Mises en valeur agricole et dynamique des agroforêts dans les savanes autour de Bafia, centre-Camerounpar Christine Vanessa Ntsama Université de Yaoundé 1 - Master 2021 |
II.1.2 Le séchageA Bafia, c'est un procédé qui permet de sécher les herbes. Dans les savanes, la végétation est herbeuse. Après avoir défriché les champs, les populations laissent les herbes (débris) sécher, soit en les entassant de manière horizontale pour éviter de déborder les autres parcelles lors du brulis. Une fois ces herbes séchées, les populations peuvent mettre le feu pour les brûler. II.1.3 Le brûlis Cette zone défrichée, protégée volontairement des feux de brousse de décembre et janvier, est brûlée fin février juste avant les cultures pour éviter la prolifération des adventices. Immédiatement après le brûlis, les petites branches des arbres abattus sont rassemblées au pied de certains autres ligneux toujours en place ou à l'intérieur des termitières de Macrotermes que 60 l'on veut détruire et le feu est rallumé. De nombreux troncs et branches trop gros pour être consumés par le feu sont débités au fur et à mesure des besoins et parfois ramenés au village pour être utilisés comme bois de chauffe ou vendus. L'agriculteur utilise le feu pour défricher une parcelle boisée afin de l'ensemencer. Cliché, Ntsama Christine Vanessa, Septembre 2020 Photo 3: Un champ ayant subi un brûlis en attendant son nettoyage Cette photo nous montre que ce champ a été brulé pour préparer le nettoyage. II .1.4 Le nettoyage Après le brûlis, la parcelle doit être nettoyée pour la préparer au semis. Ils nettoient ces champs pour enlever les débris d'arbres qui sont restés après brulage. Ces débris plus tard sont enfouis dans le sol, ou bien entassés pour être brulés (photo 4) par un petit feu de champs, même pendant le nettoyage du champ. Après le brulis de ces débris, une cendre est laissée en tas, et ce tas de cendre sera utile pour semer les légumes ou le piment et aussi cette cendre peut jouer le rôle de fertilisation pour le sol. 61 Cliché, Ntsama christine vanessa, Septembre 2020 Photo 4: Un champ en plein nettoyage Cette photo nous montre comment une parcelle de champ est nettoyée, en allumant un petit feu de champ pour bruler les petits débris qui ont résisté aux feux. La cendre qui restera après être brulée nous sera utile pour planter les légumes dessus. II.1.5 Le labour C'est une méthode qui permet de retourner et d'ameublir la terre (planche photographique 1). Le labour consiste à ouvrir la terre à une certaine profondeur, à la retourner, avant de l'ensemencer ou de la planter. Les populations de Bafia labourent la terre avec des grosses houes, ou des pioches. Ils labourent ces terres pour semer les ignames, ou les arachides. Le labour consiste à travailler la couche arable d'un champ cultivé et pour cela, les agriculteurs de Bafia utilisent le plus souvent des grosses houes. Le labour mélange à la terre les résidus de récolte, les fumiers, la chaux ou les engrais minéraux, en y introduisant de l'oxygène. Le labour mélange, et ameublit la terre qui entraine une minéralisation rapide de la matière organique dans les sols vierges, qui libèrent des éléments nutritifs pour la culture suivante. Il est préférable de labourer quand la terre est meuble et humide. 62 A B Cliché, Ntsama christine vanessa, Septembre 2020 Planche photographique 1 : Labour non précédé de feu : cultures de bas-fonds Nous pouvons dire que le (A), une cultivatrice qui laboure la terre pour semer les ignames avec un non procédé de feu. Et le (B), c'est un labour de billons de sillons pour semer les arachides, le maïs et le manioc après un précédé de feu. II.1.6 Le semis C'est l'action ou la manière de semer, ou c'est un terrain ensemencé et plantes qui y poussent. Le semis est une opération culturale qui consiste à mettre en terre les graines ou semences que ce soit dans un champ ou une surface de petite dimension. Le semis peut se faire à la main, ou avec des houes. Les populations de Bafia utilisent les houes pour semer. Les populations de Bafia sèment plusieurs cultures sur une même parcelle (polyculture) ou un seul type de culture (monoculture) dans un champ. Dans ce champ ci-dessous (photo 5), ils sèment plusieurs types de cultures (arachide, maïs, macabo, patate) du fait de la non disponibilité des terres ou bien du manque de parcelle due à une augmentation de la population. Et par conséquent les terres deviennent rares. 63 Cliché, Ntsama christine vanessa, Septembre 2020 Photo 5: Etape du semis Cette photo montre un champ qui est polyculture, parce qu'ils mettent plusieurs cultures dedans. Nous voyons la jeune fille sème l'arachide mélangée avec le haricot avec une houe et le jeune garçon sème le maïs avec une machette. Après avoir fini de semer, ils vont attendre la saison des récoltes et chaque type de cultures à sa période de récolte (Tableau 10). Tableau 10: Différents étapes des techniques locales et leurs fonctions
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Source : Enquête de terrain, Juillet, 2020 Plusieurs cultures sont cultivées en savane, les espèces cultivées à Bafia sont variées, elles sont destinées en partie à la consommation des membres de la famille : arachide (Arachis hypogaea), manioc (Manihot esculenta), maïs (Zea mays), macabo, plantain, igname (Dioscorea spp.), patate douce (Ipomoea batatas), tomate (Lycopersicum esculentum), gombo (Abelmoschus esculentus), haricot (Phaseolus sp et Vigna sp.), aubergine (Solanum spp.... Une très faible partie des récoltes est vendue au marché du centre commercial, à celui du grand marché de vendredi Djoumba. Nous avons : a) L'arachide L'arachide (Arachis hypogaea) (Photo 6) est semée immédiatement après les feux, sur billons ou à plat. L'enfouissement est ici de quelques centimètres, les paysans sarclent une à deux fois. La récolte commence début juillet et peut s'étaler jusqu'au mois d'aout. L'arachide est une espèce à cycle court : 3 à 4mois suivant les variétés. Deux récoltes successives sont possibles la même année sur la même parcelle. Dans ce cas où la parcelle n'est pas replantée en arachide, elle peut l'etre en sésame (Sesamum indicum), ou plus constamment en haricot (Phaseolus sp. Ou Vigna sp). 65 Cliché, Ntsama christine, Juillet, 2020 Photo 6: un champ d'arachide b) Le haricot Le haricot (Phaseolus sp. Et Vigna sp) est souvent semé courant juillet sur la partie de la parcelle d'arachide récoltée debut juillet. Parfois, le haricot est semé seul sur sa parcelle et il est récolté en mi-octobre, début Novembre. (Photo 7) 66 Cliché, Ntsama christine, Novembre 2019 Photo 7: Un champ de haricot
