CHAPITRE 1 :
LES CONDITIONS ECOLOGIQUES ET HUMAINES FAVORABLES A LA
MISE EN PLACE DES AGRO FORETS.
Introduction
Le climat de Bafia, est caractérisé par une
grande saison de pluie qui dure 9 à 10 mois. Ce climat humide favorise
l'implantation des arbres car nous notons une abondance de
précipitations, les sols ferralitiques profonds favorisent aussi
l'implantation ou l'installation des arbres. Ces avantages sont très
largement exploités par les agriculteurs de l'Arrondissement. Dans ce
chapitre nous allons décrire le climat, décrire le type de sol et
présenter la population de Bafia.
I-1 Le climat humide actuel
Le climat de Bafia est situé dans une zone de
transition entre la forêt équatoriale et la savane. Ce qui la
place d'emblée dans la zone des climats subéquatoriaux
guinéens forestiers. La région est caractérisée par
l'abondance des précipitations. La pluviométrie annuelle est de
l'ordre de 1455 millimètres3 et la température moyenne
est de 24,9°C, la température minimale est de 23,8°C
observée en Aout. Ce climat a quatre saisons qui rythment les
activités humaines :
- La grande saison des pluies est la plus longue, elle va de
mi-Aout à mi-Novembre qui dure 3 mois: cette période correspond
à la mise en veilleuse des activités agricoles. C'est le moment
de récolter le cacao, une des principales cultures d'exportations de la
région.
- La petite saison de pluie va de mi-Mars à mi-Juin qui
dure 3 mois : qui correspond à la période des semailles et de
l'entretien des champs.
- La grande saison sèche qui va de mi-Novembre à
mi-Mars : qui correspond à la période des grands travaux de
préparation des champs.
- La petite saison sèche qui va de mi-Juin à
mi-Aout : c'est la période pendant
laquelle les cultures céréalières et
oléagineuses sont récoltées puis engrangées. C'est
aussi une période de la campagne céréalière.
3 Pour Aubreville (1948), un mois est dit pluvieux lorsqu'il
totalise en moyenne plus de 274 mm de pluies et inversement c'est-à-dire
lorsque le total mensuel est compris entre 235 et 274.
37
Les déficits locaux de pluviométrie ont
été évoqués pour expliquer la présence des
savanes du "V Baoulé" au centre de la Côte-d'Ivoire, le
tracé des isohyètes décrivant un infléchissement
vers le sud. Les savanes reçoivent 1100 à 1200 mm de pluie par an
alors que les secteurs en forêt enregistrent plus de 1300 mm (Eldin,
1971). Ce serait aussi le cas, au Cameroun, des principaux secteurs
dominés par la savane tels que la région du confluent entre le
Mbam et la Sanaga ( Yangben, Bokito, Yambassa) à l'ouest de la zone, de
la moyenne vallée de la Sanaga (Mbadjock, Ntui) au centre et du bassin
de la Kadéi à l'est qui enregistrent une moyenne annuelle de
pluie comprise entre 1350 et 1400 mm (Suchel, 1972, 1988 ; Zogning, 1979). Ces
mêmes localités connaîtraient un faible taux de convection
de nuages à sommets froids, générateurs de fortes pluies
au mois de mars, signe de leur déficit potentiel en humidité
relative (Tsalefac et al, 1996).
Pourtant, au centre de la Côte-d'Ivoire, dans les
mêmes conditions de pluviométrie, la forêt et la savane
coexistent. Au Centre-Cameroun, plusieurs stations enregistrant les mêmes
totaux annuels de pluies que celles situées en savane portent la
forêt comme Doumé (1425 mm), Saa (1350 mm) ou Ayos (1430 mm). De
plus, Bertoua (1584 mm), Nanga Eboko (1601 mm), Bafia (1480 mm) et Yoko (1633
mm), situées dans des régions où les savanes
prédominent, enregistrent des moyennes pluviométriques annuelles
situées bien au-dessus de 1400 mm.
Face à une absence de relation entre la
pluviosité et la répartition des formations
végétales dans le centre de la Côte-d'Ivoire, Avenard
(1969) observe qu'une hauteur de pluie considérable n'est pas
indispensable pour entretenir la forêt. Il suffit que l'humidité
atmosphérique demeure élevée et que la saison sèche
soit de courte durée. Autrement dit, la saison considérée
comme écologiquement sèche (précipitations mensuelle <
50 mm) ne doit pas dépasser 3 à 4 mois pour que la forêt se
maintienne. Pour Rougerie (1960) « Le total annuel des pluies peut
jouer comme facteur limitant, mais il faut considérer la
répartition des pluies... L'humidité de l'air peut compenser la
carence des précipitations à certains moments de l'année
». Cependant en Côte-d'Ivoire, Tricart et Cailleux (1974),
constatant que « les schistes birrimiens, qui donnent des
altérites argileuses où l'infiltration est moindre, portent la
forêt pour des totaux de 1200 mm, alors que les altérites plus
poreuses des granites l'admettent seulement au-dessus de 1500 mm
»,
38
La variabilité inter annuelle et
saisonnière des précipitations :
affirment qu'il importe, dans le même contexte, que les
sols aient une bonne capacité de rétention en eau pour entretenir
la forêt.
