2.2.4. Jalousie
(mukau/mutshiaudi)
Dans la culture luba, certaines personnes peuvent jeter un
mauvais sort aux enfants ou à un frère, juste par jalousie. Cela
survient quand deux frères ont des enfants, ceux de l'un des
frères prospèrent (étudient normalement, trouvent du
travail et aident leurs parents), celui dont les enfants sont fainéants
qualifie son frère ou son voisin de « wa
diese » pour « le béni », mais cette
parole est péjorative. Elle cache l'intention de vouloir nuire. C'est
ainsi qu'on dit « ka diese ka muabi, ka kafua
nansha = le béni qui peut même mourir ».
Cette jalousie amène les frères à user soit des
fétiches, soit de la sorcellerie pour jeter les mauvais sorts sur les
autres et voir l'autre frère souffrir aussi. Signalons ici parlant de
la sorcellerie et des fétiches que ces pouvoirs magiques ou
mystérieux peuvent être utilisés négativement ou
positivement. Dans le cas des Chefs coutumiers, par exemple, ils sont
dotés d'un pouvoir de guérison ou de protection de tout le
village ou de toute l'entité sous leur responsabilité
(mupongo wa kulama nawu bantu). Leur sorcellerie ou leur
fétiche concourent au bien être de leur population. Ce qui est
différent de ce pouvoir de destruction dont disposent certains membres
de famille au détriment de leurs frères.
2.2.5. Fétiches
Martin Kalulambi Pongo (1997, P.85), dit que dans tous les
pays des Noirs, existent des fétiches, des mânes, de la divination
(...) ceux qui les pratiquent disent : c'est mieux que je munisse d'un
fétiche pour être fort, pour protéger ma maison, afin que
je n'aie pas de maladie, que je ne meurs pas, que je vive éternellement
ici-bas... Mais selon Tshibasu Mfuadi (2004, pp 218-219), on peut traduire
buanga ou manga par médicaments ou fétiches suivant que
le contexte de son utilisateur. Buanga est un médicament quand
il est utilisé pour mettre fin à une ou plusieurs maladies.
C'est un fétiche quand il est destiné à atteindre un
objectif bénéfique ou maléfique pour son possesseur. Par
ailleurs, notons que le traitement de certaines maladies nécessite
l'intervention de quelques fétiches ; il s'agit surtout des
maladies dont l'origine est supposée surnaturelle. Il est important dans
ce cas de trouver une force capable de neutraliser la force vectrice de la
maladie. Ce genre des fétiches et tant d'autres destinés à
faire du bien, à rendre des services aux autres, sont
tolérés par la société baluba qui rejette des
fétiches, sources des malheurs, capables de mettre fin à la vie
des autres ou de jeter sur eux un mauvais sort.
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