1.4 La Filière principale d'enseignement
Ici, nous avons tenu compte des toutes les filières que
compose l'Université de N'Djamena. Sauf compte tenu de
l'indisponibilité des enseignants dans le campus, certaines
filières n'ont pas assez des représentants. Le tableau suivant
présente le nombre des questionnaires distribués dans chacune des
filières enquêtées.
60
Tableau 7 : montrant les effectifs des
enseignants enquêtés selon leur filière
Filières
|
Effectifs
|
Pourcentage valide
|
Lettre moderne Mathématiques Philosophie
Physique
Sociologie
Chimie
Anglais
Biologie
Anthropologie
Sciences économiques Histoire
Sciences de l'éducation Géographie Communication
Droit
Sciences du langage
Total
|
9
|
11,4
|
6
|
7,6
|
4
|
5,1
|
7
|
8,9
|
6
|
7,6
|
3
|
3,8
|
6
|
7,6
|
4
|
5,1
|
5
|
6,3
|
6
|
7,6
|
3
|
3,8
|
7
|
8,9
|
5
|
6,3
|
3
|
3,8
|
2
|
2,5
|
3
|
3,8
|
79
|
100,0
|
Source : enquête de terrain, 2019
Trois filières sont les plus représentés
sur ce tableau. Il s'agit de la filière lettre moderne,
représentant 09 enseignants avec un pourcentage valide de 11,4 % ; la
filière Science de l'éducation et la physique, ayant chacune
d'elle également 07 enseignants pour un pourcentage valide de 8,9 %. Les
filières les moins représentées sont entre autres la
chimie, histoire, la communication, la science du langage et le droit.
L'inégalité des répondants dans chacune des
filières peut être justifiée d'une part par le fait que
certaines filières n'ont pas assez des enseignants (Sciences du langage
et la Chimie par exemple), et même celles qui en ont, ces enseignants ne
sont pas permanant à l'Université (c'est le cas de Droit
où les enseignants exercent majoritairement un travail hors de
l'Université). D'autre part, le non-respect de rendez-vous pour la
récupération de questionnaire est également l'une de la
cause de cette disparité. Certains enseignants sont également des
étudiants en thèse dans d'autres universités, du coup,
nous n'avons plus des possibilités pour récupérer les
questionnaires.
1.5 Expérience en enseignement
A ce niveau, nous avons posé une question qui a permis
aux enseignants d'indiquer dans un intervalle gradué de 5ans. La
question est la suivante : Combien d'années d'expérience en
61
enseignement comptez-vous au total ? Le tableau suivant montre
les années d'expérience des enquêtés.
Tableau 8 : années d'expérience
des répondants
|
Effectifs
|
Pourcentage valide
|
Valide
|
0 à 5 ans
|
23
|
29,1
|
6 à 10 ans
|
33
|
41,8
|
11 à 15 ans
|
18
|
22,8
|
16 à 20 ans
|
3
|
3,8
|
21 à 25 ans
|
2
|
2,5
|
Total
|
79
|
100,0
|
Source : enquête de terrain,
2019
Il ressort de ce tableau que 41,8% répondants ont une
expérience comprise entre 6 à 10 ans. Nous pouvons justifier ce
chiffre à partir de deux raisons majeures : premièrement, ces
dernières années, il y a une demande importante de la formation
au Tchad et c'est ce qui a amené l'Université de N'Djamena
à s'éclater en créant plusieurs filières surtout
vers les dix dernières années. Ainsi, l'Université a
recruté des nouveaux enseignants qu'ils soient jeunes ou
âgés pour faire fonctionner ces filières nouvellement
crées. Et en second lieu, il faut donc dire qu'au Tchad, la
réalité nous montre qu'avec la création des autres
Université dans les provinces, les enseignants les plus
expérimentés sont déployés et
responsabilisés dans ces différentes Universités quel que
soit leur grade (assistant ou chargé du cours). Raison pour laquelle
seulement 2,5% enquêtés ont une expérience de 21 à
25 ans dans l'enseignement dans les trois campus où l'enquête
s'est déroulée. Ceux-ci sont en partie les responsables dans leur
département (en majorité chef des départements).