Le maïs (Zea mays) est planté à l'air libre (photo 8), puisque c'est une plante héliophile qui a besoins de beaucoup d'eau pour sa croissance. Un champ de maïs est semé deux fois sur une même parcelle la même année. 67 Cliché, Ntsama christine, Novembre 2019 Photo 8: Un champ de maïs e) Le manioc Le manioc (Manihot esculenta) (photo 9) est planté sur buttes, billons ou à plat, en culture pure. Il constitue une plante de soudure que les villageois utilisent avant les récoltes suivantes lorsque toutes les réserves d'igname sont épuisées, ou comme appoint au moment de la pause journalière dans les champs, pendant la période de culture. Il peut aussi être planté en association l'arachide. Généralement les cultures pures de manioc sont installées en fin de période culturale, lorsqu'un champ ou une parcelle vont être abandonnées. Dans ce cas, le manioc n'est pas sarclé et n'est pas toujours récolté. Il arrive ainsi que des pieds de manioc abandonnés soient étouffés par la végétation secondaire. La plupart des espèces récoltées sont mises à sécher dans le champ (maïs, arachide, igname) avant d'être transportées au village pour être consommées ou vendues. 68 Cliché, Ntsama christine, Juillet 2020 Photo 9: un champ de manioc f) L'ananas L'ananas est la culture la pus plantée à Bafia, ce fruit a une action digestive. L'ananas est une plante herbacée pérenne de la famille des broméliacées, genre ananas, et disposant de plusieurs espèces dont comosus. Un ananas nécessite 14 à 15 mois pour pousser de la plantation à la récolte. La température est le principal facteur qui agit sur le développement de l'ananas. La température idéale moyenne pour sa culture est d'environ 25°C. L'ananas est peu exigeant en eau, pour bien se développer, il lui faut environ 1200 à 1500 mm d'eau bien repartie dans l'année. L'ananas supporte l'ombrage. L'éclairement a une action sur le rendement, la coloration de la peau et qualité de la chair (planche de photo 2). 1500 heures d'insolation sont considérées comme le minimum. Les sols doivent être bien drainé, perméable, riche et acide. Pour cultiver l'ananas, nous devons détruire tout le couvert végétal, labourer pour ameublir le sol, enfouir les débris facilement recyclable dans le sol apporter une fumure de fond et pailler le sol. La préparation du sol doit se faire bien avant le début de la saison de pluies. Et lors de la préparation du sol, il ne faut pas oublier de prendre des mesures contre l'érosion. 69 A B Cliché, Ntsama christine Septembre 2020 Planche photographique 2: deux champs d'ananas Ces deux planches nous montrent deux champs d'ananas différents (A) et (B). Le champ d'ananas (A) se trouve dans une zone purement dans une zone de savane, ces ananas ont une durée déjà de cinq mois et ne sont pas encore mature. Nous voyons l'absence d'eau dans ce champ d'où les tiges des ananas sèchent progressivement. Et le champ (B) a déjà une durée de Dix mois, ce champs se trouve dans une zone de contact entre foret-savane, ce milieu regorge d'eau d'où la feuilles sont foncées aux verts et les fruits bien matures et subissent une bonne croissance. II. Le rôle persistant des feux et de la jachère II.2.1 Le rôle des feux Dans l'Arrondissement de Bafia, 60% des populations pratiquent les feux de défrichement, 30% utilisent les herbicides et 10% n'utilisent rien (Figure 8). A Bafia, les champs sont défrichés par le feu qui permet le transfert de fertilité puis sont cultivés pendant une période brève pour être mis en friche, le plus souvent, les feux sont utilisés lorsque les parcelles de champs sont vastes. Les populations de Bafia défrichent une parcelle, et puis la brûle. Après avoir brûlé (photo 10), ils mettent cette parcelle pour la préparer aux semailles de la culture. Les populations de Bafia utilisent les feux pour plusieurs raisons telles que : parce que le feux est une source de fertilisation du sol, le feu est une pratique simple et rapide pour écarter la brousse sauvage en faveur de la culture la méthode est surtout efficace s'il y'a un 70 manque de mains d'oeuvre et de temps, le feu est un stimulant de la croissance des plantes pour l'agriculture, il accroit la saturation du complexe absorbant et diminue la toxicité aluminique, parce que le feu de brousse améliore la fertilité du sol durant toute la période allant du semi jusqu'à la jachère en passant par la récolte, parce que le feu permet un ameublissement facilitant le travail de l'agriculteur en voyant les grandes herbes, parce que le feu modifie temporairement la structure superficielle du sol, parce que le feu stérilise le sol et réduit la pression pathogène, parce que le feu élimine temporairement la végétation des parcelles à cultiver, parce que le feu empêche l'incorporation au sol d'une grande quantité de matière organique indispensable à la création du complexe absorbant et par conséquent à la fixation des matières fertilisants et en fin le feu permet de chasser les gibiers en chasse, le feu permet de réduire les graines des mauvaises herbes et donc de privilégier la culture au dépend des mauvaises herbes, le feu tue les parasites nuisibles surtout pendant la première phase de la