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Risques sanitaires et environnementaux liés à  l'utilisation des pesticides et engrais chimiques dans la culture des légumes dans la commune de Seme-Podji.


par Marie Ange DEGUENON
Université d'Abomey-Calavi - Master en Gestion des Risques et Catastrophes 2019
  

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3.2. DISCUSSION

3.2.1. Fondements physiques et humains de l'utilisation des pesticides et engrais chimiques pour la culture des légumes

De sables fins inaptes aux activités agricoles favorisent l'utilisation des intrants chimiques

pour la culture des légumes. La majorité des maraîchers enquêtés sont âgés de 15 à 45 ans, ceci montre le rôle important que joue la jeunesse dans la production maraîchère. La promiscuité des unités de production peut faciliter la contamination des légumes par les traitements des champs voisins et être une source de maladies fongiques et d'infestations de nématodes nécessitant une augmentation des protections phytosanitaires. Ceci pourrait entraîner un appauvrissement des sols par excès de fertilisants chimiques. Le maraîchage dans la Commune de Sèmè-Podji mobilise des hommes que de femmes. Cette prédominance pourrait être liée aux efforts et contraintes que nécessitent cette filière à savoir préparation du sol, achat des intrants et traitements de pesticides. Ce constat corrobore les résultats des travaux menés par Daleb Alfa (2014) au Bénin et Toé, M.A., 2007 au Burkina Faso. Les maraîchers sont en majorité analphabètes, ceci pourrait constituer un obstacle à la bonne connaissance des conditions d'utilisation des pesticides et engrais chimiques d'autant que les étiquettes sont écrites en langues étrangères (français, anglais et allemand). Les travaux de Wade (2003) recensent un taux d'analphabétisme de 65% parmi les maraîchers de Mboro, et 55% des maraîchers de Thiès au Sénégal. Toé A. (2007) rapportent dans ces études au Burkina Faso que l'analphabétisme des agriculteurs ne leur permet pas de comprendre la signification des pictogrammes et des informations inscrites sur les étiquettes des flacons des produits phytosanitaires.

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3.2.2. Utilisation des pesticides

Les matières actives de pesticides citées par les maraîchers correspondent aux matières actives de pesticides autorisés en maraîchage par le Comité Sahélien des Pesticides. Néanmoins, leur utilisation non maîtrisée peut être source de nuisances pour la santé et l'environnement (Hallenbeck, 1985 ; Cohen, 2007). Agbohessi et al. (2014) ont rapporté la contamination des bassins situés à proximité des champs de coton au nord du Bénin par des résidus de pesticides comme le DDT, l'endosulfan, le lindane et l'heptachore. Ces derniers avaient des effets toxiques sur les poissons qui vivaient dans ce bassin. Des études réalisées sur les agriculteurs de la Thaïlande exposés de façon chronique à des mélanges de pesticides ont révélé des effets toxiques sur leurs systèmes hématologique, immunitaire et nerveux (Aroonvilairat et al., 2015 ; Worapitpong et al., 2017). La dose de pesticides à utiliser pour une superficie de champ est indiquée sur la notice de chaque produit. Le fait de surdoser les pesticides lors du traitement, peut entrainer la contamination des légumes ainsi que les compartiments de l'environnement (sols, nappe phréatique, air, etc.) (Agnandji et al., 2018)

Les maraîchers interrogés déclarent traiter leurs cultures le plus souvent à titre préventif, ce qui protège les plantes contre les nuisibles et leur permet de croître normalement. La majorité des exploitants ont affirmé traiter leurs cultures chaque semaine et le plus souvent deux fois par semaine. Les maraîchers qui traitent les plantes à cette fréquence seraient plus exposés aux pesticides que ceux qui font des traitements à titre préventif ou une fois par quinzaine et en cas d'attaque. La pulvérisation est la seule méthode d'application de pesticides chez les maraîchers enquêtés. C'est la méthode qui est aussi utilisée par la majorité des maraîchers du Togo (Kanda et al., 2013). Le pulvérisateur n'est pas un outil à la portée de tous les maraîchers africains. C'est ainsi que certains maraîchers utilisent des rameaux réunis sous forme de balais ou des arrosoirs pour réaliser la pulvérisation (Sougnabé et al., 2010).

