I.2.2 : Ouverture
commerciale et prix internationaux et locaux
Cette sous-section présente les explications du lien
entre les ressources naturelles et l'ouverture commerciale.
De nombreux auteurs ont associés la malédiction
des ressources naturelles à des facteurs externes, tels que le
degré d'ouverture commercial ou le niveau des prix. Le dutch disease est
un des phénomènes principaux mis de l'avant afin d'expliquer la
malédiction des ressources naturelles. Un boom dans le secteur des
matières premières entraîne, à cause de
l'augmentation des termes de l'échange, un déclin des autres
secteurs de l'économie. Ces autres secteurs deviennent moins
compétitifs à cause de cette hausse des termes de
l'échange (Davis, 1995). Cependant, Mikesell (1997) détermine que
le dutch disease ne constitue pas un facteur déterminant pour expliquer
la malédiction. Davis (1995) mentionne que les fluctuations des prix des
minéraux ont eu comme impact de faire varier les revenus fiscaux et les
exportations de ces pays, rendant la demande domestique instable, ce qui a eu
comme conséquence de décourager l'investissement et donc de
diminuer la croissance.
Certaines économies sont plus dépendantes que
d'autres à l'abondance en ressources naturelles, selon Sachs et Wamer
(2001), cela peut constituer une différence majeure dans le fait que
certains pays ont réussi, malgré l'abondance de leurs ressources
naturelles, à ne pas subir la malédiction. Ils mentionnent que
les données historiques du ratio des exportations des ressources
naturelles dans le PNB montrent que les pays qui n'ont pas subi la
malédiction, mais sont riches en ressources, avaient un ratio plus
faible que certains pays en voie de développement entre la moitié
et la fin du 20e siècle. De plus, le niveau de dépendance d'une
économie aux ressources naturelles affecte deux facteurs importants : la
rente et les chocs, c'est-à-dire que la rente est plus grande si une
économie est très dépendante et les chocs des prix ont
plus de conséquences.
L'ouverture commerciale est aussi une des hypothèses
qui a été mise de l'avant pour expliquer la malédiction
des ressources naturelles par de nombreux auteurs. Stijns (2006), Bravo-Ortega
et De Gregorio (2005), ainsi que Papyrakis et Gerlagh (2004) trouvent que le
commerce a un impact positif et significatif sur le PIB. Les termes
d'échange ont quant à eux un impact négatif, mais
significatif. Auty (1995) se distingue des autres auteurs, il traite
l'ouverture commerciale d'une manière différente en mettant
l'emphase sur le moment dans l'histoire du pays où celui-ci s'est
ouvert. Il tente d'expliquer la malédiction des ressources naturelles en
affirmant que les économies riches en ressources naturelles tendent
à avoir un développement plus autarcique comparativement aux pays
du Sud-est asiatique, dont l'économie est basée sur
l'exportation. Selon lui, une grande dotation en ressources naturelles a comme
impact d'entraîner des projections trop optimistes en ce qui concerne le
futur, ce qui entraînerait des politiques macroéconomiques trop
laxistes, une entrée prématurée dans les nouveaux secteurs
industriels et une plus grande tolérance du rent-seeking. Sachs et
Warner (2001) supposent qu'un choc positif de la richesse causé par le
secteur des ressources naturelles se traduit par une augmentation de la demande
pour les biens « non exportables » dans un pays, ce qui crée
une demande excédentaire pour ces produits et fait ainsi augmenter le
salaire et le prix des intrants non exportables, ce qui aurait causé
dans les années 70, une hausse des prix dans le secteur manufacturier
utilisant ces facteurs de production. Ils concluent que durant cette
décennie, les manufactures dans les pays ayant un haut niveau de
ressources naturelles devaient subir des coûts plus grands et que leur
compétitivité internationale. Les auteurs trouvent une relation
inverse entre le logarithme de la contribution des ressources naturelles et le
logarithme de 1' exportation de biens manufacturiers d'une économie.
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