Section I : Ressources
naturelles et la croissance du PIB : les explications traditionnelles
Cette section présente dans un premier temps, les
origines du concept de la croissance économique, ses sources afin de
donner une idée claire de sa signification dans le cadre ce travail,
dans un second temps d'expliquer les ressources naturelles dans la
pensée économique, et dans le troisième temps, il sera
question de présenter la revue théorique portant sur les
différents canaux de transmissions des ressources naturelles
(minières, pétrolières...) sur la croissance
économique.
I.1 : Définition de
la malédiction des ressources naturelles
Cette première sous-section présente une
brève définition du phénomène de la
malédiction des ressources naturelles. La malédiction des
ressources, telle que popularisée par Sachs et Warner, en 1995,
établit une corrélation négative entre l'abondance en
ressources naturelles et la croissance du PIB. Ainsi, selon ces auteurs, les
pays ayant une plus grande quantité de ressources tendent à
croître moins vite que les autres. Cela constitue ce qu'ils appellent une
« malédiction » puisque les ressources sont un obstacle
à la croissance. Ils concluent que le ratio de ressources naturelles
exportées sur le PNB explique en partie les écarts de croissance
des différents pays. Dans leur article de 1995, les auteurs
présentent une corrélation négative entre le ratio des
exportations en ressources naturelles sur le PNB en 1970 et la croissance du
PIB réel entre 1970 et 1990. Cette relation présentée dans
le graphique de Sachs et Wamer (200 1) montre que la plupart des pays qui
étaient riches en ressources naturelles en 1970 n'ont pas crû
rapidement au cours des années suivantes.
Sala-i-Martin (1997) et Doppelhofer et al. (2000) confirment
aussi que les ressources naturelles ont empiriquement un impact important sur
la croissance. Ces auteurs classent les ressources naturelles comme une des dix
variables les plus robustes dans les études sur la croissance. De plus,
la malédiction des ressources naturelles, telle que
présentée par Sachs et Wamer, met en relation les ressources
naturelles et le taux de croissance du PIB et non le niveau de revenu. Ainsi,
même si un pays est riche, il peut avoir subi la malédiction des
ressources naturelles si son taux de croissance est faible. Malgré cette
distinction entre croissance et niveau de richesse, certains auteurs ont
tenté d'étendre le paradoxe de la malédiction à
d'autres variables liées à la richesse. En outre, des recherches
plus récentes ont permis de montrer qu'il semble que l'abondance en
ressources ne soit pas seulement corrélée négativement
avec le taux de croissance du PIB. Selon Bulte et al. (2005), l'abondance en
ressources naturelles serait aussi corrélée négativement
avec le niveau de développement humain (lDH). De plus, Bravo-Ortega et
De Gregorio (2005) ont découvert un lien négatif entre abondance
en ressources et niveau actuel du PIB. Ces relations ont permis à
plusieurs économistes d'affirmer qu'en moyenne, 1'abondance en
ressources naturelles constituait un handicap au développement
plutôt qu'une bénédiction. Les positions des auteurs
divergent toutefois puisque Bravo-Ortega et De Gregorio (2005) trouvent que les
ressources naturelles ont un impact positif sur le niveau revenu, mais un
impact négatif sur le taux de croissance des pays. Brunnschweiler (2008)
affirme, quant à elle, que la relation entre abondance en ressources
naturelles et croissance des revenus est positive. Cette découverte
d'une relation positive est confirmée pour l'abondance en
minéraux par Davis (1995).
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