4.1.3.
Aide à l'accouchement
Le cas présenté dans cette rubrique concerne les
difficultés ou le blocage d'accouchement (accouchement dystocique). La
médecine moderne parle d'accouchement qui ne se déroule pas
normalement en basant la difficulté comme pouvant venir de la
mère ou du foetus lors d'une présentation par le siège ou
un gros bébé. Mais dans la culture luba, les causes peuvent
provenir aussi, soit à cause de l'inceste ou l'adultère de la
mère, soit dû aux parjures de la mère à la suite de
disputes qu'elle a eues avec son mari. Des pareilles situations peuvent
également être observées en cas de viol lointain ou
à bas âge de la future mère qui refuse de voir naître
un enfant issu d'une relation honteuse et rappelant des mauvais souvenir. Cette
situation a des répercutions sur l'enfant qui est exposé à
des crises multiformes telles que le refus de téter, les morsures
à la mère, etc.
4.1.3.5. Cas Ya Mbombo
Ya Mbombo est une dame de 32 ans. Elle est mariée
à Vieux Mulume âgé de 50 ans depuis 6 ans et ils ont deux
enfants. Ya Mbombo est tombée enceinte du jeune frère à
Vieux Mulume avec qui ils vivaient sous le même toit. Les deux
adultères ont gardé leur secret jusqu'au jour où Ya Mbombo
est arrivée à terme de sa grossesse. Elle va passer trois jours
sans que l'enfant ne naisse. Ya Mbombo était devenue très
pâle et on pensait déjà qu'elle allait mourir quand une des
femmes sages qui l'aidait a commencé à lui parler en disant
« baba tula diyi ne udi musambuke biuma bia bende » ce qui
veut dire « maman dit quelque chose si tu as transgressé la
dot d'autrui ». Ici la sage femme voulait savoir si Ya Mbombo avait
commis l'adultère. Elle a tellement insisté en lui rappelant que
« lufu ntulu » ce qui signifie « la mort est
comme le sommeil » c'est-à-dire tu pourras mourir comme un
jeu. Finalement Ya Mbombo va avouer en pleurant qu'elle a été
séduite par son beau-frère.
Dès que Ya Mbombo a seulement avoué, les
contractions se sont accélérées et par la suite l'enfant
est sorti. Et puis la famille s'est réunie et a décidé de
réparer cet inceste (tshibindi/mukiya) plus tard. Comme on ne pouvait
pas cacher cela la nouvelle s'est répandue dans tout le village. Le jour
J, Ya Mbombo devait apporter une poule issue de sa propre famille et la famille
du mari aussi a fait de même. On procède à la
cérémonie appelée kudula lududu (ce qui
signifie ôter les habits c'est-à-dire réparer
l'infidélité) en public. Notons que cette cérémonie
est faite au cas où on souhaite garder la femme surtout pour
protéger les enfants, sinon c'est le divorce pur et simple.
Analyse du cas Ya Mbombo
L'analyse de ce cas nous montre que le seul fait d'avouer son
délit suffit pour déclencher l'accouchement. Le rituel
traditionnel de réparation suit après, en guise de
réinsertion dans la société. Donc la thérapie qui
déclenche la sortie de l'enfant ici sontt les paroles prononcées
par la sage femme ou l'aidant qui ont un pouvoir de déclencher le
déclic.
Dans la psychodynamique, on remarque que le comportement de la
mère avant la conception, pendant la grossesse et à
l'accouchement est très déterminant pour le comportement et le
développement de l'enfant. Nous disons que le comportement est
influencé par l'énergie créée par la chaleur ou
l'ambiance familiale en tant qu'environnement primaire dans lequel l'enfant qui
nait devra se socialiser. Cette énergie affecte la naissance et est
révélatrice de la santé mentale de la mère et par
ricochet celle du couple. L'enfant refuse de naitre pour plusieurs
raisons : la grossesse n'a pas été désirée
(soit parce qu'elle a été accidentelle, soit parce qu'elle est
issue des relations incestueuses, soit parce qu'elle est issue d'un viol, soit
parce qu'il existe des conflits intra conjugaux ayant emmené la
mère à jurer ne pas avoir des enfants, etc.) , la grossesse est
désirée mais le comportement de la mère au cours de la
grossesse a affecté l'enfant (soit que la mère a commis
l'adultère, soit il s'agit des conflits intrapsychiques de la
mère qui la prédispose à ne pas être prête
à accoucher comme dans le cas des primipares, etc.).
L'enfant dans la culture luba dévoile la face
cachée de sa famille et exprime cela soit par son refus de naitre, soit
par le refus de se nourrir des seins de sa mère (l'anorexie), soit il va
manifester son mécontentement en naissant Kabungame et quand il
doit téter, il mord le sein de la mère
Michèle MAURY dans son module sur les troubles
alimentaires chez les nourrissons évoque les aspects psychologiques
ci-après : « Chez le nourrisson, un dysfonctionnement est
relationnel avec l'entourage corporelle. L'investigation des troubles
alimentaires et du sommeil doit toujours se faire dans une triple dimension,
médicale, éducative et psychologique. Parmi ces troubles elle
insiste sur l'anorexie et elle dit l'anorexie d'opposition
(on parle parfois d'anorexie du sevrage, d'anorexie du
deuxième semestre), par exemple est la plus fréquente. C'est plus
une conduite de refus alimentaire qu'une absence d'appétit. Elle
naît de la non-adéquation entre un comportement qui a valeur de
signal émis par le bébé et le décodage
inadéquat qui en est fait par la mère. Le bébé peut
manifester une opposition légitime qui est à reconnaître
comme un besoin de changement et non comme un caprice. Il peut de la même
façon se manifester face à des changements dans l'environnement
(sevrage, mise en nourrice, déménagement, départ d'un
familier ...).
L'on constate qu'à l'accouchement, est lié le
comportement (présent ou futur) du bébé.
Les conséquences lointaines de ce genre
d'accouchements, c'est la carence affective avec tout ce qui s'en suit.
L'enfant d'aujourd'hui, une fois devenu adulte risque de se comporter en
rebelle et cherche à se venger d'une manière ou d'autre sans
savoir d'où lui provient ce sentiment.
De ce fait, l'ethnopsychologie nous permet d'analyser tout le
contour des difficultés que la mère connait à
l'accouchement pour améliorer l'avenir de l'enfant et par là
celui de la vie de toute la famille. Le comportement de l'enfant peut aussi
être interprété à ce stade comme une punition
(expression des frustrations/agressivité). Voilà pourquoi la vie
du foetus ou du nourrisson et celle de la mère sont intimement
liées. Le comportement du bébé peut mieux indiquer ou
révéler les conflits psychiques de la mère. Dans la
culture luba, toute manifestation du malaise de l'enfant est
révélatrice de ce qui ne va pas soit chez sa mère, soit
chez son père ou soit dans la vie du couple en général et
la famille ou le clan surveille tout membre et les personnes attitrées
soumettent le couple à un interrogatoire afin d'en découvrir les
causes dans l'intérêt d'une vie harmonieuse de la famille.
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