Section II : Ressources
naturelles et croissance de la productivité : rôle des
institutions
PourShirley(2003), les bonnes institutions sont celles qui
favorisent le développement économique c'est-à-dire celles
qui encouragent les échanges (grâce à la réduction
des coûts de transaction et à l'amélioration de la
confiance) et celles qui incitent l'Etat à respecter la
propriété privée. Les organismes qui établissent
des indicateurs institutionnels (Banque Mondiale, Freedom House, Institut
Fraser) considèrent que les bonnes institutions sont
démocratiques (elles favorisent le compromis et la négociation
ainsi que la participation de tous aux prises de décision), elles
permettent de lutter contre la corruption et l'arbitraire et sont à
même de rendre des comptes aux citoyens.Group et al.(2010) ont
défini les indicateurs de gouvernance en trois dimension dont la
gouvernance économique, qui prend en compte l'efficacité
gouvernementale, la qualité de la réglementation ; la
gouvernance institutionnelle quant à elle prend en compte l'Etat de
droit et le contrôle de la corruption ; et enfin la gouvernance
politique qui regroupe la stabilité politique, la voix et
responsabilité.
II.1 : Rente des ressources
naturelles et gouvernance économiques
La présence de ressources naturelles abondantes
dissuaderait les gouvernements de mettre en place des institutions
budgétaires efficaces et, en particulier un système fiscal solide
(Ross, 2001; Collier, 2006). En effet, les revenus pétroliers
constituent une manne bien plus importante et bien plus facile à
collecter que les impôts sur les personnes ou les entreprises.
L'utilisation de ces recettes peut se faire de façon
discrétionnaire car elles suscitent généralement moins de
contrôle de la part des citoyens que les revenus issus de la taxation. En
effet, le contrôle des citoyens est une contrepartie du consentement
à l'impôt. La société civile ne sera pas
incitée à se développer.
Les libertés économiques en
général peuvent être décrites comme un
mécanisme qui stimule la dynamique de la croissance et du
développement économiques, amenant l'économie à
atteindre l'équilibre naturel sans aucune intervention extérieure
et permettant aux individus de la société de prendre et
d'appliquer librement des décisions économiques. Une structure
institutionnelle garantit les libertés économiques ; en d'autres
termes, une économie de marché libérale crée un
environnement qui favorise à la fois la croissance et
l'accélération du développement. Outre l'idée de
présenter les libertés économiques aux individus comme un
droit, certaines caractéristiques pour qu'un pays soit
économiquement libre sont la taille du secteur public, l'utilisation des
structures et des marchés économiques, la politique
monétaire et la stabilité des prix, la liberté d'utiliser
d'autres monnaies, l'existence d'un ordre juridique et la
sécurité de la propriété privée, la
liberté du commerce extérieur, la liberté de change sur
les marchés des capitaux et la liberté d'entreprise. Henry(2003),
déclare que les effets positifs des libertés économiques
sur le capital naturel et physique se produisent par l'accumulation de capital
au moyen de l'épargne et de l'investissement ; cette accumulation de
capital augmente la quantité de production par travailleur. Par
conséquent, l'économie atteint le stade final avec une croissance
économique rapide et durable.
Les libertés économiques, dont on souligne
qu'elles sont un facteur important pour assurer la stabilité
macroéconomique, sont également à l'origine d'une
économie stable, comme le faible taux d'inflation prévisible, la
création de taux d'intérêt pour répondre aux besoins
du pays, la réalisation de taux de change à des niveaux
compétitifs et la balance des paiements. Parallèlement à
cette structuration économique, le volume de l'épargne augmente,
l'accumulation de capital à long terme augmente et la
prospérité nationale est préservée, les
investissements futurs augmentent, l'accumulation de capital s'accroît et
l'efficacité de l'allocation des ressources est assurée. En
fonction de la combinaison des facteurs cités, le processus de
croissance s'accélère et prend un élan durable.Il existe
de nombreuses études empiriques qui établissent des relations
positives et importantes entre la liberté économique et la
protection des droits de propriété et la structure juridique
(Barro, 1991; Mehlum et al., 2006; Farhadi et al., 2015).
Farhadi et al.(2015), cherche à savoir si l'impact des
rentes de ressources naturelles sur la croissance de la productivité
dépend de la liberté économique ; en utilisant des
indices de liberté économique agrégés et
désagrégés, ils arrivent aux résultats selon
lesquels les pays riches en ressources peuvent augmenter leur croissance en
améliorant la qualité de la liberté économique.
(Mehlum et al., 2006)pour leur part observent une relation positive entre la
liberté économique et les droits de propriétéen
introduit la rente des ressources naturelles, de cette relation, il constate
que les entrepreneurs recherchent des activités improductives de
recherche de rente et d'accaparement en raison de la faible protection des
droits de propriété dans les économies riches en
ressources.
Pour que l'économie d'un pays soit libre sur le plan
économique, on s'attend à ce qu'elle soit libre non seulement
dans le commerce national, mais aussi dans le commerce international. La
réduction des barrières commerciales et la libéralisation
des échanges amènent les pays à gagner mutuellement et
à distribuer plus efficacement leurs propres ressources. De plus, comme
le libre-échange interagira avec les investisseurs étrangers, il
augmentera la compétitivité internationale des entreprises en
créant des technologies étrangères répandues et en
augmentant la productivité des entreprises locales. Cagetti et De Nardi,
(2006)affirment que moins il y a de restrictions aux mouvements de capitaux
transfrontaliers, plus l'accès aux marchés internationaux de
capitaux est facile, ce qui accroît l'offre de capital-risque et peut
entraîner une énorme augmentation de l'innovation.
Appréhendons à présent les mécanismes reliant
richesse naturelle et la qualité des décisions politiques.
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