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La francophonie et la médiation dans la crise ivoirienne de 2002 à  2010.

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par Sika Gautier ADOMON
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 2014
  

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CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DE LA MEDIATION DE L'OIF DANS LA CRISE IVOIRIENNE

Dans ce chapitre nous allons montrer les limites résultantes des actions de l'OIF dans la médiation de la crise ivoirienne (Section I), et les autres facteurs pouvant affectés la médiation (Section II).

SECTION I : LES LIMITES RESULTANT DES ACTIONS DE L'OIF

Cette section abordera les limites au regard de la Déclaration de Bamako (Paragraphe I) et les moyens d'actions limités de la Francophonie (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : AU REGARD DE LA DECLARATION DE BAMAKO

A) Difficile mise en place du mécanisme de prévention et de réaction

Comme nous l'avions indiqué dans les chapitres précédents, la Francophonie s'est dotée d'instruments et de normes qui font d'elle, un acteur majeur de la scène internationale, particulièrement dans la résolution des conflits. En effet, l'OIF dispose au regard de la Déclaration de Bamako et de sa Charte d`une panoplie de méthode lui permettant de prévenir et de réagir face à toute crise. Ainsi, concernant la prévention, le chapitre 5.1 stipule que « le Secrétaire général se tient informé en permanence de la situation de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone ».Pour ce faire, « une évaluation permanente des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone sera conduite, à des fins de prévention, dans le cadre de l'Organisation internationale de la Francophonie, sur la base des principes constitutifs énoncés précédemment. » La crise survenue en 2002 en Côte d'Ivoire a révélé la difficulté dans la mise en oeuvre du mécanisme de prévention. En effet, l'éclatement de la crise indique « le retard de la francophonie à réagir en Côte d'ivoire, alors que l'objectif assigné est précisément de prévenir les conflits, son absence d'anticipation et d'initiative peut lui être reprochée99(*) ».D'où, la nécessité pour « le mécanisme d'urgence prévu par la déclaration de Bamako doit (de) trouver une meilleure application100(*) ». En effet, depuis 1993, la Côte d'Ivoire est en proie à une instabilité politique dont le premier pic a été atteint le 24 décembre 1999 par un coup d'état militaire, faisant entrer le pays dans une zone de turbulence. La Francophonie a bien suivi cette crise car dès le 26 décembre 1999, elle « a condamné la prise du pouvoir par la force et appelé les autorités de fait, à oeuvrer à un retour de la Côte d'Ivoire à l'ordre constitutionnel et démocratique101(*) ». Outre, l'absence d'anticipation, la réaction tardive de l'OIF dans la crise qui a secoué la Côte d'Ivoire pourrait conduire à se demander comment se fait l'évaluation permanente des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés et quand faut-il réagir lors de l'éclatement d'une crise ? En effet, la Déclaration de Bamako évoque une réaction urgente lors de l'apparition d'une crise. Ce mécanisme sera mis en exécution 3 mois plus tard. Selon le Chapitre 5.2 de la Déclaration de Bamako, « face à une crise de la démocratie », les instances de la Francophonie doivent prendre toute initiative pour contribuer à un règlement. L'article 3 indique la célérité avec laquelle les mesures doivent être prises « le Secrétaire général saisit immédiatement le Président de la Conférence ministérielle de la Francophonie à des fins de consultation ; la question fait l'objet d'une inscription immédiate et automatique à l'ordre du jour du CPF, qui peut être convoqué d'urgence en session extraordinaire ». L'analyse de ce passage met en exergue les termes suivant : « immédiatement », « inscription immédiate » et « urgence » pour donner un rythme à l'action de la Francophonie et lui permettre d'intervenir rapidement dès l'éclatement d'une crise. Mais qu'en est-il de la réaction de l'OIF sur la crise en Côte d'Ivoire ? La crise en Côte d'Ivoire a démarré dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, et le 17 octobre, la CEDEAO a pu obtenir des belligérants un accord de cessation des hostilités. C'est 3 mois plus tard que la première réunion du comité ad hoc restreint de l'OIF va se tenir pour examiner la situation en Côte d'Ivoire. C'est le 7 décembre 2002 que s'est tenue « la première réunion du comité ad hoc restreint de l'OIF afin de permettre à la Francophonie d'examiner la situation en Côte d'Ivoire102(*)» en déphasage avec les caractères « d'urgence » et « d'immédiateté ».

* 99MamadouBADJI et alii, Francophonie et les relations internationales : Géopolitique de la Francophonie. Edition : des archives contemporaines, 2009, Paris.

* 100idem

* 101KazadiNTOLE La médiation de la Francophonie en Côte d'Ivoire (2002-2007) », dans Médiation et facilitation dans l'espace francophone, vol. 1, Bruylant, 2010, Bruxelles, p.426

* 102idemp.430

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon