III.2.2.2 - collectes des
programmes
Les opérateurs tels que Benin Telecom ou autres ne sont
pas des producteurs de télévision ils ne feront qu'assurer la
distribution pour des programmes qui seront produits par les chaînes de
télévisions. La collecte de ces contenus est
généralement réalisée en un point central du
réseau de l'opérateur (la tête de réseau) par
l'intermédiaire de dispositifs de réceptions (paraboles) ou de
liaisons directes en fibre optique avec les fournisseurs de programmes ou
de bouquets (TPS, CanalSat...). Ces différents programmes sont
éventuellement ré-encodés en fonction du cahier des
charges de l'opérateur puis ils sont multiplexés dans un flux
IP multicast et acheminés vers les différents points de
présence de l'opérateur sur le territoire puis vers les
quelques milliers de DSLAM. Le multicast permet de ne pas surcharger les
serveurs et d'économiser la bande passante du réseau puisque les
trames ou les paquets contenant les données ne sont émis
qu'une seule fois au niveau de la tête de réseau, mais
dupliqués si nécessaire au niveau des noeuds et de chacun des
DSLAM. C'est également au niveau de la tête de réseau que
peut être réalisé le cryptage éventuel pour les
programmes payants.
Comparativement à la voix sur IP ou de l'accès
à Internet qui ne génère que des débits somme
toute limités, le transport de programmes de
télévision induit des débits particulièrement
élevés et sans commune mesure avec ceux produits par les
autres services.
Le fonctionnement de ce type de service implique que la
totalité des programmes puisse être acheminée et
délivrée à tous les DSLAM. Pour fixer un ordre de
grandeur, à titre d'exemple, à un ensemble de 100 programmes
encodés avec un débit unitaire de 3,5 Mb/s chacun
correspond à un débit total de 350 Mb/s. En France par
exemple les opérateurs comme Free ou Neuf Telecom proposent chacun
plus de 200 programmes (si on intègre les bouquets de TPS et de CanalSat
dont ils peuvent aussi assurer la diffusion).
Des réseaux en fibre optique
En termes de support physique pour les réseaux
longs distances, c'est la fibre optique qui domine de manière quasi
exclusive aussi bien chez l'opérateur historique que pour tous les
grands opérateurs privés. Ces derniers doivent d'ailleurs
déployé leurs propres réseaux à travers l'hexagone
ce qui leur permettra d'être indépendants vis-à-vis
de Benin Telecom, afin de pouvoir réduire les coûts et donc
de maîtriser les tarifs. Pour exemple, le groupe Neuf Cegetel,
né de la fusion de Neuf Telecom et de Cegetel,
annonçait à l'automne 2005 posséder plus de 44 000 km de
câble s'en fibre optique.
Comparativement aux autres supports, la fibre optique
offre des performances inégalées en termes de débits.
Ses caractéristiques intrinsèques lui permettent d'acheminer un
flux numérique d'une dizaine de giga bits par seconde sur plusieurs
centaines de kilomètres.
Tableau III.3 : Performances des fibres optiques
Débits Possible
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Distance
|
2,5 Gb/s
|
6000 Km
|
10 Gb/s
|
400 Km
|
40 Gb/s
|
25 Km
|
SOURCE : réalisation personnelle
Une seule fibre avec une capacité de 2,5 Gb/s
peut véhiculer plus de 30 000 communications
téléphoniques simultanées. Des technologies
particulières ont été développées afin
d'accroître encore ces capacités de transport. Les
technologies WDM (Wavelength division multiplexing) s'appuient sur la
multiplication des longueurs d'ondes des sources émettrices (lasers)
permettant de ce fait la multiplication dans le même rapport du
nombre de canaux optiques et donc de flux numériques distincts
pouvant simultanément transiter dans une seule et unique fibre optique,
chacun avec les débits que ce support autorise par ailleurs.