On a noté une diversité culturale dans le maraîchage à Sèmè-Kpodji, la production est destinée à la commercialisation et l'exportation vers les marchés de Cotonou et du Nigéria. Ceci justifie la prédominance des cultures commerciales génératrices de revenus telles que le concombre ( Ecballium elaterium), la tomate (lycopersicon esculentum), le poivron (Capsicum annum) et l'haricot vert (Phaseolus vulgaris). L'enjeu commercial explique le fait que les maraîchers procèdent à une protection intensive des cultures pour lutter contre les ravageurs et accroître leur productivité. Les insecticides sont systématiquement utilisés par les maraîchers, les fongicides sont souvent utilisés en cas d'attaque des champions. En effet on a recensé trente préparations commerciales, quarante matières actives et trente-six familles de

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pesticides. Les pyréthrinoïdes, les organophosphorés suivi des Acaridae et des Avermectines représentés respectivement par le Cyperméthrine, le Chlopyriphos éthyl, l'Abamectine, et Emamectine benzoate sont largement utilisés en cultures maraîchères. Le grand problème des pesticides réside dans leur libre commercialisation.

Malgré les règlementations en vigueur sur la commercialisation des pesticides au Bénin, on assiste à un désordre dans l'application des textes et ça se traduit par une multiplication des commerçants vendant divers produits souvent inadaptés, interdits d'usage ou périmés. Certains pesticides à base d'endosulfan et l'alphacal dont l'usage est réservé à la culture du coton sont fréquemment utilisés dans le maraîchage à Sèmè-Kpodji. Les organochlorés autres que l'endosulfan n'ont pas été recensés. Le manque de contrôle dans la commercialisation se traduit également par diverses reformulations chez les utilisateurs. Aussi les quantités de pesticides et d'engrais utilisées ne sont pas souvent respectées. Ceci peut se traduit par la présence de résidus dans les compartiments de l'environnement. Liliana, 2007 affirme que les cultures sols et eaux souterraines sont exposés à des dosages massifs d'engrais chimiques qui modifient leur milieu et rendent l'eau non potable. Pazou, et al (2006a) ont décelé des teneurs de résidus d'organochlorés dépassant les limites maximales de résidus dans les sédiments prélevés le long du fleuve Ouémé au Bénin.

L'usage des pesticides requiert des moyens de protection pour assurer la sécurité des utilisateurs. A ce niveau on remarque que très peu de maraîchers observent les règles d'hygiène après les traitements phytosanitaires et qu'aucun des maraîchers ne dispose d'un équipement complet de protection (tableau 6). Ceci corrobore les résultats des travaux de Wade (2003). Aussi le manque de matériels de protection augmente les risques d'intoxication et les expose à divers malaises susceptibles d'être induits par les pesticides comme des troubles dermatologiques, neurologiques, immunologiques, respiratoires, digestifs, de cécité et des cancers....etc (Samborn et al., 2004; Sousa passos, 2006)(tableau 17). La prise de lait par certains selon Assogba k., (2007) qui a décelé des teneurs de résidus dépassant 0,5ug/g pour les organochlorés (DDT, Endrine, Heptachlore) dans les légumes au sud du Bénin maraîchers pourrait être dangereuse en cas d'intoxication car la plupart des pesticides sont liposolubles et le lait pourrait accélérer leur absorption et occasionner l'apparition précoce d'effets toxiques.

Le non-respect des doses utilisées et les délais de carence constituent des facteurs de risque pour le consommateur, les considérations sur l'utilisation des pesticides doivent être prises au

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sérieux pour prévenir les intoxications alimentaires relatives aux pesticides et engrais chimiques.

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