2. Définition de l'Internet selon les
enseignants
Les définitions dont- il est question ici, sont les
manières dont les enseignants comprennent le mot Internet. Dans cette
partie, notre objectif est de décrypter les informations et opinions qui
composent les discours que les enseignants de l'Université partagent
autour de la définition de l'Internet. Une telle étude pouvait
être qualitative, mais comme cette étude se limite par son
caractère quantitatif, nous avons ici laissé les
répondants de donner librement leurs suggestions de réponses
grâce aux questions ouvertes, c'est pourquoi l'analyse de contenu sera
nécessaire ici. Ainsi donc, la question qui a permis aux
répondants de donner leurs avis est la suivante : « Pour vous,
l'Internet c'est quoi ? Expliquez en quelques mots ».
62
En identifiant le contenu, nous avons repéré
deux principaux aspects ou concepts clés qui reviennent dans la
totalité du discours. Il s'agit de l'Internet comme moyen de
communication et l'Internet comme un moyen de recherche d'information. Le
deuxième terme que l'on rencontre couramment dans les propos de nos
interlocuteurs est le terme "moyen". Un « moyen »,
c'est ce qui sert pour parvenir à une fin. L'étude
réalisé par Kitumu, M. (2019, p. 174) auprès de l'ensemble
des personnelles de l'Université de Congo montre également que
l'Internet est utilisé par les enseignants plus comme un «
moyen de communication et de recherche d'information » et ces
enseignants utilisent plus précisément les outils comme la
messagerie (Email), des réseaux sociaux et des moteurs de recherche. Et
même dans leur recherche sur `'les jeunes et Internet :
Représentations, usages et appropriations,» Bevort, E. et
Bréda, I. (2001, p. 37) ont trouvé que parmi la diversité
des activités possibles, la dimension communicative tient une place
considérable. Sur les 506 réponses analysées, 150 (soit
près de 30%) commencent par : « C'est un moyen de
communiquer... » Ou par : « C'est un moyen de
communication... ». Selon leur étude, certains jeunes vont
jusqu'à résumer leur représentation en une phrase : «
Internet, c'est la communication envers le monde entier », «
Internet, c'est communiquer facilement dans le monde entier »,
« Internet, c'est s'ouvrir au monde ».
Il faut donc dire que cette compréhension de l'Internet
sera le fondement même de l'utilisation de l'Internet chez les
répondants. Nous répertorions ici quelques discours qui attestent
notre analyse :
- Internet est un instrument ou moyen de communication qui
nous permet d'être en connexion avec les autres dans le monde. Il nous
permet également de mener de recherches pour nos activités.
(Sociologie) ;
- C'est un moyen de connexion avec le monde et d'avoir la
communication avec celui-ci. (Sciences de l'éducation) ;
- Un moyen de communication et de la recherche. (Chimie)
;
- Internet est un outil qui facilite la vie aux personnes
qui l'utilisent (communication et recherche de l'information à temps
réel. (Mathématique) ;
- C'est un outil de travail qui aide à la recherche
de l'information et à communiquer (Anglais) ;
- D'après moi, l'Internet est un moyen, une voie
par laquelle, je communique et s'informer de ce qui se passe dans le monde.
(Physique) ;
- L'Internet est un moyen important pour la recherche et
la communication professionnelle. (Philosophie) ;
63
- Lieu de rencontre et d'échange d'information ;
c'est une source d'information de toute sorte et en fin c'est une
bibliothèque de très grand format. (Droit) ;
- C'est un moyen de communication électronique qui
nous permet de cueillir les informations et suivre nos recherches en ligne.
