2. Croissance endogène et effet amplificateur de
croissance a) Un débat suscitant de nombreuses études
Le débat sur l'effet amplificateur de croissance de la
libéralisation des échanges a fait un l'objet de nombreuses
études.
Dans le modèle néoclassique de Solow,
l'évolution technologique est dite comme étant exogène et
n'étant pas en lien avec l'ouverture d'un pays aux échanges
extérieurs.
Cependant, d'autres théories plus récentes
concernant la théorie de la croissance endogène expliquent que
les politiques commerciales affecteraient la croissance à long terme par
l'effet qu'elles auraient sur l'évolution technologique. La
littérature sur la croissance endogène a été
à la fois très variée et complète afin de nous
donner la possibilité aujourd'hui d'étudier de nombreux
modèles différents qui démontrent que les restrictions aux
échanges peuvent freiner ou encore accroitre le taux de croissance
mondiale. Cette idée fait référence aux travaux de Romer
(1990), Grossman et Helpman (1990), Rivera-Batiz et Romer (1991) et Matsuyama
(1992).
En effet selon les économistes Grossman et Helpman,
l'ouverture au commerce international fournirait l'accès aux facteurs de
production importés incluant la technologie et l'innovation, et
augmenterait par conséquent le marché des producteurs nationaux
en terme de volume, ce qui améliore les rendements liés à
l'innovation et la spécialisation des pays dans une production à
forte densité de recherche. Ils font également remarquer que
l'intervention dans les échanges pourrait améliorer la croissance
à long terme si l'investissement était protégé dans
dans les secteurs à forte densité de recherche.
Ces deux économistes vont également rejoindre
l'idée des travaux de Lucas (1988), Young (1991) et Rivera-Batiz et Xie
(1993) qui visent à démontrer que même s'il existe un
défaut de symétrie entre les partenaires commerciaux qui
possèdent des technologies et dotations en investissements très
différentes, l'ouverture économique peut avoir un effet
négatif sur certains pays, même si toutefois, le taux de
croissance mondial est en croissance.
De nombreuses études empiriques ont tentés de
chercher s'il y avait une corrélation entre libéralisation des
échanges et croissance économique.
Le degré d'ouverture des pays étant difficile
à mesurer, divers indicateurs ont été utilisés afin
d'évaluer l'impact de l'ouverture des pays au commerce international sur
la croissance économique.
Plusieurs économistes ont mesurer la corrélation
entre les taux moyens de droits de douane et la croissance. Lee (1993),
Harrison (1996) et Edwards (1998) ont trouvé une corrélation
négative. Cependant les travaux d'Edwards ont cependant concluent
à une faible corrélation. Toutefois, Rodriguez et Rodrik (1999)
ont repris ses travaux et ont trouvé que les taux moyens de droits de
douane avaient un effet positif significatif sur la croissance de la
productivité globale des facteurs dans 43 pays a la fin du XXième
siècle.
D'autres auteurs économiques ont étudié
d'autres indices concernant les échanges tels que l'indice d'ouverture
de Leamer (1988), l'indice de distorsion et de variabilité des prix de
Dollar (1992) ou encore l'indice d'ouverture de Sach et Warner (1995). Ils ont
tous appuyé la théorie selon laquelle les pays ouvert à
l'extérieur avaient une meilleure croissance que les pays fermés
sur eux même.
b) Opposition de travaux empiriques : Sachs et Warner (1995) et
Rodriguez et Rodrik (2002)
J. Sachs et A. Warner ont travaillé en 1995 sur la
corrélation entre croissance et ouverture des pays en se basant sur un
indice d'ouverture reposant sur plusieurs éléments tels que
l'importance des barrières non tarifaires, des taux moyens de droits de
douane, l'écart entre le taux de change officiel ainsi que le taux de
change du marché noir, et l'importance des entreprises commerciales
appartenant à l'Etat. Les deux auteurs réussissent à
démontrer qu'entre 1970 et 1995, tous les pays ouverts ont connu une
croissance économique supérieure à celle des pays
fermés.
Au niveau des pays émergents l'écart entre les
pays ouverts et fermés est énorme. La croissance pour ceux qui
sont ouverts est de 4,5% par an contre 0,7% seulement pour les pays
émergents fermés sur eux-mêmes. L'écart est moindre
pour la catégorie des pays développés. On parle de 2,5%
par an contre 0,7% pour les non ouverts.
Les résultats montrent que l'ouverture permet à
la fois d'accélérer la croissance économique mais de
réduire les écarts de croissance entre pays riches et pauvres
également. Effectivement, les pays émergents ouverts ont une
croissance supérieure à celle des pays développés,
ceci est le signe d'un rattrapage économique, d'une convergence entre
les deux catégories de pays. Cependant, il n'y a pas d'écart de
taux de croissance entre les pays fermés des pays
développés et ceux des pays émergents.
En 2002, les économistes D. Rodrick et J. Rodriguez ont
remis en cause les conclusions faites par Sachs et Warner notamment le lien de
causalité trouvé entre ouverture et croissance. Ils appuient sur
le fait que l'ouverture aux échanges n'est qu'un aspect dans un ensemble
de critères d'organisations économique dans un pays. Ils
démontrent que les pays qui font le choix de s'ouvrir sont le plus
souvent ceux qui sont les plus organisés sur le plan interne du pays
(stabilité politique, économique, sociale ainsi que bonne
administration).
La qualité de l'organisation interne est le moteur de
la croissance d'un pays ouvert, et non l'ouverture elle-même. Le choix de
l'ouverture sera naturellement imposé aux pays qui savent qu'ils ont la
capacité de profiter de l'ouverture. La libéralisation des
échanges est plus le résultat de la prospérité
qu'une cause de prospérité.
Les critiques de Rodrick et Rodriguez soulèvent un
problème: on ne peut isoler complètement les variables pour
analyser leurs effets de manière indépendante. Il est
indéniable que l'ouverture des échanges est rarement un fait
isolé et qu'elle est presque toujours associée à des
facteurs internes de croissance, ce qui fait de la détermination de la
causalité un problème.
Cependant, cet argument peut être renversé. En
effet, l'ouverture internationale peut être la source d'incitations
à la réforme interne. C'est l'exemple des pays d'Europe centrale
et orientale afin de préparer leur adhésion à l'Union
européenne ou encore de la Chine dans le but de pouvoir entrer en accord
avec l'OMC.
L'intensification de la concurrence internationale conduit
également les agents privés à s'adapter, en recherchant
les gains de productivité, ou en investissant davantage dans la
recherche et développement, par exemple.
Ajoutée à ceci, l'ouverture des pays à
l'internationale permet d'avoir accès plus facilement à la
technologie, aux méthodes de management ou encore aux règles
juridiques par exemple, qui sont essentiels à l'efficacité
économique interne du pays.
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