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Stratégie d'élimination du trachome comme problème de santé publique dans une zone d'incertitude: cas du district de santé de Kolofata au Cameroun


par Patrick Gérard TOUKO SIANI
Université Catholique d'Afrique Centrale - Executive MBA Management Stratégique 2021
  

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II- PROBLÉMATIQUE PRATIQUE DU TRACHOME AU CAMEROUN

La problématique est la présentation d'un problème qui soulève une interrogation qu'il faut résoudre. De façon pratique, elle représente la question à laquelle l'auteur d'une dissertation doit répondre par une argumentation étayée.

1. Observations relatives à la lutte contre le trachome au Cameroun

Au Cameroun, trois régions (l'Extrême-Nord, le Nord et l'Adamaoua) présentent des similitudes sur le plan géographique et culturel. Ce sont des zones à climat chaud et sec avec une faible pluviométrie. L'hygiène individuelle et celle de l'environnement y sont précaires et une forte influence des habitudes culturelles dans ces zones entretiennent le cercle vicieux d'insalubrité qui prédispose au trachome.

Les premières données sur la prévalence du trachome au Cameroun proviennent de l'enquête épidémiologique réalisée dans le DS de Kolofata en 2006 par OSF. La prévalence du trachome actif rapportée était de 31,5% et celle du TT était de 3,5%.

Avec l'appui de USAID et de HKI, des enquêtes à grande échelle ont été réalisées. La première en 2010 dans 27 DS de la région de l'Extrême-Nord, où 13 DS avaient des prévalences de trachome actif chez les enfants de 1 à 9 ans supérieures à 10%, 4 DS étaient situées entre 5 et 9,9%. La deuxième enquête a été mise en oeuvre dans 15 DS de la région du Nord en 2011 où 3 DS (Poli, Rey Bouba, Tcholiré) avaient des prévalences de trachome actif supérieures à 10%. La troisième enquête a porté sur les 8 DS de la région de l'Adamaoua ; le trachome s'y est révélé être non endémique.

Au total à l'issue de ces enquêtes, 6.546.265 personnes étaient à risque de trachome au Cameroun, soit le tiers de la population nationale. Il en ressort également qu'il y aurait 23.387 personnes âgées d'au moins 15 ans atteintes du TT, et 1.276 personnes de 15 ans et plus aveugles du fait du trachome, soit une prévalence globale de la cécité de 0,02 %.

Cette forte prévalence du trachome actif a donc conduit le Cameroun et ses partenaires internationaux (USAID/ITI/HKI, Pfizer, Sightsavers, UNICEF) à mettre en oeuvre des traitements et des activités de prévention dans tous les DS endémiques, ceci par la mise en oeuvre en 2012 du Plan National d'Élimination du Trachome (PNET).

La vision globale du PNET est de faire du Cameroun un pays où le trachome n'est plus une cause de cécité, et où les couches sociales les plus vulnérables vivent dans un environnement sain, aspirant ainsi à la prospérité. Le but du PNET était d'éliminer le trachome comme cause de cécité dans les régions endémiques du Cameroun d'ici à l'an 2020. Les objectifs spécifiques du PNET était de deux ordres : réduire la prévalence du TF à moins de 5%, et réduire la prévalence du TT à moins de 0,2%, ceci dans tous les DS endémiques.

En rapport à l'atteinte des objectifs du PNET, un ensemble d'actions a été mis en oeuvre notamment :

· l'organisation dès 2011 des traitements de masse à l'azythromicine dans les DS endémiques ;

· la mise en oeuvre dès 2014 des enquêtes d'impact dans les DS ayant été traités ;

· l'arrêt en 2016 des activités de distribution de masse des médicaments à la suite de l'atteinte des seuils d'élimination lors des enquêtes d'impact ;

· le démarrage des activités de chirurgie du TT dans les 2 régions endémiques ;

· le lancement des activités de promotion de l'hygiène individuelle et de l'environnement à travers le nettoyage du visage et l'assainissement du milieu.

