CHAPITRE I :
ETAT DES CONNAISSANCES ET JUSTIFICATION DU SUJET,
HYPOTHESES, OBJECTIFS, CLARIFICATION DES CONCEPTS ET DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
1.1. ETAT DES CONNAISSANCES ET JUSTIFICATION DU
SUJET
Une utilisation des pesticides élevée mais
très mal connue (INRA, 2005) en agriculture pose de nombreux
problèmes de santé publique et d' écologie. Les plus
importants sont la toxicité vis-à-vis de l' homme, l' atteinte
à la biodiversité et le développement de la
résistance des insectes (D. Alfa, 2014). Les pesticides sont
des substances ou préparations utilisées pour la
prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes
jugés indésirables (plantes, animaux, champignons ou
bactéries). L'utilisation croissante de ces outils chimiques a permis
d'augmenter considérablement la productivité agricole durant ces
40 dernières années et de lutter contre les vecteurs de certaines
pathologies mais ne sont pas dénués d'effets sur la santé
humaine (A. Vigouroux-Villard,2005).
Or l'essor prodigieux de l'industrie chimique au 20ème
siècle a profondément et irréversiblement modifié
les modes de production dictée à la fois par la pression
démographique et les nécessités économiques tant
dans les régions technologiquement et économiquement
avancées que dans les régions moins nanties de la planète
(A. Toé, 2007). Plus particulièrement, la production
massive et l'usage généralisé des produits chimiques en
agriculture notamment les engrais minéraux et les produits
phytosanitaires ont rendu possible l'intensification de l'agriculture avec un
accroissement spectaculaire des rendements des cultures (Gbénonchi
M, 2008). Ainsi les expositions chez les agriculteurs via les troubles de
la vision suite à une dégénérescence de la
rétine ont été mis en relation avec l'exposition à
certains pesticides (Liliana j. 2007.
Cependant l'agriculture urbaine et périurbaine
constitue l'une des préoccupations majeures en Afrique subsaharienne,
mais elle n'est ni contrôlée par l'Etat ni encadrée par une
structure ce qui fait qu'une partie des pesticides et engrais chimiques
destinés au coton est revendue pour être utilisée dans la
production des cultures maraîchères même si la distribution
et l'utilisation de ces produits destinés au coton sont
contrôlées par l'Etat affirment (Ahouangninou, 2008). Or
chacun de ces pesticides chimiques produit des métabolites ou
résidus au sein des
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organismes vivants, qui sont plus ou moins dégradables
et susceptibles de se retrouver comme polluants de l'environnement ou
contaminants de la nourriture ou de la boisson (Charbonnier E, Ronceux A,
Carpentier A-S, Soubelet H, Barriuso E, coord., 2015) et nous exposent aux
maladies de Parkinson, diabète, cancer de la prostate, du testicule,
tumeurs cérébrales et mélanomes, l'infertilité,
malformations congénitales, cardiaques, perte de vue, la
leucémie, Alzheimer, sclérose latérale amyothrophique,
lymphomes non hodgkinien, myélomes multiples (Inserm, 2013). Même
si des statistiques n'existent pas encore sur la question, puisqu'il est
difficile de mettre derrière une pollution de l'environnement, une
maladie, et la mort un chiffre en matière de risque selon (Jousse,
2004), le risque existe affirme Ahouangninou, 2012 sur l'indice de
risque sanitaire à Sèmè-Podji qui s'élève
à 24429,44 et nous expose à l'intoxication et à la
pollution. Nous sommes interpellés à éduquer, former et
communiquer autour des pesticides pour un changement de comportements vitaux
bien que l'utilisation des pesticides et engrais chimiques en maraîchage
de nos jours est une nécessité pour optimiser les rendements des
cultures maraîchères à cause des conséquences que
ces pesticides ont sur notre santé et l'environnement (Pazou,
2006). Akogbéto (2005) estime que 30% des maraîchers
de Houéyiho au Bénin appliquent des doses fantaisistes de
pesticides. Aubertot, (2005) affirme que lors des traitements
phytosanitaires en pulvérisation sur feuillage, les pourcentages de
pertes sont de 10 à 70% vers le sol et 30 à 50% dans l'air et que
lors d'une fumigation du sol, 20 à 30% de pertes dans l'air peuvent se
produire selon le bon respect ou non des normes d'application. Les pertes en
direction des compartiments de l'environnement varient suivant l'état de
développement des cultures, le réglage du pulvérisateur,
la composition de la bouillie et les conditions météorologiques.
Les pesticides déposés sur le sol peuvent subir des transferts
à travers le sol et atteindre la nappe phréatique ou par
ruissellement contaminer les eaux de surface (Liliana, 2007).
Au Sénégal dans la zone périurbaine de
Niayes où les pesticides sont utilisés dans le maraîchage;
(Cissé, 2003) a trouvé dans la nappe phréatique
des concentrations de résidus de pesticides dépassant les normes
de potabilité de l'eau. En Côte d'Ivoire, (Traoré,
2006) a décelé une contamination de l'eau souterraine par
les pesticides organophosphorés et organochlorés dans les
régions agricoles où les pesticides sont utilisés dans les
cultures de cacao, café, hévéas, banane et
maraîchage. Assogba k., (2007) a décelé des
teneurs de résidus dépassant 0,5ug/g pour les
organochlorés (DDT, Endrine, Heptachlore) dans les légumes au sud
du Bénin. Les recherches de (Sousa-passos, 2006)
suggèrent que l'exposition aux pesticides peut causer toute une
série de dysfonctionnements neurologiques et de désordres
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neuropsychiatriques. Une dizaine de différents types de
cancer ont été découverts par (Samborn,2004).
Cependant les utilisateurs de pesticides souvent mal formés, mal
informés et mal encadrés ignorent la composition, la
toxicité, le dosage, la fréquence d'utilisation et le mode
d'emploi (Afrique agriculture, 2000). Or même utilisés
avec précaution, leur persistance et leur dissémination, peuvent
aggraver leurs effets toxiques et avoir des incidences néfastes sur la
santé et l'environnement (Gbénonchi M, 2008). Les
organophosphorés et les pyréthrinoïdes constituent environ
65% des matières actives des différentes
spécialités en circulation (Toé A, 2010).
En effet, quelques études sur l'utilisation de
pesticides en maraîchage au Bénin (Agbohessi, et al 2014 ;
Ahouangninou, et al 2011 ; Francoise, et al 2007...etc) ont
été réalisées.
L'intérêt de cette étude est de ressortir
les risques d'exposition probables et essayer de les éviter au
maximum.
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