2.2. Composition chimique
Les HE ont une composition très complexe et
variée : plusieurs dizaines, voir plusieurs centaines de
molécules organiques volatiles. Les propriétés de chaque
HE résultent ainsi des proportions de chaque molécule qui les
composent, de leurs différentes propriétés et de leurs
interactions (34). De nombreux facteurs influent sur la composition d'une HE :
l'espèce botanique, le chémotype, le cycle
végétatif, la période de récolte, l'organe
végétal, certains facteurs environnementaux ainsi que les
procédés d'obtention (35).
La notion de chémotype (soit la race chimique)
reflète une spécificité biochimique des huiles
essentielles : en effet, une même espèce botanique peut produire
des HE de composition chimique distincte, en fonction du pays d'origine ou du
climat notamment (36). Il est donc important que les huiles essentielles
utilisées soient chémotypées par chromatographie en phase
gazeuse et spectrométrie de masse (37)(38). Les HE sont alors
décrites en fonction de leurs composés principaux, permettant de
prévoir au mieux leurs propriétés.
Les constituants des huiles essentielles sont répartis
en 2 classes : les terpénoïdes, qui dérivent de
l'isopenténylpyrophosphate, et les phénylpropanoïdes,
biosynthétisés à partir d'acides aminés aromatiques
: la phénylalanine et la tyrosine (38)(39). Certaines de ces
molécules ont un effet anti-bactérien important : les
phénols, les monoterpénols et les aldéhydes aromatiques
notamment sont des anti-infectieux puissants à large spectre. On peut
également citer les cétones et les oxydes terpéniques, qui
ont un effet antibactérien, antiviral et
antiparasitaire. Il est néanmoins important
d'être très précautionneux dans l'utilisation des HE : en
effet, certains de leurs composés peuvent être très
toxiques (10). Par exemple, les cétones peuvent avoir un effet
neurotoxique, en destructurant la gaine de myéline qui entoure les
axones des nerfs, de par leur action lipolytique (40).
2.3. Mode d'action antibactérien
L'activité antibactérienne des HE repose sur
plusieurs modes d'action, et plusieurs cibles cellulaires spécifiques en
fonction des molécules qu'elles contiennent. Le principal est la
perméabilisation de la membrane : de par leur caractère
lipophile, les molécules des HE traversent la paroi cellulaire et la
membrane cytoplasmique, ce qui perturbe leur structure et les rend
perméables. Chez les bactéries, on observe alors une perte de
nombreux constituants cytoplasmiques, d'ions (entraînant une
réduction du potentiel de membrane), de substrats
énergétiques (ATP, glucose), de protons (ce qui provoque une
diminution de la force protomotrice et ainsi empêche la synthèse
d'ATP) et de sels. On peut également observer une coagulation du
cytoplasme provoquée par certaines molécules. Ces
mécanismes peuvent ainsi mener à l'apoptose ou à la
nécrose de certaines bactéries (41)(42)(43).
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