3. ACTUALISATION DE L'AGENDA D'ÉLIMINATION
Le dossier d'élimination du trachome est un
ensemble de document qui renseigne sur les progrès accomplis par le pays
vers l'atteinte des cibles d'élimination de la maladie. Le dossier doit
comporter les informations requises dans le modèle établi par
l'OMS.
Il y a plusieurs étapes à franchir
avant de soumettre un dossier aux instances compétentes. La
réalisation des enquêtes de base pour définir et adopter
des interventions de santé publique ; la mise en oeuvre de la
stratégie CHANCE, en fonction des prévalences obtenues lors des
enquêtes de base ; l'effectuation des enquêtes d'impact, suivies
des enquêtes de surveillance afin de confirmer l'atteinte des seuils
d'élimination de la maladie. Par la suite, la phase de transition
où le système de santé doit être capable de prendre
en charge les cas incidents de trachome. Il s'agit du passage de l'approche
santé publique (centrée sur la population générale)
à l'approche clinique (centrée sur l'individu).
L'intégration de ces différentes
activités dans un chronogramme précis et bien établi
constitue l'agenda d'élimination du trachome.
L'actualisation de l'agenda d'élimination
suppose la prise en compte des différents éléments qui
peuvent influencer la bonne mise en oeuvre dudit agenda, la définition
et l'adoption de mesures correctrices y relatives, et la projection d'un nouvel
agencement des activités, en regard des modifications
apportées.
II- ACTIONS ENVISAGEABLES
Les actions envisageables désignent ce qui
peut être envisagé, qui est concevable et réalisable, dans
le but d'atteindre un objectif stratégique. Ces actions,
opérationnelles, doivent s'inscrire dans la vision stratégique
qui a été définie. Elles n'en sont absolument pas
indépendantes ; elles en sont l'expression même.
Il sera donc question ici d'adapter son chemin (et
non sa destination) en fonction des obstacles que l'on va rencontrer. À
ce niveau, une double conciliation s'impose : entre le stratégique et
l'opérationnel, d'une part ; entre les choix stratégiques et ceux
ayant trait à l'organisation, d'autre part. On retrouve ainsi quelques
unes des principales composantes de toute action stratégique : se garder
des surprises, tout en créant la surprise chez l'adversaire. Il s'agit
notamment d'après SUN TSE d'« attaquer l'ennemi où il n'est
pas préparé, en surgissant lorsqu'il ne vous attend point
».
1. CARTOGRAPHIE DES DS KOLOFATA ET CAMP
DÉPLACÉS MORA
> Rédaction et validation du protocole de
l'enquête
Une enquête est une opération qui
consiste à rechercher, recueillir et rassembler une information, pour
l'analyser afin de répondre à une ou plusieurs questions
spécifiées à l'avance. L'enquête relève du
domaine de l'épidémiologie si l'objet concerne la santé
d'une population (sujets malades et sujets indemnes de la maladie).
L'organisation générale d'une
enquête épidémiologique est consignée dans le
protocole. Celui-ci décrit les différentes phases du
déroulement d'une enquête à savoir : l'identification du
problème et la documentation, la formulation des objectifs et de
l'hypothèse de recherche, la mise en place d'une stratégie (type
d'enquête, groupes à explorer, sélection et formation des
enquêteurs, nature et qualité des données à
recueillir, méthodes de recueil), la description du déroulement
de l'activité sur le terrain, l'informatisation et la méthode
d'analyse des données, les aspects éthiques et administratifs,
les calendrier et budget prévisionnels, la production, la diffusion et
la validation des résultats.
Le protocole une fois rédigé va
être soumis à la validation de Tropical Data. Cette soumission
devra être faite dans un délai raisonnable pour palier un
éventuel retard dans la validation. Tropical Data est une initiative
dirigée par l'OMS, qui vise à accompagner les programmes
nationaux dans la lutte contre le trachome. Cet accompagnement qui se fait de
la planification de l'enquête à la validation des résultats
a l'avantage d'assurer que les enquêtes soient menées à
l'aide d'une méthodologie approuvée par l'OMS, que les
résultats soient de la plus haute qualité, et que les
ministères de la santé soient pleinement propriétaires de
leurs données.
L'équipe porteuse de l'initiative Tropical
Data est un consortium de partenaires scientifiques, technologiques et de mise
en oeuvre qui a fait du Global Trachoma Mapping Project (le plus grand exercice
de cartographie des maladies jamais entrepris) un succès. L'OMS
établit des normes, assure une surveillance scientifique et
protège les intérêts des pays. ITI fournit le service de
gestion des données de base. RTI International développe et
fournit la technologie derrière le service et soutient la formation
internationale des formateurs.
> Sélection et formation des
enquêteurs
Un enquêteur est une personne qui s'enquiert de
quelque chose, qui fait des investigations, qui est chargée de mener une
enquête.
