2.4.3. La puissance de la
parole
Si en psychothérapie la parole est l'outil principal
d'entrer en intersubjectivité avec le patient, chez les baluba comme
dans plusieurs cultures africaines, la parole que les baluba appellent Diyi est
au centre de guérisons exceptionnelles.
Olivier Bidounga, dans son article sur l'art de la parole chez
les Kongo (2007,PP 220-226), dit : « le kimuntu ( ce
qui fait l'homme) revêt ainsi une philosophie et un art de vivre
lié essentiellement à la parole, celle que pratique le Nzonzi
(celui qui détient l'art de la parole).
La Bible chrétienne ne dit-elle pas qu'au commencement
était la parole et toutes choses ont été faite par elle
et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle
? (Jean 1, 1-3)
Les travaux du colloque international de Kinshasa (1979,
p65-66) sur les religions africaines et christianisme déclarent ce qui
suit : la civilisation africaine procède avant tout du verbe, qu'il
soit parole, rythme ou symbole, (...) Le langage, toutefois n'est pas seulement
instrument de communication, il est expression par excellence, de
l'être-force, déclenchement des puissances vitales et principe de
la cohésion (...) C'est ainsi que Komo- Dibi, le chantre malien de Komo
(société initiatique), répond à la question
« qu'est-ce que la parole ? » :
« La parole est tout.
Elle coupe, écorche.
Elle modèle, module.
Elle perturbe, rend fou.
Elle amplifie, abaisse selon sa charge.
Elle excite ou calme les âmes. »
Ceci démontre la place que les africains et
particulièrement les baluba accordent à la parole dans leurs
pratiques thérapeutiques.
2.4.4. La description des
thérapies en milieu social luba.
La thérapie chez le peuple luba consiste en une
reconnaissance du forfait ou un aveu de la part du coupable suivi d'un rituel
de purification par des personnes dotées des pouvoirs de guérison
(les devins/divinatrices, les mediums, les chamans ou les chefs du village).
C'est comme chez les bakongo Janzen (1995, 28, 88), distingue
les maladies de Dieu et les maladies de l'homme. On considère la maladie
de Dieu comme celle naturelle et celle de l'homme comme celle ayant une
guérison lente d'une blessure ou d'une plaie à un conflit ouvert
dans le groupe social du malade. Une fois cette étiologie admise par le
groupe organisateur de la thérapie, une série d'alternatives
d'essais thérapeutiques est mise en oeuvre : elle comprend des
efforts concertés pour résoudre le conflit, des formules magiques
pour contrecarrer l'hostilité et la suspicion, ainsi que des rituels de
purification pour guérir la discorde.
Nous allons décrire à ce stade le pouvoir
thérapeutique dans les paraphrastiques luba de résolutions des
problèmes sociaux graves (pathologies sociales) à travers la
thématique des noms, les substances naturelles et minérales, puis
les agents guérisseurs (les devins/divinatrice, les mediums, les
chamans, ...) considérés comme organisateurs des
thérapies.
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