Conclusion
Ce chapitre avait pour objectif de décrire les
étapes des techniques locales de la mise en valeur agricole des savanes,
de donner le rôle persistant des feux et de la jachère et enfin de
parler de l'association des arbres aux cultures ou aux champs à Bafia.
Il ressort de cette analyse qu'il existe six étapes des techniques
locales de la mise en valeur agricole des savanes qui sont : le
défrichement, le séchage, le brulis, le nettoyage, le labour et
le semis. Les populations persistent sur l'utilisation des feux parce qu'il
existe des arbustes typiques de savanes qui ont développé une
épaisse écorce qui les protègent du passage des feux,
d'où un excès de feux peut les brûler, quant à la
persistance de la jachère, Les populations de Bafia persistent sur la
pratique de la jachère, parce qu'elles exploitent abusivement les
terres, et par conséquent, ces terres deviennent non fertiles. La seule
solution est celle de laisser ces terres au repos pour qu'elles
régénèrent ces éléments nutritifs de base,
et pour qu'elles redeviennent fertiles. Et là, ces terres peuvent encore
être exploitées de nouveaux. Et enfin le terme association des
arbres aux cultures est l'agro foresterie qui est caractérisé par
une technique appelée les arbres du parc arboré, qui sont la
technique la plus représentée grâce à la culture du
cacao dans la région. La pratique de l'agro foresterie obéit ici
à plusieurs techniques de reboisements telles que la
régénération naturelle des arbres et leur conservation
dans les champs cultivées ou abandonnées, le reboisement par semi
direct ou indirect. Malgré son aspect négatif lié à
la fragmentation des habitants, l'agro foresterie s'avère être une
pratique avantageuse pour le milieu en ce sens qu'elle permet une conservation
partielle de la biodiversité. C'est le cas des espèces comme
Eulophia obtusiflorus, Bulbostylisa phyllanthoidesspp., Sonchus spp.,
Haemanthus multiflorus, Cyperus obtusiflorus, Bulbostylisa phyllanthoides,
Imperata cylindricaet autres. Bien plus, elle entraine même un
enrichissement à l'échelle régionale comme c'est le cas
des espèces exotiques qui sont des arbres fruitiers et ornementales.
IIème PARTIE : LE BILAN D'EVOLUTION DES AGRO
FORETS ET LES IMPACTS ECOLOGIQUES, SOCIO-CULTURELS ET ECO NOMIQUES
DE L'AGROFORESTERIE
96
CHAPITRE 3 :
LE BILAN CHIFFRE DE LA DYNAMIQUE DES SAVANES BASE SUR LES
DONNEES DE TELEDETECTION ET LES RELEVES
Introduction
Selon les données de terrain, le changement de
l'occupation et l'utilisation du sol sont d'une grande importance car ils
permettent de connaitre les tendances actuelles dans le processus de
déforestation, dégradation désertification et perte de la
biodiversité d'une région déterminée. Il existe des
facteurs naturels, comme le climat, le vent, la pluie etc., qui favorisent les
variations de la couverture végétale. Néanmoins, pendant
les dernières décennies, les activités humaines sont le
principal déclencheur de la transformation des
écosystèmes. Les conséquences les plus évidentes
sont la perte du potentiel d'utilisation du sol pour le bien-être humain
et la perte d'habitat en général.
III.1 Le bilan de l'évolution de l'occupation des
sols
L'occupation du sol désigne pour le
FAO, la couverture biophysique de la surface des terres émergées
et donc le type usage ou non-usage fait des terres par l'Homme. La
mosaïque paysagère est cartographiée en identifiant les
types homogènes de milieux : zones artificialisées, zones
agricoles, forêts ou landes, zones humides...).
Pour montrer cette évolution, nous nous sommes
référés aux traitements cartographiques, les cartes
d'occupations du sol en 1984 et 2019 montrent son évolution sur le site
de Bafia (Figure 15). Ces cartes ont été
réalisés dus le traitement des images satellitales.
L'analyse de ces cartes montre une réduction
accélérée ou un recul accéléré des
savanes de plus de la moitié sur le site de Bafia au détriment de
l'implantation des agro forêts. Entre 1984 et 2019 (tableau
15).
97
Figure 14: Evolution spatiale de l'occupation des sols
entre 1984 et 2019
98
Tableau 15 : Superficie de chaque classe d'occupation du
sol en 1984 et 2019 au niveau de l'ensemble de paysage de la commune de
Bafia
|
1984
|
2019
|
|
Superficie (ha)
|
%
|
Superficie (ha)
|
%
|
Forêt Galerie
|
9510,309
|
36,6354474
|
4518,817
|
17,4073085
|
Forêt dégradée/Agro
forêt
|
6145,041
|
23,6718204
|
9519,92
|
36,6724708
|
Savane
|
7441,324
|
28,6653393
|
3274,616
|
12,614419
|
Zones de culture
|
2141,202
|
8,24830122
|
6149,14
|
23,6876105
|
Bâti
|
310,429
|
1,19582921
|
1658,379
|
6,38837883
|
Sols nus
|
411,004
|
1,58326248
|
838,437
|
3,22981247
|
TOTAL
|
25959,309
|
100
|
25959,309
|
100
|
Commentaire : Ce tableau, nous permet de
comparer l'évolution de l'occupation du sol entre 1984 et 2019 au niveau
de l'ensemble de paysage de la commune de Bafia. Nous voyons une
réduction accélérée des savanes de plus de la
moitié sur ce site au détriment de l'implantation des agro
forêts qui va de 6145,041 ha de superficie en 1984 à 9519,92 ha de
superficie en 2019.