Dans le cadre de la lutte contre le trachome,
l'objectif du programme de formation des enquêteurs est de rendre ceux-ci
capables :
- de sélectionner un échantillon
statistiquement non biaisé de personnes en vue d'un entretien et d'un
examen ;
- de mener avec succès les entretiens dans les
foyers, notamment la collecte de données sur l'eau et l'assainissement
;
- d'examiner les enfants et les adultes pour
détecter un trachome à l'aide du système de codage
simplifié du trachome de l'OMS ;
- d'enregistrer de manière électronique
tous les résultats afin que des données épurées et
exactes soient générées pour un usage
national.
Au vu des ces objectifs, la sélection des
enquêteurs va concerner deux types de profil :
- les examinateurs ou codeurs du trachome :
chargés d'examiner les enfants et les
adultes pour détecter un trachome à
l'aide du système de codage simplifié de l'OMS ; -
les enregistreurs ou opérateurs de saisie : responsables
d'enregistrer de manière
électronique tous les résultats afin
que des données épurées et exactes soient
générées.
Pour davantage d'efficience, la sélection
portera sur les enquêteurs ayant déjà participé avec
succès à au moins une enquête sur le trachome. Une liste de
ceux-ci est disponible au PNLCé. Les enquêteurs seront
regroupés en binômes d'examinateur et d'enregistreur.
Les modules de formation sont consignés dans
le document mis à disposition par Tropical Data, intitulé «
Système de formation aux enquêtes sur la prévalence du
trachome ». La formation va durer 5 jours (3 jours de théorie, et 2
jours de pratique dans la communauté). Elle sera assurée par des
formateurs certifiés par Tropical Data.
La formation aura lieu à Maroua, et des
représentants des comités de vigilance pourront participer
à cette activité. Les échanges pourront porter sur le
déploiement des équipes sur le terrain, les attitudes et
pratiques à encourager ou à proscrire, les villages
(communautés) à éviter, le langage à utiliser lors
de l'entretien dans les ménages,...
> Déroulement de l'enquête / Collecte
des données
L'enquête descriptive transversale va se
dérouler dans deux unités d'évaluation (Kolofata, Camp des
déplacés de Mora). Elle va porter sur un échantillon
extrait par sondage et représentatif de la population
étudiée.
Dans le cadre de la lutte contre le trachome, l'objectif
de l'enquête est :
· d'estimer la prévalence du TF chez les
enfants de 1 à 9 ans, ainsi que celle du TT chez les plus de 15 ans
;
· de relever les facteurs de risque de
transmission du trachome actif ;
· d'apprécier les activités de
nettoyage du visage et de changement de l'environnement ;
· de faire des recommandations pour la
planification des futures activités.
En fonction du nombre d'enquêteurs disponibles,
la collecte des données pour les deux unités d'évaluation
pourra se dérouler simultanément, ou successivement. Il faudra
utiliser le maximum d'équipes d'enquêteurs disponibles,
motivés et répondant aux critères de sélection. La
finalité étant de réduire au maximum la durée du
séjour sur le terrain, le contexte sécuritaire étant
toujours précaire dans cette zone. Le principe ici est que les risques
humains diminuent proportionnellement avec le temps passé sur le terrain
de la collecte des données.
La collecte des données est primordiale dans
toute enquête épidémiologique ; elle permet de
récolter les informations qui seront analysées pour confirmer (ou
non) des hypothèses de départ, et répondre à une
problématique.
L'équipe d'enquêteurs est habituellement
constituée d'un codeur, d'un opérateur de saisie et d'un guide
communautaire. Pour cette enquête, les membres des comités de
vigilance seront mis à contribution comme guides communautaires. Ils ont
l'avantage de jouir d'une plus grande légitimité en raison de
leurs racines communautaires ; ils partagent généralement la
même identité ethnique ou politique, les mêmes
intérêts collectifs et leurs perceptions des menaces sont
similaires. Ils peuvent identifier, anticiper et combattre les actions des
insurgés plus efficacement grâce à leur familiarité
avec la langue, la géographie et la culture locales.
Pour un meilleur déploiement des équipes
sur le terrain, il faudra assurer un dialogue constant entre les équipes
d'enquêteurs, les acteurs humanitaires et les forces armées du
Cameroun, ainsi que la Force Multinationale. Ce dialogue est au coeur du
travail de la Coordination Civilo-Militaire qui de par son mandat, a pour
mission de sensibiliser les forces armées aux principes humanitaires
d'impartialité, de neutralité et d'indépendance
opérationnelle.
Pour que tout ceci soit autorisée et
diligenté, il sera nécessaire d'améliorer les
connaissances des autorités administratives et traditionnelles mais
aussi des humanitaires sur les vision, but, et objectif de l'action à
mener. Intervenant dans des zones où l'armée intervient contre
Boko Haram, il est essentiel que les différents acteurs puissent
opérer dans le même espace sans se mettre en danger, ni exposer
les populations que l'on assiste. Il s'agit de la stratégie de
coexistence, qui consiste en ce que les militaires et acteurs humanitaires
n'engagent pas d'opérations communes, mais entretiennent des relations
suffisamment étroites pour travailler dans la même zone en se
gênant le moins possible.
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