CONCLUSION
Au terme de la première partie de notre travail, nous
pouvons que la Francophonie a su s'imposer progressivement comme un acteur
incontournable et privilégié dans les relations internationales.
Mais que de chemins parcourus ! Depuis le 20 mars 1970. D'une organisation
intergouvernementale fondée sur le partage de la langue française
et des valeurs universelles de solidarité et de dialogue entre les
peuples, la Francophonie va faire émerger sa voix dans les relations
internationales, à partir de 1986 où elle tient son premier
Sommet de Chef d'Etats et de Gouvernements. Ainsi de l'ACCT (1970), puis l'AIF
(1995) et finalement l'OIF(2005), en passant par Hanoï en 1997, elle va
affirmer sa dimension politique. Avec la Déclaration de Bamako (2000),
la Francophonie se dote d'un premier cadre normatif et de pouvoirs
institutionnels dans les domaines de la démocratie et des droits de
l'homme. Elle fixe la prévention et le règlement des conflits
parmi son champ d'action, par l'entremise d'instruments tels que l'alerte
précoce, la médiation et la coopération régionale
et internationale en cas de crise ou de violation grave des droits de la
personne. La conférence de Saint-Boniface (2006) confirme le tournant
politico-sécuritaire de l'OIF, amorcé depuis plus d'une
décennie, en réaffirmant sa volonté de s'investir
pleinement dans la gestion de crise, de manière à «
prévenir l'éclatement des crises et des conflits dans l'espace
francophone, limiter leur propagation, faciliter leur règlement
pacifique et hâter le retour à une situation de paix durable
». Ce cheminement emprunté par la Francophonie entre dans la
théorie institutionnaliste des relations internationales.
Ainsi, fort de ses instruments et de son cadre
règlementaire, la Francophonie va s'engager dans le domaine de la
résolution des conflits à l'intérieur de plusieurs de ces
membres, particulièrement en Afrique subsaharienne, depuis 1992, avec
les premières missions d'observations d'élection. De ce qui
précède, nous pouvons affirmer que la Francophonie, devant les
besoins de ses membres et dans un contexte international, a su faire sa
transformation en se donnant des normes et des principes.
Se fondant donc sur ces nouvelles fonctions, elle est
intervenue en Côte d'Ivoire, comme elle l'a déjà fait en
Madagascar, au Togo, en République Démocratique du Congo, au
Tchad...Dans le cas de la Côte d'Ivoire, comme présenté
dans le deuxième chapitre, l'OIF a déployé une panoplie
d'actions, allant de l'envoi d'un facilitateur pour contribuer à la
recherche de solutions consensuelles, au soutien des médiations de la
CEDEAO et de l'UA, et aux actions de consolidation de la paix, par le soutien
aux médias, et à l'appui à la commission chargée
des élections. Sans toutefois oublier le contact permanent que le
Secrétaire général a eu avec les acteurs politiques
ivoiriens, la société civile, les religieux et autres partenaires
afin de partager sa vision, recueillir les avis et encourager les acteurs
lorsque le processus de réconciliation était sur une pente
satisfaisante.
En définitive, cette première partie vient
confirmer notre hypothèse selon laquelle la Francophonie a agi dans la
crise ivoirienne au regard de ses instruments de résolution des
conflits. Mais conformément à ses textes, elle est restée
dans un rôle de second, prenant peu d'initiatives.
Malgré ces actions encourageantes, la médiation
de la Francophonie, comme toute médiation, seule ou en association, peut
être l'objet d'obstacles pouvant contrarier son action. Dans la seconde
partie de notre mémoire, nous allons présenter les limites des
actions de l`OIF puis les perspectives de la médiation/facilitation de
la Francophonie.
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