(Biologie)
- L'Internet constitue une source d'accès à
l'information et de communication. (Anthropologie) ;
- Une interconnexion des ordinateurs entre eux et qui
permet la communication et la recherche d'information. (Physique).
Les données présentées permettront
d'ailleurs de le montrer. La récurrence de « L'Internet comme
moyen de communication et de la recherche d'information » dans les
discours sur la notion d'Internet traduit en fait, le contexte et la politique
d'intégration des technologies dans le milieu universitaire au Tchad.
Car les enquêtés connaissent effectivement l'Internet comme un
outil facilitateur de la recherche d'information et de la communication. Cela
corrobore justement aux différents appels internationaux et les
chercheurs sur l'importance de l'Internet en éducation, (UNESCO 2011 et
les compétences informationnelles ; l'Association des Directeurs &
Personnels de Direction des Bibliothèques Universitaires et de la
Documentation a également établi les référentielles
des compétences informationnelles ; le Ministère de
l'Enseignement Supérieur et de la Recherche française et sa
référentielle de compétence ; karsenti, T. ; Dumouchel, G.
; Beché, E. Onguené, E-L-M...). Ladage, C. et Ravestein, J.
(2013, p. 18) ont montré aussi dans leur étude que le rapport des
enseignants enquêtés à l'Internet est affirmé
principalement pour poser des questions et communiquer (courriels).
Nous pouvons donc dire que les répondants accordent un
intérêt particulier à l'Internet et c'est ce qui traduit
dans leur discours. L'aspect communicationnel et recherche d'information
occupent une place centrale dans les réponses fournies par les
enseignantes et enseignants chercheurs (es). Les représentations sont
liées à ce qu'Internet leur permet réellement de faire
dans leurs activités surtout sur les possibilités que le
réseau leur offre.
3. Ce que pensent les répondants des contenus
d'Internet
Les contenus dont il est question ici, concernent les
informations qui sont diffusées à travers l'Internet. Car dans un
contexte de surabondance d'informations (infobésité) ou encore,
ce que d'aucun nomme les « infos-pollutions » (Dumouchel,
Op. cit, p.8) et de diversité de ses supports, les processus de
recherche documentaire et de validation de l'information requièrent la
reconnaissance de fausse et la bonne information sur le Net. C'est en ce sens
que Ravestein, J.et al. (2007, p. 73) pensent que nombreux sont ceux qui se
sentent perdus sur le web, pris de
64
vertige ou effrayés par le nombre important de
documents qu'il contient. En effet, l'Internet donne accès à des
millions et des milliards de documents de nature variée, couvrant tous
les sujets ou presque, c'est pourquoi l'évaluation de document sur
l'Internet est fondamentale pour une utilisation éducative.
Pour ce qui est de notre recherche, les répondants sont
également conscients de la nécessité de bien
évaluer les ressources obtenues en ligne. 66 enseignants sur 74 qui ont
répondu à la question soit un pourcentage de 89, montrent qu'il
faut prendre les informations provenant de Net avec réserve et 8,10% des
répondants pensent plutôt que toute les informations obtenir
à partir de l'Internet sont fausse. Et 2,70% des répondants
pensent que toutes informations tirées à partir de l'Internet
sont des bonnes informations. C'est ce qui traduit dans les propos tels que
:
- Il convient de traiter avec méfiance certains
contenus, et d'éviter de croire aveuglement aux contenus et donc la
nécessite de savoir discerner , ·
- Prendre avec réserve des informations trouver sur
l'Internet , ·
- Certaines informations sont erronées
, ·
- Ces informations doivent être prises avec beaucoup de
réserve , ·
- Prendre quelque fois les informations de l'Internet avec
beaucoup de réserve, car
beaucoup de fake news , ·
- On ne doit pas valider systématiquement toutes
les informations puisque certaines sont fausse , ·
- Il y'a des bonnes et de mauvaises information sur le net
, ·
- Relativement scientifique. Il faut faire un tri
, ·
- Elles sont très utiles mais attention aux fakes
news.
