Production durable du cacao en Côte d'Ivoire.( Télécharger le fichier original )par Sika Gautier ADOMON Université Jean Moulin Lyon 3 - DU 2014 |
II) LA RECONSTITUTION DU COUVERT FORESTIERA) La lutte contre les maladies de vergerLa lutte contre le swollen shoot (maladie incurable) du cacaoyer est un travail de longue haleine puisqu'il n'existe, pour le moment, aucun produit chimique permettant de guérir les cacaoyers atteints par la maladie (voir photo 1)38(*). Il s'agit d'une lutte essentiellement préventive basée sur trois composantes : l'arrachage des cacaoyers malades ; la replantation avec des variétés tolérantes et l'application des bonnes pratiques culturales. Le principe de cette lutte est de préserver les cacaoyers sains de la contamination par le virus, en éliminant constamment dans leur voisinage, toutes les sources de contamination. La photo 1 montre une plantation atteint par la maladie du swollen shoot, le producteur ivoirien l'appelle le «sida» du cacaoyer. Cette comparaison met en évidence le caractère pernicieux de cette maladie, qui provoque la chute drastique des rendements et la dégradation désastreuse du verger. Photo 1 : Attaque avancée de la maladie du swollen shoot dans une cacaoyère : destruction totale de la frondaison, suite à la chute des feuilles et au dessèchement progressif des branches. ( Source : CNRA, guide de la lutte contre le Swollen shoot) Photo 2 : Cochenilles sur cabosse de cacaoyer La photo 2 montre des cochenilles, un champignon tout aussi dévastateur qui attaque le cacaoyer au niveau des blessures occasionnées par les cochenilles. Ce champignon microscopique de la famille des Phytophthora, plus proche d'ailleurs génétiquement des algues brunes que des champignons, constitue un autre ennemi mortel du cacaoyer difficile à éradiquer à l'aide de fongicides traditionnels. Ce champignon a également la malencontreuse idée de s'attaquer aux fruits du cacaoyer, ce qui signifie qu'avant sa mort certaine en quelques années à cause de l'infection virale, le cacaoyer ne produit plus que quelques fruits et le fermier ne doit plus sa survie qu'aux efforts constants et gigantesques B) Le reboisementEn 1990, les espaces protégés (forêts classées et parcs nationaux) représentaient 2,75 millions d'hectares en zone forestière, soit 8,5 % du territoire national. Environ 30 % de cette surface a été défriché et transformé en plantation de culture de rente (Éric Léonard et Jonas Ibo, 1994). Dans la région du Sud-Ouest, 2 millions d'hectares de forêt soit 80 % de la surface totale ont été défrichés en 20 ans. C'est le cas de la réserve forestière de Taï, dans laquelle les producteurs ont ouvert d'importantes exploitations avant d'être chassés. La description de cette situation montre la nécessité de la politique de reboisement. Une initiative multi-partite impliquant des agences gouvernementales, des bailleurs de fonds officiels, des ONG et des entreprises privées a été lancée pour protéger le parc national de Taï dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Les producteurs de cacao reçoivent une formation en matière de production de cacao durable, tandis que Barry Callebaut (en coopération avec Rainforest Alliance) crée des pépinières pour des arbres d'ombrage indigènes et des plants de cacao, lance un programme de plantation et promeut de bonnes pratiques agricoles. En effet, pour contrer l'avancée du désert le gouvernement ivoirien à créer en juillet 2008 une Agence nationale pour le développement des forêts rurales (ANDEFOR). La Côte d'Ivoire dispose de six millions d'hectares de forêts classées gérées par la société pour le développement forestier (SODEFOR), créée en 1966. Les 25 millions hectares du domaine forestier rural du pays qui abrite les parcs de Taï et de la Comoë, deux écosystèmes importants de la sous région ouest-africaine, se dégradent considérablement du fait des activités humaines. * 38 Guide de lutte contre la maladie du swollen shoot en Côte d'Ivoire, août 2011 |
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