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Ressources naturelles et croissance économique en Afrique


par Achille Ondoua
Université de Yaoundé II (Soa) - Master 2 en Economie 2019
  

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2.2 Ressources naturelles et croissance du PIB

Les études de Sachs et Warner(1995) analysent les effets des ressources naturelles sur la croissance économique à long terme, ils observent que les économies ayant un ratio élevé d'exportations de ressources naturelles par rapport au PIB ont connu une croissance plus lente de 1970 à 1990 que la moyenne mondiale. Cette observation leur a permis d'établir une corrélation négative entre la part des exportations primaires dans le PIB ou dans les exportations totales et croissance du produit par tête. Sachs et Warner trouvent que les pays riches en ressources naturelles ont tendance à croitre plus lentement que les pays aux ressources limités. Ceci est connu sous le nom de « malédiction des ressources naturelles ». Cet article a jeté les jalons de cette littérature vaste et controversée. Les auteurs mettent notamment en évidence qu'une augmentation d'un écart-type des exportations de matières premières en proportion du PIB réduirait le taux de croissance de l'ordre de 1 point de pourcentage par an. Ils expliquent leur résultat par le concept du « syndrome hollandais », selon lequel le développement du secteur des ressources nuit au développement des autres secteurs de l'économie, principalement le secteur industriel, en raison de l'appréciation du taux de change réel qu'il induit, considérant que le ralentissement du secteur industriel obère la croissance économique de long terme --(Auty, 1993; Gylfason, 2001; Sachs et Warner, 1995, 2001).

La littérature publiée après Sachs et Warner (1995) étudie principalement les différents mécanismes de transmissions par lesquels les ressources naturelles affectent la croissance économique.

Gylfason et Zoega(2006) poursuiventleurs recherches et montrent qu'une augmentation de dix points de pourcentage du capital naturel par rapport au PIB d'un pays est associée à une réduction de l'investissement dans l'éducation d'environ deux points de pourcentage du PIB. Bravo-Ortega et Gregorio(2005) font valoir que les ressources naturelles ne compromettent la croissance que dans les pays avec de très faibles niveaux de capital humain. Ils développent un modèle théorique dans lequel une augmentation de la dotation en ressources d'un pays induit une réallocation du capital humain du secteur industriel vers le secteur des ressources, conformément à une des prédictions du syndrome hollandais. Dans leur modèle, le taux de croissance d'une économie est une moyenne pondérée du taux de croissance des deux secteurs. Puis, ils supposent que le secteur des ressources utilise une quantité fixe du capital humain, alors que la quantité du capital humain employé dans le secteur industriel peut croître indéfiniment. L'expansion du secteur des ressources est associée certes à une augmentation du revenu par tête, mais réduit la croissance de l'économie car le secteur des ressources diminue le rendement du capital humain, alors que le secteur industriel présente des rendements d'échelle constants. Par conséquent, les ressources naturelles ne réduisent la croissance que lorsque le niveau de capital humain est très faible. L'implication majeure de leur étude est de dire que le capital humain explique la divergence de performances économiques observées entre les pays scandinaves et d'Amérique latine. Les extensions de cette littérature mettent l'accent sur la dépendance aux ressources et les investissements publics dans les secteurs sociaux.

Butkiewicz et Yanikkaya(2010) soutiennent que l'ensemble de données du panel composé de pays développés et en développement montre que, dans les pays émergents, l'hypothèse de la malédiction est confirmée mais que des résultats similaires dans les pays développés ne peuvent être observés. Weishu et Mohaddes(2011) constatent que la volatilité des rentes sur les ressources affecte négativement la croissance économique à mesure que les rentes sur les ressources augmentent la production réelle par habitant. Ils montrent également qu'une meilleure qualité institutionnelle peut éliminer certains des effets négatifs de la volatilité des rentes sur les ressources naturelles. Davis(2011) conclut que les ressources naturelles entraînent un ralentissement des taux de croissance dans les pays tributaires des ressources minérales et un effet d'éviction. Cavalcanti montrent une relation positive directe entre l'abondance et la croissance des ressources. De plus, ils observent une relation négative entre la volatilité des ressources et la croissance en utilisant des données annuelles pour 1970-2007 et des observations qui ne se chevauchent pas sur cinq ans.

Bulte et al.(2004) ; Leite et Weidmann(1999) et 'Gylfason(2010) pour leur part, pensent que l'effet de la possession des ressources naturelles sur la croissance économique dépend de la qualité des institutions. S'agissant plus particulièrement de l'étude de Gylfason Thorvaldur (2010) portant sur un échantillon de 164 pays aussi bien développés qu'en développement sur la période 1960-2000, l'auteur arrive à la conclusion selon laquelle la possession des ressources naturelles exerce une influence positive sur la croissance économique, si et seulement si les institutions sont de bonne qualité. C'est le cas de certains pays qui ont réussi à se servir de leurs abondantes ressources naturelles pour obtenir un progrès économique rapide, à l'instar des pays du Golfe, de la Norvège, du Chili, de l'Ile Maurice et du Botswana. Les travaux de Brunnschweiler et Bulte (2008); Mehlum et al. (2006) et Acemoglu et al.(2003), vont également dans ce sens. Ils montrent que l'abondance des ressources naturelles affecte positivement la croissance économique alors que l'effet de la dépendance est plutôt négatif. Avom et Carmignani(2010) aboutissent à la même conclusion sur une étude menée dans le contexte des pays de l'Afrique centrale sur la période 1965-2005, sur l'impact de la dépendance des produits de base sur la croissance économique. Omgba(2011) quant à lui évalue l'impact du pétrole sur l'économie camerounaise. Il utilise le test de causalité au sens de Granger et montre que la découverte du pétrole et la montée de ses prix sont sources de crises économiques et politiques dans ce pays. Il affirme par ailleurs que ces crises reposent sur la manière dont la rente pétrolière a été gérée.

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