Nous constatons que certains répondants lancent un
appel à la méfiance vis à vis des informations
trouvées sur Internet. Internet en tant qu'objet technique suscite la
crainte chez les uns, audace et curiosité chez d'autres. Crainte surtout
chez certains enseignants d'Université qui continuent toujours à
croire que, pour pouvoir utiliser Internet, il faut nécessairement avoir
des compétences solides en informatique. Ceux-ci sont conscients de la
plu value de l'Internet mais ils émettent des réserves à
l'égard des informations que contient l'Internet. Nous pouvons donc dire
qu'ils se situent au niveau 1, de préoccupation envers une innovation de
Hall et Hord (2001). Mais d'autres pensent que toutes les informations
véhiculées par l'Internet sont erronées. Et n'accordent
pas assez d'importance à l'Internet pour la recherche de l'information.
Cette dernière tranche, se situe au niveau 0 de préoccupation de
Hall et Hord. Car ils ont un faible intérêt pour cette innovation
et nous pouvons dont dire qu'il serait difficile pour eux
65
d'utiliser l'Internet ou sauf au prix d'une formation
appropriée. Nous retrouvons ce point de vue auprès de six
enseignants enquêtés, qui confirment ce raisonnement : «
toutes les informations que contient l'Internet sont fausses et souvent
erronées ».
L'étude mené par Kitumu, M., B-B. (2019, p.
213), auprès des personnels de l'Université au Congo, confirme
aussi ces conceptions de réticence envers l'Internet : ... Pour
d'autres, Internet n'est pas une panacée. Le monde, la communication ou
encore le réseautage existait déjà avant Internet. Il est
donc toujours possible de rester connecté au monde sans Internet. Autant
qu'il est aussi possible de faire de la recherche sans nécessairement
recourir à Internet. Même si cette catégorie de
répondant de notre étude est minoritaire, nous pouvons dire que
cela témoigne la nécessité de soutenir ces personnes pour
utiliser efficacement les informations provenant du web. Ces personnes sont au
niveau « 0- éveil » envers une innovation de Hall et
Hord (2001). Ce niveau est celui de l'enseignant qui n'a aucune connaissance
des TIC ou qui n'est aucunement ou très peu intéressé par
les TIC, (Lefebvre, 2005).
Il y'a également ceux qui pensent que toutes
informations tirées de l'Internet sont vraies : « ma perception
des informations livrées par l'Internet est positive. Autrement dit,
j'accorde de crédit à toute information contenu dans l'Internet
». Ceux-ci aussi sont placé au niveau « 0 -
éveil », puisqu'ils ne savent pas que l'Internet peut
véhiculer n'importe quelle information. D'ailleurs, aujourd'hui avec la
naissance du web 2.0, Dumouchel, G. & Karsenti, T. (2013, p.13)
ont montré que les internautes sont désormais en mesure de
créer et de partager facilement du contenu et d'interagir avec celui-ci,
notamment en utilisant des outils comme les blogues et les micros blogues, qui
permettent d'écrire et de communiquer rapidement de l'information sur le
Web, et les wikis qui permettent d'élaborer du contenu de façon
collaborative et continue. Donc chacun peut rester chez soi et publier les
informations sur le Net comme il entend. C'est en ce sens qu'il faut bien
évaluer les informations sur l'Internet avant de s'en servir. C'est dans
la même ordre d'idée que la CREPUQ (2005) a mis sur pied ces
critères pour bien évaluer l'information : proximité de
l'information contenue dans un site Web avec le sujet de recherche,
quantité d'information dans le site, type de site, type d'information,
date ou mise à jour de la publication du site, auteur du site,
présentation ou apparence visuelle du site, organisation à
l'origine du site, références et hyperliens dans le site, origine
géographique du site, langue du site. C'est ainsi que nous avons ensuite
posé une autre question sur les critères de validation de
l'information sur l'Internet. La question était formulée comme
suit : « parlez-nous des critères de validation de
l'information sur Internet (quels sont selon vous les critères d'un bon
site » ?
