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La francophonie et la médiation dans la crise ivoirienne de 2002 à  2010.

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par Sika Gautier ADOMON
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 2014
  

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CHAPITRE II : L'INTERVENTION DE LA FRANCOPHONIE DANS LAMEDIATION IVOIRIENNE

Avant d'aborder l'intervention de la Francophonie dans la médiation ivoirienne, nous allons faire un bref rappel du contexte de la crise née en Côte d'Ivoire et qui a suscité l'intervention des organisations internationale, régionale, sous régionale et de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et de bien d'autres pays dont la France.

Colonie française depuis 1893, la Côte d'ivoire a acquis son indépendance le 7 août 1960. Longtemps considérée comme la locomotive de la sous-région ouest africaine à cause de son rayonnement économique, sa stabilité politique et à la renommée internationale de son premier Président, Félix Houphouët Boigny61(*), la Côte d'Ivoire va basculer dans l'instabilité à la mort de ce dernier, le 7 décembre 1993. Le pays va vivre un cycle de crises successives dont l'aboutissement est le premier coup d'état de l'histoire de la Côte d'Ivoire, le 24 décembre 1999. Le pays connaîtra donc une période d'instabilité jusqu'à l'élection présidentielle d'octobre 2000. C'est dans ce contexte que le nouveau pouvoir, dirigé par le Président Laurent GBAGBO sera confronté à une autre tentative de coup d'état, le 19 septembre 2002 qui s'est muée en rébellion. Le pays est donc divisé en deux zones (cf figure 2 : carte de la Côte d'Ivoire en annexe), une zone gouvernementale tenue par les forces restées fidèles au gouvernement et une zone sous contrôle des rebelles (MPCI, MPIGO, MPJ)62(*).

A son retour d'une visite d'Etat qu'il effectuait en Italie, au moment de l'attaque, le Président de la République Gbagbo Laurent, sollicita une réunion d'urgence de la communauté économiques des états de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), la principale organisation sous régionale de l'Afrique de l'Ouest, pour trouver une solution pacifique à la crise. Ainsi, plusieurs médiations furent menées depuis 2002 afin de trouver un règlement pacifique au conflit ivoirien63(*).

C'est dans ce contexte que l'OIF a pris part au processus de résolution de la crise en intégrant ou soutenant les différentes médiations. Nous allons donc montrer, à travers ce chapitre, les efforts déployés par l'OIF dans la médiation de la crise ivoirienne (Section 1), et présenter sa contribution au retour à la paix en collaboration avec les autres partenaires internationaux (Section 2).

SECTION I : LES EFFORTS DEPLOYES PAR L'OIF

Cette section abordera les initiatives prises par le Secrétaire général, en application de la Déclaration de Bamako (paragraphe 1) et les actions menées en vue de consolider le processus de paix (paragraphe 2).

PARAGRAPHE I : EN APPLICATION DE LA DECLARATION DE BAMAKO

A-Les actions politiques et diplomatiques du secrétaire général

Comme l'ont voulu les Chefs d'état et de gouvernement, le Secrétaire général de la Francophonie est placé au coeur du dispositif de la mise en oeuvre des actions en cas de crise. Ainsi, il dispose des prérogatives, pour « prendre toute initiative destinée à prévenir leur aggravation et à contribuer à un règlement64(*) », comme la proposition d'envoi de facilitateur. Ainsi, ce fondant sur ce principe, dès le 7 décembre 2002, le Secrétaire général BOUTROS Boutros Ghali a convoqué une première réunion du comité ad hoc restreint de l'OIF afin de permettre à la Francophonie d'examiner la situation de la Côte d'Ivoire. Il a donc décidé de nommer M. Lansana KOUYATE, comme envoyé spécial afin « de contribuer à la recherche de solutions consensuelles entre les parties65(*) ». Le choix de ce diplomate, est motivé par son « expérience passée à la tête de la CEDEAO (...) et sa connaissance des responsables et acteurs politiques de la sous-région de l'Afrique de l'ouest »66(*). Ce dernier sera confirmé dans ses fonctions, et nommé en avril 2003 comme Représentant spécial pour la Côte d'Ivoire, dès la prise de fonction du Président ABDOU Diouf à la tête du Secrétariat Général de l'OIF. Ainsi, un Bureau de représentation de l'OIF sera ouvert à Abidjan afin « d'affirmer la présence au jour le jour de l'OIF sur le terrain et ainsi de consolider sa contribution »67(*). A l'initiative du Secrétaire général, des travaux de réflexions sont menés. D'une part, un groupe de travail sur la Côte d'Ivoire, a examiné les domaines pouvant bénéficier d'un soutien efficace de l'OIF en janvier 2003 et d'autre part, la deuxième réunion du comité ad hoc consultatif restreint, a formulé un avis sur les initiatives à proposer aux instances de l'OIF, en décembre 2003. Par ailleurs, le Secrétaire général à maintenir un contact régulier avec les plus hautes autorités nationales ainsi qu'avec les acteurs politiques et sociaux du pays, afin de trouver des solutions pratiques aux blocages constatés. D'abord son entretien avec Seydou Diarra, Premier ministre, le 1er août 2003 où il a réitéré le soutien de l'OIF pour la mise en oeuvre de l'Accord de Linas-Marcoussis, notamment la réforme des textes fondamentaux, du renforcement des capacités des Institutions, de la culture de la paix, des élections et des médias. Ensuite, au cours d'une visite officielle en octobre 2003, en Côte d'Ivoire, le Secrétaire général a échangé avec tous les protagonistes de la crise ainsi que les partenaires nationaux et internationaux. Enfin, il n'a pas manqué d'exprimer sa préoccupation lors de la dégradation du climat socio-politique et en appelé au calme et à la retenue des acteurs68(*).

Ainsi, conformément aux pouvoirs que lui confèrent la Charte et la Déclaration de Bamako, le Secrétaire général a agi pour marquer d'une part la présence de la Francophonie en cas de situation de crise dans un pays membre et d'autre part pour aider les parties à trouver une solution consensuelle et acceptées. Au nombre de ces actions, nous pouvons énumérer d'abord la convocation du comité ad hoc et la réunion de la conférence ministérielle et celle du groupe de contact afin d'examen la situation de la Côte d'Ivoire et ensuite les actions diplomatiques telle que l'envoi d'un envoyé spécial nommé plus tard représentant spécial du secrétaire général, la création d'une représentation de l'OIF à Abidjan et le contact permanent avec les belligérants et tous les acteurs de la vie socio-politique afin de trouver une solution pacifique à la crise qui a secoué le pays.

* 61 Premier Président de la République de Côte d'Ivoire (1960-1993)

* 62 MPCI : Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire, MPIGO : Mouvement Patriotique des Ivoiriens du Grand Ouest, MJP : Mouvement Patriotique pour la Justice

* 63 Voir annexe : chronologie de la crise ivoirienne de 2002 à 2010

* 64 Chapitre 5.2 de la Déclaration de Bamako

* 65idem

* 66 Kazadi NTOLE, La médiation de la Francophonie en Côte d'Ivoire (2002-2007) », dans Médiation et facilitation dans l'espace francophone, vol. 1, Bruylant, 2010, p. 430, Bruxelles

* 67idem

* 68cf communiqué du 29 mars 2004 en annexe

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