croissance les plantes sont sensibles aux parasites. Néanmoins, l'utilisation des feux a aussi des inconvénients tels que la destruction de la biodiversité, l'appauvrissement du sol, la destruction des champs voisins, la perte en vies humaines, l'assèchement des cultures et la prolifération des insectes, la destruction de la structure du sol, la perte de la fertilité du sol, la perte de la vie des microorganismes du sol. Cliché, Ntsama christine, Janvier 2020 Photo 10: Mise en feu d'une parcelle de savane 71 La photo 10 nous montre comment l'agriculteur met le feu dans son champ, pour brûler. Cela signifie que le feu est un moyen utilisé pour vite bruler. Pourcentage Ceux qui utilisent les herbicides pour tuer les herbes Ceux qui utilisent les feux pour bruler les champs Ceux qui enfouies les herbes dans le sol Figure 8: Le pourcentage des populations en fonction d'utilisation des parcelles En voyant cette figure, nous pouvons dire que plus de 60% des populations utilisent les feux de brousse pour bruler les champs, la raison c'est qu'ils n'ont pas une main d'oeuvre assez nombreuse et de plus que l'utilisation des feux de brousse est plus rapide et ça brule tout. Ceux qui utilisent les herbicides pour tuer les herbes sont de 30%, sachant que tout le monde n'a pas assez de moyen pour s'en procurer, d'où peu l'emploi. Les herbicides tuent vite les herbes en une fraction de minute. 10% par contre n'utilisent ni feux, ni herbicide, ils enfouies les herbes les herbes dans le sol, ces débris plus tard les serviront d'engrais naturels lors des semailles. Tableau 11: le pourcentage des populations
Source : Enquête de terrain, Septembre 2020 72 - L'irrégularité des feux : Du fait des faibles densités de la population rurale et de la très grande dispersion de l'habitat, toutes les savanes ne sont pas systématiquement mises à feu durant la saison sèche. Plus elles sont éloignées des villages, moins elles brûlent. Les temps de déplacements deviennent bien trop longs pour que ces savanes soient visitées régulièrement. D'autre part, l'apparition et la généralisation des fusils de chasse à partir des années 1970 a transformé les pratiques de chasse. Les populations sont en effet passées rapidement de la chasse aux feux qui permettaient de rabattre et de cerner le gibier à la chasse avec chiens et fusils à travers les savanes et la forêt. Dans un tel contexte, la probabilité que toutes les savanes brûlent chaque année est faible. Il n'en demeure pas moins que la pratique subsiste bien sous quelques formes et ce, pour des raisons variées. La plupart du temps, les populations mettent les feux dans certaines savanes pour dégager la vue, notamment en début, au milieu ou en fin de la saison sèche6, lorsque la végétation herbacée épaisse et touffue entrave la marche. Autour des habitations, la tendance générale est aux feux précoces de décembre-janvier. Il s'agit dans ce cas pour les populations d'éliminer les animaux nuisibles tels que les serpents et certains insectes. Conscients du fait que les incendies tardifs échappent souvent à leur contrôle et parviennent à détruire les habitations et les jardins de cases, les populations pratiquent ces feux qui ne rencontrent pas une végétation très asséchée pour prendre une très grande ampleur. Les feux sont parfois allumés bien plus tard plus dans les savanes assez éloignées, notamment dans celles que les habitants traversent pour visiter les pièges ou pour se rendre dans un village voisin. Mais même dans ce cas, le dispositif naturel des lisières limite la portée des flammes. - Le dispositif naturel de protection contre les feux : Même s'ils sont moins fréquents, les feux de savane n'en existent pas moins. De nombreuses raisons sont évoquées par les populations pour en expliquer la pratique : assainissement des alentours des villages, dégagements des sentiers et de vues lointaines, 6 Les entretiens avec les paysans ont établi qu'il n'existait pratiquement pas de règle préétablie de mise à feu des savanes. Durant près de 4 ans d'observations directes sur le terrain, il a été possible de constater qu'à tout moment, entre les mois de décembre et de mars, des incendies pouvaient parcourir les savanes. 73 mauvais contrôle d'un feu de culture. Toutefois, les incendies de savane ne pénètrent pas ou très peu les lisières forestières qui, en général, résistent bien aux flammes grâce à l'existence d'un écran d'arbustes persistants et de Zingiberaceae gorgées d'eau en permanence qui jouent le rôle de pare feu. Dernier élément et non des moindres, la présence dans la zone à partir des années 1970 d'une espèce envahissante, Chromolaena odorata, plante suffrutescente pérenne. Elle ne présente que rarement un appareil végétatif desséché, même en fin de saison sèche, et résiste bien aux feux (Youta Happi et al. 1994). Cette plante considérée comme une peste végétale par les agronomes et les éleveurs, s'installe en éliminant les Gramineae le long des lisières sous forme d'une bande de 1 à 40 m de large et s'interpose comme un pare-feu entre la savane et la lisière de la forêt. Elle vient ainsi se juxtaposer près de l'écran à Zingiberaceae dont les tiges et les feuilles succulentes (Tomlinson, 1956) sont peu sensibles aux feux. Elle envahit également tous les champs qui ont été défrichés en savane comme en forêt et, dans le premier cas, elle rend la parcelle inattaquable par le feu. D'autre part, elle accueille sous son couvert des semences de ligneux qui peuvent y germer ( Achoundong et al., 1996a ). - Le cloisonnement des savanes, inhibiteur des feux : La configuration même des formations végétales, disposées en mosaïque de forêt et de savane permet de moins en moins --émiettement des savanes dans la forêt et réseau dense de galeries forestières en territoires dominés par les savanes-- le passage des feux sur de grandes étendues. En effet, il faut quelque distance pour qu'un feu de savane puisse prendre de l'ampleur et créer lui-même les conditions aérologiques qui lui donnent sa puissance. Aussi, pour que les savanes incluses installées en chapelets dans la forêt brûlent toutes, il faut que les feux soient allumés dans chacune d'elle, ce qui nécessite d'importants déplacements. Or, dans un contexte de faible densité rurale, il n'est pas possible ni très aisé pour les rares populations de parcourir toutes les savanes durant la saison sèche. 