66
A cette question, le traitement de questionnaires
révèle que presque la totalité des répondants
disent qu'ils n'ont pas une connaissance sur les critères d'un bon site,
seulement trois (3) répondants sur 74 qui ont répondu à la
question, soit un pourcentage de 4,05%, qui ont montré comment
reconnaitre un bon site. Nous retrouvons cela dans ces propos :
- Pour savoir que, c'est un bon site Internet, il faut
connaitre l'auteur du site, vérifier la même information sur
d'autres supports si possible , ·
- Pour reconnaitre un bon site, il faut chercher à
savoir si le site à une renommée , ·
- Pour reconnaitre un bon site, il faut que
l'administrateur du site soit bien connu et fiable sur le plan
scientifique.
La majorité de la population étudiée n'a
ni une méthodologie ni stratégies adéquates face à
la recherche d'information. Or, en France (MESR, 2010) il parait évidant
que les enseignants doivent pouvoir « Rechercher, produire, indexer,
partager et mutualiser des documents, des informations, des ressources dans un
environnement numérique », « Prendre en compte les
enjeux et respecter les règles concernant notamment : la recherche et
les critères de contrôle de validité des informations
» et « Concevoir des situations d'apprentissage et
d'évaluation mettant en oeuvre des démarches de recherche
d'information ». Dumouchel (2016) reconnait aussi à propos
que, cette réalité représente cependant des défis
majeurs en termes d'évaluation et d'utilisation de l'information chez
les enseignants en contexte québécois. Dans le même ordre
d'idée, Kitumu, M. (2019, p.174) montre également dans son
étude que chaque répondant, consulte les sites selon ses besoins,
et fait recours aux sites qui semblent le mieux pour répondre à
ses attentes. Mais, leur consultation est en règle
générale orientée vers des sites d'informations
scientifiques (générales ou spécialisées) et des
sites de formations (payants ou en accès libre). Et Kitumu en conclue
que, les différents enseignants interrogés affirment consulter
plus les sites d'informations scientifiques afin d'accéder à un
contenu nécessaire à l'exercice de leur profession. Cela nous
laisse indifférent du fait que, les enseignants enquêtés de
l'Université de N'Djamena n'arrivent pas à énumérer
les critères d'évaluation d'un bon site, autrement dit un site
scientifique. La majorité des enseignants enquêtés sont
également incapables de nommer trois sites de leur choix.
Pour conclure, nous pouvons juste émettre une nouvelle
l'hypothèse selon laquelle, l'encadrement et la formation des
enseignants du supérieur à la recherche des informations et
documentaire sur Internet sont susceptibles d'améliorer la pratique de
l'Internet à l'Université de N'Djamena. Car les enseignants
enquêtés ne font pas la distinction entre les sites qu'ils
utilisent et n'ont pas la connaissance des critères de validation d'un
bon site.
67
4. Choix des enseignants entre ressources obtenues
à l'aide de l'Internet et la bibliothèque
En ce qui concerne le choix des répondants entre les
ressources obtenues à partir de l'Internet et à partir de la
bibliothèque physique, nous pouvons se servir directement de l'analyse
descriptive issue de notre base de données. Le tableau ci-dessous
présente le résultat obtenu de notre enquête.