Parallèlement à ces activités, les 5 DS présentant des discordances lors des enquêtes de base (TF < 5%, TT > 0,2%) ont bénéficié à partir de 2016 d'une enquête pour la recherche spécifique des cas de TT (enquête TT only). Il s'agissait des DS suivants : Touboro, Mada, Meiganga, Garoua 1 et Karhay. Les dernières enquêtes TT only ont eu lieu dans 2 DS (Garoua 1 et Karhay) au courant de l'année 2019.

Dans la région de l'Est, le Cameroun est frontalier avec la RCA, où en 2018 des DS étaient endémiques au trachome. Le trachome étant une maladie contagieuse, et du fait de la porosité de la frontière dans cette partie du pays, une enquête sur le trachome a été mise en oeuvre dans la région de l'Est Cameroun en décembre 2018. Celle-ci a concerné les 6 DS de cette région qui sont frontaliers avec ceux de la RCA, ainsi que les camps de réfugiés qui s'y trouvaient.

Les résultats de cette enquête rapportaient une prévalence du TF chez les enfants de 1-9 inférieure au seuil recommandé par l'OMS (5%) pour la planification des traitements de masse. De même, la prévalence du TT chez les adultes de 15 ans et plus obtenue dans 3 unités d'évaluation était inférieure au seuil de 0.2% recommandé pour l'organisation des campagnes de chirurgie de masse. Par ailleurs, la prévalence de TT de 0.28% obtenue dans les camps des

Une réflexion est en cours sur la définition d'un plan d'action afin que les cas résiduels (ou incidents) de TT soient pris en charge par le système de santé. Ceci passe par le diagnostic des

réfugiés de Gadobadzere, Lolo, Mbile, Timangolo et N'Garissongo impliquait l'organisation d'une campagne de prise en charge chirurgicale des cas de TT dans ces camps. Les données d'une unité d'évaluation n'avaient pas été approuvées par Tropical Data du fait du remplacement inadéquat de 8 grappes dans cette unité d'évaluation pour des raisons d'insécurité et d'inaccessibilité. Une enquête complémentaire a été organisée pour déterminer la prévalence dans les 8 grappes qui avaient été remplacées.

Le Cameroun ayant atteint les critères d'arrêt de traitement de masse et d'élimination de la maladie, des activités de surveillance de la maladie ont été mises en oeuvre. C'est ainsi qu'au courant de l'année 2019 une enquête de surveillance du trachome s'est déroulée dans les 21 DS précédemment endémiques. Il résultait de cette enquête que 2 DS étaient encore endémiques dans la région de l'Extrême-Nord. Il s'agissait de Goulfey et Makari, avec des prévalences respectives de TF à 6,91% et 10,0%. Des activités de distribution de masse d'antibiotiques se sont déroulées dans ces 2 DS au courant des années 2020 et 2021 ; celles ci devraient aboutir à l'atteinte des seuils d'élimination dans ces 2 DS.

La partie méridionale du Cameroun compte 7 régions. La pluviométrie y est forte, et l'hygiène individuelle et collective semble davantage maitrisée, par rapport aux 3 régions septentrionales. Les informations cliniques disponibles ne rapportent pas des cas de trachome. Pour pouvoir affirmer l'élimination du trachome dans tout le pays, il faudra démontrer la non résurgence de la maladie dans les DS précédemment endémiques, et la non existence de la maladie dans les 7 autres régions. Pour ce faire, une enquête documentaire devra être organisée dans ces régions. Celle-ci va consister en une revue des registres de consultations et de soins dans les centres de soins oculaires.

Dans le cadre de la définition d'une stratégie de transition post élimination, un groupe de travail sur le trachome, constitué des experts de la lutte contre le trachome a été mis sur pied. Les objectifs de ce groupe de travail sont en rapport avec le suivi et l'évaluation des différentes activités de lutte contre le trachome, la proposition d'une approche pour la mobilisation du financement des activités, et la rédaction du document narratif sur les progrès accomplis par le pays vers l'atteinte des cibles d'élimination de la maladie.

cas, l'existence des structures sanitaires et des intrants pour la prise en charge des cas, et le maintien d'une ressource humaine compétente dans les DS précédemment endémiques.

