4.2.3 Interrogation partielle directe
Comme son nom l'indique, dans l'interrogation partielle la
question porte sur une partie de la phrase, sur un constituant de la phrase
interrogative. C'est pour cette raison que l'interrogation partielle peut
porter sur le sujet, l'objet du verbe, un complément circonstanciel,
etc. L'interrogation partielle contient un mot interrogatif (un argument, un
adjoint référentiel ou un adjoint non référentiel)
en plus de è, mè ou nè. Dans
une interrogation partielle, la réponse est en principe
l'élément, le constituant ou le mot sur lequel porte
l'interrogation.
En Shupamem, nous utilisons le syntagme Qu pour poser les
questions partielles. Ainsi, nous regroupons généralement le
syntagme Qu en trois catégories : les arguments, les adjoints
référentiels et les adjoints non référentiels.
1) Les arguments
Nous avons deux arguments en Shupamem à savoir wo
(qui) et k֏ (quoi).
28 Cheng et Rooryck (2000) dans
leur étude sur les interrogations in-situ, pensent qu'il y a deux types
de syntagmes Qu in-situ en français, un type de syntagme qui implique le
mouvement du trait interrogatif au niveau de forme logique, et un autre qui
n'implique aucun mouvement. La conclusion à la quelle Cheng et Rooryck
(2000) arrivent est que la différence fondamentale entre les
interrogations à Qu in-situ et les interrogations avec fronting du Qu
réside dans la présence ou non du morphème de
l'intonation. Ils disent par la suite que c'est le morphème intonatif
qui vérifie le trait fort en C°.
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2) Les adjoints référentiels
Les adjoints référentiels sont : jaì
(où) et f?Ì?n?Ì (quand).
3) Les adjoints non référentiels
Les adjoints non référentiels sont : n?
(comment), jiìs÷è (combien) et
piÌs÷è (combien).
Dans le cadre de notre travail, nous allons regrouper sous
l'étiquette syntagme Qu les mots interrogatifs utilisés
dans la formation des questions partielles. Ce regroupement se fait sur la base
du fait que dans toute interrogation partielle, nous avons besoin d'un mot
interrogatif pour poser une question, ceci parce que la question porte sur un
constituant de la phrase et non sur toute la phrase. Les mots interrogatifs que
nous allons regrouper sous l'étiquette syntagme Qu sont : les pronoms
interrogatifs, les adverbes interrogatifs et les adjectifs interrogatifs.
Cela dit, nous allons parler de l'interrogation partielle en
Shupamem. Soient la phrase suivante et ses différentes transformations
:
(19) a. polo naÌ fû maì
jaìuÌndeÌ pó maÌ.
Paul Accs habiter à Yaoundé avec moi
« Paul habite à Yaoundé avec moi. »
b. polo ø-fû jaì pó maì
n?Ì ? Paul PRS- habiter où avec moi M Int « Où
habite Paul avec moi ? »
c. polo ø-fû maÌ
jaìuÌndeÌ pópaÌ wo n?Ì ? Paul PRS-
habiter à Yaoundé avec qui M Int « Avec qui Paul habite-il
à Yaoundé? »
d. aì ø-fû wo maÌ
jaìuÌndeÌ pó maì n?Ì? c'est PRS-
habiter qui à Yaoundé avec moi M Int « C'est qui qui habite
à Yaoundé avec moi ? »
La phrase (19a) est une phrase affirmative qui nous a permis
d'obtenir les phrases (19b et c). Les phrases (19b et c) nous montrent
clairement que dans une interrogation partielle, l'interrogation porte bel et
bien sur un constituant de la phrase. Dans (19b) par exemple, l'interrogation
porte sur le complément circonstanciel de lieu. Alors que dans la phrase
(19c) l'interrogation porte sur le complément d'objet indirect (COT).
Autant de choses qui nous permettent de confirmer que l'interrogation partielle
porte sur une partie de la phrase interrogative.
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