III.2.2.3 La distribution
sur la boucle locale
Les DSLAM constituent le dernier maillon de la chaîne de
distribution. Ils sont à la limite entre la boucle locale en paire
torsadée cuivrée (zone d'application de la technologie ADSL) et
le réseau de transport à haut débit en fibre optique de
l'opérateur. C'est en ces points que convergent toutes les lignes
téléphoniques en cuivre des usagers. Ces équipements qui
étaient conçus à l'origine pour un seul service seront
remplacés par des modèles plus performants afin d'assurer
également la fourniture et la gestion de services de
téléphonie sur IP et de télévision au niveau de
Benin Telecom.
ATM est encore très utilisé lorsque des
nécessités de qualité de service s'imposent. C'est pour
cette raison qu'il est très présent au niveau de la boucle locale
pour la liaison terminale entre le modem usager et le DSLAM. Dans ce cadre,
l'ATM présente de nombreux avantages et s'adapte parfaitement
aux offres triple play des opérateurs qui doivent
aujourd'hui pouvoir faire transiter sur le même support en cuivre
torsadé des flux aux exigences radicalement différentes :
pour les données (accès Internet,
téléchargement de fichiers...) des flux sans contrainte
temporelle importante mais qui ne supportent pas les pertes de
données ; pour les services de télévision et de
téléphonie, des flux qui, au contraire, tolèrent des
pertes de données, avec des débits qui peuvent être
importants, qui sont irréguliers et sensibles aux délais
d'acheminement (applications en temps réel).
Avec ATM, et bien qu'empruntant le même support (la
ligne filaire de l'abonné), chacun de ces flux peut emprunter un chemin
virtuel (VC) séparé sur lequel il est facile, en fonction du type
de données qui y transite, d'appliquer des politiques de QoS
différentes. L'opérateur Free en France par exemple utiliserait
quatre canaux virtuels pour acheminer ses différents flux entre
le DSLAM et le modem de l'utilisateur (Freebox) : un premier pour la
téléphonie, un second pour la télévision, le
troisième pour le trafic Internet et un quatrième
destiné à l'acheminement des données de contrôle
et de commande entre les équipements d'extrémité. Plus en
amont, au niveau du DSLAM, un ordre de priorité peut être
établi pour l'émission des différentes données :
c'est ainsi qu'on peut admettre que les données
téléphoniques doivent être prioritaires (même si le
débit est très faible, l'oreille humaine est très sensible
au jitter) par rapport au flux de la télévision, lui même
devant être prioritaire par rapport au flux des données Internet.
Ethernet pourrait dans un proche avenir investir aussi la boucle locale
après l'adoption par l'IEEE du standard 802.3ah également connu
sous le nom d'Ethernet «first mile ».
La totalité des programmes de télévision
proposés par chaque opérateur doit être acheminée
jusqu'à l'ensemble des DSLAM. A partir de ce point, et pour chaque ligne
téléphonique, il ne circule ensuite, du moins pour
l'instant, qu'un seul et unique programme, celui qui a
été sélectionné par l'usager. Il n'est pas question
d'acheminer l'ensemble des programmes jusque chez l'abonné comme c'est
le cas dans le cadre de la diffusion hertzienne ou satellite. Les débits
ADSL sur la boucle locale sont bien insuffisants pour cela. C'est
le DSLAM qui, délivre le flux demandé par le
téléspectateur. Lorsque un téléspectateur souhaite
changer de programme, l'ordre émis par sa télécommande
« remonte » jusqu'au DSLAM (utilisation du protocole IGPM - pour
Internet Group Management Protocol- par exemple mais d'autre
technologies sont possibles), qui après vérification des
droits d'accès auprès d'un serveur spécifique,
sélectionne le programme demandé et le redirige vers le
décodeur de l'utilisateur.
A ce niveau, deux opérations sont
réalisées. Les flux numériques audiovisuels, une
fois extraits de leurs conteneurs de transport, sont appliqués aux
circuits de traitement audio et vidéo et décompressés
séparément (décompression MPEG-2 ou MPEG-4) puis ils sont
dirigés, sous forme analogique cette fois, via la prise péritel
jusque vers le téléviseur. Les nouvelles décodeuses
compatibles hautes définitions sont par contre équipées de
connecteurs HDMI. Ils assureront une liaison, en numérique cette
fois, avec les téléviseurs compatibles avec les formats
haute définition (téléviseurs HD Ready ou Full HD).
En résumé, pour l'acheminement des
programmes de télévision depuis la tête de
réseau jusqu'au téléspectateur final, ce sont finalement
deux supports de transmission aux performances très opposées mais
complémentaires qui sont utilisés :
- pour la distribution primaire, la fibre optique qui autorise
des débits de plusieurs dizaines de gigabits/s sur des centaines
de kilomètres mais qui n'est pas véritablement utilisable
pour les liaisons terminales compte tenu de son coût (sauf peut
être à l'avenir, sur les zones de forte urbanisation (FTTH).
- pour la boucle locale : des fils torsadés en cuivre,
aux caractéristiques très limitées en termes de
débit et de distance, mais qui n'induit pas de frais
importants pour son implémentation, le réseau étant
déjà déployé et toute façon peu
onéreux à compléter. Au point de jonction de ces deux
supports, le DSLAM (voir Annexe 3).
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