifiés.
Cette conclusion est partagée par l'étude de
Robbins et Gindling (1999) qui va analyser des sondages réalisés
entre 1976 et 1993 au Costa Rica regroupant environ 1 % de la population. Les
auteurs vont, en effet, démontrer une accentuation des
inégalités suite à la libéralisation de
l'économie entre main d'oeuvre qualifiée et non
qualifiée.
Ils en concluent que la libéralisation des
échanges est dans les pays en développement un vecteur
d'inégalité.
Nous pouvons ainsi citer de nombreuses études
empiriques qui contredisent la théorie néo-classique du libre
échange sur les inégalités introduites par Stopler et
Samuelson telles que par exemple les travaux réalisés par Beyer
et al (1999) qui concluent sur une augmentation des inégalités au
Chili entre main d'oeuvre qualifié et non qualifié au Chili, ou
encore ceux de Robins (1996) qui démontre également une
augmentation des inégalités entre ces deux groupes suite à
la libéralisation dans plusieurs pays en développement tels que
l'Argentine, la Colombie, la Malaisie.
Le modèle semble donc ne pas être validé
empiriquement dans différents pays du Sud. b) Les travaux
réalisés sur le cas de la Chine
Nous pouvons donc nous demander si la Chine fait partie de ces
pays infirmant la théorie de Stopler et Samuelson ou si au contraire
elle a constaté une diminution des inégalités suite
à la libéralisation.
Il apparaît, d'après l'étude menée
par Jun Han, Runjuan Liu, Junsen Zhang (2010), sur des sondages entre 1988 et
2008, que la libéralisation a accentué les
inégalités.
Ce résultat est également trouvé par
Sajid Anwar et Sizhong Sun (2012) qui vont utiliser les données de 37
931 entreprises entre 2000 et 2006, ils notent cependant que la
privatisation d'entreprise contribuerait à la
réduction du différentiel de salaires.
Par conséquent les résultats sont, en Chine,
similaires à ceux trouvés dans différents pays du Sud,
comme vu précédemment, le théorème de Stopler et
Samuelson est empiriquement infirmé.
|