|
10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000
0
|
|
|
Superficies (ha)
|
|
|
Forêt Galerie Forêt Savane Zones de Bâti Sols
nus
dégradée/Agro culture forêt
Occupation de l'espace
1984 2019
|
|
Figure 15 : Bilan chiffré de l'évolution de
l'occupation du sol entre 1984 et 2019
Commentaire : Cette figure nous montre
l'évolution de l'occupation du sol entre 1984 à 2019, qui se
résume par la diminution des forets galeries de 1984 à 2019, de
l'augmentation des agro forets de 1984 à 2019, de la diminution des
savanes de 1984 à 2019, de l'augmentation des zones de cultures de 1984
à 2019, de l'accélération du bâti de 1984 à
2019 et de l'augmentation des sols nus de 1984 à 2019.
99
-6000
Occupation de l'espace
Forêt Galerie
Forêt dégradée/Agro forêt
Savane
Zones de culture Bâti
Sols nus
Evolution des superficies (ha)
5000
-1000
-2000
-3000
-4000
-5000
4000
3000
2000
1000
0
Ici, en 1984, la superficie de la savane était de
7441,324 ha, cette tendance a diminué soit 3274,616 ha, en 2019 ou une
diminution de (4166,708) ha.
Figure 16: Tendance de l'évolution entre 1984 et
2020
Commentaire : En regardant cette figure, nous
voyons comme les graphes en rouges décrivent la diminution en
superficie, c'est le cas de la forêt galerie et de la savane. Alors que
les graphes en bleus indiquent plus tôt l'augmentation ou
l'accélération en superficie entre 1984 à 2019.
LES CARACTERISTIQUES DE L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DES
SOLS ENTRE 1984 ET 2019 DANS L'ARRONDISSEMENT DE BAFIA
A l'échelle du paysage de la ville, on distingue :
? La forêt galerie
D'après le résultat, elle couvrait en 1984 une
superficie de 9510,309 ha. En 2019, cette tendance est allée de
manière décroissante soit 4518,817 ha ou une diminution de
(4991,482) ha.
? La forêt dégradée ou agro
forêt
D'après les résultats, elle couvrait en 1984,
une superficie de 6145,041 ha, en 2019 cette tendance est allée de
manière croissante soit 9519, 92 ha ou une augmentation de (3374,179)
ha. Il est cependant difficile de déterminer ce qui a de l'accroissement
due à la dégradation de la forêt. En revanche, on peut
estimer le gain issu du recul des savanes.
? La savane
100
? Les zones de cultures
Les surfaces agricoles ont très largement
augmenté. Elles sont passées des allées de 2141,202 ha en
1984 à 6149,14 ha en 2019.
? Le bâti
Tout comme, les surfaces agricoles, le bâti a connu
entre ces deux périodes une augmentation fulgurante. Il est passé
310,429 ha en 1984 à 1658,379 ha, soit une forte augmentation de
(1347,97) ha, soit un accroissement de plus de 500% ou une multiplication par
5,3.
? Les sols nus
En 1984, les sols nus étaient de 411,004 ha, et en
2019, ils sont de 838,437 ha, soit une augmentation de (427,433) ha. Ces sols
nus ont plus que doublé leur extension.
Nous pouvons donc conclure que ces dynamiques montrent une
situation beaucoup plus complexe, il y'a une réduction significative des
forêts galeries dont les principales causes sont la dégradation
vers l'exploitation des surfaces agricoles qui résulte de l'agriculture
extensive, et de l'implantation des agro forêts.
De plus, les dynamiques montrent que les savanes ont
reculé très sensiblement, cela est causé principalement
par les mises en cultures. Les agro forêts augmentent parce que les
arbres sont fortement implantés sur les surfaces agricoles. Les espaces
agricoles n'augmentent plus et l'implantation des agro forêts augmente.
L'association des arbres et arbustes plantés ou introduites lors de
mises en valeur agricole des savanes conduites donc à l'extension des
agro-forêts et pour de là à un accroissement du taux de
boisement à l'échelle régionale.
En fin, on note une augmentation des sols nus, parce qu'il y'a
dégradation des forêts galeries et des savanes au profit du
bâtis.