Tableau 9 : préférence entre
ressources de l'Internet et la bibliothèque
|
Effectifs
|
Pourcentage valide
|
Internet
Bibliothèque Total
|
13
|
17,80
|
60
|
82,19
|
73
|
100,0
|
Source : enquête du terrain
2019
Au regard du tableau 9, la plupart des répondants
préfèrent utiliser la bibliothèque physique pour
constituer leur documentation avec 82,19 %. Or Karsenti cité par
Dumouchel, G. (2014, p.7) a montré depuis 2005 que, l'Internet a permis
non seulement d'obtenir des ressources qui étaient jusque-là
difficilement accessibles, mais aussi de faire en sorte que l'on apprenne plus
uniquement du livre et de l'enseignant à l'école. Nous pensons
donc que ce fort pourcentage, renforce le fait que les enquêtés ne
connaissent pas des critères de validation d'une information obtenue
à partir de l'Internet. Nous disons ici que même si les
enquêtés ont majoritairement défini l'Internet comme un
outil de recherche d'information, ils ne savent pas comment tirer profit de
l'Internet. D'ailleurs 89% des répondants dans la section
précédente ont montré qu'il faut prendre les informations
provenant de net avec réserve.
Nous pouvons dire à propos que ces enseignants ont
comme tradition, rechercher les informations dans les bibliothèques et
non sur l'Internet pour leurs travaux académiques. D'où la
nécessité de les formés à la recherche documentaire
dans les web scientifiques. Alors que, conscient de la précarité
de la bibliothèque en Afrique francophone, Renaud, P. (1997) soulignait
qu'en " Afrique francophone, par exemple, il y a très peu de
bibliothèques, notamment universitaires, très peu de centres de
documentation, et qu'ils sont tout à fait insuffisants en termes de
contenus. Alors les TIC (revues, publications électroniques, ressources
scientifiques disponibles sur Internet) peuvent servir de moyen
inévitable pour acquérir les informations. Plus grave encore, les
campus de l'Université de Ndjamena ne disposent pas tous de
bibliothèque. Et même s'ils en ont, les contenus de ces
bibliothèques sont déplorables.
5. 68
Les avantages de l'Internet chez les
répondants
Cette partie de notre travail concerne les discours que
rapportent les enseignants enquêtés sur les avantages de
l'Internet. Il s'agit pour nous d'examiner le contenu de leurs discours sur les
avantages de l'Internet. Une fois de plus, les enseignants de
l'Université de N'Djamena, assimilent l'Internet à un moyen de
communication et à la recherche d'information. Dans leur
quasi-totalité, les universitaires portent un regard positif sur
Internet. Les opinions sont globalement favorables : "Outil efficace pour
la recherche d'information, rapide et peu coûteux pour communiquer avec
les collègues, les amis...", voilà en quoi peut se
résumer les avantages selon les propos entendus. C'est ce qu'on observe
dans les propos qu'ils accordent à l'Internet :
- L'Internet est un excellent moyen de communication : il
nous permet de rester en contact avec nos amis et nos contacts du monde entier,
de leur parler en temps réel, de partager (grâce aux
réseaux sociaux) nos goûts et nos souvenirs, nos
expériences, de se faire de nouveaux amis ».
- L'Internet favorise une nouvelle forme de commerce (le
commerce électronique) qui
permet d'acheter n'importe quel article dans le monde
entier. En plus, il favorise l'accès à beaucoup de services
(réservations, administrations électronique, banques
électroniques, bibliothèques numériques, etc.).
Parlant des avantages de l'Internet, l'un de répondant
de l'étude mené par Kutumu
(Op.cit. p.215) confirme l'avantage de l'Internet dans la
recherche de l'information, lorsqu'il dit : « C'est vrai que la
recherche était possible avant l'invention d'Internet. Mais, cette
technologie a sérieusement facilité la vulgarisation de la
science. Il suffit d'un clic et tu as toute la documentation. Il est facile
pour moi de mener à bien ma recherche doctorale ».