74 - La combinaison feux et climat : Dans la ville de Bafia, les forêts galeries orientée nord-sud présentent une dissymétrie par rapport au tracé du lit des cours d'eau, et sont beaucoup plus épaisses à l'ouest qu'à l'est de ceux-ci. La faible extension sur le côté oriental est liée, en partie, aux feux qui, poussés par les vents d'est dominants de la saison sèche, parviennent avec plus de vigueur sur ces lisières. De mars jusqu'en novembre, les vents dominants sont de secteur ouest dans l'ensemble de la zone de mosaïque. Ce sont des vents chauds et humides dits alizés austraux en provenance de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Durant l'hiver boréal (été austral), la situation est inversée : les anticyclones des Açores et égypto-lybien sont très marqués et il y a renforcement des alizés boréaux. Le FIT (front intertropical de convergence) se trouve alors dans sa position la plus méridionale. Sur l'Afrique, dans les basses couches de l'atmosphère, l'alizé boréal est un vent chaud et sec de direction NO à E appelé Harmattan. L'Harmattan peut étendre son influence jusque dans la zone de la forêt sempervirente guinéo-congolaise, en particulier au Nigeria, dans le Sud du Cameroun, voire jusqu'à Libreville au Gabon (Suchel, 1988) et ceci durant 1 à 3 mois, c'est-à-dire entre décembre et février et parfois, jusqu'en mars, selon les localités. Près de Bertoua, Suchel (op cit.) note que « La part un peu plus modeste des courants océaniques à Batouri est la conséquence de la plus grande fréquence relative des poussées d'Harmattan jusqu'aux basses latitudes dans les régions les plus continentales ». Il faut donc trouver là une des explications de la faible vitesse de progression de la forêt sur les lisières orientées à l'est dans la région au sud de Bertoua. Il arrive même que dans une savane, le feu soit complètement déporté à l'ouest. Toutefois, l'incendie des savanes se caractérise moins par une périodicité régulière que par l'anarchie. D'une manière générale, les feux précoces sont pratiqués aux environs immédiats des habitations comme c'est par exemple le cas à Biabegoura ou à Doguem. Plus loin des villages, la mise à feu des grandes étendues de savanes se fait invariablement entre février et mars, c'est-à-dire en milieu ou en fin de la saison sèche. Sur l'image satellitale du 17 décembre 19847, les savanes ont déjà été brûlées partiellement, ce qui signifie que certaines années, des feux précoces sont pratiqués localement, même assez loin des groupements humains. 7 Les données indiquées par Suchel (op cit) datent des années 1950, ce qui ne permet pas de déterminer la date du début de la saison d'harmattan sur le site au cours de l'année 1984. 75 Mais ces feux de début de saison sèche se sont étendus sur moins de la moitié des savanes qui occupent les environs de la ville de Bertoua. En effet, d'après Monnier (1968), les feux précoces sont peu destructeurs du fait qu'ils trouvent un couvert herbacé qui n'est pas encore très sec. Dans ce cas, le feu peut être arrêté par une simple piste piétonnière ou par la rencontre d'un tapis graminéen ayant conservé un peu plus d'humidité. La même image montre que toutes les lisières de forêt orientées à l'est n'ont pas subi une morsure des feux. Généralement, ces feux de décembre ont une portée assez réduite puisqu'en tous les points, aucune étendue entière de savane n'a été entièrement brûlée. Suchel (op cit.) précise tout de même qu'en fonction des conditions locales, l'heure et la topographie peuvent influencer la direction des feux. Cependant, à l'échelle de toute la zone, l'action des vents n'est pas prépondérante d'autant plus que les principales stations (Bafia et Batouri) connaissent une majorité de calmes (60 et 66%, respectivement) ou vents faibles : vitesse < 1 m/s (Olivry, 1986), ce qui veut dire que les vents dans l'ensemble exercent une action limitée sur la propagation des incendies. L'enquête et les observations du terrain nous permettent de comprendre que les feux de brousses constituent la menace la plus importante au développement actuel des plantations d'Eucalyptus sur le site. C'est le problème le plus récurent dans la zone. C'est une localité où le feu de brousse constitue un réel problème de conservation du milieu en général et en particulier les boisements à Tek. Selon l'enquête, la pratique des feux de brousses représente 81,34 % de nos investigations et constitue l'entrave majeure à l'évolution des boisements à Tek. Prati agricoles 4% queste Manques de 7% 8% rres Autres Pratiques de feux de brousse 81% Pratiques de feux de brousse Pratiques agricoles Manques de terres Autres 76 Enquête de terrain, Décembre 2020 Figure 9: Feu de brousse comme facteur premier de dégradation du milieu à Bafia Planche photographique 3: feux de brousses observés dans les plantations privées à Bafia Cliché : Ntsama Christine, Décembre 2020 77 Les feux de brousse constituent une menace sérieuse pour les formations végétales naturelles en général et les plantations forestières en particulier. Ils sont souvent allumés pour défricher les terres agricoles. Ces feux ont un impact négatif sur les ressources naturelles. Au niveau du sol, ils sont à l'origine des pertes des éléments minéraux. Il y a certes apports de cendres qui ne constituent en fait qu'une richesse éphémère, car elles disparaissent rapidement par lessivage (Gillon, 1990)67. Sur la végétation, les feux