INTRODUCTION
0.1. PROBLEMATIQUE
Nul n'ignore que l'école est au développement ce
que l'analphabétisme est au sous-développement.
C'est l'éducation qui fournit à la
société la main d'oeuvre nécessaire et compétente
pour la réalisation de ses objectifs. Le développement
nécessite à tous les niveaux des personnes qualifiées.
Pour avoir des personnes qualifiées, il faut disposer des structures
scolaires bien organisées et un personnel compétent et bien
payé pour que le travail soit fait normalement.
Cependant, comme l'affirme Dottrens (1966, pp.7 - 8), il est
curieux de constater que le statut des enseignants pour la plupart des pays
notamment du tiers monde, reste celui du fonctionnaire de la classe moyenne. Le
métier n'assure pas à ceux qui le choisissent une existence
aisée. Matériellement et moralement, l'enseignant se sent
très négligé. Ce phénomène entraîne
une perception souvent négative de la profession et un départ
massif des enseignants vers d'autres carrières.
En effet, l'enseignement étant une entreprise de
production comme beaucoup d'autres, requiert une organisation sérieuse
sur le plan organisationnel de ses ressources tant matérielles,
sociales que financières.
En République Démocratique du Congo, les
débats sur la profession enseignante tournent autour de la
dégradation criante des conditions matérielles et
financières qui n'atteignent pas le seuil acceptable.
Belloncle (1985, p.1) partage cet avis lorsqu'il note que
`'l'école africaine est aujourd'hui dans une véritable impasse de
développement car les pays d'Afrique noire restent dans leur grande
majorité sous scolarisés, et ils ne prennent pas en
considération le coût du système scolaire.''
Depuis un certain temps jusqu'à l'accession de
notre pays au processus de la démocratisation, il s'est observé
un dysfonctionnement de l'appareil de l'Etat et une crise économique de
plus en plus accrue.
Kanku (2006, p.30) écrit
que ces calamités constituent un fléau au sein de la
société. Car, l'individu affecté, découragé,
désespéré, touché dans son amour propre à
cause de l'insatisfaction de ses besoins, ne peut rien faire de bon. La crise
à un degré élevé rend les individus inconscients,
dangereux, c'est le cas de l'enseignant congolais.
Il n'y
a plus de conscience professionnelle de la part des acteurs de
l'éducation étant donné que la corruption, la
dépravation des moeurs, la tricherie sous toutes ses formes, la fraude,
la magouille, et l'immoralité dans les établissements scolaires,
surtout ceux du secteur privé où nous portons notre attention
dans cette étude, ont pris le dessus à tous les niveaux de la vie
humaine.
En République Démocratique du Congo, nous sommes
tous convaincus qu'avant l'indépendance, le métier d'enseignant
était l'un des plus considéré car, l'autorité
coloniale y attachait tout son intérêt bien que l'enseignement
dispensé ait été encore rudimentaire.
Ekwa (2004, pp.56-57) écrit qu'après
l'indépendance, il y a eu une certaine dégradation et un
désintéressement à la profession enseignante pour la
plupart des jeunes de formation pédagogique.
La part allouée à l'éducation a connu une
régression considérable (de 30% en 1960 et 0,8% en 1996)
même si actuellement il est passé de 0,8% à 14% cette
année du budget national, ce taux reste toujours faible.
L'enseignement constitue une « salle
d'attente » ou un « guest-house »,
c'est-à-dire, un milieu dans lequel on est temporairement en attendant
quelque chose de mieux, déclare l'opinion de quelques jeunes de
formation pédagogique.
Actuellement, l'école congolaise est en crise, mais
cette crise est avant tout l'expression d'une difficulté de gestion de
la prime des enseignants par les chefs d'établissements en rapport aux
exigences d'un nouvel environnement social, politique, économique et
aussi financier.
Selon le régime de gestion, on distingue les
écoles non conventionnées, conventionnées et
privées agréées. Les deux premiers
bénéficient des dons, legs de l'Etat et organismes divers pour
leur fonctionnement. Il y a à un certain niveau le suivi des
activités et du sérieux.
Mais notre constat amer est que dans les écoles
privées, les parents eux-mêmes font tout pour que les enseignants
soient payés et que les établissements fonctionnent normalement.
La situation est rocambolesque dans les écoles secondaires
privées agréées de la Commune de Gbado-Lite où
ces établissements évoluent dans un contexte de pauvreté
à tel enseigne que certains parents sont incapables de payer
régulièrement les frais recommandés pour la
scolarité de leurs enfants. Ce qui constitue un bon indicateur de la
situation malheureuse que traversent les enseignants dans ce secteur.
Il est étonnant que même le peu des frais que ces
écoles secondaires privées agréées
perçoivent des parents pour la rémunération des
enseignants, constitue encore un noeud du problème. Les chefs
d'établissement et les promoteurs prennent la part du lion pour laisser
les unités de production dans un état de souffrance
continuelle.
L'opinion à ce propos déclare que les
enseignants ne sont pas bien payés, ils ont perdu la déontologie
professionnelle au point de faire n'importe quoi dans le domaine de la
formation humaine. Ils montent de divers mécanismes pour pallier
à cette situation notamment la compensation dans les activités
champêtres, la corruption sous toutes ses formes, etc.
Dans ces écoles, c'est le principe du donner et du
recevoir qui est en vogue. Les élèves à leur tour
subissent les conséquences négatives de la mégestion de la
prime des enseignants par les chefs d'établissements et promoteurs des
écoles privées agréées.
Partant de ce qui précède, notre
problématique va tenter de répondre aux questions suivantes :
· Les écoles secondaires privées
agréées de la commune de Gbado-Lite, accordent-elles un
traitement décent à leurs enseignants ?
· Quelles seraient les conséquences de la mauvaise
gestion de la prime des enseignants dans les établissements secondaires
privées agréées ?
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