4.2.3.1 Les constituants de l'interrogation partielle
directe
Les langues du monde sont généralement
classées selon la façon dont elles forment leur interrogation.
C'est pour cette raison qu'on parle des langues à Qu in-situ et des
langues à
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Qu ex-situ. Les langues à Qu in-situ sont les langues
dont les syntagmes Qu restent dans leur position canonique pendant la formation
des interrogations. Le Shupamem ainsi que la plus part des langues
camerounaises sont des langues à Qu in-situ. Observons les phrases
suivantes :
(20) a. I ø-pó jaì
n?Ì ? 3sg PRS -être où M Int « Où
est-il ? »
b. I ø-pó wô n?Ì
?
3sg PRS- être qui M Int « Qui est-il ? »
En (20a et b), le syntagme Qu reste in-situ, il ne se
déplace pas. Mais, il est très important de noter qu'il y a
mouvement invisible de tout le syntagme de l'accord pour le spécifieur
du syntagme de la force. L'arbre suivant schématise le
déplacement qui s'est effectué en (20a).
(21)
SInt
Spéc
Int'
Int° SAccor
Ì n?
I ø-pó jaì
Nous voyons bien clairement qu'en Shupamem, le syntagme Qu reste
in-situ. Il n'y a pas de déplacement du syntagme Qu de sa position
canonique pour la périphérie gauche. Les langues à Qu
ex-situ sont des langues qui admettent le déplacement du syntagme Qu de
sa position canonique à la périphérie gauche. On dit que
dans ces langues, il y a fronting du syntagme Qu. Le français tout comme
l'anglais sont des langues qui exhibent le fronting du syntagme Qu. Il est vrai
qu'en français et en anglais, il arrive souvent que le syntagme Qu reste
in-situ, dans ce cas précis il s'agit de l'utilisation du registre
familier par celui qui parle, car le registre soutenu en français ou en
anglais n'admet pas que le syntagme Qu reste in-situ dans les
interrogations.
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(22) a. What is your name «is »
«what»? «What is your name? »
b.
What is your name «is » «what»?
c. Lequel veux-tu « veux » acheter maintenant
« lequel » ?
Les phrases (22a, b et c) nous permettent de comprendre que le
syntagme Qu s'est déplacé de sa position de base pour se
retrouver en position initiale de phrase.
Maintenant, nous allons passer à l'identification les
constituants de l'interrogation partielle directe en Shupamem. Pour cela,
observons les exemples suivants :
(23) a. Matateyou ø -fû já n?Ì ?
Matateyou PRS- habiter où M Int « Où habite
Matateyou ? »
b. iì ø- fiìk?Ìt poÌ wo
n?Ì ? 3sg PRS-parler avec qui M Int « Avec qui parle-t-il ?
»
c. ?gbom ø-poì b?ìs÷?Ì
n?Ì ? maïs PRS- coûter combien M Int « Combien
coûte le maïs ? »
d. û ø-twoì f?Ì?n?Ì n?Ì
? 2sg PRS-venir quand M Int « Quand viens-tu ? »
Comme nous pouvons le constater à partir des phrases
(23a, b, c et d), les constituants de l'interrogation partielle directe en
Shupamem sont les suivants :
1. Le sujet
2. Le verbe
3. Le syntagme Qu
4. Le marqueur de l'interrogation
Ce que nous devons noter, c'est que l'interrogation partielle
directe en Shupamem comporte toujours un mot interrogatif (pronom interrogatif,
adjectif interrogatif, adverbe interrogatif...) autre que le marqueur de
l'interrogation nè et mè. C'est d'ailleurs
grâce à ce mot interrogatif que nous savons que nous avons
à faire à une interrogation partielle.
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