dégradent les écosystèmes en favorisant uniquement les espèces pyro-résistantes. Les Eucalyptus sont vulnérables durant toute la vie du peuplement. Le recépage de ces arbres est conseillé en cas de passage d'un feu dévastateur, afin de favoriser la pousse des rejets sur les souches encore vivantes. Sur tout un autre plan, les feux de brousse génèrent dans l'atmosphère des gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O) responsables du réchauffement de la planète et du changement. II.2.2 Le rôle de la jachère A Bafia, la jachère dépend de la culture pratiquée. En effet, la jachère débute réellement après la dernière destruction (sarclage ou récolte) du recru ligneux et des adventices. Dans le cas de l'arachide ou de l'igname le début de la jachère correspond à la date de la récolte de ces espèces. Dans le cas du manioc, qui n'est pas toujours sarclé, le début de la jachère correspond soit à la plantation de cette espèce, soit à la dernière opération de sarclage. Dans ces deux cas, la période de jachère commence 1 à 2 ans avant que la période de culture ne cesse. De ce fait, la jachère n'est pas synonyme d'abandon de la culture, mais de début de la reconstitution de la végétation. Le point de départ de la jachère correspond au développement du potentiel de reconstitution de la végétation qui n'est plus soumis aux sarclages. La croissance des plantes obéit néanmoins à des contraintes imposées par le milieu, telles que le climat, les sols...et bien sur le passage annuel des feux. Lorsqu'une parcelle de terre n'est plus fertile, les populations la mettent en jachère pour la redonner ces éléments nutritifs. Dans cette photo, nous voyons une jeune jachère de 4 mois seulement. Nous avons travaillé dans un seul relevé dont J1. Dans J1 la superficie est de 350 m2, ici la savane est herbeuse. Ce qui poussent les populations a pratiqué la jachère c'est l'absence de pression sur les terres de cultures, la disponibilité en terres arables et l'absence de pression démographique. En effet, lorsque la demande en terres cultivables augmente, les terres disponibles se raréfient (voir même disparaissent) et obligent un retour prématuré sur les jachères dont la fertilité n'est pas tout à fait recouvrée. Une production vivrière amoindrie s'ensuit, liée à la diminution du temps de jachère qui nuit à la restitution de nutriments aux sols que l'on désire cultiver. 78 Cliché, Ntsama christine, juillet, 2020 Photo 11: une parcelle laissée au repos en jachère Cette photo nous montre une parcelle est laissée au repos pour la rendre encore fertile, et pour quelle développe à nouveaux ces éléments nutritifs de base. II.3 L'association des arbres aux cultures ou aux champs L'association des arbres aux cultures est caractérisée par une pluralité de techniques en fonction des espèces cultivées et de leur cycle végétatif : le parc arboré, les jardins de case et les jachères améliorées ou enrichies. II.3.1 Les espèces locales associées aux systèmes agro forestiers La diversité floristique dans les paysages agro forestiers de Bafia intègre à la fois les espèces indigènes de la savane plantées ou épargnées pendant le défrichement mais aussi les plantes exotiques introduites volontairement par l'homme. 79 II.3.1.1 Les espèces forestières A Bafia et ses environs, les espèces forestières présentes dans les plantations et champs sont en relation avec leur valeur pour la population ou pour la culture. Elles varient d'une pratique agro forestière à une autre et d'un point à une autre. II.3.1.1.1 Le parc arboré Le parc arboré est la technologie agroforestière la plus représentée à Bafia. Les arbres sont implantés de façon éparpillée dans les parcelles cultivées. Ces espèces sont épargnées en fonction des choix des populations rurales (tableau 12). Ces derniers (les arbres du parc arborés) se caractérisent par les arbres (Photo 12) et arbustes forts développés et dispersés sur une parcelle en culture ou récemment mise en jachère. Il s'agit ici surtout des arbres qui ont une valeur en bois d'oeuvre ou une importance sur les plans culinaires, culturels et médicaux. L'analyse du tableau 13 permet de constater que les paysans préservent un nombre important d'espèces dans leurs champs selon les propriétés de ceux-ci. Ainsi, les essences différentes que les paysans épargnent la plupart des temps pendant le défrichement. Selon les enquêtes de terrain, ces espèces offrent en plus du bon ombrage (Ceiba prentendra, Celtis milbraedii, Milicia exelsa, Terminaria superba...). Les valeurs médicales, alimentaires, de fertilisation du sol, d'appropriation, d'alimentation, d'ornement, de brise vent, de raison mythique ou tout simplement de bois de chauffage. 80 Cliché, Ntsama christine, Juillet 2020 Photo 12: un manguier (Mangifera indica) associé aux cultures dans un champ Cette photo nous montre la présence d'un arbre dans un champ, jouant plusieurs rôles, ici ce manguier joue le rôle d'ombrage pour certaines cultures telles que le bananier plantain et de protection du sol contre l'érosion. II.3.1.1.2 Dans les jardins de case Dans un voisinage relativement proche des habitations, on a les jardins de case. Ils sont constitués des arbres dispersés ou tout au moins utilisables comme le teck, l'acacia.... Ce sont des espèces à bois précise comme le teck, une valeur ornementale comme Albizia. II.3.1.2 Les espèces fruitières exotiques et indigènes Il s'agit essentiellement des végétaux ligneux épargnés ou introduits et intégrés dans les plantations par les agriculteurs. Ceux-ci, en fonction des possibilités socio-économiques offertes à la communauté peuvent être les espèces indigènes (Dacryodes edalis, Elaeis guineensis) ou et surtout les plantes fruitières intégrées (tableau 12). Dans la zone d'étude, elles sont dominées par les fruitiers exotiques dont les principaux sont : Theobroma cacao, Mangifera indica, Persea americana, Citrus sinensis, Caricapapaya. 81 Tableau 12: Principales essences épargnées ou plantées dans les champs
Source : Enquête de terrain, 2020 Le tableau 12 présente les principales espèces fruitières de la région de Bafia en dehors du cacaoyer. Ces dernières sont dominées par les agrumes de la famille des Rutacées et surtout le genre Citrus (citrus sinensis, Citrus limon, Citrus Reticulata, Citrus maxima. Les espèces fruitières sont présentes dans les différents systèmes d'agroforesterie. Les espèces comme Mangiferaindica, Dacryodesedulis, Perseaamericanica, Elaeis guineensis, sont pour la plupart observées près des concessions. Musa paradisiaca (bananier fruit)) et Musasapientum (bananier plantain) sont observés dans les champs et partout ailleurs dans la localité de Bafia. Les différentes espèces fruitières cultivées font de l'Arrondissement de Bafia un véritable pôle de production des fruits et en plus précisément des agrumes (oranges, citrons, mandarines, safoutiers, mangues...) pour la consommation. 82 Tableau 13: Principales espèces fruitières exotiques ou indigènes à Bafia
Source : Enquête de terrain, 2020 Notice : la valeur de l'arbre dans la plantation se traduit par les symboles suivants : (c) : Appropriation ; : Ornement ; TM : Raison médical ; ® : Alimentation ; € : Bois de chauffage ; Q : Brise vent ; A : Bois
d'oeuvre ; f : Ombrage; 83 Cliché, Ntsama christine, juillet 2020 Photo 13: Un avocatier au milieu d'un champ L'agroforesterie quant à elle est constituée des cultures pérennes (café robusta, arabica, cacaoyer, colatier) ainsi que les cultures fruitières (banane douce, papayer, avocatier, goyavier, manguier, palmier à huile et bien d'autres). On les retrouve dans la zone de façon parsemée mais, les fortes concentrations se trouvent dans la plaine de Bakotcha ainsi que certains bas-fonds de la zone. Concernant les cultures pérennes, il n'existe pas encore de grands producteurs à cause d'accès difficile dans la plaine de Bakotcha. Le Café arabica était autrefois rependu dans la zone, mais les gens n'y cultivent plus à cause de la pénibilité des travaux (cueillir, dépulper, fermenter, laver et sécher). Les espèces caractéristiques des agro-forêts : ? Le Mangifera indica(Manguier) Il a une feuille large. C'est le minoritaire des arbres fruitiers dans la zone à cause du climat froid qui rend difficile son développement. On n'y retrouve pas partout dans la zone.il est plus présent dans la partie sud de la zone au climat chaud de Bakotcha vers le nord Makombe dans le Nkam au fruit charnu, attrayant, gros et bien sucré. Par contre dans 84 la partie nord de la zone au climat froid, on retrouve rarement les pieds de manguier. Ces rares pieds qu'on retrouve, ont des fruits sales avec des traits noirs sur la peau. Ils ont un goût moyen parfois acide ou pas très sucré et met long pour produire car le froid retarde la croissance ainsi que les éléments nutritifs du sol (magnésium, calcium) qui migrent lentement. Le cycle des cultures est plus court dans la partie sud chaude que dans la partie nord froide. Par exemple en expérimentant la plantation des arbres dans ces deux parties de la zone, on contacte que l'arbre qu'on a planté dans la partie chaude produit très rapidement avant celui planté dans la partie froide. Idem pour les cultures vivrières, maraichères et rentes. Ce sont les plantes à racine pivotante. Seules les plantes qui aiment l'ombre comme le cacaoyer, le café robusta peuvent se développer en dessous. C'est pourquoi dans la zone, on les retrouve parsemé dans les champs et beaucoup plus dans les zones de production de café robusta et cacaoyer qui ont besoin de leur ombrage pour la bonne production. Les plantes qui aiment le soleil comme le maïs, arachides, haricot, manioc ne peuvent pas se développer en dessous du manguier. Ses écorces servent à soigner les maux de dent et de ventre dans la localité.la durée de vie d'un arbre dans la localité peut dépasser une quarantaine d'année. ? Persea gratissima (Avocatier) Sa plantation est parsemée. On y retrouve dispersé dans les champs, autour des maisons. C'est un arbre à durée de vie précoce dans la zone faute d'entretien. C'est pourquoi il est très attaqué par les parasites tels que les aiguilles d'Afrique appelé « chou'leu » en langue locale. Ses feuilles sont plus larges. Ses racines sont très pivotantes. Il est plus retrouvé à Bakotcha vers le nord Makombe au climat chaud. Contrairement au manguier, son cycle de vie est très précoce. Un arbre fait parfois moins de 15ans de vie. Les feuilles servent à soigner le palu dans la zone. ? Cola acuminata (Colatier) Il est aussi présent mais très dispersé. Il est utilisé dans la délimitation de certaines parcelles de terrain, pour les clôtures. C'est une plante à durée de vie longue. Il faut parfois attendre plus de 10ans pour avoir ses premiers fruits après sa plantation. ? Psgium goyava (goyaviers) 85 Il est rare dans la zone. C'est une plante moins touffue que les autres aux racines plus résistantes et tronc moins volumineux. Il est parfois utilisé près de certaines concessions pour limiter l'érosion et glissements de terrain. Ses feuilles servent à soigner la dysenterie amibienne. ? Elaeis guineensis (palmier à huile) Il est moins présent dans la zone. On le retrouvait autrefois beaucoup plus dans la plaine de Bakotcha. Aujourd'hui, les populations commencent à l'adopter l'y implantant surtout dans les basfonds. Même si sa présence n'est pas très perçue dans la zone, il est à noter qu'on retrouve par exemple à Kota une palmeraie mis sur pied par une élite de la localité plantée de façon disciplinée. Sa culture dépend de la fertilité du sol. La majorité de sols de Bana est ferralitique (pauvre). C'est pourquoi pour mettre sur pied une plantation de palmier à huile, il faut creuser des trous parfois plus de 60 centimètres de largeur et profondeur comparativement aux sols des zones riches où il faut des trous entre 30et 40 centimètres. NB : De façon globale, le système agro forestier est présent à Bafia beaucoup plus dans la zone de Biabetom, Nyouka I et Nyouka II. Le MINADER encourage techniquement et financièrement le développement de l'agroforesterie dans la zone par les programmes tels qu'ACEFA (Amélioration de la compétitivité des exploitations familiales et agropastorales), le PSCC (projet semencier cacaocafé), PAUEF2C (projet d'appui à l'utilisation des engrais dans les filières cacao-café). Même avec ces programmes du MINADER, les obstacles liés au développement du système agro forestier sont nombreux. Nous avons entre autres l'insuffisance du matériel végétal de qualité, manque des produits phytosanitaires de traitement, manque des engrais, inorganisation de circuit de commercialisation, main d'oeuvre rare, chères et insuffisant car ceux qui étaient autrefois dans ce domaine (jeunes en particulier), ont déserté pour d'autre comme les mototaxis. D'autres facteurs physiques qui influencent leur développement sont entre autres le climat froid, le relief accidenté, le sol ferralitique Seule la partie basse de la zone en particulier les bas-fonds ainsi que la plaine est favorable à leur développement. Ces facteurs jouent également un rôle très important sur la répartition des types de cultures. 86 II.3.1.3 La disposition des arbres dans les champs A Bafia, les arbres sont disposés de manière éparpillée dans les champs, et les champs présentent plusieurs cultures. II.3.1.3.1 Les plantations à grand espacement Le nombre d'arbres dans ce contexte est très faible de telles sortes que l'ensemble du couvert arboré ne dépasse pas 10 à 20% du recouvrement (photo 14). Ce type est observé à Bafia dans les plantations de cultures vivrières. En effet, en raison de besoin maximal de l'énergie solaire, les cultures vivrières sont le plus souvent pratiquées sur des espaces défrichés à blancs où les seuls ligneux préservés servent d'abri ou de point de repos des agriculteurs. La disposition des arbres dans les champs reste alors considérable et surtout de manière éparpillée, de ce fait on peut avoir moins de sept arbres ligneux sur 350 m 2 de champs de maïs ou d'arachide. Cliché, Christine Ntsama juillet 2020 Photo 14: Un champ de maïs avec un faible taux de recouvrement 87 La photo rend compte du recouvrement des arbres dans un champ de culture, et de la présence de quelques arbres ; ces quelques arbres sont éparpillés. Nous constations que dans ce champ de maïs, il n'y a presque pas d'arbres, puisque le maïs est une plante héliophile, qui a besoin de lumière. II.3.1.3.2 Les arbres dans les champs A Bafia, les arbres sont disposés de manière éparpillée, puisque nous sommes en savane, et le nombre d'arbre sont importants. Dans un champ de 400m2 de superficies, nous pouvons avoir 4 arbres, dans un champ de 9230m2 de superficies, nous avons 30 arbres. D'où nous pouvons dire que dans tous champs à Bafia, il y'a au moins la présence d'un arbre, soit il est planté soit il est conservé. L'arbre dans un champ est planté en fonction de l'agriculteur, et selon la fonction que cet arbre joue dans ce milieu. D'où la conclusion que les arbres sont plantés et conservés dans un champ selon le choix de l'agriculteur. (Tableau 14). Tableau 14 : La densité des arbres associés aux champs
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Source : Enquête de terrains, 2020 Nous avons 175 individus plus 7 rôniers. Convertit en hectare (2,2 ha). Dans 15 champs, la superficie totale est de 21 946 km2, pour 175 arbres soit 175 arbres et/ ou arbustes sur environ 2,2 ha. II.3.2 L'utilité des arbres épargnés ou introduits dans les champs Les arbres les plus souvent protégés sont ceux qui revêtent une utilité avérée. Cette importance peut être d'ordre alimentaire comme c'est le cas de Ricinodendronheudelotii, et médicinal comme Funtunia elastica, rituel. Pour la construction, et pour le bois de chauffe etc. Dans l'ensemble, les arbres conservés et introduits sont porteurs d'une importance agronomique socioculturelle, économique et même environnementale comme l'atteste la (figure 9) ci-dessus. En fonction de cette utilité, certains arbres épargnés reçoivent les mêmes traitements que les arbres plantés. Dans les savanes arbustives à Terminalia glaucescens et Bridelia ferruginea, comme c'est le cas à l'ouest et au nord de la zone, le même phénomène d'essaimage des espèces pionnières s'observe. Le taux de recouvrement, ordinairement compris entre 15 % et 20 % passe à un peu plus de 40 %. Dans ce cas, ces « peuplements de transition » au sein desquels certains individus ont atteint des tailles de petits arbres, apparaissent comme des savanes arborées et, moins fréquemment, des forêts claires avec un taux de 89 recouvrement d'environ 50 à 55 %. Le faciès, dans ces cas, est un mélange d'espèces typiques de savanes et de forêts denses. II.3.2.1 L'importance socio-économique Les espèces ligneuses exploitées dans les galeries forestières et les ilots offrent de nombreuses utilités au plan socioculturel. II.3.2.1.1 Le bois de chauffage et d'ouvrage La plupart du bois qui est récolté à l'intérieur des savanes boisées sont utilisées pour satisfaire les besoins en énergie au Cameroun (WRI, 2000). A Bafia, le bois de feu offre la plus importante possibilité d'énergie utilisée dans les ménages. D'ailleurs, dans campagnes, le bois de chauffe demeure presque l'unique moyen de cuisson des repas (photo 15). De plus, nous avons également de nombreuses espèces à bois précieux et sont utilisés comme bois d'oeuvre pour la construction de l'habitation. Alors, selon la capacité de résistance, le bois est utilisé comme élément principal de la charpente, de l'élévation des murs. Il est aussi utilisé dans la réalisation de certaines infrastructures socio-économiques à l'instar des ponts. Photo 15: Un tas de bois lors du nettoyage du