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Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun


par Luc René BELL BELL
Université de Yaoundé II - Soa - Master en droit public 2020
  

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B. L'accompagnement des acteurs économiques

L'accompagnement des acteurs économiques, sur le plan local, par les chefferies traditionnelles peut se faire de deux manières à savoir l'accompagnement des acteurs économiques présents (1) et l'accompagnement des potentiels acteurs économiques (2).

1) L'accompagnement des acteurs économiques présents

L'accompagnement des acteurs économiques présents sur territoire de la collectivité par les autorités traditionnelles vise un seul but notamment celui de les maintenir sur ce territoire fin que la collectivité puisse pleinement tirer profit de ces acteurs économiques. Pour ce faire, l'autorité traditionnelle doit d'abord abandonner la casquette qu'on lui connaît quant à la réception des présents des acteurs économiques dans le but d'acheter son silence ou sa complicité. Le chef traditionnel doit alors se comporter comme un agent économique qui parle à ses pairs et non comme un « malheureux mendiant352». Pour ce faire, il faudrait que le chef soit investi, un tant soit peu, dans les activités économiques. A cet effet, les autorités traditionnelles pourront par exemple exhorter certains acteurs de passer du secteur informel vers le secteur formel dans le but de bénéficier d'une certaine protection juridique et institutionnelle. Il est également question pour elles de résoudre de manière prompte, à leur niveau, les problèmes que rencontrent les agents économiques présents sur leurs territoires. Pour sortir, toutes ces mesures de rétention ambitionnent de conserver ces acteurs sur leurs territoires.

L'encadrement des acteurs économiques présents sur le sol de la collectivité locale par les chefferies traditionnelles n'exclut pas l'accompagnement des potentiels acteurs économiques par celles-ci.

351 MINEPAT, Stratégie Nationale de Gouvernance, 2015, p.65.

352 BELL Luc René, Exposé sur le thème : « L'évolution et le rôle de la chefferie traditionnelle au Cameroun », op. cit., p.15.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 127

Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

1. L'accompagnement des potentiels acteurs économiques

L'accompagnement des potentiels acteurs économiques par les chefferies traditionnelles a pour vocation l'incitation des porteurs de projets ou d'investisseurs à choisir le territoire desdites chefferies pour y mener leurs activités. Ceci peut être réalisable par trois moyens au moins à savoir la valorisation du potentiel du territoire de la chefferie, les garanties posées par le cadre juridique et institutionnel et l'entregent de l'autorité traditionnelle.

D'abord, en ce qui concerne la valorisation du potentiel de la collectivité, les autorités traditionnelles veilleront, avant toute chose, à connaître le potentiel de leur territoire de commandement pour mieux le vendre. Cette maîtrise, minimale soit-elle, permettra à coup à l'autorité traditionnelle de parler de sa collectivité lorsqu'il sera en présence de potentiels investisseurs ou acteurs économiques.

Ensuite, en ce qui concerne le cadre juridique et institutionnel de promotion des investissements et activités économiques, le chef devra être l'ambassadeur de la promotion des mesures prises, tant au niveau central qu'au niveau local, en vue d'inciter les potentiels acteurs économiques à s'installer sur son territoire. Il fera alors un devoir d'appropriation de ces mesures dans l'optique d'encourager ces acteurs à s'établir dans sa collectivité.

Enfin, quant à l'entregent des chefs traditionnels, celui-ci traduit de liaison des relations utiles353, dans un but précis. Les autorités traditionnelles dotées d'un fort entregent pourront alors y faire recours pour convaincre les membres de leur entourage de venir développer des activités économiques dans leur contrée au vu de son potentiel.

353 Dictionnaire le Petit Robert, op. cit., p.891.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 128

Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

CONCLUSION DU CHAPITRE 2

Dans ce chapitre, il s'agissait de traiter de l'apport des chefferies traditionnelles à la bonne gouvernance locale. Cet apport, nous l'avons vu, a deux aspects à savoir l'apport des chefferies traditionnelles aux principes d'Etat de droit, d'égalité, de participation et d'efficacité ainsi que l'apport de ces chefferies aux principes de transparence et du climat local des affaires. Ces autorités traditionnelles contribuent alors, à leur façon, à l'ancrage et à la consolidation de la bonne gouvernance à l'échelon local.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 129

Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

En somme, il était question d'aborder le second volet de la contribution des chefferies traditionnelles à la démocratie et à la bonne gouvernance locales. Nous avons, au cours des deux chapitres précédents, démontré le rôle des autorités traditionnelles en matière de démocratie locale et de bonne gouvernance locale. Les chefferies traditionnelles participent activement, en tant que acteurs et sujets, à la démocratie locale. Quant à la bonne gouvernance locale, il est question pour elles d'insuffler un vent nouveau sur nos collectivités locales par la prise de conscience de nos élus et surtout l'exemplarité des autorités traditionnelles.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 130

Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

CONCLUSION GENERALE

In fine, Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun est le sujet qui a retenu l'attention de tout ce travail. La question ayant motivé la recherche était relative au rôle des chefferies traditionnelles dans le processus de décentralisation dans notre pays.

La chefferie traditionnelle représente une « communauté humaine fixée sur un territoire déterminé, ayant en principe un patrimoine ancestral commun, et placée sous l'autorité d'un chef désigné selon les modes traditionnels de dévolution du pouvoir354». Pour sa part, la décentralisation est le transfert de compétences et ressources de l'Etat central vers des entités infra-étatiques qui s'administrent librement par des conseils élus. Son domaine de déploiement est la CTD. Cette dernière est, au regard du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées, repartie en deux catégories à savoir les Régions et les Communes355.

La contribution des chefferies traditionnelles à la décentralisation peut se faire en deux temps, d'une part, la participation des chefferies traditionnelles au développement local et d'autre part, l'apport des chefferies traditionnelles à la démocratie et à la bonne gouvernance locales.

Concernant d'une part la contribution des chefferies traditionnelles au développement local, il convient de dire qu'il s'agit pour les autorités traditionnelles d'être des vecteurs de développement économique mais également socioculturel de leurs localités respectives.

Concernant d'autre part la contribution des chefferies traditionnelles à la démocratie et à la bonne gouvernance locales, il faut dire qu'il est question pour nos autorités traditionnelles de participer à l'impulsion de la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local.

Cependant, il ne faudrait pas faire preuve de candeur au vu de certains obstacles qui pourraient plomber l'action de leurs majestés dans la mouvance de la décentralisation. En effet, l'on note au moins trois obstacles que rencontrent les chefs traditionnels. Le premier est relatif à l'absence de moyens, ce qui est de nature à les exposer à la précarité. Car un chef dépourvu de moyens est proche de la mendicité et « ne peut guère commander efficacement. Ce sont ses pourvoyeurs qui lui dictent la conduite des affaires de la chefferie. Faute pour lui

354 Voir note de bas de page 31, p.8.

355 Art 2 (1) CGCTD.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 131

Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

d'obtempérer, il se voit couper les vivres356». Soucieux de cette situation de dégradation du prestige de la chefferie, les pouvoirs publics ont, par décret357, tenté de résoudre ce problème même comme le mal perdure à certains endroits. Le deuxième a trait au manque d'initiatives de la part de l'autorité traditionnelle dans ce domaine étant donné que « ses missions ne sont pas bien clarifiées dans la mise en oeuvre effective du processus de décentralisation, ce qui pourrait justifier les hésitations dans la prise des initiatives358». Ces hésitations doivent être levées par les chefs eux-mêmes afin de jouer pleinement leur rôle. Le troisième enfin a trait à la faible culture démocratique et du compte rendu de certaines chefferies du fait de leur configuration. On voit mal à certains endroits l'autorité traditionnelle rendre des comptes à ses administrés. Ceci ne favorise pas la démocratie et la bonne gouvernance au niveau local.

En tout état de cause, ces écueils ne sont pas de nature à rendre rédhibitoire l'action des chefs traditionnels dans ce domaine. Il est plutôt question d'une appropriation du phénomène de décentralisation par les chefferies traditionnelles en fonction de leurs cultures et de leurs sensibilités. C'est pourquoi le présent mémoire se veut d'être une boussole des chefferies traditionnelles dans leur action au quotidien dans leurs rapports avec leurs administrés. Car il s'agit d'une action « permanente359» devant conduire au développement local et à l'enracinement de la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local.

C'est sans doute pour unir les chefs traditionnels du Cameroun que le CNCTC a vu le jour le 28 mars 2010. Celui-ci a alors au regard de ses Statuts la mission de « favoriser des partenariats entre les chefferies pour permettre des échanges ou des actions de développement intégré en faveur des populations ». Il serait donc judicieux que celui-ci sorte de sa léthargie et donne un coup de pouce aux actions éparses des autorités traditionnelles dans le but de les fédérer et d'atteindre de meilleurs résultats.

La décentralisation étant la réforme majeure de l'Etat du Cameroun depuis son accession à la souveraineté, elle implique dans son exécution une panoplie d'acteurs aussi

356 BELL Luc René, Exposé sur le thème : « L'évolution et le rôle de la chefferie traditionnelle au Cameroun », op. cit., p.15.

357 Le Décret N° 2013/332 du 13 septembre 2013 modifiant et complétant certaines dispositions du décret N° 77/245 du 15 juillet 1977 portant Organisation des chefferies traditionnelles prévoit en son article 22 des allocations mensuelles au profit des autorités traditionnelles à raison de deux cent mille (200.000) Francs CFA pour le Chef de 1er degré, cent mille (100.000) Francs CFA pour le Chef de 2ème degré et cinquante mille (50.000) Francs CFA pour le Chef de 3ème degré.

358 BELL Luc René, Exposé sur le thème : « L'évolution et le rôle de la chefferie traditionnelle au Cameroun », op. cit., p.27.

359 Entretien avec S.M. TSALA NDZOMO Guy, Chef Traditionnel de 1er degré d'ENDINGDING, le 17 décembre 2019 à Yaoundé.

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Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

bien institutionnels que non. Ces derniers ont pour cheval de bataille la décentralisation comme moyen de développement et d'intégration de notre pays. Après la chefferie traditionnelle, quel peut être le rôle de la société civile dans le processus de décentralisation ?

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 133

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo