2.2.2. Viol.
La culture Luba réprime le viol, surtout celui sur
mineur. Quand une jeune fille a été violée, le fauteur
doit payer des amendes considérables à la famille de la fille.
C'est tout le village qui est mis au courant de cet acte ignominieux et on crie
sur la fille surtout si celle-ci vient de perdre sa virginité. On parle
souvent d'abus de la fille (kunyanga muana wa bakaji) mais aussi on
dit qu'elle vient de connaitre le sixième commandement (diyi
disambombo), ici l'on fait référence au sixième
commandement biblique qui dit « tu ne commettras point
d'adultère ». Cette scène affecte négativement
le psychisme de la fille et ses conséquences sont l'isolement, le rejet
des hommes, le refus de se marier, l'infécondité, etc.
Il y a dans la société luba des cas de viol par
défi. Cela arrive souvent aux filles qui se croient plus belles du
village ou de la contrée et qui défient tous les garçons.
Les garçons complotent souvent pour les trouver sur le chemin de la
rivière ou dans un coin reculé pour les violer. D'autres jeunes
gens promettent aux filles qu'elles vont être violées. Et une
expression vulgaire dans ces milieux dit : lekela kumpotela,
panakupeta ku kasuku ka kulayi numona munakuenza = cesse de
m'importuner, si je t'attrape aux brouissons du coté des rails tu verras
ce que je ferai de toi ».
2.2.3. Parjures (nshiya, milau,
mitshipu,)
La parole prononcée a une force extraordinaire. Chez
les baluba, on conseille toujours de contrôler sa langue, car la langue
peut tuer ou provoquer la mort. C'est ainsi qu'en cas des querelles entre
frères/soeurs, les ancêtres luba disaient :
« matandu nkumoyo kuenda, tshinji ntdhilunguishi »
qui signifie « on peut bien se quereller, mais pas garder la
haine » ; Ceci pour demander aux frères/soeurs qui
se disputent de banaliser et se réconcilier vite et non garder la
rancoeur. Puisque sous l'effet de la colère, on peut prononcer des
paroles méchantes pouvant provoquer les litiges sociaux
(mikiya), on peut être amené à prononcer des
parjures qui auront des conséquences dans le futur. Ces paroles peuvent
être du genre, « désormais toi et moi on ne mangera
jamais ensemble », ou « qu'on ne se verra que dans la
tombe » et en tshiluba il y a des expressions semblables telles que
« bua kudia nebe nku ngulube », ou encore
« kuetu nebe nku bajangi ». Ces paroles
créent une séparation entre frères/soeurs et c'est ce
qu'on appelée nshiya. Ses répercutions sont lointaines,
parfois dans les générations futures quand les promoteurs de ce
précédent sont déjà morts et les victimes sont
parfois des innocents comme pour paraphraser Jean de la Fontaine dans
le loup et l'agneau où le loup dit que si ce n'est pas toi qui a
troublé mon breuvage, c'est donc toi ou quelqu'un des tiens.
Pour prévenir cette situation malheureuse et fatale,
il y a un proverbe qui dit : « nsamba utu wibaka padi
tshitata, muena mupongo utu ulowa padi diyoyo = nsamba (une
sorte de souris) construit dans les marais, le sorcier jette le sort
là où il y a des querelles », ou encore,
« tupalowela tshinyi, kapayi matandu, kapayi
nshiya = pourquoi doit- on y ensorceler, car il n'y a ni
querelles ni conflits. » Il y a également d'autres
variantes de ces mêmes conseils en guise de leçons à
tirer : « talala ngudi tulu/ walala ne nzala kuladi ne
muanda = le calme favorise le sommeil, dors affamé, mais ne dors
pas avec des problèmes ».
En ce qui concerne le mulawu (au pluriel
Milawu) ou mutshipu (pluriel mitshipu) il s'agit d'une
parole chargée de malédiction. Elle est prononcée par une
personne qui a le pouvoir sur l'autre. Cette personne peut être un parent
ou un chef. La parole de mulawu ou mutshipu est
accompagnée d'une scène comme par exemple, une maman qui veut
maudire son enfant qui lui a manqué du respect peut dire
« wewe, anu meme tshiyi mukunuishe mabele anyi aa,
neumone... = toi, sauf si tu n'as pas tété mes
seins ici, tu verras... », la mère prononce ses paroles
en tenant ou en secouant ses seins. Cet acte va à tout prix avoir des
répercutions graves sur ce délinquant s'il ne se ressaisit pas et
ne vient s'agenouiller devant sa mère. Il arrive que l'on oublie ces
genres de disputes et c'est seulement plus tard quand il y a des effets
néfastes que l'on arrive à diagnostiquer qu'il existe des
précédents entre cet enfant et sa mère ou son
père.
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