Différentes déclinaisons de cette famille de normes ont
été développées. Les systèmes DWDM (dense
WDM) les plus commercialisés aujourd'hui comportent 8, 16, 32, 80 voire
160 canaux optiques. La technologie CWDM (CoarseWavelength Division
Multiplexing) est moins coûteuse mais est limitée à
seulement 8 à16 canaux. Elles sera utilisée pour des dessertes
de moindre importance en termes de débit. Les performances de
ces technologies sont en perpétuelle augmentation : déjà
en 2004, Alcatel faisait la démonstration d'une liaison à 10 tera
bit/sec sur 100 km en multiplexant256 canaux à40 Gb/s.
Des protocoles pour le transport des
données
De nombreux protocoles ont également
été développés pour apporter des
fonctionnalités spécifiques lors du transit des données
sur ces réseaux. Ils ne se situent pas tous au même niveau.
Nous nous limiterons ici aux trois principaux, d'une part, les
protocoles SDH pour la connexion avec la couche physique (fibre
optique), et d'autre part l'ATM et le Gigabit Ethernet pour la
transmission et la gestion des données.
SDH pour le transport sur la fibre
optique:
SDH (Synchronous Digital Hierarchy ou Hiérarchie
numérique synchrone) est un ensemble de protocoles concernant la
transmission de données numériques sur fibre optique.
C'est l'équivalent pour l'Europe du standard
américain SONET (synchronous Optical Network ou réseau
optique synchrone). Dans la littérature spécialisée,
les deux acronymes sont d'ailleurs souvent regroupés sous l'unique
appellation SONET/SDH. La topologie de ces réseaux peut être
en bus, en boucle ou en étoile. L'un des intérêts
du SDH réside dans ses capacités de gestion et de
surveillance du réseau et d'auto cicatrisation. Sur le plan de
la sécurité des liaisons, le SDH est bien adapté
à une structure en anneau puisqu'en cas de coupure, il est
possible d'utiliser l'autre branche de l'anneau (avec des temps de
récupération d'une liaison très courts, 50 ms environ). En
cas de coupure de ligne, le signal peut égalementêtre
automatiquement ré-acheminé sur un réseau de secours (une
seconde fibre optique). Les niveaux de performances sont organisés
hiérarchiquement en STM-n (Synchronous Transport Module niveau n) :
ils permettent des débits compris entre 155 Mb/s (STM-1 soit 3
fois la valeur de base 51,84 Mb/s du SONET américain) et 40 Gb/s
(STM256). Le SDH peut assurer le transport de tout type de données
(téléphonie, données, vidéo) y compris celles
qui sont déjà encapsulées dans des protocoles
réseaux et déjà formatées sous forme de paquets
ou de trame (cellules ATM, paquets IP, trames Ethernet).
Les deux grandes technologies réseaux : ATM et
Giga Ethernet
Parallèlement à SDH, deux grandes
technologies de réseau se sont imposées : ATM est la plus
ancienne et a été largement implantée dans les
réseaux de France Telecom ;
Ethernet est plus récent (du moins pour ce qui
concerne ses applications dans les réseaux nationaux) et vient
donc directement concurrencer l'ATM. Mais les deux peuvent également
cohabiter en des points différents d'un même réseau de
transport.
L'ATM (Asynchronous Transfer Mode) : Il s'agit d'une
technologie de transmission et de commutation de circuits virtuels (le
chemin qui sera emprunté par les cellules est établi dès
le départ), offrant des interfaces jusqu'à 622 Mbit/s et
est utilisable aussi bien dans des configurations de type LAN que de
type WAN, aussi bien sur fibre optique que sur paire torsadée.
Il supporte tout type de communications (voix, vidéo,
données...).
Par rapport à d'autres technologies réseau
(IP, Ethernet) qui utilisent des paquets de données de taille
variable, l'ATM s'appuie sur des cellules de longueur fixe (53 octets dont 48
pour la charge utile) permettant de ce fait une plus grande
flexibilité dans la gestion de la bande passante. L'un des
avantages de l'ATM réside dans sa polyvalence en termes de
qualité de service (QoS) et dans ses capacités à pouvoir
transporter simultanément des flux ayant des caractéristiques et
des exigences différentes et à gérer différemment
leur transit en fonction de la priorité qui leur est accordée.
L'ATM dispose de quatre classes d'applications en fonction des besoins en
synchronisation ou non entre émetteur et récepteur, de
débit (constant ou variable) et du mode de connexion (connecté
ou non connecté). Lors de l'établissement de laconnexion, un
réseau ATM peut gérer des circuits virtuels (VC pour Virtual
Channel) et des chemins virtuels (VP pour Virtual Path). Un VP est
le regroupement de plusieurs VC qui possèdent des
caractéristiques communes. Une chaîne de télévision
pourra correspondre à un VC et un bouquet de programmes à un
VP.
L'Ethernet :
Dans la chaîne de distribution, l'ATM peut
être utilisé de bout en bout, mais la technologie Ethernet
est aujourd'hui de plus en plus employée pour alimenter les DSLAM. La
capacité maximum limitée à 622 Mb/s d'un DSLAM ATM
comparativement à la taille importante des bouquets de
télévisions à transmettre a sans doute
favorisé la migration des équipements vers les technologies de
type Gigabit Ethernet et 10 Gigabit Ethernet.
Ethernet était à l'origine une simple norme
pour la transmission de données sur un réseau local (ou
LAN Local Aera Network). Cette technologie est née en 1973, il y a
plus de quarante ans. La transmission des données est
réalisée sous la forme de paquets (trames), dont la
longueur, peut être variable (entre 64 et 1518 octets). Les
débits possibles n'ont cessé de croître au fil des
années : depuis 10 Mb/s au milieu des années 1980 pour les
premiers réseaux locaux puis 100 Mb/s quelques années plus tard,
avant d'atteindre 1 Gb/s avec le début de ce siècle et 10 Gb/s
aujourd'hui. Quatre générations qui sont regroupées sous
l'appellation IEEE 802.3.
Les topologies des réseaux Ethernet peuvent
être diverses (bus linéaire, étoile...) sur des
supports qui peuvent être tout aussi variés (câbles
coaxiaux, fibre optique, ou paires de fils torsadés). Aujourd'hui
Ethernet est sorti du domaine des réseaux locaux et s'implante
largement dans le cadre des réseaux longues distances nationaux qui ont
été déployés par les opérateurs pour mailler
l'ensemble du territoire français, d'abord avec le Gigabit Ethernet
(à 1 Gb/s) puis ensuite avec le 10 Gigabits Ethernet (10 Gb/s).
Il s'introduit également dans les boucles au sein des grandes
agglomérations (MAN Metropolitan Area Network). Le 10 Gigabits
Ethernet a été normalisé en 2002 et défini
à l'origine pour une utilisation sur la fibre optique. Il conserve
le même format de trame Ethernet et est donc totalement compatible avec
les autres versions d'Ethernet, ce qui est aussi un avantage dans le cadre
d'interconnexion entre un WAN et des réseaux locaux.
SDH, ATM, Ethernet...des technologies complémentaires
ou concurrentes ?
La notion de « qualité de service » est
aujourd'hui concevable avec Ethernet au travers des normes 802.1q et
802.1p. Huit classes de service ont été définies.
Ethernet présente aussi un avantage économique certain avec
des coûts d'infrastructures inférieurs à ceux des
technologies concurrentes.
SDH est adapté pour la fibre optique et apporte
notamment des fonctionnalités spécifiques notamment en
termes de sécurisation des réseaux. Mais, c'est aussi un
standard intermédiaire qui, s'il est très fortement
implanté, n'est pas pour autant obligatoire : aujourd'hui, il est
tout à fait possible de réaliser le transport direct
de cellules ATM, de trames Ethernet ou même de paquets IP sur
de la fibre optique (exemple Cegetel). Pour Ethernet par exemple, c'est
d'autant plus facile que le nouveau standard Ethernet 802.17 (ou RPR
ResilientPacket Ring) qui a été approuvé par
l'IEEE il y a de cela quelque année, offre également,
à l'image du SDH, des dispositifs de sécurisation et de
restauration rapide des liaisons rompues.
Figure III.3 : Utilisation directe de l'ATM ou d'Ethernet ou
en liaison avec SDH
SOURCE : Sciences Technologies - Philippe GASSER - Avril
2006
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