Un climat chaud et humide favorable à la conquête
de la forêt dans les régions de savanes dominantes, les diagrammes
ombrothermique établis selon le modèle de Walker rectifié
de celui proposé par Gaussen (cités par White, 1986), associent
température et pluies et donnent un aperçu des variations au
cours de l'année. En l'absence des données sur l'ETP, le principe
suppose qu'une période relativement aride se traduit par le passage de
la courbe des précipitations au-dessous de la courbe des
températures, et qu'une période est relativement humide lorsque
la courbe des précipitations passe au-dessus de celle de la
température. La zone enregistre en moyenne plus de 1400 à 1600 mm
de pluies par an. La moyenne annuelle de température est de 24,5° C
avec une amplitude thermique annuelle de moins de 3°, très
caractéristique des climats équatoriaux. Durant la période
la plus chaude qui correspond à la fin de la saison sèche et au
début des pluies (février mars), la moyenne d'humidité
relative varie entre 65 et 70% et oscille au-dessus de 80% durant le reste de
l'année. L'évaporation, mesurée au moyen de
l'évaporomètre de Piche, varie du nord au sud entre 750 et 500 mm
par an (Suchel, 1988), ce qui donne un excédent annuel d'eau
précipitée compris entre 900 et 800 mm
La répartition annuelle des pluies :
Le nombre moyen de jours de pluie varie de 120 à 140
jours, mais peut descendre localement à près de 100 autour du
confluent du Mbam et de la Sanaga et autour de la ville d'Akonolinga
située en forêt. Mais tout comme le reste de la zone, cette
région, dont Bafia est la station de référence,
connaît une saison sèche (nombre de mois enregistrant moins de 50
mm de pluies) de 3 mois (décembre-janvier-février), selon une
moyenne en 40 ans. Les mois de juillet et août présentent un
léger fléchissement des pluies, mais celles-ci restent largement
supérieures à 50 mm pour chacun de ces mois. Au total, 9 mois (de
mars à novembre) consécutifs enregistrent plus de 50 mm et
forment la saison humide. Toutefois, la prise en compte de la
répartition doit être associée à celle de la
variabilité inter annuelle des précipitations.
39
Selon le bilan des observations sur 40 ans (période
1951-1990), le régime des pluies est marqué par
l'irrégularité inter annuelle et saisonnière, comme le
montrent les données de deux stations situées au centre (Bafia)
et à l'est (Bertoua) de la zone. Ces stations de référence
présentent des variations inter annuelles de la durée et de la
quantité des précipitations. La comparaison montre qu'une phase
humide est en cours à Bertoua dès 1951 et se poursuit jusqu'en
1978. A Bafia, la période 1951-1963 est caractérisée par
un pic humide culminant en 1956 et une régression progressive jusqu'en
1963. A partir de 1964, Bafia rejoint Bertoua dans sa longue séquence
humide qui va s'étendre jusqu'en 1978. A partir de 1980, les deux
stations sont caractérisées par une période
déficitaire par rapport à la moyenne en 40 ans qui se poursuit
jusqu'en 1990.
Cette décroissance des apports de pluies qui par
ailleurs, caractérise aussi bien les stations des régions
à savanes dominantes que celles des secteurs sous forêt, rend
compte d'un phénomène climatique général reconnu
dans toute la zone équatoriale d'Afrique. En effet, ces dernières
années sont marquées par un déficit de la
pluviosité inter annuelle de 10 à 20% par rapport à la
moyenne normale (Mahé et Olivry, 1995) et une baisse des débits
des cours d'eau dont celle du fleuve Congo est de l'ordre de 19% (Mahé,
1993). Cette réduction des précipitations serait à relier
à la dernière sécheresse qui a affecté la zone
sahélienne et dont l'extension lors des paroxysmes déficitaires,
notamment ceux des années 1972-1973 et 1983-1984 s'est fait sentir
jusqu'aux zones équatoriales (Sircoulon, 1986 ; Borgne, 1990).
Certaines années déficitaires sont
marquées par une prolongation de la saison sèche sur 4 mois,
c'est-à-dire de décembre à mars ou de novembre à
février. De 1951 à 1990, le nombre d'années à
saison sèche prolongée sur 4 mois est de 3 à Bertoua
(1959, 1970, 1990) et de 12 à Bafia (1957, 1960, 1964, 1970, 1971, 1972,
1973, 1981, 1982, 1984, 1987, 1990) avec en plus deux années qui ont
enregistré une durée de saison sèche de 5 mois (1977 et
1983).