101
Tableau 16: Evolution de l'occupation des sols en (ha)
entre 1984 et 2019 dans l'Arrondissement de Bafia
DATE
|
1984
|
2019
|
|
|
SUPERFICIES en (ha)
|
SUPERFICIES en (ha)
|
DIFERENCE DE CHANGEMENT DANS L'ARRONDISSEMENT DE
BAFIA
|
Forêt galerie
|
9510,309
|
4518,817
|
-4991,482
|
Foret dégradée ou agro
forêt
|
6145,041
|
9519,92
|
+3374,179
|
Savane
|
7441,324
|
3274,616
|
-4166,708
|
Zones de cultures
|
2141,202
|
6149,14
|
+4007,938
|
Bâtis
|
310,429
|
1658,379
|
+1347,97
|
Sols nus
|
411,004
|
838,437
|
+427,433
|
? Le signe - signifie qu'entre 1984 et 2019, la surface a connu
une régression
? Le signe + signifie qu'entre 1984 et 2019, la surface a connu
une augmentation significative
III.2 La reconstitution des étapes de la dynamique
des savanes
III.2.1 Une parcelle intacte de
végétation naturelle
C'est un espace qui n'a pas encore été
transformé, un espace que l'on n'a jamais cultivé dessus. C'est
un espace vierge, tout neuf qui possède encore tous ces
éléments de bases. Un espace intact qui possède encore ces
espèces typiques (rôniers) de savane et quelques de ses essences
typiques qui n'ont jamais été coupés. Un espace qu'on a
jamais cultivé, un espace qu'on a jamais coupé les arbres, un
espace qu'on a jamais plantés les arbres, mais de temps en temps qu'on
récolte des fruits sur les espèces exotiques et d'autres nous
servent d'écorces.
102
III.2.2 Le défrichement
Le défrichement initial d'une zone de
végétation `'naturelle» est manuel. Les populations
défrichent les parcelles pour faire des champs. Ce sont les Hommes qui
défrichent ces champs pour la plus part. La parcelle
défrichée peut être une parcelle jamais exploitée
auparavant, dans ce cas, les herbes sont hautes, très durs et les
racines épaisses et l'espace peut constituer beaucoup d'espèces
d'essences ou exotiques qui seront soit coupés soit
épargnés selon leur besoin pour les populations. De meme, la
parcelle défrichée peut venir `d'un espace qui a
été abandonné avant et dans ce cas, les herbes sont
moyennes, peu de racines et possédant aussi des espèces
d'essences plantées ou épargnées.
III.2.3 La mise en valeur agricole
Après avoir défriché, l'espace est mise
en valeur, en semant dessus. Les populations sèment les cultures
(arachide, haricot, manioc, macabo, igname, maïs...). Sur une même
parcelle, les populations mettent plusieurs cultures (polycultures) ou mettent
un seul type de culture (monoculture) sur une même parcelle. Lorsque la
population augmente, l'espace cultivable devient réduit et les
populations sont obligées de pratiquer une agriculture sédentaire
(c'est-à-dire que les populations ne migrent plus, ils deviennent
stables sur une même parcelle en faisant la rotation), au lieu de
l'agriculture itinérante (agriculture se pratiquait avant pour les
besoins vitaux, chasse et cueillette) qui se fait d'un lieu à un
autre.
Les populations mettent les espaces en valeur pour semer les
arbres dans les champs. Ces arbres dans les champs, augmentent le taux de
boisement et augmente également une diversité des espèces.
Plus les champs sont créés, plus l'implantation des arbres dans
ces champs augmentent également et le taux de boisement devient
important. Les statistiques montrent qu'un champ sur 1000 possède au
moins trois types d'espèces (Tableau 12).
III.2.4 L'abandon de la parcelle
Une fois la parcelle exploitée, elle est
abandonnée pour aller sur de nouvelles parcelles. Celle qui est
abandonnée à une durée, elle est mise en jachère,
soit de 1 an, 2ans voire même 3 ans. Elle sera réexploiter lorsque
le propriétaire n'aurait plus d'autres espaces pour cultiver. Lorsqu'on
abandonne une parcelle, c'est pour la rendre plus fertile comme avant, qu'elle
reprenne ces éléments nutritifs de base pour que lors de la
prochaine exploitation, les rendements en sorte promoteurs.
103
III.3 Le devenir des arbres après abandon des
champs en jachère
Dans la région, après abandon des champs en
jachère (2-10 ans), les arbres laissés serviront de bois de
chauffage pour les populations. D'autres par contre joueront le rôle de
fertilisation des sols pour la prochaine exploitation agricole. D'autres vont
continuer à être utilisés pour les besoins
médicinaux et pour les rites rituels.
Cliché, Christine Ntsama, juillet 2020 Photo 16:
Arbre isolé et écorcé dans une jachère
Entre 0 et 2 ans, on note la prédominance des
herbacées. L'arbre abandonné dans le champ, dure
déjà 2 ans, elle a complètement séché, elle
sera utile pour le bois de chauffage. On note la prédominance des
herbacées. Cette photo ci-dessus présente des herbes ayant
atteint une taille importante. Cette photo est dominée par les plantes
herbacées. A cet âge, la parcelle est aussi occupée par les
espèces lianessantes et quelques jeunes espèces
pionnières. La présence du bananier plantain explique que cette
portion était cultivée récemment.
104
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