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Mises en valeur agricole et dynamique des agroforêts dans les savanes autour de Bafia, centre-Cameroun


par Christine Vanessa Ntsama
Université de Yaoundé 1 - Master 2021
  

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I-2 Les sols ferralitiques profonds

Le sol est latéritique, le manteau d'altération est peu épais et donne naissance à des sols caillouteux sur les versants. Toutes les formations géologiques de Bafia appartiennent au socle ancien. La combinaison des facteurs climatiques, géologiques et géomorphologiques a contribué à la formation des sols ferralitiques rouges, jaunes et ocre à Bafia. Ces sols se caractérisent par une grande épaisseur des profils car le climat équatorial et sa pluviométrie constante, associés au couvert végétal forestier favorisant leurs altérations. L'altération ici est chimique, puisqu'il les sols sont humides, cela est due à l'abondance des précipitations. Nous rencontrons ces types de sol le long des cours d'eaux, où ils forment d'ailleurs des marécages peu propices à l'agriculture car ici le sol ne s'assèche jamais et par conséquent sont favorables à l'implantation des arbres, le milieu est toujours humide. La topographie plane y favorise des conditions de stagnation saisonnière des eaux, qui sont conditions très contraignantes pour une grande majorité des espèces ligneuses.

Les sols ferralitiques se trouvent dans le climat tropical humide (figure 5). Ces sols sont remplis d'eau de la nappe phréatique jusqu'à la surface. Lorsque les sols sont remplis d'eaux, les arbres ont la possibilité de pousser sans problème. A côté des versants et le long des petites rivières tributaires du fleuve, quand les pentes s'adoucissent, les sols ferralitiques typiques cèdent la place à une association de sols ferralitique et de sols hydro morphes. Ces sols jaunes qui se caractérisent entre autres par leur texture sableuse, un horizon humifère réduit (3 à 10

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cm), une sensibilité à l'érosion sur les pentes servent à la pratique des cultures de contre saison (PCD de Bafia, 2005).

Les sols ferralitiques profonds également propices pour l'implantation des agro forets :

A l'exception des bas-fonds plats et mal drainés des secteurs peu accidentés où ils sont en association avec des sols hydromorphes et, dans une moindre mesure, des dômes rocheux et des dalles massives de cuirasses ferrugineuses portant respectivement des sols minéraux bruts et des sols peu évolués, les sols ferralitiques occupent plus de 90% du Centre-Cameroun. Sur le site de Biabegoura, ces sols sont couverts à la fois par la forêt et la savane. Ils sont profonds de plus de 3 m, et comportent, par endroits, des horizons indurés aussi bien sous savane que sous forêt. Les analyses sur les transects de Biabegoura et de Doguem montrent que tant au point de vue physique que chimique, il est difficile d'établir des classes de sols ferralitiques dits de savane ou de forêt. Si, sur tous les points de prélèvements, la proportion des limons est faible et varie peu des horizons supérieurs vers la profondeur, en revanche, les profils de sols présentent une différence des teneurs en argiles et en sables. Cette différence est plus sensible localement entre sols de savane et sols sous forêt que d'une région à l'autre, comme les analyses sur les transects pédologiques de Doguem et de Biabegoura vont le montrer.

- Les données de l'analyse chimique :

Les sols des deux transects sont, dans l'ensemble, des sols désaturés de couleur rouges (Martin, 1967) et acides. En surface, le pH varie entre 6 et 5 et, en profondeur, entre 5 et 4. Le rapport C/N est en moyenne plus important en savane soumise aux feux annuels, soit une moyenne de 17 en surface et de 12 à 13 en profondeur, qu'en forêt où la moyenne est de 10 à 12 tout le long des profils. La différence tient probablement à une décomposition plus rapide de la matière organique sous la forêt où la micro et la macro faune du sol est plus active. Indépendamment du couvert végétal, le pourcentage des matières organiques varie entre 4 et 5 % en surface et 0,5 et 1 % en profondeur. Le carbone organique varie, aussi bien sous savane que sous forêt, entre 27 et 30 mg/g en surface à 2 et 5 mg/g en profondeur. Cette homogénéité des sols qui apparaît sans relation évidente avec le couvert végétal semble également caractériser la texture, sauf celle des horizons de surfaces.

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- La texture en relation avec la capacité hydrique des sols :

Les limons fins et les limons grossiers gardent tout à fait les mêmes proportions le long de chacun des profils et ne constituent qu'une partie relativement faible de l'ensemble (moins de 20 % de la fraction totale). En revanche, les proportions d'argiles et de sables qui constituent environ 80 % du total, varient sensiblement, mais essentiellement dans les horizons supérieurs. Les analyses permettent d'établir une relative discrimination entre sols de savanes et sols de forêts sur les sites étudiés.

Le sol sous savane :

Ils se singularisent relativement par une texture sableuse des horizons supérieurs. Les sables constituent 40 à 42% de la fraction totale à Biabegoura, entre 0 et 20 cm. A 40 cm de profondeur, le pourcentage de sables se situe à 20% alors que les argiles représentent 60% de la fraction totale. A Doguem, l'allure est à peu près la même, sauf que les sables dominent jusqu'à 40 cm de profondeur (plus de 53 %) et ne baissent sensiblement qu'entre 75 et 85 cm où ils ne représentent plus qu'environ 40 % de la fraction totale contre 48% pour les argiles.

Le sol sous forêt :

En forêt, le sol situé en lisière se distingue de celui de la forêt profonde. Les horizons de surface à la hauteur de la lisière contiennent 39 et 60 % de sables, respectivement à Biabegoura et à Doguem, c'est-à-dire, par rapport aux sols de savane, une très faible augmentation du taux d'argiles de l'ordre de 5 %. Par ailleurs, les pourcentages des sables diminuent plus vite avec la profondeur. Les argiles dominent nettement à partir de 15-20 cm à Biabegoura et à Doguem avec un peu plus de 50% de la fraction totale. Plus loin dans la forêt, c'est-à-dire à 50-60 m de la lisière, les argiles représentent près de la moitié du total dès la surface sur les deux sites. A une centaine de mètres des lisières, les argiles dominent en proportion à Biabegoura (57%) et ne représentent que le quart de la fraction totale à Doguem (25%) . La même teneur en argile est toutefois enregistrée à partir de 20 cm de profondeur sur les deux sites, c'est-à-dire près de 60 %.

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Cependant, l'échantillon 16 de Doguem est très particulier, aussi bien par rapport aux autres profils du site de Biabegoura que de ceux du même site, puisqu'il se caractérise par une texture franchement sableuse (60 % de la fraction totale) du haut jusqu'en bas du profil.

Comparaison entre les sols sous forêt et les sols sous savane :

Une projection des échantillons de sols prélevés respectivement dans les niveaux 0-5, 15-20, 45-50 et 75-85 cm (soit un profil de savane, un de lisière et deux de la forêt profonde pour chacun des transects) sur un diagramme textural montre que les différences entre les deux sites sont minimes (fig. 42) . Le transect de Biabegoura apparaît plus homogène avec des sols argilo-sableux à argileux. Les sols de Doguem se répartissent en deux classes : un groupe argilo-sableux identique aux sols de Biabegoura et un groupe sableux. Il faut également remarquer que la teneur en argiles granulométriques augmente de haut en bas dans les sols de savanes ; ce phénomène est relativement sensible au niveau de la lisière et l'est peu sous forêt.

Argiles Argiles

Sables Limons Sables Limons

Transect BER Transect MAN

Figure 5: Diagrammes texturaux des sols de Biabegoura (BER) et de Doguem (MAN).