40
Figure 3 : Une saison sèche parfois étendue
sur 4 mois, mais des précipitations qui restent bien réparties
dans l'année.
Ainsi, une saison sèche prolongée sur 4 mois
intervient en moyenne tous les 7 ans à Bertoua et tous les 3 ans
à peu près à Bafia. Mais même dans ce cas, la
croissance des végétaux n'est pas considérablement
compromise étant donné que, les mêmes années,
l'humidité atmosphérique est demeurée assez
élevée, c'est-à-dire une moyenne supérieure
à 70 % (Suchel, 1988). La variabilité saisonnière est tout
de même plus sensible à Bafia où de plus, les années
1977 et 1983 ont enregistrée une saison sèche étendue sur
5 mois consécutifs. Le mois de mars qui marque ordinairement le
début de la saison sèche n'a reçu que 20 mm en 1977 et 2
mm en 1983. Les mêmes années, le mois de novembre qui correspond
à la fin de la saison des pluies n'a reçu que 10 et 48 mm
Ces années déficitaires se caractérisent
donc par un début tardif et/ou par une fin précoce de la saison
des pluies, ce qui présente le risque d'un assèchement
poussé du couvert végétal, en général et,
celui des lisières, en particulier. D'après les observations sur
le terrain en 1994 l'année qui a connu un début tardif des
pluies, un développement plus important des feux de brousse s'est
opéré dans les savanes. Les feux se sont sensiblement
avancés localement sur les lisières où ils rencontraient
des peuplements végétaux plus asséchés
qu'habituellement. Ces lisières comportant un couvert peu touffu ont
été grignotées sur quelques mètres. A Bafia, le
fait a été observé principalement sur des points où
la végétation de lisière s'était
développée sur un sol mince au-dessus des cuirasses
ferrugineuses. Autrement dit, la variabilité saisonnière des
pluies n'exerce une action limitante à la progression de la forêt
que lorsqu'elle s'allie
41
localement à des conditions pédologiques
défavorables. Mais ces cas extrêmes, n'interviennent que
très rarement, soit en moyenne une fois tous les vingt ans pour le cas
de Bafia.
(Selon le Plan Communal de Développement de Bafia de
2005) Le climat de Bafia est caractérisé par une chaleur et une
humidité constante, nous avons une disponibilité des
données statistiques. Les mois les plus pluvieux sont respectivement 235
et 274 millimètres de pluies par an. L'humidité relative reste
très importante au cours de l'année. Le strict minima est
enregistré au cours du mois de février, soit un taux
d'humidité de 69%. Le mois de janvier et mars connaissent aussi de
faible taux, soit 76% pour chacun. Le taux d'humidité des autres mois
tourne autour de 80% sauf juillet et aout qui connaissent le maxima avec un
taux de 86% pour chacun d'eux. Le caractère humide est affirmé
aussi par une moyenne annuelle d'évaporation justement, cela de 934 mm.
Si on fait le bilan des pluies de 559 mm qui sont conservée en moyenne
par an dans la zone (Tableau 5). Le climat humide favorise
l'implantation des arbres parce que nous avons l'abondance des
précipitations, qui favorise aussi une altération chimique.
Tableau 5: précipitations de la station
météorologie de la région de Bafia (moyenne sur 23
ans)
Mois
|
Jan v
|
fev
|
Mar s
|
avr il
|
Ma i
|
jui n
|
Jui l
|
Ao ut
|
sep t
|
oct
|
No v
|
dec
|
Moy
Annue lle
|
T (°C)
|
25,3
|
26,6
|
26,5
|
25,
9
|
25,
4
|
24, 7
|
23,
9
|
23, 9
|
24, 4
|
24,
5
|
24, 9
|
25,
3
|
25,1
|
Pluie (mm)
|
12
|
33
|
117
|
16 3
|
18 2
|
14 0
|
10 2
|
136
|
23 1
|
28 0
|
86
|
11
|
1493
|
H%
|
74
|
69
|
74
|
80
|
82
|
84
|
86
|
86
|
85
|
84
|
81
|
79
|
80
|
Evaporati on
|
107, 1
|
124, 3
|
110,
6
|
78, 9
|
69,
5
|
60,
6
|
53, 8
|
54, 4
|
57,
7
|
62,
8
|
69, 2
|
85,
4
|
934
|
Source : J.C OLIVY.1986, Fleuves et
rivières du Cameroun. Actualiser p 300
42
Precipitations (mm)
300
250
200
150
100
50
0
janv fev Mars avril Mai juin Juil Aout sept oct nov Dec
Pluie (mm) T (°C)
27
26,5
26
25,5
25
24,5
24
23,5
23
22,5
Temperature ( T°C)
Figure 4 : Courbe ombrothermique de la région de
Bafia
|
|