Rendu à ce stade, les challenges majeurs pour l'atteinte de l'objectif d'élimination du trachome comme problème de santé publique au Cameroun sont les suivants :

- Chirurgie du TT : arriérés des cas, prise en charge des cas, TT post opératoires, cas incidents, maintien d'une ressource humaine compétente.

- DS Kolofata : cartographie, épidémiologie (incidence, prévalence) de la maladie, insécurité, risques humains, déplacement des populations.

- Enquête documentaire dans les 7 régions méridionales.

Au Cameroun, la lutte contre le trachome et les autres causes de cécité est assurée par le Ministère de la Santé Publique à travers le Programme National de Lutte contre la Cécité.

La cécité due au trachome est évitable, mais une fois installée elle devient définitive. La cécité est une déficience visuelle totale. Le terme cécité vient du latin caecitas « perte de la vue ». On qualifie une personne atteinte de cécité de personne aveugle.

Le Programme National de Lutte contre la Cécité (PNLCé)

Le PNLCé a été créé le 08 janvier 2003 par décision du Ministre de la Santé Publique. Il s'agit d'un programme prioritaire du Ministère de la Santé Publique visant à réduire la prévalence de la cécité et de la malvoyance. La gestion du PNLCé est assurée au niveau national par le Comité National de Lutte contre la Cécité (CNLC) et le Groupe Technique Central Cécité (GTC-C), et au niveau régional par les unités décentralisées.

Le CNLC a pour mission la définition des grandes orientations et des objectifs généraux de la lutte contre la cécité, ainsi que la mobilisation des ressources nécessaires. À ce titre le CNLC est notamment chargé de :

- élaborer et mettre en oeuvre la politique nationale de lutte contre la cécité ;

- apprécier la cohérence de l'ensemble des interventions des différents partenaires ;

- adopter les plans d'action annuels de lutte contre la cécité et les budgets y afférents ;

- mobiliser les ressources nécessaires aux activités de lutte contre la cécité ;

- coordonner et surveiller la mise en oeuvre des différentes activités du PNLCé.

Les frais de fonctionnement du CNLC et de ses organes sont supportés par le budget du Ministère de la Santé Publique et éventuellement les contributions des partenaires. Le coordonnateur du GTC-C assure le secrétariat du CNLC. Les procédures internes de fonctionnement du CNLC sont fixées par décision du Ministre de la Santé Publique.

Le GTC-C est l'organe exécutif du CNLC. A ce titre il assure :

- la coordination et la gestion du PNLCé sur le territoire national en collaboration avec

les administrations, les communautés, les partenaires nationaux et internationaux ;

- la collecte, l'exploitation et la diffusion des informations sur la cécité ;

- la préparation du plan d'action annuel budgétisé des activités de lutte contre la cécité ;

- la préparation des réunions, la rédaction et la diffusion des procès verbaux ;

- la planification et la mise en oeuvre des stratégies et activités arrêtées par le CNLC ;

- la gestion des fonds mis à la disposition du PNLCé par l'État, les partenaires

nationaux et internationaux ;

- la coordination des activités de recherche et de formation.

Il est en outre chargé :

- d'assurer le suivi-évaluation de la mise en oeuvre du PNLCé ;

- d'assurer la gestion du personnel mis à la disposition du Programme ; - de tenir la comptabilité de ses opérations ;

- de rendre semestriellement compte au CNLC de toutes ses activités ; - d'instruire tout dossier confié à lui par le CNLC.

Le GTC-C est dirigé par un Coordonnateur National assisté de deux Coordonnateurs Adjoints.

L'organisation et le fonctionnement du GTC-C sont fixés par un texte particulier du Ministre de la Santé Publique.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams