d. Selon les événements survenus dans la
famille ou donnant un message.
On peut passer en revue quelques noms ayant un message
spécifique. Ces messages sont dans la plupart des cas porteurs d'effet
paradoxal afin de contourner ou éviter ce que l'on redoute. Il s'agit
par exemple de :
- Biduaya/Nkita ou Nkita
bungi, qui veut dire plusieurs tombes, pour parler d'un
enfant qui nait vivant après que la mère ait fait plusieurs
fausses couches ;
- Bakanseka qui signifie « on
s'est moqué de moi », est un nom donné à un
enfant dont le couple est resté longtemps après le mariage sans
que la femme ne conçoive. Ceci résulte de la moquerie dont la
mère a été l'objet de la part de la belle famille et
même de l'entourage ;
- Kafuafua lelu qui signifie il va mourir
aujourd'hui, est un nom donné à un enfant qui est né
malade et qu'on croit mourir à tout moment. Les parents n'ont pas
d'autres recours que de lui conférer un nom qui devra jouer un
rôle paradoxal. En affirmant qu'il va mourir aujourd'hui, on s'attend
à une réaction ou un effet contraire. Ce nom ou ce message
paradoxal est une thérapie très puissante qui agit comme une
énergie qui bloque tout esprit maléfique porteur de la
maladie ;
- Diakangamba/Bangamba est un nom
abrégé de Diyi diakangamba kaditu dimpue buila (qui
signifie la parole que tu m'avais adressée je ne l'ai jamais
oubliée). Ce nom est une mise en garde qui montre que le père n'a
pas oublié l'affront qu'il avait reçu dans le passé. Et de
là, le proverbe : « Tshipepele tshia mushipu
tshidi tshituta mashika : diyi diakangamba didi dintua ku
mmutshima » ce qui veut dire « le vent de la saison
sèche souffle le froid : la parole que tu m'avais adressée
me pique au coeur » ;
- Kamonyi wa kuebeja signifie qui n'a
personne à qui adresser la parole, est nom expressif d'une frustration
surtout pour la recherche du futur conjoint. Un homme ou une femme qui,
à plusieurs reprises amène un prétendant futur conjoint
qui est rejeté par la famille se sent frustré et s'octroie ce
nom. En fait, ceci vient de l'anecdote « Kamonyi wa kuebeja,
yonso wakueja ne wakulua nyoko, utua kudi ewu ne mmuanenu menemene ? Kadi
nakulua dikubua ndie buloba anyi ? = qui n'a personne
à qui adresser la parole, car tout celui ou toute celle que tu pretends
fiancer devient ta mère, celui-là c'est vraiment ta soeur ou ton
frère ? finalement moi je deviens un ver pour manger de la terre ou
quoi ? ». Ces personnes sont souvent exposées au
suicide et la schizophrénie. Ils pensent souvent qu'ils n'ont pas de
place dans la société, d'où le sentiment de solitude et la
tendance au suicide. Un psychologue clinicien avisé qui rencontre un
patient avec un tel nom, peut vite penser à la culture et tirer des
éléments de la psychodynamique. Le fait de parler avec le patient
de la signification de son nom peut constituer un début de
thérapie, car si ce nom a été attribué dans les
conditions précitées permet de parler de circonstances qui ont
milité pour le choisir.
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