champ Cliché : Christine Ntsama, Septembre 2020 Figure 10 : Les revenus annuels moyens des chefs de ménage impliqués 90 Cette photo nous montre du bois entassé résultant de l'abatage de certains arbres dans les champs lors du défrichement, après le nettoyage de ce champ, il sera entassé au bord du champ pour être transporter par les agriculteurs afin d'utiliser comme bois de chauffe pour la cuisson dans les ménages. Ce bois joue également comme une source de revenus pour les populations (ventes de perches, planches, poteaux, etc.). Au Nigeria par exemple, les paysans qui coupent les arbres de leurs champs les vendent généralement comme combustible ou bois de chauffage (Morgan, et al. 1980). Comme au Nigeria, la population de Bafia conserve et plante les arbres pour les besoins de bois d'oeuvre et de chauffage. Avec les revenus limités de la population, certains fondent désormais l'espoir sur les plantations pour améliorer leurs conditions de vie. Selon l'enquête, 63,30 % de la population présente un revenu par ménage inférieur ou égale à 50 000 franc par an (Figure 10). C'est pourquoi pour améliorer leurs conditions de vie, certains conservent le tek pour accroitre les revenus (Figure 11). 18,50% 2,80% 1,90% 7,40% 1,90% 3,70% 63,90% moins de 50 000 francs 50 000 à 100 000 francs 100 000 à 150 000 francs 150 000 à 20 000 francs 200 000 à 250 000 francs 250 000 à 300 000 francs plus de 300 000 francs Source : Enquête de terrain : Novembre 2020 91 100 000 à 500 000 frcs plus de 500 000 frcs moins de 10 000 frcs 10 000 à 50 000 frcs 50 000 à 100 000 frcs 35,00% 20,00% 16,30% 30,60% 30,60% 30,00% 25,00% 14,30% 8,20% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00% Enquête de terrain, Novembre 2020 Figure 11: revenus moyens tirés de la conservation du tek 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% 42,30% 57,70% Non Oui Non Oui On constate une réelle volonté de la population de transformer les boisements en source de revenus. Les efforts sont en train d'être fait pour améliorer les conditions de vie grâce aux plantations du tek. Nous observons déjà l'augmentation des revenus par habitant. C'est pour cette raison que la majorité pense que le manguier peut être utilisé comme levier de développement de la localité de Bafia (Figure 12). 92 Enquête de terrain, Novembre 2020 Figure 12: Contribution du genre au développement local Nous constatons que plus de la moitié des personnes enquêtées, soit 57,70%, pensent que le tek peut être utilisé comme levier de développement de la localité de Bafia. C'est dans ce contexte que les habitants trouvent que cette plante comporte plusieurs avantages.il est utile pour certains pour les besoins de bois d'oeuvre et de chauffage (Figure 12). Nous comprenons que le tek est planté et exploité beaucoup plus comme bois d'oeuvre dans la localité de Bafia. 70% de populations l'utilise comme bois d'oeuvre. Lorsque nous somme à Bafia, nous constatons qu'il existe au moins un pied autour de chaque maison. Ce qui laisse comprendre que la plupart des personnes plantent pour satisfaire les besoins en bois de chauffage. Aussi, 26,40% de la population plante le tek pour couper ses bois et vendre afin d'avoir de l'argent pour satisfaire leurs besoins Source et revenu; 26,40% Autres; 1,80% Brise vent; 1,80% Bon bois d'oeuvre et de chauffage; 70,00% Enquête de terrain, Novembre 2020 Figure 13: Les usages du genre tek 93 II.3.2.1.2 Des arbres qui nourrissent et guérissent
Les feuilles, les écorces et les racines constituent pour plusieurs personnes de puissants produits naturels propices au traitement de certaines maladies. Consommés sur la forme sèche et écrasée, de décoction, ces produits contribuent à l'amélioration de santé des hommes pour des maladies telles : typhoïde (Mangiferaindica) et le paludisme (Annonamuricata). II.3.2.1.3 L'importance juridique, rituelle et esthétique Plusieurs plantes sont considérées comme des marques d'appropriation des terres à Bafia et dans tout le plateau Sud-camerounais. Pour s'approprier un espace de terre, le premier à arriver devait implanter un ou plusieurs pieds de plants pour signifier son appropriation. Ce moyen d'après les habitants de Bafia, fera savoir aux autres visiteurs convoiteurs que la parcelle appartient déjà à quelqu'un. A Bafia, les arbres dans les localités constituent un objet ornemental très prisé. Ils embellissent de façon significative le paysage. Alors le rôle traditionnel se résume à la fonction juridique de certaines espèces utilisées comme moyen d'appropriation des terres (Théobroma cacao), à la fonction rituelle liée au mythe accordé à certaines plantes comme Lophira lanceolata, Danielliaoliveri, Parkiabiglobosa, Syzygium macrocarpum, Dichrostachysglomerata, Vitex cuneata, Brideliaferruginea,
Sarcocephalusesculentus, II.3.2.1.4 L'arbre : un moyen de lutte contre l'érosion L'arbre dans les champs de protéger les cultures contre les vents violents (Weigel, 1994). Dans les jardins de case, les espèces arborées protègent les habitants et leurs cases contre 94 les vents violents. Ainsi, les arbres qu'ils soient dispersés ou groupés constituent un moyen important de lutte contre l'érosion éolienne, l'érosion hydrique et par conséquent le lessivage des sols. De par leur feuillage, leurs branches, leur tronc et leurs racines, les ligneux freinent l'action érosive. Les feuilles et les branches interceptent et amortissent l'énergie cinétique des pluies, empêchant ainsi l'action érosive des gouttes sur les sols. Ces derniers constituent par ailleurs un système barre vent et atténuent l'érosion éolienne. Les racines jouent un rôle anti-érosif tout à fait particulier (Young, 1995). Ceci en ce sens qu'elles contribuent à l'infiltration facile de l'eau dans le sol. Ce processus d'infiltration empêche le ruissellement de surface voire l'érosion hydrique. |
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