6. Les inconvénients de l'Internet chez les
répondants
Par rapport à ce que nous avons examiné, les
opinions des répondants nous permettent de dire que les
répondants voient dans l'Internet un lieu où tout le monde
profite pour s'enrichir. C'est ce qu'on lit dans un tel propos : «
L'Internet peut être utilisé par de mauvaises personnes qui
cherchent à arnaquer, à tromper, à voler d'autres
personnes ». Et certains pensent que les enfants, en particulier,
sont des victimes potentielles faciles qui doivent utiliser l'Internet sous la
surveillance des adultes, (Les pédophiles sévissent sur le net).
D'autres encore estiment que, toutes les données qui circulent sur le
Net ne sont pas éthiques et favorables : il y a des sites
pornographiques, des sites extrémistes, des virus, des hackers, des
pirates, des spams, les réseaux criminels, etc. Ils pensent
également que le Net peut aussi rendre accessibles des données
dangereuses : des terroristes apprennent sur le Net comment fabriquer des
engins
69
explosifs, comment subtiliser des informations sensibles. Sur
Internet, on n'est pas à l'abri des regards, des informations
personnelles peuvent être divulguées par soi-même ou par un
tiers, ce qui peut nuire à la personne, d'autant plus que le Net a une
mémoire d'éléphant (il est difficile d'effacer ces
informations personnelles par la suite).
Il y a une grande quantité d'information sur l'Internet
qui rend difficile pour les gens de faire la différenciation entre les
informations valides et fausses informations. Il existe également des
matériaux sexuellement explicites, tels que les films, les photos, les
récits et les clips, ce qui pourraient facilement tomber entre les mains
de jeunes enfants et de personnes innocentes, au moins que des filtres et des
dispositions de sécurité soient mis en place.
C'est en ce sens que, dans le monde entier, de nombreuses
initiatives ont été apportées afin de maximiser les
avantages de l'utilisation de l'Internet et de limiter les inconvénients
pour que les gens qui utilisent l'Internet soient protégées en
ligne. Ces initiatives prennent la forme de politiques et de
législations gouvernementales, et recouvrent le filtrage des demandes,
la protection de mot de passe ainsi que le développement de
systèmes de gestion à contenu spécial. Au Tchad,
l'Assemblée nationale a adopté le 2 décembre 2018, le
projet de loi portant la ratification de la convention de l'Union Africaines
sur la cyber-sécurité et la protection des données
à caractère personnel, tient compte des exigences de respect des
droits des citoyens, garantis en vertu des textes fondamentaux de droit interne
et protégés par les conventions et les traité
internationaux relatif aux droit de l'Homme particulièrement la charte
africaine des droits de l'Homme et des peuples.
7. Les opinions des enseignants sur la notion
d'Internet
Recueillir les opinions des individus sur un fait particulier
nécessite une approche qualitative, c'est-à-dire laisser ces
personnes d'exprimer librement leurs opinions sur le sujet demandé. Mais
ici nous avons préféré cibler quelques pratiques que nous
avons jugées importantes pour la présente étude tels que
le caractère révolutionnaire de l'Internet ; l'Internet permet
d'améliorer la communication entre les gens ; utiliser Internet,
ça s'apprend très facilement ; c'est souvent difficile de trouver
ce qu'on cherche sur Internet ; pour utiliser Internet, il faut bien
connaître l'informatique ; à l'avenir, les gens vont presque tout
acheter sur Internet ; pour travailler dans la société de demain,
il faudra maîtriser Internet etc. Il est toutefois important de
reconnaître que le fait que les opinions telles qu'elles sont
exprimées par les répondants doivent être
considérées comme des réactions à des affirmations
qui leur ont été suggérées, des affirmations qui
sont, à certains égards, volontairement caricaturales de certains
aspects d'Internet. Pour ces premières affirmations soumises aux
impressions des enseignants, nous avons souhaité analyser et discuter
les deux choix de réponses suivants : plutôt d'accord
70
et tout à fait d'accord. Mais ces deux réponses
seront comprises comme des opinions positives ou simplement des opinions qui
partagent l'énoncé.
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