Sol de forêt Sol de lisière Sol de savane

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Dans d'autres régions de la zone de mosaïque forêt-savane du Centre-Cameroun, cette organisation de la texture des sols a été observée. A Bafia, la proportion des argiles dans les horizons de surface (0-20 cm) varie entre 30 et 36 % sous savane et de 40 à 60 % sous forêt. Entre 20-120 cm de profondeur, la teneur en argile varie entre 50 et 80 % autant sous savane que sous forêt (Martin, 1973). Dans la région du confluent du Mbam et de la Sanaga, les analyses de Vallerie (1973) ont montré que par rapport aux sols de forêts, les sols de savanes sont dans l'ensemble plus pauvres en argiles dans les horizons de surface. Au Centre et à l'Ouest de la Côte-d'Ivoire, une distribution semblable de la texture des sols dans le domaine de la mosaïque forêt-savane a été constatée (Bonvallot, 1968 ; Avenard et al, 1974 ; Latham et Dugerdil, 1975). Les auteurs se demandaient si la texture sableuse des horizons de surface des sols de savanes était une conséquence du couvert ou le contraire.

La pauvreté relative en argile des horizons supérieurs des sols de savanes semble donc être une constante, tant aussi bien dans le domaine de la mosaïque forêt-savane du Cameroun que de celui de la Côte-d'Ivoire. En se plaçant dans le contexte de la dynamique des contacts forêt-savane, il semble bien que les sols de savane, moins couverts par la végétation, sont soumis à une perte d'argile par érosion superficielle, due au ruissellement des eaux au moment des premières pluies, lorsque le couvert herbacé est complètement dégagé après le passage des feux. Lorsque la forêt progresse aux dépens de la savane, l'érosion du sol est stoppée du fait de la mise en place d'un couvert fermé qui oppose un écran presque hermétique à la chute des gouttes d'eaux de pluie. Sous forêt, la texture plus argileuse des horizons de surface s'expliquerait par l'existence d'un écran végétal fermé qui protège le sol contre l'érosion superficielle. En Côte-d'Ivoire, les travaux de Roose (1977) montrent que, dans de telles conditions de recouvrement du sol, le coefficient de ruissellement est inférieur à 5 %.

Le maintien d'une texture sablo-argileuse à la lisière, dans les horizons de surface apparaît alors comme un héritage des savanes. Mais la forêt, en avançant sur la savane, stabilise progressivement les éléments minéraux du sol et parviendrait même, par néoformation de la silice, à augmenter le taux d'argiles par le biais d'un recyclage biologique, c'est-à-dire une minéralisation de la litière par l'activité microbienne. En effet, il est prouvé que, dans les sols ferralitiques sous forêt d'Amazonie Centrale, la quantité de silicium recyclée par la litière est de 40 à 50 kg par hectare et par an (Chauvel et al, 1989 ;

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Lucas et al, 1993). La forêt assure donc en même temps une conservation et une formation d'argiles in situ. Cette augmentation des argiles dans les horizons de surface en forêt pourrait être également liée aux remontées par la macrofaune du sol dont le nombre et la diversité semble de loin plus importante qu'en savane. En Amazonie brésilienne dans la région de Salitre, les termites et les fourmis remontent des profondeurs --parfois depuis 4 m de profondeur-- des produits fins en creusant leurs galeries et en construisant leurs édifices. La vitesse d'une telle accumulation en surface est estimée à environ 0,20 mm par an (Boulet, 1995).

Autrement dit, la granulométrie de ces sols qui sont passées récemment sous couvert forestier après avoir été exposés saisonnièrement à la battante des eaux de pluies et au ruissellement superficiel, garde tout comme les isotopes stables des matières organiques, la trace d'un couvert herbacé qui a favorisé dans le passé l'appauvrissement en argile des horizons de surface.

Mais ce constat d'ordre général n'exclut pas les exceptions. Localement sur les deux transects, des sols situés dans la forêt présentent des horizons de surface à forte proportion de sable ; à Doguem, le profil MAN 16 situé à 250 m dans la forêt présente 74 à 77 % de sables de haut en bas du profil. Deux hypothèses peuvent être évoquées : d'une part, une influence de la topographie, car la teneur en argile décroît du haut de pente vers le talweg comme il a été constaté dans toute la région autour de Bertoua (Chujo, 1986) et, d'autre part, que l'échantillon MAN 16 aurait été prélevé au niveau d'un point de la forêt où était implantée, jusqu'à une date récente, un îlot de savane --ce qui signifierait que cet échantillon garde un héritage d'une savane préexistante. Toutefois, en d'autres points, aussi bien sous forêt que sous savane, les sols sont sableux, gravillonnaires en surface, parfois des épandages démantelée.

L'action limitante des cuirasses ferrugineuses :

Dans toute la zone toute, la topographie de collines est marquée par des altitudes quasi constantes qui suggèrent l'existence d'un niveau d'aplanissement ancien fortement dégradé dont la conservation jusqu'à ce jour est assurée par la présence dans les sols évoluant actuellement comme des sols forestiers, d'une cuirasse ferrugineuse massive. Sa

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mise à l'affleurement, et parfois même, la formation de micro corniches, est un témoignage de conditions morphoclimatiques certainement différentes des celles qui règnent actuellement. Dans la partie du territoire située entre Batouri et Akonolinga, cette cuirasse jalonne en liseré plus ou moins continu, les ruptures de pente à une altitude presque constante de 635-640 m. Cette disposition se remarque sur les pistes carrossables de l'ensemble de la zone, même si l'affleurement de la cuirasse s'opère à des altitudes différentes. Il n'y a pas, sauf rares exceptions, de corniche franche constituée par la cuirasse et les affleurements se rencontrent indifféremment en forêt et en savane. A Biabegoura, la cuirasse est présente sur l'interfluve sous 4 à 5 m de formations superficielles. En revanche, en direction du talweg, elle se démantèle en libérant des blocs, cailloux et nodules ferrugineux et des gravillons de quartz, témoins de son ancienne extension en surface.

Les dalles de cuirasses affleurantes sont généralement nues ou recouvertes de mousses et de lichens. Lorsqu'elles portent un sol très mince (environ 5 cm), quelques Cyperaceae s'y accrochent. Lorsque l'épaisseur du sol au-dessus atteint 10 à 15 cm, elles sont occupées, soit par des herbacées, soit par un peuplement de forêt d'un faciès particulier à Mallotus oppositifolius. Cette plante, plus fréquemment rencontrée sur les rochers (Letouzey, op cit.) semble y exploiter de nombreuses fissures pour enfoncer ses racines. Néanmoins, la vitesse de progression de la forêt au-dessus de tels sols peu épais est plus lente qu'ailleurs. C'est aussi sur ces points où le peuplement forestier de lisières est moins dense que les feux de brousse sont plus mordants.

A Bafia, l'abondance des pluies détermine en outre l'apparition des caractéristiques physico-chimiques : capacité d'échange faible, qu'elle soit mesurée sur l'argile ou sur le sol total, en raison des constitutions kaoliniques et des sesquioxydes ; quantité de bases échangeables faible ; degré de saturation variable, mais généralement faible.

? Valeur agricole : les sols ferralitiques à Bafia ont une valeur agricole élevée, dans tout le territoire, toute la population vit des rendements de ces sols. Ces sols favorisent l'implantation des arbres dans les champs Puisque nous les cultures rencontrées sont le maïs, le manioc, l'arachide, les ignames, le palmier à huile, le taro...

? Contrainte de mise en valeur : Dans cette zone de Bafia, les principales contraintes sont dues à la faible teneur en matière organique et en éléments minéraux et aux risques de dessèchement des horizons des surfaces. (PCD de Bafia, 2005)

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Figure 6: Les sols de la région autour de Bafia

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard